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vendredi 9 août 2019

Réforme des retraites- les cadres encore sacrifiés –vers l’explosion


Après la réforme de l’indemnisation du  chômage, particulièrement injuste pour les cadres,  avec une  dégressivité de 30% après 6 mois pour tout salaire initial supérieur à 4500 € brut et un taux d’indemnisation qui  passera donc de 57% à 39,9 % !, une dégressivité injuste, inefficace, aux effets ravageurs pour les cadres seniors …


Pétition unitaire CFE-CGC et CGT pour protester contre la dégressivité de l’indemnisation chômage des cadres. Signer  vite et nombreux, SVP) :

Voici maintenant la réforme des retraites ! Et c’est pas mieux !!

A combien le point ? Quel niveau pour la retraite ? Une loterie d’Etat !

Dans les éléments de langage macroniens, c’est un système universel, plus juste et plus lisible puisque, slogan inlassablement répété, pour tout le monde,  « un euro cotisé ouvrira les mêmes droits à retraite pour tous ». Toutes les générations nées à partir de 1963 seront concernées ; dès 2025, elles devront avoir en pratique avoir  cotisé 172 trimestres. Elles vont donc subir une double peine : l’allongement de la durée de cotisation requise qui les obligera à reporter leur départ au-delà de 62 ans , la bascule dans le futur système à points

Lisible ? Ben pas vraiment ! Et en tous cas, pas du tout transparent ! Ce système par point ne permet d’évaluer la pension qu’à la veille de la retraite car la valeur du point est modifiée chaque année. Benoitement présentée, il s’agit en fait d’une réforme systémique qui induit une rupture majeure : alors qu’aujourd’hui les salariés ont une garantie de maintien de leur niveau de vie avec des pensions qui représentent en moyenne 61 % du salaire moyen, le montant de leur pension dans le nouveau système ne sera défini qu’au moment du départ en retraite, en fonction de l’espérance de vie et de la situation économique : la loterie ( selon la CGT, qui présente plusieurs dossiers et un calculateur assez bien fait

Enfin, une loterie avec toujours les mêmes perdants ! La preuve qu’il y a un loup, un énorme loup là-dessus, c’est que M. Delevoye, dans les présentations qu’il a fait, avec les masses de chiffre qu’il donne, à aucun moment il ne donne la moindre indication sur le taux de remplacement ( la retraite, combien en % du salaire, même pas une estimation.

Or, la Suède l’a déjà expérimenté : le basculement d’un système « à prestations définies » avec garantie du niveau de pension, à un régime « à cotisation définies » avec blocage des ressources s’est traduit par une baisse de 10 % des pensions en seulement 4 ans !

Et il y a la retraite au moment où vous partez, et ce qu’elle devient ensuite. Là-dessus, on peut juger le gouvernement actuel non pas à ses intentions, mais à ce qu’il a déjà fait : l’annonce, pour 2019 et 2020, de la désindexation des pensions par rapport au coût de la vie, est un signal très clair… et très mauvais pour les futurs retraités !

En fait ce système par point représente le summum de ce que Alain Supiot appelle la gouvernance par les nombres qui se substitue à la gouvernance par les hommes – et c’est pas forcément un progrès !  L’évolution du point est pilotée par un certain nombre d’indicateurs économiques, et, en cas de crise, le point et les pensions peuvent baisser, et même fortement. Plus de lisibilité, plus de prévisibilité ! De cette manière-là, les conflits d’intérêt, les conflits politiques, de classe, si l’on veut, qui sont pourtant tout à fait légitimes, se trouvent niés et complètement masqués sous une apparence technocratique qui se substitue à la démocratie basée sur la libre discussion des désirs, des intérêts et des opinions. Plus de discussions jusqu’au petit matin entre partenaires sociaux, plus de grain à moudre, ou pas, plus de grèves et de manifestations, l’algorithme, garanti par l’Etat et l’Etat seul décide.

Nous sommes là dans la  continuation obstinée, planifiée et même revendiquée de ce qui a été fait pour l’indemnisation du chômage : l’éviction totale des partenaires sociaux, et singulièrement des syndicats, qui, comme Macron l’avait annoncé, n’ont aucune vocation à représenter l’intérêt général !

