Les
scénarios impossibles de negaWatt et de l’Ademe
J’ai
déjà abordé sur ce blog le problème de la rénovation thermique des bâtiments en
parlant notamment du scenario impossible de negaWatt malheureusement repris
sans esprit critique par l’Ademe et le Ministère : rénover chaque année jusqu’à 780 000
logements pour les amener à une consommation moyenne de 40 kWh/m² par an
pour les besoins du chauffage. En 2012, l’État français avait fixé
l’objectif de rénover 500 000 logements chaque année, un objectif
qualifié dans le journal Le Monde du 4 juin 2014 de « définitivement hors
d’atteinte ». ? En fait, le but affiché par negWatt de 40 kWh/m²
pour le chauffage est tout simplement inatteignable. Cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-sobriete-energetique-est-mal-partie1.html
Pour faire bonne mesure, un travail universitaire de Gaël Blaise
et Matthieu Glachant, chercheurs à MINES ParisTech – PSL paru dans la Revue
de l’Energie jetait une pelletée
de terre supplémentaires sur les brillantissimes scenarios du Ministère et de
la PPE : 1.000 euros de
travaux ne diminuerait en moyenne la facture énergétique que de 8,4 euros par
an. Pour un investissement moyen de l'enquête, cela correspond à une diminution
de 2,7% de la facture. La rénovation énergétique est alors loin d'être rentable
si l'on s'en tient aux seules économies d'énergie puisque le temps de retour
correspondant, c'est-à-dire le nombre d'années nécessaires pour récupérer le
coût de l'investissement initial, est de 120 ans.
Cf. https://www.larevuedelenergie.com/quel-est-limpact-des-travaux-de-renovation-energetique-des-logements-sur-la-consommation-denergie/. ; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-sobriete-energetique-est-mal-partie1.html
Heureusement, il existe des écologistes qui prennent vraiment au
sérieux les objectifs climatiques, et s’efforcent de les atteindre sans pour
autant entrainer une désagrégationi totale de nos sociétés, qui ne réjouit que
les apôtres de la décroissance. Suivant les constats du GIEC ls reconnaissent généralement l’importance de
l’énergie nucléaire pour aboutir à cet objectif. C’est la cas notamment de la
remarquable association Sauvons le Climat, qui propose
nombre de réflexions, de travaux et de scénarios de grande qualité. L’un des
derniers (décembre 2029) est justement
consacré à la rénovation thermique du
parc immobilier. Auteur : Georges Sapy, version complète 35 pages
Extraits
significatifs
Sauvons
Le climat :
Tout le parc immobilier BBC (Bâtiment
Basse Consommation) en 2050 ? un
objectif complètement irréaliste !
« En
France, le bâtiment arrive en deuxième place des émissions de CO2, juste
derrière les transports. C’est donc un secteur où il faut agir en priorité dans
la perspective de la neutralité carbone du pays en 2050. Or, les actions
entreprises jusqu’à présent pour réduire ces émissions dans le bâtiment,
essentiellement fondées sur la réduction de la consommation d’énergie, ont
donné des résultats très décevants. Plus grave, la neutralité carbone est
explicitement fondée sur les mêmes critères énergétiques : l’ensemble du parc
de logements qui existera en 2050 (environ 2/3 de logements actuels rénovés, et
1/3 de nouveaux logements construits à partir de 2020) devra respecter la norme
BBC (bâtiment basse consommation). »
« Dans
le domaine du bâtiment, l’objectif de neutralité carbone en 2050 passe
explicitement par l’atteinte d’une cible énergie BBC (Bâtiment Basse
Consommation, soit un critère de 50
kWh/m2/an en énergie primaire) pour la moyenne du parc immobilier, soit environ 5 fois moins que pour le parc
actuel. Il faudrait parallèlement tendre vers une cible carbone « zéro
émissions » pour les usages thermiques et spécifiques, avec une étape
intermédiaire à 150 kg CO2/m2 /an en 2030, pour le double actuellement : l’irréalisme d’une telle division par 2
en 10 ans interroge sérieusement... »
« Les
critères BBC sont très exigeants. La preuve en est que même en construction neuve, alors que les architectes partent d’une
feuille blanche et ont toute liberté d’optimiser leur conception, les résultats
mesurés sont parfois loin d’être tous et toujours au rendez-vous comme le
prouvent plusieurs retours d’expériences. Cette atteinte reste donc un défi
alors qu’il s’agit de construire plusieurs millions (environune dizaine) de
logements nouveaux d’ici 2050 »
« L’analyse
des cas concrets de rénovation énergétique pris comme exemples dans cette étude
montre que la grande diversité des sources de pertes thermiques des bâtis ne permet
pas de toutes les traiter pour des raisons physiques, esthétiques,
patrimoniales ou économiques, ce qui limite fortement les gains globaux que
l’on peut en attendre »
« Les
scénarios réalistes que l’on peut construire à partir de ces constats en conservant en 2050 2/3 deslogements existants rénovés, conduisent à des consommations énergétiques moyennes entre deux et
trois fois supérieures aux critères BBC pour l’ensemble du parc à cette
échéance... Très loin donc de l’objectif. Ceci tient au « poids » énergétique
extrêmement important des logements existants, physiquement et/ou financièrement impossibles à améliorer
suffisamment.
