Politique énergétique-climatique en
Europe : état de guerre déclarée
L’Allemagne et ses supplétifs Autrichiens et
Luxembourgeois, confrontés aux résultats d’ une energiewende catastrophique
écologiquement, climatiquement, économiquement, socialement, mène une guerre
totale contre l’un des rares et grands atouts écologiques et économiques de la France,
son électricité fortement décarbonée grâce à son programme nucléaire (en 20 ans,
de 1970 à 1990, construction d’un parc de 58 réacteurs nucléaires - grâce au
nucléaire, les émissions de CO2 françaises liées à l’énergie sont inférieures
de 59% à la moyenne des pays du G7).
L’Allemagne s’est livrée à une pression insupportable
pour obtenir, grâce à la lâcheté et à l’inconscience de certains politiques
français la fermeture de Fessenheim, qui n’a aucune justification technique. Elle
vise maintenant les centrales belges de Tihange. Le Luxembourg veut la
fermeture de Cattenom ; l’Autriche s’oppose à la Tchèquie à propos de la mise
en service des centrales de Dukovany et à la Hongrie à propos de PAK2. L’Allemagne se bat comme un dogue pour éviter
l’augmentation de la taxe CO2 et pour dissuader le financement du nucléaire, ce qu’elle
a magnifiquement réussi en faisant sortir le nucléaire de la taxonomie
du financement vert proposée par l’UE, du mpins pour un temps, ar suite à la
réaction au Parlement des autres pays européens, le nucléaire serait peut-être
finalement suffisamment vert ( il est plus décarboné que le solaire ou l’éolien)
pour avoir accès à certains financements verts, au moins de manière transitoire…comme
le gaz, qui lui n’est pas du tout décarboné. .ou pas. La lettre de mission d’ Ursula
Von der Leyen au commissaire à l’énergie indique : « Vous devriez vous concentrer sur l'amélioration de
la sûreté nucléaire et des garanties à travers l'Europe et poursuivre le
déclassement nucléaire en cours »
Début décembre 2019, au
Parlement européen, un article discrètement introduit par le SPD allemand qui
aurait obligé la France et les autres pays européens à fermer toutes leurs
centrales nucléaires « nuclear phase out).
Bref, dans toutes les instances européennes, et même
internationale (COP ), la politique
énergétique européenne fait l’objet d’une guerre incessante entre l’Allemagne,
l’Autriche et le Luxembourg, rejoints par des Verts d’autres pays, et même français,
qui veulent absolument exclure le nucléaire, et la France, la Finlande, la Tchéquie,
la Slovaquie, la Hongrie…la Pologne ? et pour l’instant encore, jusqu’à
la fin de l’année, le Royaume-Uni. Guerre sombre, guerre d’amendements, d’attaques
incessantes, de rapports mensongers et partiaux, de campagnes médiatiques.. Mais,
un instant d’inattention, et hop, plus de nucléaire en Europe.
Alors que c’est la seule énergie qui puisse nous permettre de
répondre au défi climatique sans provoquer l’effondrement de nos sociétés.
Sur tout ceci, cf. les articles de ce blog
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/08/energiewende-nos-chers-amis-allemands_30.html
; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/08/energiewende-nos-chers-amis-allemands.html;https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/energiewende-nos-chers-amis-allemands.html;
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/10/politique-energetique-quand-le-reich.html;
En anglais : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/energiewende-our-dear-german-friends_55.html;
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/energiewende-our-dear-german-friends.html;
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/energiewende-our-dear-german-friends_21.html;
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/energiewende-and-european-green.html;
France Allemagne- Une coopération possible ? le rapport
de Tandem sur la transition énergétique
Je veux mentionner un article de Tandem, (Coopération
franco-allemande pour la transition énergétique locale), qui s’efforce de faire
travailler ensemble des villes françaises et allemandes sur la transition
énergétique. Il s’agit d’abord d’un rapport factuel sur l’état de la transition
énergétique dans les deux pays, mais qui ouvre certaines pistes possibles,
celle d’une complémentarité des deux politiques énergétiques à travers le maintien d'importantes capacités nucléaires en France
Extraits
sur le bilan : Les objectifs climatiques en France et en Allemagne : Où en
est-on ?
