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vendredi 30 août 2019

Energiewende : Nos chers amis allemands commencent à nous casser sérieusement les bonbons

DIW : tout faux ou presque !

L’institut d’économie allemand DIW a sorti une étude sur le nucléaire, dont la conclusion est que le nucléaire est cher et dangereux et  qui regorge d’erreurs et manipulations diverses.

Florilège : 

Compétitivité du nucléaire historique : « Ces dernières années, de nouvelles études ont confirmé que l’énergie nucléaire n’était pas compétitive ».

Commentaire : faux, faux, et  ultra faux pour le nucléaire historique. Pour rester dans une querelle d’allemand,  l'Institut Fraunhofer a montré en 2018 que l'énergie générée par les centrales nucléaires était moins chère en Allemagne que celui obtenu à partir de houille, de lignite et de gaz et à peine plus chère qu'avec la biomasse.

Un paramètre clé pour calculer le coût de production d’énergie est la durée de vie d’une source donnée. Et bien sûr, DIW a bien raccourci la durée de vie des réacteurs, affirmant  que «les centrales nucléaires sont conçues pour durer 30 à 40 ans».
L'incertitude initiale  sur la durée de vie des centrales nucléaires était due à une précaution résultant du manque de connaissances sur les effets de l'irradiation à long terme. Aujourd'hui, il est clair que ces craintes initiales étaient prématurées et le consensus se fait plutôt sur 60 ou même 80 ans ; d’autant que les centrales nucléaires sont constamment entretenues et que des rénovations type grand carénage permettent de prolonger la durée de vie en toute sécurité.

A titre de comparaison, la durée de vie des parcs éoliens n’est que de 20 à 30 ans, et encore bien moins pour l’éolien maritime. Selon un rapport OCDE, la médiane des coûts de l’électricité produite pendant la durée de vie d’un producteur d’électricité est de 53 $ / MWh pour une centrale nucléaire et 175 $ / MWh pour un parc éolien en mer.

Et si le nucléaire n’était pas si intéressant, pourquoi donc les prétendus fournisseurs alternatifs d’EDF se ruent-ils sur l’ARENH ( accès régulé au nucléaire historique) et en demandent-ils toujours plus ? (cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/06/pourquoi-les-tarifs-edf-augmentent_26.html)


Compétitivité du nouveau nucléaire « Des investissements supplémentaires dans les centrales nucléaires après l’accident de Fukushima seront réalisés dans un nouvel environnement économique susceptible d’affecter leur niveau de rentabilité. »

Commentaire : Ah oui, vraiment ? En Allemagne, le gouvernement prélève chaque année plus de 20 milliards d'euros dans les poches des citoyens pour les affecter au secteur des énergies renouvelables Selon Peter Altmeaier, ministre allemand de l'Economie, le soutien total pour les énergies renouvelables en Allemagne a atteint 680 milliards d'euros. Ce montant serait suffisant pour construire 61 centrales nucléaires d'Olkiluoto-3 (EPR), malgré tous les dérapages et difficultés qu’a coûté ce deuxième protype de l’EPR

Très chers amis allemands, vous auriez intéret à réfléchir !

Ajoutons que les experts du rapport du DIW ont commis une série d’erreurs biaisées, négligeant notamment la qualité de l’énergie (fatale ou pilotable, c’est pas pareil !), omis de traduire la capacité installée en quantité d’énergie réellement générée et ont ignoré les coûts externes, par exemple les coûts pas du tout négligeables d’extension et de gestion du  réseau, qui sont élevés en cas d'exploitation de sources dispersées et intermittentes)…

Energie décarbonée ou pas ? « Il n'y a toujours aucune raison pour que l'économie privée investisse dans l'énergie nucléaire commerciale aujourd'hui »

Commentaire : ben oui, surtout si on ne veut pas lutter contre le réchauffement climatique et qu’on ne mette pas en place une taxe carbone indispensable et adaptée à cet effet !

L'imposition de prix signicatifs sur les émissions de CO2 rend le nucléaire compétitif avec la production au charbon dans tous les scénarios de prix du carburant et avec la technologie CCGT (centrale à cycle combiné, le top du top gazier) lorsque les prix du gaz sont à des niveaux modérés ou élevés. A un prix de 25 dollars par tonne de CO2, dans un scénario de prix du charbon modéré, le nucléaire serait compétitif par rapport au charbon. Avec une redevance plus élevée de 50 dollars par tonne de CO2, le nucléaire coûte moins cher que le gaz dans les scénarios de prix du gaz modéré et élevé.

