Marjolaine Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la
Commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables et la
transition énergétique présidée par le député Julien Aubert (2019):
« Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le
développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et
finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon
non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette
transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une
réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en
fait. »
Ah oui,
surtout quand on voit les vies ravagées, les conséquences sur la santé de
certains riverains, les nuisances incontestables du bruit et de
l’environnement, la perte considérable de valeur des habitations à proximité
des installations éoliennes. Le blog précédent présentait les constatations et
recommandations de l’Académie de Médecine donc la science prouvée. Mais il y a en
plus des phénomènes incontestables et jusqu’ici pratiquement inconnus qui se
manifestent. Ce qui s’est passé à Nozay (Loire Atlantique) est particulièrement
spectaculaire et inquiétant.
A Nozay, les éoliennes font tourner le lait et tuent les
vaches
« Les problèmes
ont commencé fin 2012 avec les travaux de fondation des huit éoliennes du parc
de Nozay, dont l’une se trouve à 600 mètres de la stabulation Nozay explique
l’un des éleveurs concernés (l’élevage-250 vaches) de Didier et Murielle
Potiron, installés depuis 1989, est l’un de ceux les plus observés par les
experts. La première semaine de juillet 2013, la mise sous tension du site
éolien a été
catastrophique car les vaches ne voulaient plus rentrer
dans le bâtiment .
Ce couple d’éleveurs, à lui seul, totalise plus de 320 animaux morts depuis la mise en
service !
Chez nous, raconte Céline Bouvet, cela a commencé par des
problèmes de mammites [inflammation de la mamelle des vaches]. On est obligé de jeter le lait, car il
est rempli de caille et de grumeaux. Après, ça a été l’explosion : les vaches
refusent parfois de monter dans les salles de traite, ou font demi-tour à
l’approche des éoliennes, comme s’il y avait une barrière électrique invisible.
Au niveau fécondité, c’est aussi
devenu une catastrophe », dit-elle, dans une étable, au milieu de sa trentaine
de vaches laitières.
La synthèse de la dizaine d’expertises réalisées dans le
cadre du GPSE (Groupe permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole)
confirme le tout, au printemps 2015. « La coïncidence chronologique avec les
travaux de construction puis la mise en route de l’éolienne est suffisamment
troublante pour justifier des investigations complémentaires (…) Elles sont
absolument indispensables pour essayer de comprendre ce qui se passe dans ces
élevages », conclut son auteure, la professeure émérite Arlette Laval de
l’Oniris (École vétérinaire de Nantes), pourtant sceptique au départ. Une
alerte que l’on retrouve quasiment mot pour mot dans les longs rapports
vétérinaires et médicaux concernant les deux exploitations, dont les
équipements ont été définitivement mis hors de cause par les experts.
Sur celle de Didier Potiron, où pâturent près de 75
bêtes, la perte financière a été évaluée
par un cabinet indépendant à 93.000 euros sur une seule année. Un montant
énorme pour une entreprise agricole qui affiche 300.000 euros de chiffre
d’affaires. En cause : la surmortalité des vaches, notamment les plus jeunes,
avec une cinquantaine de décès par an. « Il faut une gestion extrêmement
rigoureuse pour arriver à s’en sortir. On fait zéro investissement, on est toujours
à la limite. C’est révoltant, parce que, depuis le début, on est transparents
et au bout de six ans, on en est toujours au stade des expertises ».
Il faut lire le témoignage de M. Potiron devant la
Commission Julien Aubert (Commission d’enquête sur l’impact économique,
industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence
des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition
énergétique) son long combat depuis 2012 pour faire reconnaître les graves
nuisances dont il est victime, le mépris initial des services de l’Etat, les problèmes
de santé qui en sont résulté pour lui et sa femme.
Un tournant a eu lieu
en 2017. Les éoliennes se sont arrêtées pendant quatre jours, du 1er au
4 mars. A ce moment-là, le comportement des troupeaux a radicalement changé.
Prudents, iles deux couples d’éleveurs ont fait faire un constat d’huissier.
"Dans nos deux exploitations la différence était spectaculaire, se
souvient Céline Bouvet. Au robot de traite des Potiron, il y avait beaucoup
plus de passage, les vaches passaient toute seules, à l’inverse d'aujourd’hui !
Et dans mon exploitation c’était pareil, j’ai repris 200 litres de lait en deux
jours ! Soit 2,5 litres de lait en plus par vache, c’est énorme."
Un constat d’huissier rapporte : Il y a une
augmentation de 143 % du passage au robot de traite, une augmentation du nombre
de traite par vaches de 125 % et la production a elle aussi augmenté."
Les nuisances
reconnues sur les animaux…Et pour les humains ?
