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lundi 23 décembre 2019

La rénovation énergétique est mal partie : le monde merveilleux du BBC et la solution raisonnable de Sauvons le Climat


Les scénarios impossibles de negaWatt et de l’Ademe

J’ai déjà abordé sur ce blog le problème de la rénovation thermique des bâtiments en parlant notamment du scenario impossible de negaWatt malheureusement repris sans esprit critique par l’Ademe et le Ministère : rénover chaque année jusqu’à 780 000 logements pour les amener à une consommation moyenne de 40 kWh/m² par an pour les besoins du chauffage. En 2012, l’État français avait fixé l’objectif de rénover 500 000 logements chaque année, un objectif qualifié dans le journal Le Monde du 4 juin 2014 de « définitivement hors d’atteinte ». ? En fait, le but affiché par negWatt de 40 kWh/m² pour le chauffage est tout simplement inatteignable. Cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-sobriete-energetique-est-mal-partie1.html

Pour faire bonne mesure, un travail universitaire de Gaël Blaise et Matthieu Glachant, chercheurs à MINES ParisTech – PSL paru dans la Revue de l’Energie jetait une pelletée de terre supplémentaires sur les brillantissimes scenarios du Ministère et de la PPE : 1.000 euros de travaux ne diminuerait en moyenne la facture énergétique que de 8,4 euros par an. Pour un investissement moyen de l'enquête, cela correspond à une diminution de 2,7% de la facture. La rénovation énergétique est alors loin d'être rentable si l'on s'en tient aux seules économies d'énergie puisque le temps de retour correspondant, c'est-à-dire le nombre d'années nécessaires pour récupérer le coût de l'investissement initial, est de 120 ans.


Heureusement, il existe des écologistes qui prennent vraiment au sérieux les objectifs climatiques, et s’efforcent de les atteindre sans pour autant entrainer une désagrégationi totale de nos sociétés, qui ne réjouit que les apôtres de la décroissance. Suivant les constats du GIEC  ls reconnaissent généralement l’importance de l’énergie nucléaire pour aboutir à cet objectif. C’est la cas notamment de la remarquable association Sauvons le Climat, qui propose nombre de réflexions, de travaux et de scénarios de grande qualité. L’un des derniers (décembre 2029)  est justement consacré  à la rénovation thermique du parc immobilier. Auteur :  Georges Sapy, version complète 35 pages

Extraits significatifs

Sauvons Le climat : Tout le parc immobilier BBC (Bâtiment Basse Consommation) en 2050 ?  un objectif complètement irréaliste !

« En France, le bâtiment arrive en deuxième place des émissions de CO2, juste derrière les transports. C’est donc un secteur où il faut agir en priorité dans la perspective de la neutralité carbone du pays en 2050. Or, les actions entreprises jusqu’à présent pour réduire ces émissions dans le bâtiment, essentiellement fondées sur la réduction de la consommation d’énergie, ont donné des résultats très décevants. Plus grave, la neutralité carbone est explicitement fondée sur les mêmes critères énergétiques : l’ensemble du parc de logements qui existera en 2050 (environ 2/3 de logements actuels rénovés, et 1/3 de nouveaux logements construits à partir de 2020) devra respecter la norme BBC (bâtiment basse consommation). »

« Dans le domaine du bâtiment, l’objectif de neutralité carbone en 2050 passe explicitement par l’atteinte d’une cible énergie BBC (Bâtiment Basse Consommation, soit un critère de 50 kWh/m2/an en énergie primaire) pour la moyenne du parc immobilier, soit environ 5 fois moins que pour le parc actuel. Il faudrait parallèlement tendre vers une cible carbone « zéro émissions » pour les usages thermiques et spécifiques, avec une étape intermédiaire à 150 kg CO2/m2 /an en 2030, pour le double actuellement : l’irréalisme d’une telle division par 2 en 10 ans interroge sérieusement... »

« Les critères BBC sont très exigeants. La preuve en est que même en construction neuve, alors que les architectes partent d’une feuille blanche et ont toute liberté d’optimiser leur conception, les résultats mesurés sont parfois loin d’être tous et toujours au rendez-vous comme le prouvent plusieurs retours d’expériences. Cette atteinte reste donc un défi alors qu’il s’agit de construire plusieurs millions (environune dizaine) de logements nouveaux d’ici 2050 »

