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lundi 27 janvier 2020

Petits problèmes avec l’éolien – 17 Les vérités qui dérangent Energie et Vérité, Groupe indépendant de réflexion sur l’énergie, Fédération environnement durable


Marjolaine Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables et la transition énergétique présidée par le député Julien Aubert (2019):
« Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en fait. »

Audition commune, ouverte à la presse, de M. Patrice Cahart, membre du Groupe indépendant de réflexion sur l’énergie, de MM. Arnaud Casalis et Jean-Louis Butré, membres du collectif d’experts « Energie et vérité », de M. Olivier Pérot, président de France énergie éolienne (FEE), et de M. Charles Lhermitte, vice-président de FEE

L’absurdité de la PPE : 300 milliards pour rien

Patrice Cahart. Nous sommes partis du projet de loi sur l’énergie qui vient d’être annoncé et qui indique que d’ici 2035 la part du nucléaire dans la production française d’électricité devra être ramenée à 50 %, ce qui revient à diminuer le potentiel nucléaire d’environ 21 centrales sur 71. Nous avons essayé de chiffrer cette opération de substitution en partant des données présentes dans le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui indique une progression souhaitée de l’éolien, mais aussi du photovoltaïque, jusqu’en 2028. Nous avons prolongé les chiffres jusqu’en 2035, échéance fixée par la loi. Nous avons ensuite multiplié les capacités supplémentaires de renouvelables ainsi chiffrées par les coûts unitaires de ces équipements, trouvés dans le rapport 2016 de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Nous avons ainsi obtenu un coût d’investissement, auquel nous avons ajouté les coûts de réseau liés à l’adaptation et à la diversification du réseau des énergies renouvelables (EnR) en France. Nous sommes ainsi parvenus à un total de 184 milliards d’euros pour la période allant de 2019 à 2035. Ces coûts seraient nécessairement supportés par le contribuable et le consommateur français, puisque les promoteurs que vous représentez vont emprunter tout cet argent auprès des banques et que ces emprunts seront remboursés soit par les ventes de courant, soit par les aides publiques qui leur seront versées. Je n’inclus pas dans ce chiffre l’incidence des décisions passées en matière d’EnR, que la Cour des comptes a estimé à 121 milliards d’euros, somme que le consommateur et le contribuable français devront aussi supporter durant les quinze ou vingt ans à venir.

Nous avons comparé ce coût à l’autre option possible. Je tiens à préciser d’emblée que je n’ai aucun lien avec EDF, ni avec Areva. Je suis inspecteur général des finances de formation, donc formé pour dénoncer les gaspillages, qui se révèlent souvent au travers de comparaisons. J’ai donc, de manière tout à fait indépendante et libre, réfléchi au chiffrage d’une prolongation éventuelle du parc nucléaire. Comme vous le savez, les Américains prolongent sans aucun problème leurs centrales jusqu’à l’âge de 60 ans et envisagent même d’aller jusqu’à 80 ans. Nos centrales procédant de la même technique, pourquoi ne ferions-nous pas de même ? J’ai donc imaginé la prolongation de notre parc de façon à produire la même quantité de courant électrique que le supplément d’EnR que je viens d’évoquer. J’ai utilisé pour ce faire des chiffres issus de travaux de la Cour des comptes, actualisés à 5 milliards d’euros par an, dont je n’ai pris qu’un tiers en considération, dans la mesure où la problématique que je viens d’exposer ne porterait que sur un tiers du parc nucléaire, les deux autres tiers n’étant pas en cause. Nous arrivons ainsi, sur 17 années, c’est-à-dire d’ici 2035, à un montant de 25 milliards d’euros, chiffre très modeste au regard des 184 milliards d’euros correspondant au coût des EnR sur la même période.

Nous nous permettons ainsi d’affirmer que la proposition faite au Parlement sous forme de projet de loi sur l’énergie n’est pas une bonne idée.