Du coup, l’affaire commence à être prise au sérieux. Les expertises se multiplient, parfois
étranges (biogéologues), mais aussi le GPSE (groupe permanent de sécurité
électrique), le BRGM - tiens l’ANSES ne s’est pas intéressé encore à la
question, les politiques locaux, la Préfecture même est intervenue- après 5
années de galère pour les agriculteurs concernés. Bilan : il semble que
les éoliennes, leurs bruits et leurs infrasons soient hors de cause mais que
soit impliqué le câble de 20.000 volts enterré qui relie les éoliennes au
réseau et traverse les propriétés des agriculteurs.
Explication du Secrétaire Général de la Préfecture,
devenu un spécialiste de la question, Serge Boulanger : « les maux subis par les hommes comme par les
bêtes ne sont ni remis en question, ni minimisés…les rapports évoquent bien
des animaux atones, qui ont du mal à marcher, qui évitent certains secteurs ou
qui sont surexcités dans certains espaces, notamment quand ils approchent le
robot de traite. Des comportements atypiques, donc ». Et il affirme qu’une
nouvelle piste est à l’étude en ce moment même : celle du câble 20 000 volts
qui relie le parc éolien au réseau ERDF. Ce câble fait 12 km de long et passe
sous les terrains des éleveurs, à proximité d’abreuvoirs et de zones où les
animaux sont parqués. C’est une piste sur laquelle on n’avait pas encore
travaillé. ». Le problème pourrait être amplifié par l’existence d’une
rivière souterraine de trois à cinq mètres de large, située à cinq ou dix
mètres de profondeur. Et, explique encore M. Boulanger : « Il y a une
particularité dans ce parc éolien : chaque éolienne est reliée aux autres par
un câble en cuivre. On appelle ça une liaison équipotentielle, pour une mise à
la terre commune, alors que, sur d’autres parcs, on a une mise à la terre par
éolienne. »
Quid de l’issue de toute cette affaire si l’expertise sur
le câble 20 000 volts s’avérait à son tour non concluante ? Serge Boulanger
assure que dans ce cas, l’Etat jouerait
sa carte ultime, celle de l’arrêt total de ce parc éolien, malgré l’impact
financier en jeu. Le secrétaire général insiste : « On doit aller au bout
de la démarche. Ce serait vraiment la phase ultime. Mais à un moment donné [si
la source des problèmes sanitaires n’est pas trouvée], on n’aura pas le choix.
Il en va de l’intérêt de la filière éolienne…
Tant qu’on aura cette épine dans le pied, on est en
difficulté vis à vis des autres projets éoliens en cours dans le département.
On a une multitude d’autres parcs pour lesquels on ne rencontre aucun problème,
mais ce parc-là vient jeter une zone d’ombre sur cette filière. Alors si à terme,
il faut supprimer ce parc du paysage, il vaudra mieux le faire ».
Tiens, des préfectures comme cela, il en faudrait
peut-être plus. Enfin, cela fait quand même sept ans que deux couples d’agriculteurs
sont plongés dans une galère absolue, sans indemnisation, avec des effets dument
constatés sur leur troupeau. Des effets dûs à l’installation éolienne, même si
ce n’est pas l’éolienne elle-même qui est en cause, mais son raccordement au
réseau. Car c’est un charme supplémentaire des éoliennes, comme c‘est une
énergie très dispersée, très peu concentrée, il leur faut beaucoup de câbles,
beaucoup beaucoup plus par énergie délivrée que le nucléaire…
Des effets prouvés sur les animaux. Et sur les
hommes ? Ben, on sait pas trop ! Les époux Potiron mentionnent de grandes fatigues, des troubles
du sommeil. (En août 2014, ma femme Murielle a fait une crise d’épilepsie
très sérieuse, avec un début d’accident vasculaire cérébral.) Responsabilité
directe des éoliennes, de leur connexion électrique, ou effet induit par les
problèmes qu’elles causent ? Ou rien à voir ?Allez savoir !
Remarque du Président de la
Commission, Julien Aubert à la représentante de l’Anses : « Cela pose tout
de même un petit problème. Mme Aurélie Niaudet. De recherche, effectivement. M.
le président Julien Aubert. C’est
incroyable, parce que d’habitude le moindre projet fait l’objet d’études
préalables – on regarde la population des scarabées, des chauves-souris, etc.
Mais là, il n’y a pas de matière scientifique sur l’homme, en tout cas très peu. »
En effet…
En regard, interpellation de Mme Meynier-Millefert, rapporteure. « Il n’y avait donc pas de difficulté lors du démarrage du
projet. Il n’y a pas eu de rejet de ce projet de la part des voisins, pas de
problème jusqu’au moment où l’éolienne a été installée sur le terrain. C’est
bien cela ? M. Didier Potiron. Il n’y a eu aucun problème
d’implantation, aucun rejet. »
Ceci mérite un peu de contexte. Pour beaucoup des partisans
des éoliennes, les nuisances et autres problèmes sont dus à la psychologie
rétive de certains riverains. En gros, il
n’y aurait pas de réelles nuisances, mais juste un sentiment de nuisance…
Il semble que quelqu’un se soit dévoué pour expliquer à Mme la rapporteure que
l’effet nocebo, chez les vaches, c’était pas trop connu…
Principe
de précaution pour les lignes haute tension enterrées ?