Or, les crédits carbone générés par le protocole de Kyoto ne sont plus disponibles et les industriels les ont maintenant épuisé leur quota total. Selon une étude de Carbon Tracker,  le prix du carbone pourrait atteindre entre 35 et 40 euros la tonne au cours des cinq prochaines années
Et c’est loin d’être suffisant si l’on veut atteindre nos objectifs climatiques. Le rapport Quinet de France Stratégie (fev 2019) a évalué la valeur nécessaire du CO2 à 250 €/tonne de CO2 en 2030. Réalistes, les auteurs ne demandent pas   une taxe carbone de 250 € à cet horizon, mais leur étude signifie ceci : « toute action permettant de réduire les émissions et ayant un coût inférieur à 250 €/tonne de CO2e fait sens pour la collectivité et doit donc être entreprise »

Donc privilégier le nucléaire plutôt que le gaz, et bien sûr, le charbon.
Ce qui est l’exact contraire de ce que fait l’Allemagne avec son Energiewende.

Et l’étude du DIW a une signification à laquelle nous ferions bien de prendre garde : l’Allemagne se battra comme un dogue pour éviter l’augmentation de la taxe CO2 et pour dissuader le financement du nucléaire , ce qu’elle a magnifiquement réussi en faisant sortir le nucléaire de la taxonomie du financement vert proposée par l’UE.

On est prévenu : l’Allemagne est bien décidée à continuer de se comporter en criminel climatique !

Acceptation du nucléaire : « Les principaux déterminants de la future exploitation des centrales nucléaires existantes et des investissements dans de nouvelles centrales nucléaires restent des considérations économiques, des considérations de sécurité énergétique, des considérations environnementales et l’acceptation du public »

Commentaire : Ayant grossièrement falsifié les chiffres sur  les considérations économiques, ne pouvant rien dire sur la sécurité énergétique (si c’est de la sécurité d’approvisonnement qu’il s’agit, alors que les USA et la Russie se battent férocement pour savoir de qui l’Europe sera vassale pour le gaz, si c’est de la sécurité tout court, . l’OMS estime, au niveau mondial, à 3.8 millions le nombre de morts prématurées liées aux pollutions carbonées,) reste alors l’acceptation du public.
Et là, surprise : « les chercheurs sont surpris que l'acceptation par le public de l'énergie atomique n'ait pas été plus ébranlée par l'accident de Fukushima ». Il était attendu que des pays comme l'Allemagne, la Suisse et le Japon seraient affectés de manière signicative dans leur soutien à l'énergie nucléaire. Dans la pratique, ces prévisions se sont avérées pour l’Allemagne uniquement, le Parlement allemand ayant déclaré son intention de fermer les centrales nucléaires d'ici 2022. Entre-temps, le Japon redémarre progressivement les centrales nucléaires fermées après 2011, alors que la Suisse autorise ses réacteurs existants à rester en activité. Sans parler des investissements nucléaires en Chine , en Russie, en Inde ou en Arabie saoudite …

Climat : et le gros mensonge ! « l’énergie nucléaire n’est pas une option pour un bouquet énergétique respectueux du climat».

Commentaire : ben si justement, l’énergie nucléaire vaut bien mieux que l’éolien ou le solaire nécessairement adossés à une puissance équivalent soit en gaz, soit, bien pire encore, en charbon, soit, bien pire que pire, en lignite, comme l’ont fait nos chers amis allemands. ; c’est d‘ailleurs ce qui ressort du dernier rapport climatique du GIEC d’octobre 2018, pour qui maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5°C nécessite une forte augmentation de la production d’énergie nucléaire. (cf.; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2018/10/le-nucleaire-seul-espoir-pour-sauver-le.html)

En résumé : sélectivité malhonnête des sources, omission de toute étude contraire à la position du gouvernement allemand (et même les documents du GIEC conclusions erronées des analyses citées, analyse coôut efficacité du nucléaire complèetement et délibrérément mensongère : le rapport du DIW est manifestement biaisé, écrit pour soutenir la thèse du gouvernement allemand selon laquelle il est nécessaire de s'éloigner rapidement de l'énergie nucléaire.
Le fait qu'une telle étude peu fiable, instrument de propagande éhonté, soit repris sans critiques par cerin média n’est qu’un autre exemple de la Fake science et des manipulations dans le secteur de l’énergie.

L’Allemagne est bien décidée à tout faire pour continuer de se comporter en criminel climatique !

Sur ce sujet, voir aussi

https://www.energetyka24.com/germany-misinforms-about-the-nuclear-energy-diws-report-under-criticism-analysis

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