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samedi 28 septembre 2019

Fake science, fake news et énergies renouvelables. L’Ademe à la manœuvre


Les énergies renouvelables sont un des domaines favoris des fake sciences, des fake news, et des manipulations très intéressées, comme celles des margoulins de l’éolien souvent épinglés sur ce blog.

Quelques exemples récents tirés de divers tweet, dont deux concernent une agence gouvernementale déjà mentionnée, qui a été transformée en office de basse propagande des énergies nouvelles, l’Ademe, qui confirment sa vocation de clown dont les scientifiques qui y travaillent devraient avoir honte – pour leurs méfaits précédents
cf

Et aussi son copain allemand, le DIW, déjà épinglé,

Or, on ne pourra baser aucune politique énergétique raisonnable sur de la Fake science et la manipulation malhonnête des chiffres. D’où nécessité sans cesse de debunker. Merci à tous ceux qui le font incessamment sur les réseaux.

Or, on ne pourra baser aucune politique énergétique raisonnable sur de la Fake science et la manipulation malhonnête des chiffres. D’où nécessité sans cesse de debunker. Un grand merci à tous ceux qui s'y collent....

La grosse truanderie de l’ADEME sur les émissions de carbone du nucléaire. Une erreur typographique ?

D'après un récent sondage, environ deux tiers des Français estiment que le nucléaire contribue au réchauffement climatique. Est-ce étonnant? Les détracteurs de l'atome le chargent de tant de maux, avec un tel fanatisme qui confine parfois à la terreur intellectuelle, qu'un aspect bénéfique devient incongru.
Comment-en serait-il autrement quand le très officiel projet de Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) pour évaluer les émissions du nucléaire français propose deux valeurs contradictoires, et toutes les deux fausses ? L'une provient du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental  sur l'Evolution du Climat) et conduit à une émission de 12 g de CO2 par kWh électrique nucléaire. L'autre moins favorable à l'atome, est de 66 g de CO2 par kWh !!! Elle émane de l'ADEME (Agence de Maîtrise de l'Energie) qui la tire d'une  étude de 2008, faisant la synthèse d'une vingtaine de publications.

En tout état de cause, les deux chiffres actuels indiqués dans la PPE, 12 et 66 g par kWh nucléaire sont incompatibles, dénotent une  lacune d'information et ont provoqué des demandes d'éclaircissement. La réponse à la question posée par le Sénateur Longuet vaut son pesant de n’importe quoi :

« Le chiffre de 66 g par kWh "relève d'une erreur typographique" et "sera corrigée dans la version finale de la PPE" qui "présentera deux valeurs : "12g CO2/kWh d'après le GIEC et 6gCO2/kWh d'après la base carbone de l'ADEME".

Une simple erreur typographique ? Eh ben, dans un document de cette importance pour informer les citoyens, c’est ballot.

En fait c’est sans doute plus grave : Commentaire de l’excellent Lionel Taccoen : « Certes le simple tremblement intempestif d'un doigt peut transformer 6 g en 66 g dans un document officiel. Mais des esprits malveillants, se souvenant du peu d'enthousiasme de l'ADEME pour le nucléaire, penseront que cette Agence a mangé son chapeau et a dû enterrer son étude favorite, mal lue et un peu ancienne, lui permettant d'affecter 66 g de CO2 par kWh nucléaire français. » (Lionel Taccoen, Géopolitique de l'Electricité. (http://www.geopolitique-electricite.com)

Bon, enfin, on y est, l’Ademe admet donc 6g. de CO2 par kWh nucléaire. Espérons que l’ « erreur » de l’Ademe ne se reproduira pas, et que ce seront les vrais chiffres qui seront communiqués au panel de citoyens chargé de dégager un avis sur la fiscalité et la transition énergétique.

Dans une autre réponse, cette fois donnée sur le site du débat public de la PPE, le ministère de l’environnement donne des chiffres plus précis et explique la différence avec la valeur des premiers rapports du GIEC : 

« A Monsieur Mezeix: Suivant le GIEC, L'énergie nucléaire, au niveau mondial émet en moyenne 12 g de CO2 par kWh...mais au niveau français EDF (cité par l'ADEME...) et le CEA...s'accordent sur un niveau d'émissions moyennes ...de 5 à 6 g" car les émissions indirectes dues aux "transports de marchandises et déchets radioactifs et infrastructures" sont plus "faibles en France que dans les autres régions du monde".
La réponse du ministère présente les émissions du nucléaire et des renouvelables : 5,3 à 6 g par kWh pour le nucléaire, 10 g pour l'éolien, 32 g pour le solaire. Aucun chiffre pour l'hydraulique n'est mentionné. Sont ajoutées les émissions de CO2  correspondant à un kWh utilisant la combustion du charbon :  1050 g, du fioul : 778 g, et du gaz : 443 g.

