Marjolaine Meynier Millefert,
(LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur les énergies
renouvelables et la transition énergétique présidée par le député Julien
Aubert (2019):
« Quand on a 80 % des gens qui vous
disent que le développement des ENR électriques en France soutient la
décarbonation et finalement la transition écologique en France, je pense que ce
n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre
que cette transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous
aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en
fait. »
Audition commune, ouverte à la
presse, de M. Patrice Cahart, membre du Groupe indépendant
de réflexion sur l’énergie, de MM. Arnaud Casalis et Jean-Louis Butré,
membres du collectif d’experts « Energie et vérité »,
de M. Olivier Pérot, président de France énergie éolienne (FEE), et de M.
Charles Lhermitte, vice-président de FEE
L’absurdité de la PPE : 300
milliards pour rien
Patrice Cahart. Nous sommes partis du
projet de loi sur l’énergie qui vient d’être annoncé et qui indique que d’ici
2035 la part du nucléaire dans la production française d’électricité devra être
ramenée à 50 %, ce qui revient à diminuer le potentiel nucléaire d’environ
21 centrales sur 71. Nous avons essayé de chiffrer cette opération de
substitution en partant des données présentes dans le projet de programmation
pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui indique une progression souhaitée de
l’éolien, mais aussi du photovoltaïque, jusqu’en 2028. Nous avons prolongé les
chiffres jusqu’en 2035, échéance fixée par la loi. Nous avons ensuite multiplié
les capacités supplémentaires de renouvelables ainsi chiffrées par les coûts
unitaires de ces équipements, trouvés dans le rapport 2016 de l’Agence de
l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Nous avons ainsi obtenu
un coût d’investissement, auquel nous avons ajouté les coûts de réseau liés à
l’adaptation et à la diversification du réseau des énergies renouvelables (EnR)
en France. Nous sommes ainsi parvenus à un total de
184 milliards d’euros pour la période allant de 2019 à 2035. Ces
coûts seraient nécessairement supportés par le contribuable et le consommateur
français, puisque les promoteurs que vous représentez vont emprunter tout cet
argent auprès des banques et que ces emprunts seront remboursés soit par les
ventes de courant, soit par les aides publiques qui leur seront versées. Je n’inclus pas dans
ce chiffre l’incidence des décisions passées en matière d’EnR, que la Cour des
comptes a estimé à 121 milliards d’euros, somme que le
consommateur et le contribuable français devront aussi supporter durant les
quinze ou vingt ans à venir.
Nous avons comparé ce coût à
l’autre option possible. Je tiens à préciser d’emblée que je n’ai aucun lien
avec EDF, ni avec Areva. Je suis inspecteur général des finances de formation,
donc formé pour dénoncer les gaspillages, qui se révèlent souvent au travers de
comparaisons. J’ai donc, de manière tout à fait indépendante et libre, réfléchi
au chiffrage d’une prolongation éventuelle du parc nucléaire. Comme vous le savez,
les Américains prolongent sans aucun problème leurs centrales jusqu’à l’âge de
60 ans et envisagent même d’aller jusqu’à 80 ans. Nos centrales
procédant de la même technique, pourquoi ne ferions-nous pas de
même ? J’ai donc imaginé la prolongation de notre parc de façon à
produire la même quantité de courant électrique que le supplément d’EnR que je
viens d’évoquer. J’ai utilisé pour ce faire des chiffres issus de travaux de la
Cour des comptes, actualisés à 5 milliards d’euros par an, dont je n’ai pris
qu’un tiers en considération, dans la mesure où la problématique que je viens
d’exposer ne porterait que sur un tiers du parc nucléaire, les deux autres
tiers n’étant pas en cause. Nous arrivons ainsi, sur 17 années,
c’est-à-dire d’ici 2035, à un montant de 25 milliards d’euros, chiffre
très modeste au regard des 184 milliards d’euros correspondant au coût des
EnR sur la même période.
Nous nous permettons ainsi
d’affirmer que la proposition faite au Parlement sous forme de projet de loi
sur l’énergie n’est pas une bonne idée.
Les coûts cachés de l’éolien.