Les coûts cachés de l’éolien. Polémique sur coûts et bénéfices

M. Arnaud Casalis. M. Pérot semble confondre de façon un peu inquiétante deux éléments fondamentaux que sont le prix et le coût. Il prétend ainsi que les coûts de l’éolien sont connus. Or seuls les prix le sont, puisqu’ils sont fixés par décision réglementaire et législative. Les coûts sont très difficiles à chiffrer : lorsque l’on essaie de les connaître, on se trouve face à une dissimulation massive des informations en la matière.
Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. Pourriez-vous être plus précis quant aux coûts que vous estimez dissimulés ?
M. Arnaud Casalis. Lorsqu’il est dit que le coût de l’électricité est de 74 euros du mégawattheure (MWh), cela ne correspond en réalité pas à un coût, mais à un coût auquel s’ajoute de la marge.
Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. J’entends cette démonstration, mais vous parlez de coûts dissimulés : pourriez-vous préciser ?
M. Arnaud Casalis. Les coûts dissimulés sont à trouver tout d’abord dans la question du démantèlement, dont on sait que les chiffres affichés ne prennent pas en compte l’ensemble des sommes qui se rapportent en réalité à ces opérations. On ne sait d’ailleurs pas en général, dans les comptes des entreprises, pour quel montant cela est pris en considération. S’ajoutent à cela les frais de réseaux, pris en charge par le réseau de transport d’électricité (RTE). Si l’on veut avoir une notion du coût, il faudrait inclure ces chiffres dans le calcul. Or ce n’est généralement pas pris en compte dans la rentabilité des entreprises. Cela porte pourtant sur des sommes énormes. Il faudrait également considérer les transferts de profits de sociétés vers les industriels producteurs d’éoliennes ou vers d’autres sociétés étrangères effectuant de la prestation de services, de la maintenance, etc. Tout cela est extrêmement diffus.
M. Olivier Pérot. Ce que vous décrivez s’appelle l’économie de marché.
M. Arnaud Casalis. Je suis navré de vous le dire, mais il s’agit d’une aberration économique.
M. Charles Lhermitte. Le démantèlement n’est absolument pas un élément caché. Ma société a déjà procédé à des dizaines de démantèlements d’éoliennes et dispose de factures très précises. A été évoqué précédemment le cas d’une facture très particulière, publiée voici quelque temps. Mais si vous souhaitez savoir combien coûte le démantèlement d’un massif de 435 mètres carrés en béton, je puis vous répondre sans hésiter 54 000 euros et vous communiquer la facture correspondante. Je ne vois pas vraiment où est le problème.
Concernant le réseau, vous dites que tous les coûts ne sont pas pris en compte. Aujourd’hui, le prix d’un mégawatt (MW) installé est globalement de 1,5 million d’euros : ce coût comprend la fourniture de la turbine, la voirie et réseaux divers (VRD), le raccordement jusqu’à notre poste de livraison, le raccordement Enedis, le renforcement des capacités de transformation Enedis ou RTE via la quote-part des schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR), et le démantèlement. Le 1,5 euro du watt éolien installé constitue donc un coût complet.
M. Patrice Cahart. Il manque le raccordement, très important, entre le poste de livraison et le poste source.
M. Charles Lhermitte. Pas du tout : il est inclus dans ce coût, comme je viens de l’indiquer, et est pris en charge via le mécanisme de quote-part S3REnR. Les ouvrages de renforcement HTA-HTB et les capacités de transformation sont pris en compte dans le calcul de ces quotes-parts. Je vous confirme que les quotes-parts S3REnR ont été revues à la hausse dans certaines régions comme les Hauts-de-France et le Grand-Est, où elles avoisinent aujourd’hui les 100 000 euros du MW. Nous nous acquittons de ces coûts, qui sont intégrés dans les 1,5 euro du watt installé.
M. Arnaud Casalis. Pouvez-vous rapporter cette notion de coût à votre prix de vente réglementaire ?
M. Charles Lhermitte. Dans le cadre des appels d’offres, le prix de vente est aujourd’hui de 65 euros le MWh, avec des coûts qui ne cessent de baisser. Dans quelques années, on atteindra peut-être les 60, voire 55 euros le MWh. En tout état de cause, l’éolien sera nettement moins cher que d’autres sources d’énergies que vous avez citées auparavant.
M. Arnaud Casalis. Vous confirmez bien avoir aujourd’hui des marges bénéficiaires, des profits, ne justifiant en rien le soutien public apporté à vos entreprises.
M. Charles Lhermitte. Nous avons évoqué précédemment un mécanisme extrêmement important, sur lequel je souhaiterais revenir. Aujourd’hui, nous sommes rémunérés sur la base du complément de rémunération. Nous vendons l’électricité sur le marché. Si notre coût garanti est supérieur au coût du marché, nous percevons un complément de rémunération ; en revanche, lorsque le coût du marché est supérieur à notre prix garanti, ce qui se produit de plus en plus souvent, nous remboursons la différence, ce qui constitue une bonne affaire pour le contribuable.
M. Arnaud Casalis. Vous savez très bien que l’essentiel du parc aujourd’hui ne fonctionne pas avec ce dispositif. Vous êtes donc en train de tenir un propos que je considère comme trompeur vis-à-vis de mesdames et messieurs les parlementaires, dans la mesure où le pourcentage de parcs éoliens fonctionnant sur la base de ce système est absolument négligeable. Tout est fait par ailleurs pour que ce soit également le cas dans le futur, notamment avec les limitations de puissance et le nombre d’éoliennes. Votre propos n’est pas pertinent.