« L’analyse des cas concrets de rénovation énergétique pris comme exemples dans cette étude montre que la grande diversité des sources de pertes thermiques des bâtis ne permet pas de toutes les traiter pour des raisons physiques, esthétiques, patrimoniales ou économiques, ce qui limite fortement les gains globaux que l’on peut en attendre »

« Les scénarios réalistes que l’on peut construire à partir de ces constats en conservant en 2050 2/3 deslogements existants rénovés, conduisent à des consommations énergétiques moyennes entre deux et trois fois supérieures aux critères BBC pour l’ensemble du parc à cette échéance... Très loin donc de l’objectif. Ceci tient au « poids » énergétique extrêmement important des logements existants, physiquement et/ou  financièrement impossibles à améliorer suffisamment.

Sauf à reconstruire la quasi-totalité des logements construits avant... 2000 ! « 

« Recourir prioritairement aux sources d’énergie décarbonées apparait à l’issue de cette étude comme infiniment plus efficace pour réduire les émissions de CO2 et d’un coût bien inférieur à celui d’une surisolation systématique des bâtiments. »

En conclusion, l’atteinte d’un niveau moyen BBC en 2050 pour l’ensemble d’un parc de logements comprenant environ 2/3 de logements existants rénovés apparait comme totalement... HORS DE PORTÉE ! Dans ces conditions, fonder l’objectif de neutralité carbone en 2050 sur cette base constitue une impasse ne pouvant conduire qu’à un échec majeur.

Atteindre de façon certaine l’objectif de neutralité carbone en 2050 reste cependant possible, mais passe par la priorité clairement donnée à la décarbonation des sources d’énergie, accompagnée d’une amélioration des bâtis conçue comme un moyen et non plus comme une fin.
Dans cette perspective, si l’on veut respecter la trajectoire de neutralité carbone, s’obstiner à chauffer massivement au gaz fossile des logements neufs qui devront être convertis à une source d’énergie décarbonée bien avant 2050 est totalement incohérent avec l’objectif de neutralité affiché. »

Les études de cas

Une première  force de l’étude réside en l’étude approfondie d’un certain nombre de cas typiques par exemple l’Étude concrète des rénovations énergétiques réalistes et possibles du bâti d’une résidence, d’un appartement et d’une maison individuelle. Brièvement :

Résidence ancienne de bonne qualité :  la seule issue pour atteindre la neutralité carbone dans cette résidence est le remplacement du gaz fossile par une source décarbonée, la meilleure solution étant le recours à des pompes à chaleur géothermiques, les plus performantes, le sous-sol de la résidence s’y prêtant bien. Pour un appartement moyen de 98 m2 , le coût des améliorations du bâti serait d’environ ≈ 12 600 € et celui du remplacement des chaudières à gaz actuelles par des pompes à chaleur d’environ ≈ 4 100 €, soit un coût total de l’ordre de 17 000 € alors qu’une isolation poussée au maximum théorique « sur le papier » mais irréalisable dans les faits, coûterait 27 000 € de plus en défigurant la résidence, sans pour autant permettre d’atteindre les critères BBC et de loin.

Appartement années 70 : Cet appartement est caractérisé par une surface vitrée extrêmement importante, qui occupe 83 % de la surface des parois en contact avec l’extérieur. Avec des déperditions estimées à 72 % des déperditions totales, c’est la principale source et le poste essentiel d’une rénovation réaliste et efficace. Dans des conditions réalistes, physiquement possibles et économiquement pertinentes d’amélioration du bâti, la consommation énergétique et les émissions de CO2 baisseraient donc au mieux de ≈ 46 % environ, correspondant ici encore au gain d’une seule étiquette pour les deux critères, très loin des étiquettes A, avec des émissions résiduelles beaucoup trop importantes si l’on conserve le gaz fossile comme source d’énergie. La seule issue pour atteindre la neutralité carbone est donc à nouveau le remplacement du gaz fossile par des pompes à chaleur géothermiques, le sous-sol de la résidence dans laquelle se trouve cet appartement se prêtant bien également à cette solution. Le coût d’améliorations réalistes et optimales du bâti présentant un bon rapport efficacité/coût serait d’environ ≈ 17 000 € et celui du remplacement des chaudières à gaz actuelles par des pompes à chaleur a également ≈ 4 100 € environ, soit un coût total de l’ordre de 22 000 €, alors qu’une isolation plus poussée coûterait entre ≈ 9 000 € et ≈ 14 000 € de plus sans pour autant permettre d’atteindre les critères BBC.