Sauf
à reconstruire la quasi-totalité des logements construits avant... 2000 ! «
« Recourir
prioritairement aux sources d’énergie décarbonées apparait à l’issue de cette
étude comme infiniment plus efficace pour réduire les émissions de CO2 et d’un
coût bien inférieur à celui d’une surisolation systématique des
bâtiments. »
En
conclusion, l’atteinte d’un niveau moyen
BBC en 2050 pour l’ensemble d’un parc de logements comprenant environ 2/3 de
logements existants rénovés apparait comme totalement... HORS DE PORTÉE ! Dans
ces conditions, fonder l’objectif de neutralité carbone en 2050 sur cette base
constitue une impasse ne pouvant
conduire qu’à un échec majeur.
Atteindre de façon certaine
l’objectif de neutralité carbone en 2050 reste cependant possible, mais passe
par la priorité clairement donnée à la décarbonation des sources d’énergie,
accompagnée d’une amélioration des bâtis conçue comme un moyen et non plus
comme une fin.
Dans
cette perspective, si l’on veut respecter la trajectoire de neutralité carbone,
s’obstiner à chauffer massivement au gaz fossile des logements neufs qui
devront être convertis à une source d’énergie décarbonée bien avant 2050 est
totalement incohérent avec l’objectif de neutralité affiché. »
Les études de cas
Une
première force de l’étude réside en
l’étude approfondie d’un certain nombre de cas typiques par exemple l’Étude
concrète des rénovations énergétiques réalistes et possibles du bâti d’une résidence,
d’un appartement et d’une maison individuelle. Brièvement :
Résidence ancienne de bonne qualité : la seule issue pour atteindre la neutralité
carbone dans cette résidence est le remplacement du gaz fossile par une source
décarbonée, la meilleure solution étant le recours à des pompes à chaleur
géothermiques, les plus performantes, le sous-sol de la résidence s’y prêtant
bien. Pour un appartement moyen de 98 m2 , le coût des améliorations du bâti
serait d’environ ≈ 12 600 € et celui
du remplacement des chaudières à gaz actuelles par des pompes à chaleur d’environ
≈ 4 100 €, soit un coût total de
l’ordre de 17 000 € alors qu’une isolation poussée au maximum théorique «
sur le papier » mais irréalisable dans les faits, coûterait 27 000 € de plus en
défigurant la résidence, sans pour autant permettre d’atteindre les critères
BBC et de loin.
Appartement années 70 : Cet appartement est
caractérisé par une surface vitrée extrêmement importante, qui occupe 83 % de
la surface des parois en contact avec l’extérieur. Avec des déperditions
estimées à 72 % des déperditions totales, c’est la principale source et le
poste essentiel d’une rénovation réaliste et efficace. Dans des conditions réalistes,
physiquement possibles et économiquement pertinentes d’amélioration du bâti, la
consommation énergétique et les émissions de CO2 baisseraient donc au mieux de ≈ 46 % environ, correspondant ici
encore au gain d’une seule étiquette pour les deux critères, très loin des
étiquettes A, avec des émissions résiduelles beaucoup trop importantes si
l’on conserve le gaz fossile comme source d’énergie. La seule issue pour
atteindre la neutralité carbone est donc à nouveau le remplacement du gaz
fossile par des pompes à chaleur géothermiques, le sous-sol de la résidence
dans laquelle se trouve cet appartement se prêtant bien également à cette
solution. Le coût
d’améliorations réalistes et optimales du bâti présentant un bon rapport
efficacité/coût serait d’environ
≈ 17 000 € et celui du remplacement
des chaudières à gaz actuelles par des pompes à chaleur a également ≈ 4 100 € environ, soit un coût total
de l’ordre de 22 000 €, alors qu’une isolation plus poussée coûterait
entre ≈ 9 000 € et ≈ 14 000 € de plus sans pour autant permettre d’atteindre
les critères BBC.