Eh ben voilà, on y est. Accord entre le ministère et les experts !
Et entre parenthèses, vous voyez que quand on est obligé de suppléer à l‘intermittence de l’éolien par du gaz, c’est pas bon, pas bon du tout poutrle climat.

Maintenant, si la moyenne mondiale du GIEC (12 g de CO2 par kWh) est inadaptée au cas français, pourquoi sera-t-elle maintenue dans la PPE? Energies renouvelables et nucléaire n'émettent pas de gaz à effet de serre lors de la production d'électricité. Ils provoquent de faibles émissions indirectes lors de la construction, la maintenance et le démantèlement des installations. Pour le nucléaire, il convient d'ajouter le cycle du combustible. Ces émissions  indirectes varient largement suivant le contexte énergétique des pays et la technologie choisie.

Cf.Lionel Taccoen, Géopolitique de l'Electricité. (http://www.geopolitique-electricite.com), Géopolitique de l'Electricité-Point d'information-Nucléaire français et climat: la fin de la confusion?

Gros mensonge de l’Ademe sur l’éolien et les émissions évités ou diminuées ?

Bon allez, pendant qu’on est sur eux, on continue. A partir du très intéressant fil tweeter de Tanguy@Yugnat95 (https://twitter.com/hashtag/energie_est_notre_avenir_economisons_la?src=hash)
Critiquant cette affirmation de l’Ademe : que la filière éolienne avait permis entre 2002 et 2015 d’éviter l'émission en France de 500 à 600g CO2eq par kWh produit.

C’est d’emblée assez surprenant car en France, grâce à la filière nucléaire et hydro, l’électricité est déjà peu carbonée (voire ci-dessus) et l’on ne voit pas que l’éolien (qui, au surplus, en raison de son intermittence, doit être associé au gaz) puisse permettre une telle économie.  Entre 2005 et 2018, les émissions ont oscillé entre 28 et 46 Mt CO2eq/an (45 et 85 gCO2eq/kWh) (en analyse de cycle de vie).

La critique de Tanguy@Yugnat95 repose sur la méthode même de l’étude de l’Ademe sur deux aspects : 1) la méthode pour construire un mix de référence (= sans prod éolienne)  ; 2)  le bilan du calcul des émissions évitées. Et surtout sur les hypothèses simplificatrices : 1) L’éolien ne se substitue pas à l’hydraulique ; l’éolien ne se substitue pas au nucléaire ; 3) L’éolien n’est pas exporté.

Pour les détails reportez-vous sur le thread et la discussion assez riche. Mais en gros l’éolien se substitue bel et bien parfois au nucléaire et à l’hydraulique, et donc dans ce cas, l’éolien ne permet pas d’éviter des émissions de CO2, bien au contraire. (d’ailleurs la substitution de l’éolien à une partie du nucléaire est l’un des objectifs revendiqués de la PPE, un objectif absurde purement idéologique anticlimatique et antiécologique…). 
Enfin, il arrive que l’éolien produise quand on n’en a pas besoin, donc on l’exporte, sauf que, comme l’Europe produit en gros de l’éolien tout le monde en même temps, 1) on l’exporte d’abord pour rien, nada, et même en payant nos voisins pour le prendre et 2) il ne se substitue alors à rien donc augmente, même marginalement des émissions supplémentaires.

Enfin, la conclusion de l’étude vaut son pesant, encore une fois, de n’importe quoi : «  L’énergie éolienne permet d 'éviter de l’ordre de 500 à 600g de CO2 par chaque kw produit (non, ça dépend à quoi il se substitue, et surtout pas s’il est amené à se substituer de plus en plus au nucléaire)… L’éolen contribue donc de manière significative à la réduction des émissions de GES du secteur électrique et donc à l’effort de la France dans en matière de lutte contre le changement climatique »

Donc l’Ademe mélange joyeusement émissions évitées et réduction. Or, comme l’explique Tanguy@Yugnat95, «  une réduction est absolue et un évitement est relatif, il compare deux alternatives mais ne dit rien sur les émissions qui peuvent très bien augmenter ou diminuer. Exemples: vous n’avez pas de voiture, vous en choisissez une légère au lieu du SUV auquel vous rêviez, vous avez évité des émissions mais vos émissions ont augmenté.

Les éoliennes ne réduisent les émissions de carbone que si elles se substituent utilement à une production plus carbonées…sinon elles augmentent les émissions. Pour tester ses fameux calculs, l’Ademe pourrait d’ailleurs se demander pourquoi malgré ses 29 000 éoliennes, malgré un soutien total pour les énergies renouvelables qui a atteint 680 milliards d'euros, l’Allemagne n’a pas diminué d’un iota ses émissions de carbone.

