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mardi 24 décembre 2019

L’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre et les trois salopards


Rappel sur l’accord de Paris ;  philosophie et premiers doutes

L'accord de Paris est le premier texte élaboré par l'ensemble des pays de la planète et le premier accord universel sur le climat/réchauffement climatique. Il fait suite aux négociations qui se sont tenues lors de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

La démarche adoptée pour cet accord est fortement empreinte de pragmatisme à l'anglo-saxonne (c'est-à-dire qu'il s'agit d'une déclaration d'intention, sans aucune mesure coercitive) : pas d'amende ni mesure de rétorsion ; le protocole de Kyoto en prévoyait mais cela n’a jamais rien donné. Pour être efficace, l’accord adopté a pris un autre parti, celui de la transparence. Plus qu’un devoir, une obligation à laquelle chaque pays aura à se plier en soumettant régulièrement ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) à des grilles de renseignements et d’analyses communément partagées et compréhensibles par tous.

L'accord prévoit de contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C » (article 2), ce qui est plus ambitieux que le projet d'accord initial20 ; ce dernier objectif a été ajouté sous la pression de l'Alliance of Small Island States (AOSIS) (« Alliance des petits états insulaires ») qui regroupe les 44 pays les plus exposés aux effets du changement climatique et qui émettent le moins de gaz à effet de serre, 0,00001 % des émissions globales. L'article 2 fait aussi référence au désinvestissement des énergies fossiles : « Le présent Accord [...] vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, [...] notamment en [...] Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d'évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques. ».
L'objectif d'atteindre la neutralité carbone est affirmé à l'article 4 : « les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, (...) et à opérer des réductions rapidement par la suite (...) de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle.

Crédibilité des objectifs : Selon Jean Jouzel, les mesures prises par les États avant la COP21 inscrivent le climat dans une tendance de réchauffement de 3 °C ; l'Accord ne les oblige pas à un changement dans l'immédiat, et des objectifs sévères devraient être fixés avant 2020 pour espérer tenir l'objectif d'un réchauffement limité à 2 °C32. Le PNUE a calculé que « même dans le cas d'une mise en œuvre intégrale des engagements pris à Paris, les émissions prévues d'ici à 2030 entraîneront une hausse des températures mondiales de 2,9 à 3,4 °C d'ici la fin du siècle ».
L'accord permet aux États de conserver leur système agricole inchangé, alors qu'il est nécessaire de le réformer.
La surpopulation et plus généralement les problèmes démographiques ne sont pas abordés ; aucune mesure de limitation des naissances n'a été envisagée.

Pourcentage ou valeur absolue-1 : Les engagements nationaux sur les émissions de gaz à effet de serre (décarbonation

Concernant les émissions de gaz à effet de serre, le cadrage des accords de Paris est le suivant :
Plafonnement mondial des émissions et "neutralité climatique" (art. 4) - En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement …  Les pays développés devraient continuer de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie, tandis que les pays en développement devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux différentes situations nationales.

La réalité a été, comment dire, quelque peu différente. Les engagements nationaux ont été très variés ;  certains s’engagent à une réduction des émissions en valeur absolue par rapport à une date (1990, par exemple) ou en valeur relative par rapport à un scénario au fil de l'eau, les gaz à effet de serre et les secteurs économiques couverts par l'engagement varient, et l'engagement prend en compte, ou pas, le rôle des puits carbone forestiers.
Certains s’engagent à une réduction des émissions totales, d’autres détaillent des engagements par secteurs ; d’autres mentionnent une date de référence fixe (par rapport à 1990 pour l’Union européenne, par exemple) tandis que beaucoup prennent le scénario « Business as usual » (BAU) comme référence– il s’agit des prévisions d’émissions dans le système actuel, si rien n’est fait.
Enfin, nombre de pays conditionnent leur contribution à une aide financière internationale, dans le cadre d’un « Fonds vert » mondial, qui sera l’objet d’intenses tractations lors de la COP21.

Ainsi, les 28 Etats de l’Union européenne se sont engagés à réduire de 40 % ses émissions de GES d’ici à 2030 par rapport à 1990, soit la même date que celle évoquée dans le protocole de Kyoto, signé en 1997 et entré en vigueur en 2005. La Russie, la Norvège ou encore la Suisse ont choisi la même date référence.

Les Etats-Unis se sont engagés à une réduction de 26 à 28 % d’ici à 2025… mais par rapport au niveau de 2005. Cette année-là, le pays a connu un pic d’émissions à 5,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2 émises (combustion de ressources fossiles inclue), contre 5,2 milliards en 2013 par exemple. Le Canada a proposé le même objectif de réduction d’ici à 2025, lui aussi ayant connu une forte augmentation de ses émissions entre 1990 et 2005.