Polémique sur le démantèlement : l’éolien une industrie sale.

La Fédération Environnement durable s’intéresse beaucoup par ailleurs à la question du démantèlement, que nous avons étudiée. Je suis totalement en porte-à-faux avec les propos que vous avez tenus.
M. Charles Lhermitte. Avez-vous démantelé des parcs vous-même ? La profession dispose en effet d’une expérience réelle et concrète. Nous savons de quoi nous parlons.
M. Jean-Louis Butré. Non, mais j’ai été directeur d’usine Rhône-Poulenc. Il suffit de faire le total. Le président Macron a indiqué que l’on allait tripler le nombre d’éoliennes en France. Mettons que l’on en installe 15 000 : imaginez le nombre de tonnes de béton nécessaires, auxquelles il faut ajouter les mâts, les nacelles, les pales. Si l’on effectue le calcul complet, en tonnes, de cet ensemble, on atteint des chiffres phénoménaux. Si l’on considère uniquement le béton, cela correspond à des camions-toupies qui, mis bout à bout, couvriraient la moitié du tour de la terre. On est ainsi en train de bétonner la France.

Tout est possible : on peut tout à fait enlever le béton du sol ensuite. Ce n’est toutefois pas prévu dans les contrats. On peut traiter chimiquement tous les matériaux : mais tout dépend des procédés utilisés, de leur coût et des précautions nécessaires. J’ai lu dans L’Usine nouvelle un article indiquant que l’on enfouissait les pales d’éoliennes. Il faut savoir en effet que ces pales sont constituées de matériaux spéciaux, de plus en plus modernes donc de plus en plus difficiles à traiter. On ne dispose pas aujourd’hui de procédés permettant de les recycler correctement, même si quelques start-up travaillent sur le sujet. C’est une affaire d’argent.

Lorsque l’on cumule tous ces éléments, on ne peut que constater que l’on n’est aujourd’hui qu’au tout début du processus. Vous êtes en train de mettre sur le territoire français des quantités colossales de matériaux, sans avoir le début d’un procédé adapté à un retraitement ultérieur intégral. Dans tous les cas, les 50 000 euros provisionnés sont ridicules au regard des sommes nécessaires. Je dis aujourd’hui aux agriculteurs qui acceptent que l’on implante des éoliennes dans leurs champs que c’est une erreur. En effet, une éolienne leur rapportera environ 10 000 euros par an pendant 20 ans, soit 200 000 euros au total. Or vos entreprises sont des sociétés sans capital, qui ne sont pas responsables du terrain. Le jour où ces sociétés s’en iront, il appartiendra à l’agriculteur de traiter lui-même le problème du démantèlement des éoliennes présentes sur sa parcelle. Or les 200 000 euros gagnés ne lui suffiront pas pour financer le recyclage du béton, des pales et de l’ensemble des matériaux composant l’éolienne, dont certains très difficiles à retraiter. Les Allemands règlent la question en entreposant les pales de leurs éoliennes dans les décharges africaines. Mais on peut aussi envisager pire, c’est-à-dire de vendre les éoliennes usées à des pays du tiers-monde, de façon à se débarrasser du problème.
M. Charles Lhermitte. Les pays du tiers-monde achètent aujourd’hui des éoliennes chinoises et absolument pas des éoliennes de réforme…