En résumé pour ces deux cas : leurs bilans énergétiques après rénovation montrent qu’il n’y a pas de
solution réaliste d’amélioration des bâtis seuls de ces deux résidences anciennes de bonne qualité, qui
permettrait d’atteindre une performance BBC (50 kWh/m2/an). Il s’en faut d’au moins un facteur 2.
Les limitations qui apparaissent sont à la fois physiques, esthétiques et économiques dans les deux résidences. De plus, le gain en émissions de CO2 dû aux seules améliorations des bâtis resterait marginal et fort éloigné de l’objectif bas carbone si le chauffage au gaz était conservé. Il faut donc impérativement le remplacer par une source d’énergie décarbonée,

Maison « C » : Si l’on résume les résultats obtenus grâce à la fois à une isolation globale très poussée et au remplacement de la chaudière au gaz par une pompe à chaleur air-eau performante :La consommation énergétique règlementaire est passée de 280 kWh/m2/an en énergie primaire (étiquette E) à 90 kWh/m2/an. La consommation énergétique réelle en énergie finale a été divisée par environ ≈ 8. L’analyse montre que sur ce facteur 8 gagné en énergie finale, la contribution de la PAC (facteur ≈ 3,5) est supérieure à celle de l’amélioration du bâti (facteur ≈ 2,8) Concernant les coûts d’investissement de cette rénovation globale très poussée, ils se sont élevés en valeur brute (hors primes et réductions d’impôts) à environ ≈ 42 400 € pour l’ensemble des opérations d’isolation du bâti et à ≈ 13 000 € pour la PAC actuelle, soit un total de ≈ 55 400 €.

Commentaire : Conclusion des cas types : les objectifs BBC sont de toutes façon inatteignables même avec un effort d’optimisation du bâti maximal et le coût est prohibitif. Dans tous les cas, le chauffage par une énergie décarbonée est en fait la source la plus efficace de décarbonation, même si des efforts pour une isolation raisonnable et no maximale sont aussi utiles.

Une seconde force de l’étude est l’extension de l’analyse à l’ensemble du parc immobilier et de son évolution

Extension de l’analyse au reste du parc de logements anciens

Soit quelque 29 millions de logements les plus énergétivores, construits jusqu’en 2000, dont les consommations énergétiques dépassent toutes les 150 kWh/m2/an et en moyenne plus du double :

Cas des logements d’avant 1949 : Ils représentent environ 10 millions de logements et pèsent 36 % des consommations énergétiques du parc ancien émettant le plus de kWh/m2 /an. On trouve probablement dans cette catégorie un certain nombre de logements médiocres (même si les plus médiocres auront sans doute disparu en 2050, car non construits pour durer) mais aussi toutes les constructions historiques que la longue histoire du pays nous a laissée aux  différentes époques : quelques bâtiments remontant au moyen âge ou à la renaissance (notamment les maisons et immeubles à colombages qui ont résisté au temps, encore nombreux dans beaucoup de régions et villes de France) de beaux bâtiments des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, de nombreux immeubles haussmanniens et néoclassiques dans la capitale et autres grandes villes, des bâtiments « Art nouveau »,« Belle époque », « Art déco », etc.
Tous ces bâtiments posent des problèmes d’isolation souvent complexes et très délicats car il n’est pas question de défigurer leurs façades en les recouvrant d’isolants, ni de masquer d’autres parties à valeur historique. Ce patrimoine historique, architectural et esthétique fait la beauté et l’identité de nos villes anciennes, villages historiques et campagnes avec leurs châteaux, maisons de maîtres, etc.Il en résulte que réduire significativement les consommations énergétiques de tous ces beaux bâtiments en jouant sur leur bâti est une impasse et que la seule solution réaliste pour diminuer leurs émissions réside làplus qu’ailleurs dans le recours à des sources d’énergie décarbonées à la base