En
résumé pour ces deux cas : leurs bilans énergétiques après rénovation montrent
qu’il n’y a pas de
solution
réaliste d’amélioration des bâtis seuls de ces deux résidences anciennes de
bonne qualité, qui
permettrait
d’atteindre une performance BBC (50 kWh/m2/an). Il s’en faut d’au moins un
facteur 2.
Les
limitations qui apparaissent sont à la fois physiques, esthétiques et économiques
dans les deux résidences. De plus, le gain en émissions de CO2 dû aux seules
améliorations des bâtis resterait marginal et fort éloigné de l’objectif bas carbone si le chauffage au gaz était
conservé. Il faut donc impérativement le remplacer par une source d’énergie
décarbonée,
Maison « C » : Si l’on résume les résultats obtenus
grâce à la fois à une isolation globale très poussée et au remplacement de la
chaudière au gaz par une pompe à chaleur air-eau performante :La consommation
énergétique règlementaire est passée de 280 kWh/m2/an en énergie primaire
(étiquette E) à 90 kWh/m2/an. La consommation énergétique réelle en énergie
finale a été divisée par environ ≈ 8. L’analyse montre que sur ce facteur 8
gagné en énergie finale, la contribution de la PAC (facteur ≈ 3,5) est
supérieure à celle de l’amélioration du bâti (facteur ≈ 2,8) Concernant les
coûts d’investissement de cette rénovation globale très poussée, ils se sont
élevés en valeur brute (hors primes et réductions d’impôts) à environ ≈ 42 400
€ pour l’ensemble des opérations d’isolation du bâti et à ≈ 13 000 € pour la
PAC actuelle, soit un total de ≈ 55 400
€.
Commentaire : Conclusion des cas types : les
objectifs BBC sont de toutes façon inatteignables même avec un effort
d’optimisation du bâti maximal et le coût est prohibitif. Dans tous les cas, le
chauffage par une énergie décarbonée est en fait la source la plus efficace de
décarbonation, même si des efforts pour une isolation raisonnable et no
maximale sont aussi utiles.
Une
seconde force de l’étude est l’extension de l’analyse à l’ensemble du parc
immobilier et de son évolution
Extension de l’analyse au reste du
parc de logements anciens
Soit
quelque 29 millions de logements les plus énergétivores, construits jusqu’en
2000, dont les consommations énergétiques dépassent toutes les 150 kWh/m2/an et en moyenne plus du double :
Cas des logements d’avant 1949 :
Ils représentent environ 10 millions de logements et
pèsent 36 % des consommations énergétiques du parc ancien émettant le plus de
kWh/m2 /an. On trouve probablement dans cette catégorie un certain nombre de logements
médiocres (même si les plus médiocres auront sans doute disparu en 2050, car
non construits pour durer) mais aussi toutes
les constructions historiques que la longue histoire du pays nous a laissée
aux différentes époques : quelques
bâtiments remontant au moyen âge ou à la renaissance (notamment les maisons et
immeubles à colombages qui ont résisté au temps, encore nombreux dans beaucoup
de régions et villes de France) de beaux bâtiments des XVIème, XVIIème et
XVIIIème siècles, de nombreux immeubles haussmanniens et néoclassiques dans la
capitale et autres grandes villes, des bâtiments « Art nouveau »,«
Belle époque », « Art déco », etc.