Polémique sur coûts et bénéfices
M. Arnaud
Casalis. M. Pérot semble confondre de façon un peu inquiétante deux éléments
fondamentaux que sont le prix et le coût. Il prétend ainsi que les coûts de
l’éolien sont connus. Or seuls les prix le sont, puisqu’ils sont fixés par
décision réglementaire et législative. Les coûts sont très difficiles à
chiffrer : lorsque l’on essaie de les connaître, on se trouve face à une
dissimulation massive des informations en la matière.
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. Pourriez-vous être plus précis quant aux coûts que
vous estimez dissimulés ?
M. Arnaud
Casalis. Lorsqu’il est dit que le coût de l’électricité est de 74 euros du
mégawattheure (MWh), cela ne correspond en réalité pas à un coût, mais à un
coût auquel s’ajoute de la marge.
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. J’entends cette démonstration, mais vous parlez de
coûts dissimulés : pourriez-vous préciser ?
M. Arnaud
Casalis. Les coûts dissimulés sont à trouver tout d’abord dans la question du
démantèlement, dont on sait que les chiffres affichés ne prennent pas en compte
l’ensemble des sommes qui se rapportent en réalité à ces opérations. On ne sait
d’ailleurs pas en général, dans les comptes des entreprises, pour quel montant
cela est pris en considération. S’ajoutent à cela les frais de réseaux, pris en
charge par le réseau de transport d’électricité (RTE). Si l’on veut avoir une
notion du coût, il faudrait inclure ces chiffres dans le calcul. Or ce n’est
généralement pas pris en compte dans la rentabilité des entreprises. Cela porte
pourtant sur des sommes énormes. Il faudrait également considérer les
transferts de profits de sociétés vers les industriels producteurs d’éoliennes
ou vers d’autres sociétés étrangères effectuant de la prestation de services,
de la maintenance, etc. Tout cela est extrêmement diffus.
M. Olivier
Pérot. Ce que vous décrivez s’appelle l’économie de marché.
M. Arnaud
Casalis. Je suis navré de vous le dire, mais il s’agit d’une aberration économique.
M. Charles
Lhermitte. Le démantèlement n’est absolument pas un élément caché. Ma société a déjà
procédé à des dizaines de démantèlements d’éoliennes et dispose de factures
très précises. A été évoqué précédemment le cas d’une facture très
particulière, publiée voici quelque temps. Mais si vous souhaitez savoir
combien coûte le démantèlement d’un massif de 435 mètres carrés en béton,
je puis vous répondre sans hésiter 54 000 euros et vous communiquer
la facture correspondante. Je ne vois pas vraiment où est le problème.
Concernant le réseau, vous dites
que tous les coûts ne sont pas pris en compte. Aujourd’hui, le prix d’un
mégawatt (MW) installé est globalement de 1,5 million d’euros : ce
coût comprend la fourniture de la turbine, la voirie et réseaux divers (VRD),
le raccordement jusqu’à notre poste de livraison, le raccordement Enedis, le
renforcement des capacités de transformation Enedis ou RTE via la
quote-part des schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies
renouvelables (S3REnR), et le démantèlement. Le 1,5 euro du watt éolien
installé constitue donc un coût complet.
M. Patrice Cahart. Il manque le
raccordement, très important, entre le poste de livraison et le poste source.
M. Charles
Lhermitte. Pas du tout : il est inclus dans ce coût, comme je viens de
l’indiquer, et est pris en charge via le mécanisme de
quote-part S3REnR. Les ouvrages de renforcement HTA-HTB et les capacités de
transformation sont pris en compte dans le calcul de ces quotes-parts. Je vous
confirme que les quotes-parts S3REnR ont été revues à la hausse dans certaines
régions comme les Hauts-de-France et le Grand-Est, où elles avoisinent
aujourd’hui les 100 000 euros du MW. Nous nous acquittons de ces
coûts, qui sont intégrés dans les 1,5 euro du watt installé.
M. Arnaud
Casalis. Pouvez-vous rapporter cette notion de coût à votre prix de vente
réglementaire ?
M. Charles
Lhermitte. Dans le cadre des appels d’offres, le prix de vente est aujourd’hui de
65 euros le MWh, avec des coûts qui ne cessent de baisser. Dans quelques
années, on atteindra peut-être les 60, voire 55 euros le MWh. En tout état
de cause, l’éolien sera nettement moins cher que d’autres sources d’énergies
que vous avez citées auparavant.