Cas des logements construits entre 1949 et 1975 :  C’est la partie du parc actuel la plus énergétivore, qui représente 44 % du total des logements consommant plus de 150 kWh/m2 /an avec ses 11 millions de logements et ses moyennes de consommation les plus élevées. Cela s’explique probablement par les reconstructions massives et rapides d’après-guerre, ainsi que par celles des années 1960 pour faire face à l’augmentation rapide de la population (baby-boom), tout cela bien avant la première règlementation thermique de 1974, qui n’a commencé à produire (progressivement) ses effets qu’à partir de 1975
Les HLM ou assimilés, paradoxalement, quand ils ne sont pas voués à la destruction, peuvent être plus faciles à rénover efficacement si leur gros œuvre est de bonne qualité.  Les immeubles de bon standing, pour lesquels les contraintes de rénovation énergétique sont souvent plus complexes à mettre en œuvre, à l’image de l’exemple de la Résidence « A » et de l’appartement « B ». Les maisons individuelles sans valeur esthétique particulière,partent souvent d’un état initial moins performant que celui des immeubles collectifs car elles ont davantage de surfaces en contact avec l’extérieur, mais offrent davantage de possibilités efficaces d’isolation de leurs murs par l’extérieur, de leurs toits ou combles

Cas des logements construits entre 1975 et 2000 : Il y a très clairement un décrochement des consommations énergétiques à partir de 1975, qui peut s’expliquer de deux façons complémentaires : les effets de l’entrée en vigueur des règlementations successives de plus en plus contraignantes pour les constructions neuves et, à partir du début des années 1980, l’apparition progressive des logements neufs chauffés à l’électricité par effet Joule et construits pour la plupart selon les normes Promotelec de 1974. Cela a conduit à isoler beaucoup mieux les logements concernés pour limiter leurs consommations d’électricité et les factures associées. C’est un acquis très important, de plus de 10,5 millions de logements chauffés à l’électricité (dont plus de 1,2 millions chauffés par des pompes à chaleur), qui ont beaucoup moins besoin d’améliorations lourdes de leurs bâtis. Néanmoins, en 2000, soit juste avant que la RT 2000 ne produise ses premiers effets, la moyenne des consommations énergétiques se situait encore aux alentours de 170 kWh/m2/an. Ce n’est qu’au-delà que les consommations énergétiques ont baissé beaucoup plus fortement avec les RT 2000, 2005 et 2012.

Evolution du parc de logement

Besoins en logements en France métropolitaine en 2050 :Plusieurs facteurs doivent être pris en compte : L’augmentation de la population : plusieurs sources (INSEE, EUROSTAT) se recoupent pour indiquer que la population française métropolitaine devrait croître d’environ 65 millions (actuellement, au 1er janvier 2019) à environ 72 millions en 2050, soit + 7 millions ou encore environ + ≈ 10 %.
Les évolutions sociologiques : selon les sociologues, des mariages ou mises en couple plus tardifs, des divorces plus nombreux suivis de recompositions familiales, l’apparition d’un 4ème âge avec l’augmentation de la longévité devraient conduire à une diminution du nombre moyen de personnes par logement, et par conséquent à une augmentation du nombre de logements nécessaires ce qui, soit dit au passage, n’est pas particulièrement favorable à une baisse des consommations énergétiques puisqu’on multiplie les sources de consommation (chauffer un même logement pour plusieurs personnes ne consomme pas davantage que pour une seule). Selon l’INSEE, cette augmentation du nombre de logements serait à peu près deux fois plus importante que l’accroissement de la population d’ici 2050, ce qui conduirait à + 20 % environ

Insuffisance de logements : Si l’on ne prend en compte que les résidences principales, leur nombre est actuellement, selon différentes sources, de l’ordre de 32,5 millions (y compris les logements vacants). Sachant qu’il manque actuellement 800 000 à 1 million de logements pour satisfaire les besoins, le besoin réel actuel est donc de 33,5 millions, qui passeraient ainsi à 33,5 x 1,2 ≈ 40 millions environ en 2050 si l’on suit les projections ci-dessus.
On aboutirait ainsi à un parc constitué en 2050 d’environ 65 % de logements anciens rénovés construits avant 2000 et 35 % de logements construits après 2020, systématiquement selon les normes BBC pour ceux construits à partir de 2020 ( ????). Cette répartition prévisionnelle en 2050 fait largement consensus. »

Commentaire : Ah ben au moins, ça parait un peu plus sérieux que les scénario negaWatt. Pour rappel : une consommation résidentielle et tertiaire diminuée de 49 % grâce à une stabilisation du nombre d’habitants par foyer (moins de célibataires ?), un développement de l’habitat en petit collectif (faudra-t-il interdire de construire des maisons individuelles ?), un ralentissement de la croissance des constructions (le nombre de logements construits chaque année serait divisé par 3, leur surface baisserait de 25%)…

Reprenons, donc les logements systématiquement selon les normes BBC à partir de 2020 ? Voyons cela de plus près sur un autre cas concret. Extraits :

« La difficile atteinte des critères BBC de certaines réalisations, pourtant très récentes...