Un jugement particulièrement éclairé et éclairant : « Le système par point permet une chose qu’aucun homme politique n’avoue… Ca permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions. »… François Fillon !


Les cadres spécialement matraqués

Plusieurs dispositions vont plus spécialement et sérieusement impacter les retraites des cadres.

Plafonnement de la cotisation : Jusqu'à présent, les cadres cotisaient obligatoirement (et beaucoup) pour la (et leur employeur avec eux). Or, le nouveau projet la limitation à 3 plafonds de la Sécurité sociale des salaires pris en compte, contre 8 actuellement.
Cela veut dire pratiquement que, comme pour l’assurance chômage, il n’y a plus une assurance qui assure à chacun, moyennant le niveau de cotisation approprié, un niveau de remplacement correct à la retraite, mais une prestation minimale qui devra être largement complétée par  une assurance individuelle.

Années de références : Avec la prise en compte de l’ensemble de la carrière au lieu des 25 meilleures années dans le privé ou des 6 derniers mois dans le public, celles et ceux qui ont eu des carrières ascendantes seront particulièrement perdant ! Merci pour l’investissement au travail et la promotion professionnelle !

Age de la retraite. Là, c’est la grande farce ! La réforme garantit, soi-disant, un droit à la retraite à 62 ans ; sauf que le gouvernement  ne cache d’ailleurs plus désormais que son objectif est de reculer l’âge réel de départ à la retraite à 64 ans puis à 65 ans. Donc malus il y aura, avant 64 ans dans un premier temps.
Mais attention, le fait de garder de manière tout à fait hypocrite 62 ans comme référence risque d’avoir des conséquences graves pour les cadres âgés. La question est de savoir si Pôle emploi va continuer à indemniser tous les chômeurs jusqu’au nouvel âge du taux plein – et dans l’affirmative à quelles conditions - prenant à sa charge le relèvement déguisé de l’âge de la retraite ou s’il va arrêter de les indemniser dès 62 ans, quel que soit leur durée d’assurance, puisque cette notion disparaît dans le futur régime. Mais s’ils se retrouvent sans allocations chômage, et sont contraints de demander la liquidation de leur retraite à 62 ans, ils subiront automatiquement la nouvelle décote. Et là, ça fera mal.

Tous les futurs retraités n’ont pas forcément le choix de décaler la date de leur départ en retraite. Réaction de la CFE-CCG : « les propositions du haut-commissaire visent à repousser l’âge de départ à la retraite, sans considération du taux d’emploi des seniors, ni de l’accroissement du chômage qui en découle. Une approche étriquée avec, au bout, une régression sociale. »

Les pensions de réversion : L’enjeu est de taille: les pensions de réversion pèsent environ 36 milliards d’euros, soit 12% des dépenses totales de retraite. Elles s’élèvent en moyenne à 304 euros mensuels pour les hommes et 642 euros pour les femmes. Pour ces dernières, cela représente presque la moitié du montant de la retraite moyenne ! Comme souvent, il y a eu une intense préparation médiatique de la part de LREM depuis un an, avec des propositions de suppression totale. Comme ça, quoi qu’il arrive, ça ne pourra pas être pire !     
Donc elles ne seront pas supprimées… mais on n’en sait pas plus.  La CFE-CGC, méfiante, demande qu’elle s’applique  sans conditions de ressources, et permette de maintenir le niveau de vie qu’avait le couple.

Hold-up sur les réserves de l’Agirc Arco et des régimes spéciaux : Depuis très longtemps, assaut de démagogie sur les régimes spéciaux de la part de LREM, avec la tactique habituelle de dénoncer des privilégiés.
Or, la plupart de ces régimes sont bien gérés et disposent d’importantes réserves. Ainsi, syndicats et patronat gèrent paritairement le régime de retraite complémentaire des salariés du privé, l'Agirc-Arrco, qui dispose des  plus grosses réserves de tous les régimes  : en 2016, 70,8 milliards sur les 118 milliards d'euros de l'ensemble des régimes complémentaires obligatoires du pays (5,3 % du PIB). Les partenaires sociaux ont eu à coeur de pérenniser leur régime, et ont conclu plus de dix accords de redressement des comptes par le passé pour garantir un haut niveau de réserves. Le dernier (2019) a déjà entraîné le recul d’un an de l’âge de la retraite à taux plein sous peine de malus.