M. Arnaud Casalis. Vous
confirmez bien avoir aujourd’hui des marges bénéficiaires, des profits, ne
justifiant en rien le soutien public apporté à vos entreprises.
M. Charles Lhermitte. Nous avons évoqué
précédemment un mécanisme extrêmement important, sur lequel je souhaiterais
revenir. Aujourd’hui, nous sommes rémunérés sur la base du complément de
rémunération. Nous vendons l’électricité sur le marché. Si notre coût garanti
est supérieur au coût du marché, nous percevons un complément de
rémunération ; en revanche, lorsque le coût du marché est supérieur à
notre prix garanti, ce qui se produit de plus en plus souvent, nous remboursons
la différence, ce qui constitue une bonne affaire pour le contribuable.
M. Arnaud Casalis. Vous
savez très bien que l’essentiel du parc aujourd’hui ne fonctionne pas avec ce
dispositif. Vous êtes donc en train de tenir un propos que je considère comme
trompeur vis-à-vis de mesdames et messieurs les parlementaires, dans la mesure
où le pourcentage de parcs éoliens fonctionnant sur la base de ce système est
absolument négligeable. Tout est fait par ailleurs pour que ce soit également
le cas dans le futur, notamment avec les limitations de puissance et le nombre d’éoliennes. Votre
propos n’est pas pertinent.
Polémique sur le
démantèlement : l’éolien une industrie sale.
La Fédération Environnement
durable s’intéresse beaucoup par ailleurs à la question du démantèlement, que
nous avons étudiée. Je suis totalement en porte-à-faux avec les propos que vous
avez tenus.
M. Charles
Lhermitte. Avez-vous démantelé des parcs vous-même ? La profession dispose en
effet d’une expérience réelle et concrète. Nous savons de quoi nous parlons.
M. Jean-Louis
Butré. Non, mais j’ai été directeur d’usine Rhône-Poulenc. Il suffit de faire le
total. Le président Macron a indiqué que l’on allait tripler le nombre
d’éoliennes en France. Mettons que l’on en
installe 15 000 : imaginez le nombre de tonnes de béton nécessaires,
auxquelles il faut ajouter les mâts, les nacelles, les pales. Si l’on
effectue le calcul complet, en tonnes, de cet ensemble, on atteint des chiffres
phénoménaux. Si
l’on considère uniquement le béton, cela correspond à des camions-toupies qui,
mis bout à bout, couvriraient la moitié du tour de la terre. On est ainsi en
train de bétonner la France.
Tout est possible : on peut
tout à fait enlever le béton du sol ensuite. Ce n’est toutefois
pas prévu dans les contrats. On peut traiter chimiquement tous les
matériaux : mais tout dépend des procédés utilisés, de leur coût et des
précautions nécessaires. J’ai lu dans L’Usine nouvelle un
article indiquant que l’on enfouissait les
pales d’éoliennes. Il faut savoir en effet que ces pales sont constituées de
matériaux spéciaux, de plus en plus modernes donc de plus en plus difficiles à
traiter. On ne dispose pas aujourd’hui de procédés permettant de les recycler
correctement, même si quelques start-up travaillent sur le
sujet. C’est une affaire d’argent.
Lorsque l’on cumule tous ces
éléments, on ne peut que constater que l’on n’est aujourd’hui qu’au tout début
du processus.
Vous êtes en train de mettre sur le territoire français des quantités
colossales de matériaux, sans avoir le début d’un procédé adapté à un
retraitement ultérieur intégral. Dans tous les cas, les 50 000 euros
provisionnés sont ridicules au regard des sommes nécessaires. Je dis aujourd’hui
aux agriculteurs qui acceptent que l’on implante des éoliennes dans leurs
champs que c’est une erreur. En effet, une éolienne leur rapportera environ
10 000 euros par an pendant 20 ans, soit 200 000 euros
au total. Or vos entreprises sont des sociétés sans capital, qui ne sont pas
responsables du terrain. Le jour où ces sociétés s’en iront, il appartiendra à
l’agriculteur de traiter lui-même le problème du démantèlement des éoliennes
présentes sur sa parcelle. Or les 200 000 euros gagnés ne lui
suffiront pas pour financer le recyclage du béton, des pales et de l’ensemble
des matériaux composant l’éolienne, dont certains très difficiles à
retraiter. Les Allemands règlent la question en entreposant les pales
de leurs éoliennes dans les décharges africaines. Mais on peut aussi envisager
pire, c’est-à-dire de vendre les éoliennes usées à des pays du tiers-monde, de
façon à se débarrasser du problème.