Exemple des logements neufs du quartier Clichy-Batignolles : les consommations thermiques ont été relevées sur un panel de 17 bâtiments, dont 12 résidentiels, pour la première année d’exploitation en 2018. Or, elles se sont révélées très supérieures aux objectifs.
Pour les valeurs médianes :
Chauffage : 49 kWh/m2/an pour un objectif attendu de... 15, soit un dépassement d’un facteur proche de ≈ 3,3 !
Eau chaude sanitaire :  34 kWh/m2/ pour un objectif attendu de... 20, soit un dépassement d’un facteur 1,7.
Au total, on aboutit à une consommation (hors électricité spécifique) de 83 kWh/m2/an très éloignée du critère BBC…

Et encore s’agit-il de la médiane. Si l’on regarde les consommations maximales :
Chauffage  : deux bâtiments (B 9 et B 17) à ≈ 78 kWh/m2/an (objectif : 15 ) !
Eau chaude sanitaire : un bâtiment (B 13) à ≈ 56 kWh/m2/an (objectif : 20 ) !
Pour l’ensemble chauffage + eau chaude sanitaire : un bâtiment (B 13) à ≈ 128 kWh/m2/an et un autre
bâtiment (B 12) à ≈ 108 kWh/m2/an pour un objectif de 35 !

Remarque de Sauvons Le Climat : « Le conférencier qui a présenté ces résultats n’a pas été en mesure d’apporter des explications sur les causes de ces dépassements, l’enquête et les analyses étant en cours à l’époque. Mais il va sans dire que le retour d’expérience de cette réalisation sera d’un intérêt majeur pour comprendre cette situation, qui résulte probablement de plusieurs causes, incluant les comportements humains (des « effets rebond1 » sont très probablement en cause, notamment dans les consommations d’eau chaude sanitaire).

NB : on soulignera que ce cas de dépassement est loin d’être le premier. Plusieurs éco-quartiers en France ont été victimes de très forts écarts entre les objectifs assignés et la réalité observée. Là encore, tirer un retour d’expérience systématique et approfondi de ces réalisations serait d’un intérêt majeur." (Sic!)

Conclusion de Sauvons le Climat :

« Au vu de ces retours d’expérience, même pour des constructions neuves, l’atteinte généraliséed’un niveau BBC ne semble pas aussi facile et garantie qu’on pourrait le penser... De tels écarts entre objectifs et réalité, non seulement ne permettent pas d’escompter un effet de rééquilibrage au niveau global du parc (par abaissement de la moyenne), mais soulèvent plus généralement la question du réalisme et de la crédibilité des objectifs assignés à partir desquels les scénarios pour le futur sont élaborés au niveau national... Si de plus on persiste à encourager le gaz fossile comme énergie de chauffage de base (son usage a plus que doublé d’après la DGEC depuis 2012, dans 40 % des logements individuels et 75 %des logements collectifs) comme la réglementation thermique 2012 y a conduit, la neutralité carbone en2050 devient tout simplement impossible.

La conséquence est majeure : l’atteinte d’un niveau BBC en 2050 pour l’ensemble d’un parc constitué de logements anciens rénovés d’avant 2020, complété par un parc de logements 100 % BBC construits entre 2020 et 2050, est de façon certaine... HORS DE PORTÉE !
Dans ces conditions, prendre l’hypothèse BBC pour l’ensemble du parc comme fondement de l’objectif de neutralité carbone en 2050 est une impasse qui ne peut mener qu’à l’échec de l’objectif recherché, assorti d’un gaspillage d’argent considérable. Ces surinvestissements seraient bien plus efficaces et très inférieurs s’ils étaient consacrés au remplacement des sources d’énergie carbonées actuelles par des sources d’énergie décarbonées, et permettraient d’atteindre plus rapidement et de façon certaine la neutralité carbone, l’amélioration rationnelle et réaliste des bâtis contribuant alors, dans des limites économiques supportables, à la diminution des puissances et des consommations énergétiques.
Enfin, s’obstiner à chauffer massivement au gaz fossile des logements neufs, qui devront être convertis à une source d’énergie décarbonée bien avant 2050 si on veut réellement réduire les émissions de CO2, est  totalement incohérent avec les objectifs de la neutralité carbone. Alors que des solutions non carbonées performantes existent. »