M. Thiébaut s’inquiétait par ailleurs du démantèlement des centrales nucléaires. La prise en compte de cet élément est un argument puissant en faveur des thèses que je vous présente. En effet, le démantèlement des centrales nucléaires actuelles aura lieu de toute façon. Il s’agit d’un fait, d’une nécessité acquise, qui se situe en dehors de notre problématique. Que la loi sur l’énergie soit votée ou non, il faudra bien démanteler ces centrales un jour. La date est très importante, parce que si l’on démantelait maintenant, ce qui serait une conséquence de ce qui est souhaité par les professionnels de l’éolien, le coût de démantèlement serait immédiat et maximum. Si en revanche on démantèle les centrales dans 20 ans, alors il sera possible d’évaluer le coût grâce à un taux d’actualisation. Si l’on retient par exemple un taux d’actualisation de 10 % sur 20 ans, le coût sera diminué de 85 %. Il existe donc un très grand intérêt à différer le plus possible cette charge de démantèlement, qui est certes inévitable et acquise, mais dont la date reste à fixer.

Si l’éolien est mature, pourquoi faut-il continuer à le soutenir ?

M. Arnaud Casalis. Il me semble par ailleurs nécessaire de rappeler la différence fondamentale entre énergies intermittentes et énergies stockables et pilotables. Nous savons très bien que l’intermittence dans la production est le problème majeur de la filière éolienne. La logique du prix doit en tenir compte, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une probabilité d’utilisation de 6 % aux points d’arrivée aux heures de pointe, compte tenu d’un rendement de 21 % et d’une durée de 6 heures d’heures de pointe, fait que l’énergie intermittente est largement surpayée par rapport au prix normal du marché, qui devrait être très inférieur. Le problème du soutien passe par une comparaison honnête entre des énergies de qualité comparable. Ce soutien qui permet aujourd’hui à des entrepreneurs de l’éolien de gagner des fortunes en assurant une production de qualité plus que médiocre est un système auquel il faut mettre fin prioritairement, car il ruine le consommateur et la France et fausse la concurrence entre les différentes EnR.

M. Jean-Louis Butré. Je suis choqué par le fait que le système d’aide à l’éolien, mis en place par le ministre Yves Cochet en 2001, rendant obligatoire l’achat prioritaire de cette électricité par rapport aux autres et imposant un tarif garanti, fonctionne toujours, même s’il a été quelque peu amélioré par l’instauration des procédures d’appel d’offres. La règle des six mâts reste néanmoins majoritaire dans les contrats actuels. Cela fait 18 ans que ce dispositif est en vigueur : je comprends que l’on aide au démarrage d’une industrie, mais il me semble suspect que, 18 ans plus tard, cette dernière continue à mendier des subventions et à vouloir faire perdurer ce système.
Lorsque l’on considère par ailleurs les bénéfices réalisés dans ce secteur par certaines sociétés, voire certaines personnes, on peut être inquiet, dans la mesure où l’argent est ponctionné sur les factures d’électricité françaises ou sur d’autres taxes. Les prix de l’électricité payés par les consommateurs ne cessent d’augmenter, ce qui conduit à l’appauvrissement non seulement des particuliers, mais aussi d’un certain nombre d’industriels qui consomment de l’énergie et de l’électricité. 18 ans plus tard, ce système continue à ponctionner de l’argent, bien qu’il soit rentable, et ce de plus en plus. Arrêtons par conséquent de le subventionner M. Charles Lhermitte. Les premiers contrats étaient à 80 euros.
Mme Laure de La Raudière. C’est encore le cas : j’ai été informée du fait qu’un parc qui n’est pas encore installé va bénéficier de ce même prix….
Mme Laure de La Raudière. Le prix garanti moyen du parc installé aujourd’hui doit être, étant donné le poids de l’historique, aux alentours de 80 euros.
M. Arnaud Casalis. Permettez-moi d’apporter une précision. Le rapport de la commission de régulation de l’énergie (CRE) indique que le prix d’achat moyen par EDF est de 91 euros.
M. Charles Lhermitte. C’est indexé chaque année. Ainsi, les premiers contrats signés à 80 euros sont peut-être aujourd’hui rémunérés à 91 ou 92 euros….
Mme Laure de La Raudière. Le prix moyen garanti du parc installé est donc de 91 euros. Or la PPE prévoit de tripler la puissance installée, sur une moyenne établie à 60 euros par MW. On ne peut donc pas dire que le prix garanti de l’éolien est de 65 euros. En effet, sur le parc installé, même à terme, le montant ne sera jamais celui-ci.
M. le président Julien Aubert. Je crois qu’il y a là deux sujets. Le premier concerne les dépenses passées, sur lesquelles la Cour des comptes a mené un travail : nous savons que cela a coûté très cher. Le second aspect est le futur : pourquoi les récents appels d’offres éoliens n’ont-ils pas trouvé preneur, alors même que vous nous indiquez que le secteur est mature et compétitif ? Si par ailleurs ce secteur est effectivement mature et compétitif, pourquoi est-il nécessaire de continuer à le soutenir de la sorte ?....