Conclusion : en se choisissant  ad hoc un mix de référence très carboné qui serait remplacé par les éoliennes, l’Ademe arrive à démontrer ce qu’elle veut, et ses chiffres faux deviendront carrément faux et mensongers à mesure que l’éolien se substituera au nucléaire. Conclusion de Tanguy@Yugnat95 : « Outre les hypothèses optimistes, l’étude NE démontre en RIEN que la filière éolienne “contribue de manière significative à la réduction des émissions de GES [...] et [à la] lutte contre le changement climatique” en France.

Pas mieux !

Les calculs bizarres de the Energy Watch Group and LUT University : délirant !

« La nouvelle étude du Groupe Energy Watch et de l'Université LUT est la première du genre à esquisser un scénario de 1,5°C avec un système mondial d'énergie renouvelable 100 % , rentable et multisectoriel et riche en technologie qui ne s'appuie pas sur des technologies d'émissions de CO2 négatives. L'étude de modélisation scientifique simule une transition énergétique globale totale dans les secteurs de l'électricité, de la chaleur, des transports et du dessalement d'ici 2050. Il est basé sur quatre ans et demi de recherche et d'analyse de la collecte de données…Cela prouve que la transition vers une énergie 100% renouvelable est économiquement compétitive par rapport au système fossile et nucléaire actuel, et pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le système énergétique à zéro avant même 2050. »

Ou, bon, cela prouve surtout qu’on peut raconter n’importe quoi

Constatons d’abord que pour arriver à ce mirifique résultat, Energy Watch Group and LUT Univ… dézinguent tout simplement l’energiewende allemande qui fait la part belle à l’éolien avec les conséquences que l’on sait ( pas une centrale à charbon supprimée, pas une émission de CO2 en moins, et ceci pour un coût pharamineux de plus de 600 milliards) et se repose quasi-entièrement sur le solaire :

« La production mondiale d'énergie primaire dans le système d'énergie 100% renouvelable sera composée du mélange suivant de sources d'énergie : énergie solaire (69%), énergie éolienne (18%), hydroélectricité (3%), bioénergie (6%) géothermie (2 %) ».
On est ben d’accord, le soleil c’est super et ça nous envoie beaucoup d’énergie. Sauf que personne n’a la moindre idée sur la façon  de la capter, de la stocker et de l’utiliser en quantité et en puissance nécessaire pour que le fameux scenario tout renouvelable puisse acquérir la moindre crédibilité ; et il s’en faut de plusieurs ordres de grandeur.

Commentaire : « L'étude fait tout simplement l’impasse sur… les besoins en occupation du sol ! Mais honnêtement, les auteurs fournissent les données nécessaires pour les calculer. Pour l'Allemagne, cela nous indique que 64 % de 1771 GW et 1133 GW PV devront être construits et nous savons par la référence fournie (51)  que ce type de Photovoltaïque est à une densité de 75 MW/km2. 1133 GW / 75 MW/km2 - 15113 km2 , soit plus de 6 % de la superficie de l'Allemagne. Aïe ! »
Et c’est pas tout !

« La plupart des gens considéreraient déjà cela comme irréalisable, mais en outre quelque 300 GW de photovoltaïque sur les toits" doivent être installés bien qu'il n'y ait que de l'espace que pour 161 GW selon cette étude allemande: https://mediatum.ub.tum.de/doc/969497/969497.pdf ...
Et c’est pas tout : « Si nous prenons les chiffres pour l'éolien terrestre, c'est 13% du sol allemand !!! Ca semble déjà fou, mais la réalité est encore pire parce que nos chers écolos supposent un facteur de capacité de 37%, ce qu’on n’a jamais vu ( les chiffres actuels sont plutôt autour de 20%). En en tenant compte, on tourne à un quart (25%) des terres de l'Allemagne.

Un « scenario » tout renouvelable qui passe tout simplement sous silence que pour la simple production, il supposerait une occupation de 31% du sol allemand ?? C’est comment dire, un peu amateuriste !
(pour plus de détails, vor Julius‏ @JayJayJuleson, New Study: Global Energy System based on 100% Renewable Energy)

Tiens, pour s’amuser, un scénario entièrement éolien : «  le taux de consommation énergétique primaire de l’Allemagne est de 1.28 W/m2. Alors, si on se base sur une puissance éolienne de 0.5We/m2 (moyenne aux USA), couvrir d’éoliennes la totalité du sol allemand ne permettrait que d’assurer 60% des besoins ! (2100 TWh par an) Si, par miracle, toutes les éoliennes allemandes se comportaient comme les meilleurs 10% américaines (0.8We/m2), ce ne serait toujours que 80% !

Bon, on peut raffiner sur les détails, mais ça donne quand même un ordre de grandeur !




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