Tous
ces bâtiments posent des problèmes d’isolation souvent complexes et très
délicats car il n’est pas question de défigurer leurs façades en les recouvrant
d’isolants, ni de masquer d’autres parties à valeur historique. Ce patrimoine historique, architectural et
esthétique fait la beauté et l’identité de nos villes anciennes, villages
historiques et campagnes avec leurs châteaux, maisons de maîtres, etc.Il en
résulte que réduire significativement
les consommations énergétiques de tous ces beaux bâtiments en jouant sur leur
bâti est une impasse et que la seule solution réaliste pour diminuer leurs
émissions réside làplus qu’ailleurs dans le recours à des sources d’énergie
décarbonées à la base
Cas des logements construits entre
1949 et 1975 : C’est la partie du parc actuel la
plus énergétivore, qui représente 44 %
du total des logements consommant plus de 150 kWh/m2 /an avec ses 11 millions
de logements et ses moyennes de consommation les plus élevées. Cela s’explique
probablement par les reconstructions massives et rapides d’après-guerre, ainsi
que par celles des années 1960 pour faire face à l’augmentation rapide de la population
(baby-boom), tout cela bien avant la première règlementation thermique de 1974,
qui n’a commencé à produire (progressivement) ses effets qu’à partir de 1975
Les
HLM ou assimilés, paradoxalement, quand ils ne sont pas voués à la destruction,
peuvent être plus faciles à rénover efficacement si leur gros œuvre est de bonne
qualité. Les immeubles de bon standing,
pour lesquels les contraintes de rénovation énergétique sont souvent plus complexes
à mettre en œuvre, à l’image de l’exemple de la Résidence « A » et de
l’appartement « B ». Les maisons individuelles sans valeur esthétique
particulière,partent souvent d’un état initial moins performant que celui des
immeubles collectifs car elles ont davantage de surfaces en contact avec l’extérieur,
mais offrent davantage de possibilités efficaces d’isolation de leurs murs par
l’extérieur, de leurs toits ou combles
Cas des logements construits entre
1975 et 2000 : Il
y a très clairement un décrochement des consommations énergétiques à partir de
1975, qui peut s’expliquer de deux façons complémentaires : les effets de l’entrée en vigueur des règlementations successives
de plus en plus contraignantes pour les constructions neuves et, à partir du
début des années 1980, l’apparition progressive des logements neufs chauffés à
l’électricité par effet Joule et construits pour la plupart selon les normes
Promotelec de 1974. Cela a conduit à isoler beaucoup mieux les logements
concernés pour limiter leurs consommations d’électricité et les factures
associées. C’est un acquis très
important, de plus de 10,5 millions de logements chauffés à l’électricité (dont
plus de 1,2 millions chauffés par des pompes à chaleur), qui ont beaucoup moins
besoin d’améliorations lourdes de leurs bâtis. Néanmoins, en 2000, soit
juste avant que la RT 2000 ne produise ses premiers effets, la moyenne des consommations
énergétiques se situait encore aux alentours de 170 kWh/m2/an. Ce n’est
qu’au-delà que les consommations énergétiques ont baissé beaucoup plus
fortement avec les RT 2000, 2005 et 2012.
Evolution du parc de logement
Besoins en logements en France métropolitaine
en 2050 :Plusieurs
facteurs doivent être pris en compte : L’augmentation de la population :
plusieurs sources (INSEE, EUROSTAT) se recoupent pour indiquer que la population
française métropolitaine devrait croître d’environ 65 millions (actuellement,
au 1er janvier 2019) à environ 72 millions en 2050, soit + 7 millions ou encore environ + ≈ 10 %.
Les évolutions sociologiques : selon les sociologues, des
mariages ou mises en couple plus tardifs, des divorces
plus nombreux suivis de recompositions familiales, l’apparition d’un 4ème âge
avec l’augmentation de la longévité devraient conduire à une diminution du
nombre moyen de personnes par logement, et par conséquent à une augmentation du
nombre de logements nécessaires ce qui, soit dit au passage, n’est pas particulièrement
favorable à une baisse des consommations énergétiques puisqu’on multiplie les
sources de consommation (chauffer un même logement pour plusieurs personnes ne
consomme pas davantage que pour une seule). Selon l’INSEE, cette augmentation du nombre de logements serait à peu
près deux fois plus importante que l’accroissement de la population d’ici 2050,
ce qui conduirait à + 20 % environ
Insuffisance de logements : Si l’on ne prend en compte
que les résidences principales, leur nombre est actuellement, selon différentes
sources, de l’ordre de 32,5 millions
(y compris les logements vacants). Sachant qu’il manque actuellement 800 000 à 1 million de logements pour
satisfaire les besoins, le besoin réel actuel est donc de 33,5 millions, qui passeraient ainsi à 33,5 x 1,2 ≈ 40 millions environ en 2050 si l’on
suit les projections ci-dessus.
On aboutirait ainsi à un parc
constitué en 2050 d’environ 65 % de logements anciens rénovés construits avant
2000 et 35 % de logements construits après 2020, systématiquement selon les normes
BBC pour ceux construits à partir de 2020 ( ????). Cette répartition
prévisionnelle en 2050 fait largement consensus. »
Commentaire : Ah ben au moins, ça parait
un peu plus sérieux que les scénario negaWatt. Pour rappel : une
consommation résidentielle et tertiaire diminuée de 49 % grâce à une
stabilisation du nombre d’habitants par foyer (moins de célibataires ?), un
développement de l’habitat en petit collectif (faudra-t-il interdire de
construire des maisons individuelles ?), un ralentissement de la croissance des
constructions (le nombre de logements construits chaque année serait divisé par
3, leur surface baisserait de 25%)…
Reprenons,
donc les logements systématiquement selon les normes BBC à partir de 2020 ?