Commentaire. Vous savez quoi ? lors des réunions officielles, les représentants du gouvernement s’accrochent mordicus à leur scénario BBC (50 kWh/m2/an) inspiré des délires décroissants de negaWatt, quand bien même ce serait infaisable techniquement, économiquement ruineux, climatiquement injustifié ( mais là il faudrait affronter les lobby du gaz pour promouvoir l’électrique, ce qu’explisque très bien Brice Lalonde cf. (https://www.equilibredesenergies.org/14-06-2019-ubu-et-les-gaziers-tribune-de-brice-lalonde).

De plus en plus, la politique environnementale et la PPE ressemblent à ce que faisait le pays du grand mensonge, l’URSS de Zinoviev ; et le résultat sera le même, un effondrement total. Quand on les ignorent, les réalités se vengent.

Annexe : Les solutions décarbonées pour le chauffage :  

Le gaz « vert » (biométhane) ne semble pas pouvoir constituer une ressource à la bonne échelle des besoins, avec à peine 2 % du gaz en France en 2018, malgré les ambitions (largement irréalistes) de porter cette part à 7 % à 10 % en 2030. De plus, à 95 €/MWh actuellement, il est près de 4 fois plus cher que le gaz fossile (≈ 25 €/MWh) ce qui le rend non compétitif pour le chauffage des bâtiments et le réserve à des usages plus nobles, mobilité en particulier.

Le solaire thermique est intéressant notamment dans la moitié Sud du pays, car il capte une grande partie de l’énergie du spectre solaire (beaucoup plus que les panneaux photovoltaïques). Il souffre cependant de son anti-corrélation saisonnière avec les besoins, ce qui rend indispensable son hybridation en hiver avec une autre source d’énergie et rend difficile la gestion de ses surplus en été, sauf installation d’un stockage thermique d’eau chaude
Le bois énergie (sous différentes formes : bois brut, plaquettes, granulés, etc.) est une solution bien adaptée aux réseaux de chaleur et à un habitat individuel suffisamment diffus (un peu plus de 1,2 million de logements actuellement). La ressource n’est cependant pas considérable si l’on se préoccupe de la biodiversité : elle procure actuellement 8 % de la ressource fossile consommée et pourrait difficilement croitre de beaucoup plus de 50 %. De plus, son usage implique des chaudières performantes et des combustions à haute température rigoureusement contrôlées pour ne pas émettre trop de particules fines et l’abandon d’un grand nombre de calorifères anciens actuels. Enfin, cette solution est peu adaptée aux milieux urbains denses.

L’électricité (décarbonée grâce au nucléaire) : Enfin, last but not least, l’électricité décarbonée constitue de loin la solution la plus universelle, la plus souple et la seule disponible à une échelle industrielle, ce qui n’est pas le cas des trois précédentes.

Les pompes à chaleur ne sont malheureusement pas une solution universelle car, si elles sont parfaitement adaptées aux maisons individuelles en milieu rural et urbain pas trop dense, et à certains immeubles collectifs qui bénéficient de conditions d’implantation et sources froides favorables, les milieux urbains très denses, notamment ceux des grandes villes anciennes avec une forte densité de population s’y prêtent beaucoup moins, essentiellement pour des raisons de disponibilité de sources froides à la bonne échelle des besoins, car les sous-sols des villes anciennes sont généralement encombrés de lignes de métro, autres galeries, canalisations de divers types, câbles électriques et télécom, et les sous-sols des immeubles anciens sont exigus, rendant difficile l’usage du sous-sol local comme source froide pour des PAC eau-eau (hors boucles d’eau froide ou tiède de récupération, peu répandues) ; d’autre part , l’installation de PAC air-air ou air-eau sur les toits d’immeubles anciens ou historiques n’est pas aisée et peut créer des nuisances esthétiques ou de bruit (ventilateurs) pour le voisinage.

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