Emission
de gaz à effet de serre : France (2016) : 463 MteqCO2 ; Allemagne (2017): 904.7 MteqCO2
« En ce qui concerne les émissions de GES,
les secteurs les plus émetteurs diffèrent dans les deux pays. En Allemagne
l’industrie de l’énergie est responsable de presque 1/3 des émissions annuelles
(comparé à 9,5% en France). En deuxième place, le secteur des transports
représentait 18% des émissions de GES de l’Allemagne en 20161. En France c’est
le secteur des transports qui constitue la principale source de GES avec 29 %
en 2015, suivi par le secteur agricole et l’industrie responsables de 20 %
chacun des émissions totales de GES…
Si les émissions
de gaz à effet de serre sont presque deux fois plus élevées en Allemagne qu’en
France, cela est en partie lié aux sources d’énergie très différentes
servant à la production d’électricité dans les deux pays…La part d’électricité
produite par des sources renouvelables en France n’est que la moitié de celle
de son voisin, mais la grande majorité
de l’électricité française est d’origine nucléaire entrainant beaucoup moins d’émissions
de GES que la production allemande dont les sources énergétiques les plus
polluantes, notamment le charbon et le lignite, continuent à représenter une
part considérable (38,8%). »…
« En
Allemagne, il n’y a pas un système
comparable de « trajectoire vers la neutralité carbone » ou de « budget carbone
compatibles avec l’Accord de Paris ». Dans leur accord de coalition, les
partis au pouvoir se sont engagés à « combler le plus rapidement possible l'écart
actuel avec l'objectif climatique 2020 et à atteindre les objectifs de
protection climatique d'ici 2030 et 205017 ». Néanmoins, il n’existe pas de
calendrier concret avec les mesures nécessaires pour combler l’écart avec
l’objectif de réduire les émissions de GES de 40%. Une des mesures phares qui
permettrait encore d’y parvenir – la réduction massive de la combustion du
lignite – est actuellement encore en négociation par une ‘Commission pour la
croissance, les changements structurels et l'emploi » (NB : il semble
finalement que 2038 ait été choisi pour sortir du charbon dans la production
électrique alors que le Royaume-Uni y est parvenu en 5 ans)
Ah ben, on
a rarement vu un document franco-allemand arriver à un tel constat
amiable Mais enfin, les chiffres sont assez indiscutables…
Transports :
dans les choux !
« Dans le secteur des
transports on observe que la voiture individuelle reste prédominante dans les
deux pays. En France 80% des déplacements sont effectués en voiture – occupée
la plupart du temps par une seule personne – et dont 50% des trajets effectués
font moins de 5 km. Ce phénomène est en grande partie lié au fait que « l’espace rural et périurbain est structuré
de façon peu favorable aux transports alternatifs à la voiture individuelle».
En ce qui concerne le taux de pollution des
voitures individuelles circulant en France et en Allemagne, les choix d’achat
des citoyens représentent une problématique similaire dans les deux pays. En
regardant les voitures vendues en 2017, il s’agit en grande partie de voitures lourdes
et très consommatrices comme des SUV (Sport Utility Vehicle) qui représentent
30% des ventes en France et 15,2% en Allemagne. Les voitures électriques et
hybrides restent marginales comparées aux voitures conventionnelles (en 2017
les voitures électriques représentaient 0,7% des voitures vendues en Allemagne,
et 1,47%11 en France. Les voitures hybrides représentaient 2,5% des ventes en
Allemagne et 3,9% en France dans la même année)…
Si l’Allemagne est en avance sur le déploiement
des énergies renouvelables dans la production électrique, cela ne se reflète
pas dans la consommation énergétique des transports où l’Allemagne n’atteindra
très probablement pas l’objectif européen de 10% d’énergies renouvelables dans
le secteur des transports en 2020. En 2016 la part des EnR n’était que de 5%
avec une augmentation pronostiquée à 6,1% au maximum en 2020. En ce qui
concerne le déploiement des voitures électriques, l’Allemagne est en retard par
rapport à son voisin français et l’industrie automobile allemande continue à
résister à un développement du marché dans cette direction…
Par rapport au budget carbone français, le
secteur des transports a dépassé de 6 % les objectifs fixés en 2016 pour ses
émissions, ce qui est aussi en grande partie lié au fret routier qui représente
jusqu’à 80% des émissions GES et plus que 80% des consommations finales en
énergie du secteur des transports. Les voitures individuelles aussi continuent
à contribuer au problème, sachant que 30% des voitures neuves sont des SUV,
très émettrices en CO2.
Sur une note plus positive, en ce qui concerne
la mobilité électrique, la France est en avance avec un marché automobile qui
est « actuellement l’un de ceux où se vendent le plus de voitures électriques
et hybrides en Europe » avec des subventions à l’achat parmi les plus hautes du
monde : entre 6 000 à 10 000 Eur.