Voyons cela de plus près sur un autre cas concret. Extraits :
« La difficile atteinte des
critères BBC de certaines réalisations, pourtant très récentes...
Exemple
des logements neufs du quartier Clichy-Batignolles : les consommations
thermiques ont été relevées sur un panel de 17 bâtiments, dont 12 résidentiels,
pour la première année d’exploitation en 2018. Or, elles se sont révélées très
supérieures aux objectifs.
Pour les valeurs médianes :
Chauffage : 49 kWh/m2/an pour
un objectif attendu de... 15,
soit un dépassement d’un facteur proche de ≈ 3,3 !
Eau chaude sanitaire : 34
kWh/m2/ pour un objectif attendu de... 20, soit un dépassement d’un facteur 1,7.
Au
total, on aboutit à une consommation (hors électricité spécifique) de 83 kWh/m2/an très éloignée du critère
BBC…
Et encore s’agit-il de la médiane.
Si l’on regarde les consommations maximales :
Chauffage : deux bâtiments (B 9 et B 17) à ≈ 78 kWh/m2/an (objectif : 15 ) !
Eau chaude sanitaire : un bâtiment (B 13) à ≈ 56 kWh/m2/an (objectif : 20 ) !
Pour
l’ensemble chauffage + eau chaude sanitaire : un bâtiment (B 13) à ≈ 128 kWh/m2/an et un autre
bâtiment
(B 12) à ≈ 108 kWh/m2/an pour un
objectif de 35 !
Remarque
de Sauvons Le Climat : « Le conférencier qui a présenté ces
résultats n’a pas été en mesure d’apporter des explications sur les causes de
ces dépassements, l’enquête et les analyses étant en cours à l’époque. Mais
il va sans dire que le retour d’expérience de cette réalisation sera d’un
intérêt majeur pour comprendre cette situation, qui résulte probablement de
plusieurs causes, incluant les comportements humains (des « effets rebond1 »
sont très probablement en cause, notamment dans les consommations d’eau chaude
sanitaire).
NB
: on soulignera que ce cas de
dépassement est loin d’être le premier. Plusieurs éco-quartiers en France ont
été victimes de très forts écarts entre les objectifs assignés et la réalité
observée. Là encore, tirer un retour
d’expérience systématique et approfondi de ces réalisations serait d’un intérêt
majeur." (Sic!)
Conclusion de Sauvons le Climat :
« Au
vu de ces retours d’expérience, même pour des constructions neuves, l’atteinte
généraliséed’un niveau BBC ne semble pas aussi facile et garantie qu’on
pourrait le penser... De tels écarts
entre objectifs et réalité, non seulement ne permettent pas d’escompter un
effet de rééquilibrage au niveau global du parc (par abaissement de la
moyenne), mais soulèvent plus généralement la question du réalisme et de la
crédibilité des objectifs assignés à partir desquels les scénarios pour le
futur sont élaborés au niveau national... Si de plus on persiste à encourager le gaz fossile comme énergie de
chauffage de base (son usage a plus que doublé d’après la DGEC depuis 2012,
dans 40 % des logements individuels et 75 %des logements collectifs) comme
la réglementation thermique 2012 y a conduit, la neutralité carbone en2050
devient tout simplement impossible.
La conséquence est majeure :
l’atteinte d’un niveau BBC en 2050 pour l’ensemble d’un parc constitué de logements
anciens rénovés d’avant 2020, complété par un parc de logements 100 % BBC
construits entre 2020 et 2050, est de façon certaine... HORS DE PORTÉE !
Dans ces conditions, prendre
l’hypothèse BBC pour l’ensemble du parc comme fondement de l’objectif de
neutralité carbone en 2050 est une impasse qui ne peut mener qu’à l’échec de
l’objectif recherché, assorti d’un gaspillage d’argent considérable. Ces surinvestissements seraient bien
plus efficaces et très inférieurs s’ils étaient consacrés au remplacement des
sources d’énergie carbonées actuelles par des sources d’énergie décarbonées, et
permettraient d’atteindre plus rapidement et de façon certaine la neutralité
carbone, l’amélioration rationnelle et réaliste des bâtis contribuant alors,
dans des limites économiques supportables, à la diminution des puissances et
des consommations énergétiques.