M. Charles Lhermitte. Les pays du tiers-monde
achètent aujourd’hui des éoliennes chinoises et absolument pas des éoliennes de
réforme…
M. Thiébaut s’inquiétait par
ailleurs du démantèlement des centrales nucléaires. La prise en compte de cet
élément est un argument puissant en faveur des thèses que je vous présente. En
effet, le démantèlement des centrales nucléaires actuelles aura lieu de toute
façon. Il s’agit d’un fait, d’une nécessité acquise, qui se situe en dehors de
notre problématique. Que la loi sur l’énergie soit votée ou non, il faudra bien
démanteler ces centrales un jour. La date est très
importante, parce que si l’on démantelait maintenant, ce qui serait une
conséquence de ce qui est souhaité par les professionnels de l’éolien, le coût
de démantèlement serait immédiat et maximum. Si en revanche on démantèle les
centrales dans 20 ans, alors il sera possible d’évaluer le coût grâce à un
taux d’actualisation. Si l’on retient par exemple un taux d’actualisation de
10 % sur 20 ans, le coût sera diminué de 85 %. Il
existe donc un très grand intérêt à différer le plus possible cette charge de
démantèlement, qui est certes inévitable et acquise, mais dont la date reste à
fixer.
Si l’éolien est mature, pourquoi
faut-il continuer à le soutenir ?
M. Arnaud Casalis. Il me semble par
ailleurs nécessaire de rappeler la différence fondamentale entre énergies
intermittentes et énergies stockables et pilotables. Nous savons très bien que
l’intermittence dans la production est le problème majeur de la filière
éolienne. La logique du prix doit en tenir compte, ce qui n’est pas le cas
aujourd’hui. Une probabilité d’utilisation de 6 % aux points d’arrivée aux
heures de pointe, compte tenu d’un rendement de 21 % et d’une durée de 6 heures
d’heures de pointe, fait que l’énergie
intermittente est largement surpayée par rapport au prix normal du marché, qui
devrait être très inférieur. Le problème du soutien passe par une
comparaison honnête entre des énergies de qualité comparable. Ce soutien qui
permet aujourd’hui à des entrepreneurs de l’éolien de gagner des fortunes en
assurant une production de qualité plus que médiocre est un système auquel il
faut mettre fin prioritairement, car il ruine le consommateur et la France et
fausse la concurrence entre les différentes EnR.
M. Jean-Louis Butré. Je suis choqué par le
fait que le système d’aide à l’éolien, mis en place par le ministre Yves Cochet
en 2001, rendant obligatoire l’achat prioritaire de cette électricité par
rapport aux autres et imposant un tarif garanti, fonctionne toujours, même s’il
a été quelque peu amélioré par l’instauration des procédures d’appel d’offres.
La règle des six mâts reste néanmoins majoritaire dans les contrats actuels.
Cela fait 18 ans que ce dispositif est en vigueur : je comprends que
l’on aide au démarrage d’une industrie, mais il me semble suspect que,
18 ans plus tard, cette dernière continue à mendier des subventions et à
vouloir faire perdurer ce système.
Lorsque l’on considère par
ailleurs les bénéfices réalisés dans ce secteur par certaines sociétés, voire
certaines personnes, on peut être inquiet, dans la mesure où l’argent est
ponctionné sur les factures d’électricité françaises ou sur d’autres taxes. Les prix de l’électricité
payés par les consommateurs ne cessent d’augmenter, ce qui conduit à
l’appauvrissement non seulement des particuliers, mais aussi d’un certain
nombre d’industriels qui consomment de l’énergie et de l’électricité.
18 ans plus tard, ce système continue à ponctionner de l’argent, bien
qu’il soit rentable, et ce de plus en plus. Arrêtons par conséquent de le
subventionner M. Charles Lhermitte. Les premiers contrats
étaient à 80 euros.
Mme Laure de La
Raudière. C’est encore le cas : j’ai été informée du fait qu’un parc qui n’est
pas encore installé va bénéficier de ce même prix….
Mme Laure de La
Raudière. Le prix garanti moyen du parc installé aujourd’hui doit être, étant donné
le poids de l’historique, aux alentours de 80 euros.