Or, le Haut-Commissariat et le gouvernement se verraient bien récupérer ces réserves pour compenser le déficit du régime général. Ainsi, l'Etat employeur pourrait être contraint de « doter » ses 5 millions de fonctionnaires en déposant 20 milliards d'euros dans la corbeille de mariage des régimes de retraite…
S'ils récupèrent toutes les réserves, nous attaquerons en justice en plaidant l'égalité des droits », menace Philippe Pihet, le négociateur Force ouvrière. Pour le syndicat, mettre au pot commun les 70 milliards de l'Agirc-Arrco reviendrait à spolier certains assurés, puisque les engagements du régime ne seront pas tous couverts par le futur régime universel. Le patronat aussi regimbe :  le négociateur du Medef Claude Tendil a déclaré  précédemment que « les efforts consentis par les entreprises et les salariés du privé au sein de l'Agirc-Arrco ne doivent pas bénéficier au laxisme d'autres régimes ».

Et aussi les pilotes d’avion, les avocats, les policiers, les chirurgiens-dentistes ont réagi au quart de tour devant ces menaces et n’ont pas l’intention de se laisser piller par M. Delevoye et Macron. Ça promet !!

Les régimes spéciaux : En ce qui concerne les âges et conditions de départ à la retraite, les régimes spéciaux ont déjà beaucoup évolué. Alors, le gouvernement prétend instaurer un régime plus juste, on peut se demander pourquoi cela se fait toujours dans le sens d’un alignement général vers le bas plutôt que vers le haut. (Ou version morale politique élémentaire : quand ils s’en sont pris aux « privilèges » de la RATP, je n’ai pas bougé ; à ceux de la SNCF, je n’ai pas bougé non plus ; à ceux d’EDF, je n’ai toujours pas bougé ; et quand ils s’en sont pris aux miens, il n’ y avait plus personne…)

Ces régimes spéciaux sont le résultat de longues luttes syndicales pour obtenir une juste compensation de certaines servitudes. La justice consiste-telle à tous les supprimer, à mettre tout le monde sur le même plan ? Bien sûr que non ! Le gouvernement l’à déjà reconnu pour les métiers régaliens (policiers, douaniers, pompiers, surveillants pénitentiaires) qui garderont leurs spécificités de départ anticipé à 57 ans, voire 52 ans ; et aussi pour les militaires.  
En revanche, apparemment c’est non pour les aides-soignantes des hôpitaux publics ! Et les trajets de nuit des cheminots, mes servitudes des agents de la RATP, les pilotes qui devront continuer à piloter jusqu’à 64 ans….

Estimation des pertes : pour ce journal très à gauche qu’est Capital, voici une estimation, à mon avis minorée, des évolutions :
« Dès les plus bas niveau de revenu, la perte se chiffre à 122,69 euros mensuels, Pour quelqu’un dont le salaire correspondrait à 1,5 fois le smic - soit 27 381,90 euros annuels, le manque à gagner s’établit en à 184,05 euros mensuels,  Un cadre, dont le salaire s’élève annuel brut s’élève à 40 524 euros perdrait pour sa part 247 euros chaque mois…

Pour l’assurance retraite, comme pour l’assurance  chômage, ce gouvernement veut imposer une réforme ultra-libérale, avec  fin du paritarisme et étatisation. Le système ne sera plus assurantiel et contrairement à ce que les Nordiques ont pris soin de faire, il n’embarquera plus les classes moyennes supérieures. Il évoluera vers un filet de sécurité minimal, qui devra être complété, pour ceux qui le peuvent, par des assurances privées. D’ailleurs, le secteur des assurances se frotte déjà les mains et peaufinent de nouveaux plans d’épargne retraite…à la sécurité discutable.

Rappel : l’écrasement des classes moyennes produit des monstres politiques ! Et Macron ferait bien de ne pas désespérer son électorat préférentiel !


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