L’éolien et ses riverains

M. le président Julien Aubert. Je laisse la parole à Mme la rapporteure, qui souhaite vous soumettre à un « vrai ou faux ? »
Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. Je vais m’appuyer sur des propos tenus lors de vos auditions. Il a été dit par exemple en substance que lorsqu’une éolienne est installée quelque part, les gens ne peuvent plus revendre leurs biens immobiliers, dont la valeur s’écroule. Pourriez-vous nous éclairer sur ce point ?
M. Charles Lhermitte. Différentes études ont été menées sur la dévalorisation éventuelle de l’immobilier à proximité des parcs éoliens. Or aucune d’entre elles n’a à ce jour établi de lien de cause à effet entre l’implantation d’éoliennes sur un territoire donné et la chute de la valeur de l’immobilier sur ce même territoire. Il existe à ce sujet un rapport de l’ADEME ; un autre va être mis à jour très prochainement.

(Commentaire : .faux et ultra faux, voir par exemple http://morventencolere.org/wp-content/uploads/2017/11/Analyse-Etudes-impact-immobilier-2017-11-16.pdf. Tiens, ça m’énerve tellement que je reviendrais là-dessus)

Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. Pourriez-vous nous communiquer ces éléments ?
M. Charles Lhermitte. Bien sûr.
Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. Certains d’entre vous ont par ailleurs indiqué que l’on avait enlevé aux riverains la possibilité de se défendre contre les installations. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
M. Jean-Louis Butré. Cela concerne deux décrets préparés par Sébastien Lecornu et une commission à laquelle nous n’avons pas participé, ce que nous déplorons. Cela a abouti à la signature, par François de Rugy, de deux arrêtés. Le premier supprimait la possibilité pour les associations d’aller devant les tribunaux administratifs. Or les personnes résidant dans les hameaux près desquels on envisage d’implanter des éoliennes ne sont, la plupart du temps, pas très riches. La seule façon pour elles de se défendre était de se constituer en association et de porter l’affaire devant le tribunal administratif, instance de proximité, devant laquelle il n’est pas nécessaire d’avoir d’avocat, ce qui leur permettait de déposer un recours. Supprimer cette possibilité implique de s’adresser directement aux cours d’appel, plus loin géographiquement et avec des procédures plus coûteuses, puisqu’elles réclament l’intervention d’un avocat. En pratique, cette décision enlève aux riverains qui souhaitent contester l’installation d’une éolienne près de chez eux la possibilité de le faire. Cet arrêté, absolument scandaleux, est d’ailleurs attaqué par la Fédération environnement durable et d’autres associations en Conseil d’État. Nous considérons en effet que ce texte est totalement antidémocratique.