M. Arnaud
Casalis. Permettez-moi d’apporter une précision. Le rapport de la commission de
régulation de l’énergie (CRE) indique que le prix d’achat moyen
par EDF est de 91 euros.
M. Charles
Lhermitte. C’est indexé chaque année. Ainsi, les premiers contrats signés
à 80 euros sont peut-être aujourd’hui rémunérés à 91 ou 92 euros….
Mme Laure de La
Raudière. Le prix moyen garanti du parc installé est donc de 91 euros. Or la PPE
prévoit de tripler la puissance installée, sur une moyenne établie à
60 euros par MW. On ne peut donc pas dire que le prix garanti de l’éolien
est de 65 euros. En effet, sur le parc installé, même à terme, le montant
ne sera jamais celui-ci.
M. le président
Julien Aubert. Je crois qu’il y a là deux sujets. Le premier concerne
les dépenses passées, sur lesquelles la Cour des comptes a mené un
travail : nous savons que cela a coûté très cher. Le second aspect est le
futur : pourquoi les récents appels d’offres éoliens n’ont-ils pas trouvé
preneur, alors même que vous nous indiquez que le secteur est mature et
compétitif ? Si par ailleurs ce secteur est effectivement mature et
compétitif, pourquoi est-il nécessaire de continuer à le soutenir de la
sorte ?....
L’éolien et ses riverains
M. le président
Julien Aubert. Je laisse la parole à Mme la rapporteure, qui
souhaite vous soumettre à un « vrai ou faux ? »
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. Je vais m’appuyer sur des propos tenus lors de vos
auditions. Il a été dit par exemple en substance que lorsqu’une éolienne est
installée quelque part, les gens ne peuvent plus revendre leurs biens
immobiliers, dont la valeur s’écroule. Pourriez-vous nous éclairer sur ce
point ?
M. Charles
Lhermitte. Différentes études ont été menées sur la dévalorisation éventuelle de l’immobilier
à proximité des parcs éoliens. Or aucune d’entre elles n’a à ce jour établi de
lien de cause à effet entre l’implantation d’éoliennes sur un territoire donné
et la chute de la valeur de l’immobilier sur ce même territoire. Il existe à ce
sujet un rapport de l’ADEME ; un autre va être mis à jour très
prochainement.
(Commentaire : .faux et ultra
faux, voir par exemple http://morventencolere.org/wp-content/uploads/2017/11/Analyse-Etudes-impact-immobilier-2017-11-16.pdf. Tiens, ça m’énerve tellement que je reviendrais
là-dessus)
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. Pourriez-vous nous communiquer ces éléments ?
M. Charles Lhermitte. Bien sûr.
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. Certains d’entre vous ont par ailleurs indiqué que
l’on avait enlevé aux riverains la possibilité de se défendre contre les
installations. Pourriez-vous nous en dire
davantage ?
M. Jean-Louis
Butré. Cela concerne deux décrets préparés par Sébastien Lecornu et une commission
à laquelle nous n’avons pas participé, ce que nous déplorons. Cela a abouti à
la signature, par François de Rugy, de deux arrêtés. Le premier
supprimait la possibilité pour les associations d’aller devant les tribunaux
administratifs. Or les personnes résidant dans les hameaux près
desquels on envisage d’implanter des éoliennes ne sont, la plupart du temps,
pas très riches. La seule façon pour elles de se défendre était de se
constituer en association et de porter l’affaire devant le tribunal
administratif, instance de proximité, devant laquelle il n’est pas nécessaire
d’avoir d’avocat, ce qui leur permettait de déposer un recours. Supprimer cette
possibilité implique de s’adresser directement aux cours d’appel, plus loin
géographiquement et avec des procédures plus coûteuses, puisqu’elles réclament
l’intervention d’un avocat. En pratique, cette
décision enlève aux riverains qui souhaitent contester l’installation d’une
éolienne près de chez eux la possibilité de le faire. Cet arrêté, absolument
scandaleux, est d’ailleurs attaqué par la Fédération environnement durable et
d’autres associations en Conseil d’État. Nous considérons en effet que
ce texte est totalement antidémocratique.