La Chine, elle, a adopté une stratégie différente en s’engageant à atteindre son pic d’émissions de gaz à effet de serre en 2030, avant de diminuer ensuite. Pékin assure toutefois tenter de réduire son niveau d’émissions de CO2 de 60 à 65 % par point de PIB par rapport à 2005. Cette liaison au PIB est intelligente et signe l’ambition d’une croissance réellement moins carbonée, et non d’une décroissance. Depuis la Chine a arrêté 90 % de ses projets de centrales à charbon.


Valeurs absolues ou pourcentages-2 : L’Europe et les trois salopards : Allemagne, Autriche, Luxembourg

On notera donc que l’Europe, en n’affichant pas des objectifs de réduction des émissions en valeurs absolues contrevient à l’accord de Paris, ou alors ne se considère pas comme un pays développé !!!

On comprend pourquoi en regardant quelques chiffres qui montrent à quel point les trois salopards européens opposés au nucléaire (Allemagne, Autriche, Luxembourg – et quand je dis opposé au nucléaire, c’est pas seulement pour eux, mais ils entendent l’interdire aux autres pays, par exemple le Luxembourg veut contraindre la France à fermer Cattenom et l’Autriche prétend interdire à la Tchéquie d’ouvrir de nouvelles centrales nucléaires cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/10/politique-energetique-quand-le-reich.html)

Donc il suffit de regarder les chiffres : CO2/tonne/habitant/an (2013, dernière année connue pour tous les pays)

Allemagne : 8.7
Autriche : 7 .4
Luxembourg : 18.5 (de vrais goinfres de CO2 les Luxembourgeois, entre les USA et Oman !)
Pays-Bas : 10.3
Moyenne UE : 9.7
France :  5.7

Donc, avec leur niveau de départ et  ce système de réduction de 40% pour tous les pays européens, l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg pourront continuer ad vitam aeternam ( enfin, tant que durera la Terre) à consommer de fossile et à rejeter de CO2 de 1.5 à 3 fois plus que la France. Et ceci tout en nous donnant des leçons.
Or évidemment, dans la perspective de la lutte contre le dérèglement climatique, c’est la valeur absolue qui compte( et ainsi que le disent les accords : « les pays développés devraient continuer de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie », tandis que les pays en développement, pour qui le plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre « prendra davantage de temps », s’engagent dans un premier temps à « continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation »)

A quoi rime tout cela ? A quoi rime de demander à la France de diminuer de 40% les émissions de gaz à effets de serre (soit le même effort en valeur relative que les autres pays européens, alors qu’elle est déjà largement en-dessous de la moyenne de l’Union Européenne, et à un niveau absolu tel qu’il suffit à se placer sur la trajectoire minimale de réchauffement ?

Ceci a été atteint en 20 ans, de 1970 à 1990, grâce à l’extraordinaire programme qui nous a permis de nous doter d’un parc de 58 réacteurs nucléaires toujours en activité enfin tant que Fessenheim n’est pas stupidement fermé). Grâce à cela, grâce au nucléaire, les émissions de CO2 françaises liées à l’énergie sont inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7.

Alors à quoi riment ces engagements européens ? Eh bien, c’est très clair, le Reich allemand et ses supplétifs, engagés dans une energiewende catastrophique écologiquement, climatiquement, économiquement, socialement, veut garder la prédominance en Europe et y parvient par des institutions dévoyées qui assurent la domination allemande. Elles ne dureront plus très longtemps. Parce que c’est un échec total.   

Les accords de Paris, 3 ans plus tard : la honte européenne et allemande

Lors des dernières COP (notamment Madrid 25), l’Europe prétend apparaître comme un modèle, menant une diplomatie climatique agressive, tançant les USA, le Brésil etc. En fait :

- Trois ans plus tard, seulement 58 pays ont adopté des lois et pris des mesures nationales pour réduire leurs rejets de CO2 en 2030 et, parmi eux, seulement 16 ont engagé des actions suffisamment ambitieuses par rapport à ce qu'ils avaient promis, selon une étude publiée le 29 octobre par le «think-tank» américain World Ressources Institute et par deux centres de recherches britanniques (Grantham Research Institute et Centre for Climate Change Economics and Policy) hébergés par la London School of Economics. Pourtant, 157 pays avaient pris des «engagements volontaires.

- Dans la liste des 16 pays qui sont des bons élèves de l'accord de Paris, il n'y a aucun ressortissant de l'Union européenne. Mais 3 pays du Vieux Continent se distinguent: la Norvège, le Monténégro et la Macédoine. Parmi les autres États qui ont engagé des actions, conformes à leurs engagements, les chercheurs citent le Canada, le Costa Rica, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie et notamment le Pérou.

- A propos de l'Union européenne qui avait déposé un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre pour les 28 pays membres, au moment de la COP21, les experts soulignent qu'elle a déposé un objectif global, sans spécifier les ambitions pour chaque membre, et que 7 pays n'ont pas fixé d'objectifs nationaux. Ce qui rend «flou» ses engagements.