Comparable à l’Allemagne, le déploiement de
véhicules électriques seul ne s’attaque pas,aux problèmes plus profonds de la
mobilité en France qui nécessite une extension de l’infrastructure pour les
transports en commun dans les régions non-urbaines pour réduire la dépendance
aux voitures individuelles. Pour illustrer cela, à présent seuls 22% des habitants de communes rurales en France et 64% des
habitants d’agglomérations de plus de 100 000 habitants affirment pouvoir
choisir entre plusieurs modes de transports.
Fiches
thématiques sur les objectifs 2020 et l’état
des lieux
Cf. tableaux en fin de page
Commentaires :
- En
Allemagne, la réduction des émissions de
gaz à effet en 2018 est de -27.7% pour un objectif de -40% en 2020. L’objectif est considéré comme
inatteignable et abandonné. En France, les objectifs fixés ne seront pas
atteints en pourcentage, mais compte-tenu du niveau absolu très faible ( pour l’énergie, inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7),
l’incidence climatique reste très satisfaisante. (NB ; comme prévu dans les accords de Paris pour
les pays développés, il serait bon de redéfinir les objectifs d’émission de GES
en valeur absolue et non en pourcentage de réduction)
- En Allemagne et en France, contrairement à ce
que l’on pourrait croire, la part des renouvelables dans la consommation d’énergie
totale est similaire, autour de 15%. La grosse différence, c’est dans la
production d’électricité (40% en Allemagne contre 18% en France). Pour la France,
les objectifs de réduction du nucléaire dans la production d’électricité en France
ne seront pas atteint. Ben oui, et
heureusement, car ils sont absurdes ! Remplacer du nucléaire par du
renouvelable plus du gaz est désastreux climatiquement, économiquement,
socialement, écologiquement et pour la sécurité d’approvisionnement. La baisse du nucléaire dans la production
électrique n’est pas un objectif climatique, ‘est anti-climatique !
- Dans
les deux pays, les objectifs de rénovation
énergétique et de mobilité électrique ( plus généralement dans le domaine
du transport sont complètement dans les choux…Il y a peut-être de raisons scientifiques et techniques de fond ?
(cf. pour la rénovation thermique en France l’étude remarquable de Sauvons le Climat. (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-renovation-energetique-est-mal.html;
Conclusion :
Voie étroite pour une coopération ?
« Malgré, ou justement à cause de leurs
sources d’énergie si différentes, les
systèmes électriques de France et d’Allemagne sont interdépendants. Comme
les deux pays se trouvent face au même défi, restructurer leur production conventionnelle
d’électricité, les choix qui seront faits des deux côtés du Rhin quant au
rythme et à l’échéance de cette restructuration auront des effets
transfrontaliers sur la transition énergétique dans les deux pays…
Maintenir
une capacité nucléaire élevée en France contribuerait à réduire les émissions
de CO₂ de l’UE, via une augmentation significative des exportations
d’électricité de France, et à abaisser le prix de l’électricité en Allemagne
ainsi qu’à décarboner sa consommation électrique.
Cependant, l'augmentation prévue de la part des énergies renouvelables à 65 % de
la consommation d'électricité en 2030 contribuera à éviter que l'Allemagne –
qui n’est pas favorable à l’augmentation de sa dépendance à l’importation
d’électricité nucléaire – ne dépende des importations dans un contexte de
sortie du charbon. Cette accélération du
développement des renouvelables couplée au maintien du parc nucléaire français causerait
une offre excédentaire d’électricité et permettrait de maintenir des prix de
marché faibles pour l’électricité en Europe.
Il est donc nécessaire pour les deux pays de
rapidement prendre une décision sur les stratégies nationales concernant le
parc nucléaire en France et le charbon en Allemagne pour pouvoir concilier
leurs approches et coopérer sur le développement des énergies renouvelables.
Commentaire :
Bravo Tandem. C ‘est la première fois que je vois mentionné dans un document
franco-allemand une coopération possible
et logique en matière énergétique, qui
repose sur la complémentarité et sur le maintien d’un haut niveau de production
nucléaire en France, nécessaire écologiquement, économiquement socialement
et pour la sécurité d’alimentation des deux pays.
Il ne reste plus qu’à convaincre les politiques
allemands de cesser leur campagne contre le nucléaire, …dont ils auront
vraiment besoin pour remédier à l’absurdité de leur energiewende.
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