Enfin, s’obstiner à chauffer
massivement au gaz fossile des logements neufs, qui devront être convertis à
une source d’énergie décarbonée bien avant 2050 si on veut réellement réduire
les émissions de CO2, est totalement
incohérent avec les objectifs de la neutralité carbone. Alors que des solutions
non carbonées performantes existent. »
Commentaire. Vous savez quoi ? lors des
réunions officielles, les représentants du gouvernement s’accrochent mordicus à
leur scénario BBC (50 kWh/m2/an) inspiré des délires décroissants de negaWatt,
quand bien même ce serait infaisable techniquement, économiquement ruineux,
climatiquement injustifié ( mais là il faudrait affronter les lobby du gaz pour
promouvoir l’électrique, ce qu’explisque très bien Brice Lalonde cf. (https://www.equilibredesenergies.org/14-06-2019-ubu-et-les-gaziers-tribune-de-brice-lalonde).
De
plus en plus, la politique environnementale et la PPE ressemblent à ce que
faisait le pays du grand mensonge, l’URSS de Zinoviev ; et le résultat
sera le même, un effondrement total. Quand on les ignorent, les réalités se
vengent.
Annexe : Les solutions
décarbonées pour le chauffage :
Le gaz « vert » (biométhane) ne semble pas pouvoir
constituer une ressource à la bonne échelle des besoins, avec à peine 2 % du
gaz en France en 2018, malgré les ambitions (largement irréalistes) de porter cette
part à 7 % à 10 % en 2030. De plus, à 95 €/MWh actuellement, il est près de 4
fois plus cher que le gaz fossile (≈ 25 €/MWh) ce qui le rend non compétitif pour le chauffage des
bâtiments et le réserve à des usages plus nobles, mobilité en particulier.
Le solaire thermique est intéressant notamment dans la
moitié Sud du pays, car il capte une grande partie de l’énergie du spectre
solaire (beaucoup plus que les panneaux photovoltaïques). Il souffre cependant
de son anti-corrélation saisonnière avec
les besoins, ce qui rend indispensable son hybridation en hiver avec une
autre source d’énergie et rend difficile la gestion de ses surplus en été, sauf
installation d’un stockage thermique d’eau chaude
Le bois énergie (sous différentes formes : bois
brut, plaquettes, granulés, etc.) est une solution bien adaptée aux réseaux de
chaleur et à un habitat individuel
suffisamment diffus (un peu plus de 1,2 million de logements actuellement).
La ressource n’est cependant pas
considérable si l’on se préoccupe de la biodiversité : elle procure
actuellement 8 % de la ressource
fossile consommée et pourrait difficilement croitre de beaucoup plus de 50 %.
De plus, son usage implique des chaudières performantes et des combustions à
haute température rigoureusement contrôlées pour ne pas émettre trop de
particules fines et l’abandon d’un grand nombre de calorifères anciens actuels.
Enfin, cette solution est peu adaptée
aux milieux urbains denses.
L’électricité (décarbonée grâce au
nucléaire) : Enfin,
last but not least, l’électricité décarbonée constitue de loin la solution la plus universelle, la plus souple et la
seule disponible à une échelle industrielle, ce qui n’est pas le cas des
trois précédentes.
Les pompes à chaleur ne sont malheureusement pas une
solution universelle car, si elles sont parfaitement adaptées aux maisons
individuelles en milieu rural et urbain pas trop dense, et à certains immeubles
collectifs qui bénéficient de conditions d’implantation et sources froides
favorables, les milieux urbains très
denses, notamment ceux des grandes villes anciennes avec une forte densité de
population s’y prêtent beaucoup moins, essentiellement pour des raisons de
disponibilité de sources froides à la bonne échelle des besoins, car les
sous-sols des villes anciennes sont généralement encombrés de lignes de métro,
autres galeries, canalisations de divers types, câbles électriques et télécom,
et les sous-sols des immeubles anciens sont exigus, rendant difficile l’usage
du sous-sol local comme source froide pour des PAC eau-eau (hors boucles d’eau
froide ou tiède de récupération, peu répandues) ; d’autre part , l’installation
de PAC air-air ou air-eau sur les toits d’immeubles anciens ou historiques
n’est pas aisée et peut créer des nuisances esthétiques ou de bruit
(ventilateurs) pour le voisinage.
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