Passons maintenant aux trois salopards : Allemagne, Autriche,  Luxembourg

Allemagne : Après quatre années de stagnation, les émissions de gaz à effet de serre ont reculé, en Allemagne, de 4,2 % entre 2017 et 2018. Annoncée, mardi 2 avril, par le ministère de l’environnement, cette baisse n’a pas manqué d’être saluée par la ministre elle-même, Svenja Schulze, membre du Parti social-démocrate (SPD) : « Cela montre que des mesures favorables au climat, comme l’efficacité énergétique, la sortie du charbon et les échanges de quotas d’émissions produisent des effets »
Mensonge et propagande grossière : Sur les 38 millions de tonnes de CO2 émises en moins par l’Allemagne en 2018 par rapport à l’année précédente, 15 concernent en particulier les ménages, dont la consommation de fuel a fortement baissé à cause de la douceur des températures et de la sécheresse de l’été 2018, le plus chaud depuis 2003 en Allemagne, provoquant une baisse importante du niveau d’eau des rivières. « Dans de nombreux cas, les cargos n’ont pas pu naviguer sur les rivières, ce qui a entraîné une pénurie de fuel de chauffage et une hausse des prix. De nombreux clients peuvent ainsi avoir reporté l’achat de fuel de chauffage à 2019 ».

En fait, l’Allemagne a officiellement renoncé à  l’objectif qu’elle s’était donnée elle-même d’une baisse de 40% des émissions de GES en 2020 par rapport à 1990 pour ne plus annoncer que 32%. Qu’elle ne tiendra d’ailleurs pas plus ( même le ministère juge cet objectif peu probable. Un peu plus de 40 % de l’électricité produite par l’Allemagne provient des centrales à charbon (ou pire, lignite). Le gouvernement allemand annone maintenant une sortie du charbon en  2038 ! Ils vont se faire dépasser par les Chinois !: « le gouvernement chinois s'est engagé en décembre 2014 à atteindre le pic de ses émissions autour de 2030, mais des experts estiment que ce pic surviendra bien avant cette date. »
Ajoutons que de plus, les consommateurs allemands paient la transition énergétique de leur pays au prix fort : le prix de l’électricité a plus que doublé entre 2000 et 2013 pour les petits consommateurs.

Autriche : Entre 1990 et 2017, l'Autriche est l'un des six pays européens où les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter alors qu'elles ont, en moyenne, baissé de 22% dans l'ensemble de l'Union. Avec environ 50,6 millions d’équiv. t. CO2 en 2018, le total des émissions de gaz à effet de serre (hors ETS) est supérieur d'environ 1,7 million de tonnes à l’objectif intermédiaire annuel de 48,9 millions de tonnes. Le respect des limites sectorielles d'ici 2020 n'est pas réaliste dans le secteur des transports ; il est incertain dans les secteurs de l'agriculture et de la gestion des déchets.
Furieux de l’attitude autrichienne, qui prétend lui interdire d’investir dans le nucléaire, le premier ministre Tchèque Andrej Babis s’est lâché à Madrid lors de la COP 25 : « Sans le nucléaire, ce n’est pas possible pour la République tchèque… Ce matin, à 7 h 45, les Autrichiens ont consommé 23 % d’électricité tchèque, la Slovaquie 30 %. Si nous n’avions pas fourni de l’énergie à l’Autriche, un quart des habitants ne pourraient même pas se faire un café »

Luxembourg ( le goinfre absolu 18.5 tonne CO2/habitant/an). L'UE réduit l'émission de CO2, pas le Luxembourg ont honnêtement titré des journaux luxembourgeois. Le pays a produit 3,7% de dioxyde de carbone supplémentaires entre 2017 et 2018, selon les données d'Eurostat publiées mercredi. Il figure parmi les plus gros émetteurs dans ce domaine au niveau européen. Le gouvernement luxembourgeois a présenté un plan comprenant  des recettes supplémentaires engendrées par une hausse des accises sur le carburant, un effort en faveur  dss transports en commun et l’électrique, Les nouvelles primes à l’électromobilité en vigueur depuis le 1er janvier 2019 soutiennent cette approche volontariste et ciblée, un leadership en matière d’efficacité énergétique des bâtiments, la mise en place d’un standard à consommation d’énergie quasi nulle pour les bâtiments fonctionnels, un "phase out" progressif du mazout et du gaz dans le domaine des bâtiments  (Ah bon, mais comment ils vont se chauffer ; parce que si c’est avec de l’électricité, il ne faudrait qu’elle soit produite à partir du charbon allemand…
Et dans leur plan : la renonciation à la promotion du nucléaire.

Autrement, les goinfres se fichent du monde en ne présentant aucune mesure vraiment efficace.
Xavier Bettel., premier ministre des goinfres Luxembourgeois, à propos du nucléaire :  Chaque pays est libre de choisir son mix énergétique, mais que ce soit financé avec de l’argent du contribuable européen, non, je ne suis pas pour »

Il est temps que cette manière de fonctionner en Europe s’arrête !



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