Le deuxième arrêté a consisté à cristalliser les moyens. En effet, les rapports des promoteurs sur les projets éoliens comptent environ 3 000 pages. Jusqu’alors, nous disposions de quatre mois pour en prendre connaissance avec nos avocats. Or cet arrêté a raccourci le délai à deux mois.
Ces arrêtés sont scandaleux pour la démocratie française. Ils sont le fruit du lobbying effectué par les promoteurs.
.
M. Olivier Pérot. Je souhaiterais revenir sur la question des recours. L’État a constaté une situation assez singulière, caractérisée par des recours systématiques, presque « industrialisés » pourrait-on dire, contre les projets d’installation de parcs éoliens. Cela constituait un véritable abus de droit, une forme d’obstruction à la justice. L’État a par conséquent cherché à permettre d’accélérer le traitement des recours, dans le souci de l’intérêt général, en proposant la suppression d’un degré de juridiction. Je pense que votre action s’est retournée contre vous : ces abus ont conduit le Gouvernement à prendre une mesure de ce type. Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-mêmes. L’existence de kits fournis systématiquement aux opposants, tout comme les procédés d’intimidation des élus, sont autant de pratiques d’ailleurs dénoncées par l’Académie de médecine comme étant anxiogènes. Manipuler des peurs et effectuer de la désinformation n’est pas la bonne méthode ; cela s’est retourné contre les intérêts que vous défendez, souvent d’ailleurs plutôt privés que relevant de l’intérêt général. Il est important d’être raisonnables et rationnels.

(Commentaire : eh ben on y est, ce sont les opposants à l’éolien qui sont responsables du syndrome éolien par les peurs qu’ils cultivent dans nos campagnes. Il n’y a pas de nuisances, mais seulement un sentiment de nuisance….Quant aux pressions sur les élus, le passage est assez savoureux, cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/01/petits-problemes-avec-leolien-11-une.html)

Mme Marjolaine Meynier-Millefert, rapporteure. Vous avez indiqué que 70 % des dossiers donnaient lieu à des recours. Or il est fait état par ailleurs d’un taux d’acceptabilité de près de 80 % chez les personnes résidant près des parcs éoliens. Ces chiffres paraissent contradictoires.
Qu’entendez-vous par ailleurs lorsque vous parlez de kits distribués aux opposants ? Cela supposerait l’existence de groupes organisés derrière les individus.
M. Olivier Pérot. Il suffit de consulter les sites, publics, de certaines associations, qui expliquent aux gens qu’ils doivent déposer des recours de façon systématique, détaillent la procédure à suivre et donnent des argumentaires. Il existe, derrière les riverains sur le sort desquels M. Butré essaie de nous faire pleurer, toute une organisation « industrielle », qui fait que les taux de recours sont très élevés et sans rapport direct avec la réalité du terrain que nous avons cherché à vous présenter. Il existe une distorsion entre le miroir que tendent un certain nombre d’associations et la réalité que nous constatons sur le terrain. Le taux de recours contre les projets éoliens est effectivement de 70 % environ, d’après les chiffres officiels fournis par l’administration. Or il faut savoir que 95 % d’entre eux échouent, ce qui montre leur caractère factice et témoigne du fait qu’ils constituent une obstruction à la justice.
M. le président Julien Aubert. Niez-vous l’existence d’un problème vis-à-vis de l’éolien ? Pensez-vous que les riverains sont spontanément enthousiastes à l’idée qu’un parc éolien soit installé près de chez eux ? J’ai vécu cette situation à un kilomètre de chez moi. Étant juge et partie, je ne me suis évidemment pas mêlé au débat. Or j’ai vu arriver une pétition contre les éoliennes comportant 3 000 signatures dans un canton de 5 000 habitants. Vous nous avez indiqué que plus les gens résidaient près de l’éolienne, plus ils en avaient une bonne image. Cette idée est relativement contre-intuitive.

M. Patrice Cahart. Nos interlocuteurs indiquent que la dépréciation immobilière n’existe pas : c’est contraire au bon sens. J’ai déposé précédemment au dossier une note rédigée par « Demeure historique », consistant en une étude sur des décisions de jurisprudence, qui montre qu’il existe couramment des dépréciations de l’ordre de 40 %


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