Le deuxième arrêté a consisté à
cristalliser les moyens. En effet, les rapports des promoteurs sur les projets
éoliens comptent environ 3 000 pages. Jusqu’alors, nous disposions de
quatre mois pour en prendre connaissance avec nos avocats. Or cet arrêté a
raccourci le délai à deux mois.
Ces arrêtés sont scandaleux pour
la démocratie française. Ils sont le fruit du lobbying effectué
par les promoteurs.
.
M. Olivier
Pérot. Je souhaiterais revenir sur la question des recours. L’État a constaté une
situation assez singulière, caractérisée par des recours systématiques, presque
« industrialisés » pourrait-on dire, contre les projets
d’installation de parcs éoliens. Cela constituait un véritable abus de droit,
une forme d’obstruction à la justice. L’État a par conséquent cherché à
permettre d’accélérer le traitement des recours, dans le souci de l’intérêt
général, en proposant la suppression d’un degré de juridiction. Je pense que
votre action s’est retournée contre vous : ces abus ont conduit le
Gouvernement à prendre une mesure de ce type. Vous ne pouvez vous en prendre
qu’à vous-mêmes. L’existence de kits
fournis systématiquement aux opposants, tout comme les procédés d’intimidation
des élus, sont autant de pratiques d’ailleurs dénoncées par l’Académie de
médecine comme étant anxiogènes. Manipuler des peurs et effectuer de la
désinformation n’est pas la bonne méthode ; cela s’est retourné contre les
intérêts que vous défendez, souvent d’ailleurs plutôt privés que relevant de
l’intérêt général. Il est important
d’être raisonnables et rationnels.
(Commentaire :
eh ben on y est, ce sont les opposants à l’éolien qui sont responsables du
syndrome éolien par les peurs qu’ils cultivent dans nos campagnes. Il n’y a pas
de nuisances, mais seulement un sentiment de nuisance….Quant aux pressions sur
les élus, le passage est assez savoureux, cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/01/petits-problemes-avec-leolien-11-une.html)
Mme Marjolaine
Meynier-Millefert, rapporteure. Vous avez indiqué que 70 % des dossiers
donnaient lieu à des recours. Or il est fait état par ailleurs d’un taux
d’acceptabilité de près de 80 % chez les personnes résidant près des parcs
éoliens. Ces chiffres paraissent
contradictoires.
Qu’entendez-vous par ailleurs
lorsque vous parlez de kits distribués aux opposants ? Cela supposerait
l’existence de groupes organisés derrière les individus.
M. Olivier
Pérot. Il suffit de consulter les sites, publics, de certaines associations, qui
expliquent aux gens qu’ils doivent déposer des recours de façon systématique,
détaillent la procédure à suivre et donnent des argumentaires. Il existe,
derrière les riverains sur le sort desquels M. Butré essaie de nous faire
pleurer, toute une organisation « industrielle », qui fait que les
taux de recours sont très élevés et sans rapport direct avec la réalité du terrain
que nous avons cherché à vous présenter. Il existe une distorsion entre le
miroir que tendent un certain nombre d’associations et la réalité que nous
constatons sur le terrain. Le taux de recours contre les projets éoliens est
effectivement de 70 % environ, d’après les chiffres officiels fournis par
l’administration. Or il faut savoir que 95 % d’entre eux échouent, ce qui
montre leur caractère factice et témoigne du fait qu’ils constituent une
obstruction à la justice.
M. le président
Julien Aubert. Niez-vous l’existence d’un problème vis-à-vis de
l’éolien ? Pensez-vous que les riverains sont spontanément enthousiastes à
l’idée qu’un parc éolien soit installé près de chez eux ? J’ai vécu cette
situation à un kilomètre de chez moi. Étant juge et partie, je ne me suis
évidemment pas mêlé au débat. Or j’ai vu arriver une pétition contre
les éoliennes comportant 3 000 signatures dans un canton de
5 000 habitants. Vous nous avez indiqué que plus les gens
résidaient près de l’éolienne, plus ils en avaient une bonne image. Cette idée
est relativement contre-intuitive.
M. Patrice Cahart. Nos
interlocuteurs indiquent que la dépréciation immobilière n’existe pas :
c’est contraire au bon sens. J’ai déposé précédemment au dossier une note
rédigée par « Demeure historique », consistant en une étude sur des
décisions de jurisprudence, qui montre qu’il existe couramment des
dépréciations de l’ordre de 40 %
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