L’explication par des nuisances par les
effets du câble haute tension enterré présente une certaine vraisemblance. Dans
ne émission pour une fois assez rigoureuse, France Inter l’a évoquée, ainsi que
des précédents troublants (https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-02-novembre-2019). Ainsi,
Dans la Manche, Thierry Charuel, un ancien
producteur de lait, a construit un hangar de traite à 60 mètres d’une ligne à
très haute tension. En août 2012, le lait qui avait été déclaré invendable
devient à nouveau comestible. "La qualité s’est anormalement améliorée par
rapport à d’autres périodes, estime-t-il. On ne comprenait pas pourquoi nos
animaux allaient mieux. On a eu des rapports sur la qualité du lait et l’expert
indiquait que seule la présence ou l’absence de stress ressentis par les
animaux pouvait expliquer ce phénomène."
Il découvre ensuite par hasard que la ligne
électrique a été coupée. Il attaque alors RTE, le transporteur d'électricité.
En 2015, la cour d'appel de Caen reconnaît un lien entre la mauvaise qualité de
son lait et une ligne électrique. Une première. RTE est condamné à lui verser
40 000 euros d’indemnisation.
Dans l’Orne, Alain
Crouillebois, éleveur depuis trois générations, a connu des problèmes en 2011
quand Enedis fait enterrer une ligne de 20 000 volts à 20 mètres d’un de ses bâtiments.
De multiples aménagements et travaux financés par le GPSE ne modifient guère la
situation, selon l’éleveur. Convaincu que la ligne enterrée est responsable des
troubles, il décide alors de la faire déplacer à ses frais. Les travaux durent
d’avril à juin 2019. Dès le 4 juin, les résultats sur son robot de traite
montrent une amélioration significative du comportement de son troupeau. Un
changement qu’ Alain Crouillebois décrit ainsi : "Les veaux se remettaient
à se nourrir spontanément et profitaient mieux. Les vaches acceptaient de
rentrer toutes seules au robot de traite, la fréquence de traite augmentait, la
production de lait est remontée à 28 litres. On s’est aperçu aussi qu’avant
2011 les animaux se réfugiaient dans certaines zones du bâtiment, toutes au
même endroit, laissant le reste de la stabulation vide. Depuis le 4 juin je
n’ai plus ce phénomène-là : les animaux ont littéralement changé de
comportement."
Ben oui, en dehors en leurs effets défavorables sur le CO2
(par rapport au nucléaire), de leur danger pour la stabilité du réseau, de leur
coût réel, de leurs nuisances réelles pour les riverains, de l’enlaidissement
des paysages, de la perte de valeur ; les éoliennes ont e charme
supplémentaire qu’il leur faut des câbles, beaucoup de câbles pour les relier
au réseau. Et que ceux-ci ne sont pas sans effets, des effets prouvés et
sous-estimés.
Alors, quand
je lis un communiqué triomphal annonçant le début des travaux pour la « liaison
électrique de 225 000 volts qui relie le futur parc éolien de 80 machines au
large du Croisic au poste de redistribution prévu à Prinquiau traverse cinq
communes en souterrain, dont Saint-Nazaire »….
Ben je m’inquiète
et me demande si on ne dravait pas faire jouer le principe de précaution. Et
exiger une étude épidémiologique sérieuse avant de continuer ce genre de
programme.
Et en guise de conclusion : « regardant les pales des éoliennes tourner, l’éleveuse Céline Bouvet ne peut
retenir un soupir : « Si, par bonheur, on trouvait de quoi ça provient… Mais
il y a tellement d’enjeux financiers. À côté, nous, on est des merdes. »
Et quand on
met cela en regard avec la citation de Madame la Rapporteure Marjolaine
Meynier Millefert, (LREM), placée en tête de ce texte, on peut comprendre
pourquoi la colère gronde.
Nouveauté début 2021 : Face à la surmortalité des vaches près du parc éolien des Quatre-Seigneurs, à Nozay – le 400e bovin vient de mourir prématurément – l’État souhaite la mise hors tension des installations durant une semaine, le temps d’en mesurer les effets. Mais l’exploitant refuse.
Sans gène, les margooulins de l'éolien !
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/loire-atlantique-eoliennes-tueuses-de-nozay-l-etat-veut-tester-un-arret-du-parc-7110872
Bravo et merci pour l'excellente série "Petits problèmes avec l'éolien".
RépondreSupprimerC'est très clair et instructif.
Un autre cas d'éleveur en difficulté: https://www.lavoixdunord.fr/697750/article/2020-01-20/mazinghien-un-eleveur-affirme-que-la-ligne-haute-tension-et-les-eoliennes