Marjolaine
Meynier Millefert, (LREM), rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire
sur les énergies renouvelables et la transition énergétique présidée par le
député Julien Aubert (2019):
« Quand
on a 80 % des gens qui vous disent que le développement des ENR électriques en France
soutient la décarbonation et finalement la transition écologique en France, je
pense que ce n’est pas bon non plus parce que le jour où les gens vont vraiment
comprendre que cette transition énergétique ne sert pas la transition
écologique vous aurez une réaction de rejet de ces politiques en disant vous
nous avez menti en fait. »
Rarement,
on vit pareille inflation. En mai 2015, Ségolène Royal annonce la création de
100 000 emplois sur 3 ans dans les filières « vertes « ; Certains
organismes, proches du pouvoir politique, sans étayer leurs prévisions,
s’enflamment. L’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE)
pronostique « la création de 330 000 emplois en 2030 et 825 000
en 2050 ». Selon Benoit Hamon et
Julien Bayou, le porte-parole d'Europe Ecologie les Verts, le renouvelable
permet de créer 4 à 6 fois plus d'emplois que le nucléaire ( soit 220000 donc
allez, 1 millions d’emplois !!!). Ces chiffres sont souvent repris sans
critiques, or ils sont tout simplement
faux. Et ils ne parlent pas des destructions d’emplois !! , ni du type
d’emplois.
L’histoire
des 4 à 6 fois plus d’emplois dans le nucléaire a été débunkée par Géraldine
Woessner sur Europe. Elle provient d’« une vieille étude que tous les
spécialistes ont abandonnée : des chercheurs américains avaient tenté
d’établir, en 2010, le nombre d’emplois créés pour chaque gigawatt-heure
d'électricité produite. Il en fallait 14 dans le nucléaire, 17 dans l’éolien
terrestre, et 87, donc 6 fois plus, dans le photovoltaïque. Sauf QUE : ils
prenaient tout en compte. La construction, comme l'exploitation. Ils ne se
demandaient pas où se trouveraient ces emplois, et les coûts des énergies
renouvelables depuis, ont considérablement baissé, de même que le nombre
d’emplois qui leur sont associés. Les chercheurs se sont tellement trompés que
peu se risquent, aujourd'hui, à des prévisions…
Les
professionnels de la filière photovoltaïque, par exemple, promettaient 100.000 emplois d’ici 2020. Il y a eu moins de 4.000.
Parce que la France n’a pas développé d’industrie, on achète nos modules en
Chine… On se souvient des 230.000 jobs
promis en 2007 au moment du Grenelle de l’environnement. On le sait aujourd'hui
: il y en a eu 10 fois moins »
Dans son rapport sur les ENR de 2018, la Cour
des Comptes taclait sévèrement l’Ademe
qui estimait à 79 000 le nombre
d’emplois directs liés aux marchés des EnR hors biocarburants sur le territoire
national en 2016. Soit une hausse de 30 % par rapport à l’année 2006. Le
problème ; seuls 15 % (12 000)
relèvent toutefois de la fabrication d’équipements et de l’assemblage et peuvent ainsi être considérés comme des
emplois industriels. Le reste relève essentiellement de la
maintenance-exploitation (35 à 45 %) et de l’installation (25 à 30 %)”, précise
de son côté la Cour des comptes.Elle ajoute que “les projections du nombre
d’emplois attendus du développement des énergies renouvelables sont très
variables”. D’autres sources estiment que la moitié des emplois que ventent les margoulins de l’éolien sont
aussi intermittents que les
éoliennes eux-mêmes, car liés aux phases de construction, d’installation des
systèmes, qui par définition, ne vont pas durer
Face
à une telle campagne mensongère, les syndicats ont commencé à réagir : la FNME-CGT
a rappélé que, selon l’Ademe, une capacité de production éolienne de 15 GW
(celle actuellement installée en France) génère moins de 4 000 emplois, soit
moitié moins que l’actuelle production d’électricité dans les centrales à
charbon. Ce chiffre, montre à quel point le développement des énergies
renouvelables n’est pas le gigantesque gisement d’emplois souvent évoqué. Surtout, ces emplois sont très
subventionnés : 71 milliards d’euros sur la durée de la PPE selon les
chiffrages de FO Énergie et mines. De FO également ce commentaire :
« En attendant, la réalité du marché français de 2015 est plutôt
celle-ci : on trouve davantage d’offres d’emplois dans la pose de
climatiseurs que dans les projets d’énergie « verte » ou de transport
en commun « propre » de Véolia Environnement. Quant aux panneaux
solaires, le marché est dominé par les industriels et les emplois chinois…Des
demi-emplois pour de demi-garanties sociales en quelque sorte. Les emplois y
seraient donc aussi « intermittents » que les éoliennes sont sujettes
aux rafales du mistral ou de la tramontane. Un constat doit être établi. Dans
l’analyse de l’impact des mutations en cours, les études manquent de rigueur,
les chiffres sont approximatifs et pour tout dire, l’objectivité n’est pas
toujours au rendez-vous ».
Quant au statut de ces nouveaux salariés, “il est évident que
dans une grande entreprise publique, ou qui a été publique comme EDF, on n’a
pas les mêmes conditions de travail que dans une coopérative de l’énergie
renouvelable”, note Guillaume Durivaux, chargé de la politique énergétique à la
Fédération syndicale européenne des services publics (Epsu). Ce qui amène la CGT Mines-Énergie à
réclamer “les mêmes droits et garanties collectives” pour tous les travailleurs
du secteur de l’énergie, à savoir “le statut de l’énergéticien”.
Les emplois créés ne
sont pas là, mais les emplois perdus le seront
Dans
aucune des mirifiques promesses d’emplois des ENR, on ne mentionne les emplois
perdus. Au moment du débat sur la PPE, la CFE-CGC notamment a tenté d’alerter
sur cette absurdité qu’est la PPE. Ainsi une syndicaliste de l’alliance UNSA/CFE-CGC (Mme
Autissier), signe dans Le Monde du 25 novembre 2018 une
tribune justement intitulée, « Non, tout le monde n’est pas
d’accord pour réduire la part du nucléaire ». Citations :
« Pour réduire la part du nucléaire à 50 % de la production totale à
l’horizon de 2030, Ampère préconise la
fermeture de 16 réacteurs entre 2020 et 2030, réduisant le parc nucléaire
de 63 gigawatts (GW) à environ 50 GW. Pour arriver à 50 % d’électricité
nucléaire en 2035, Volt préconise pour
sa part la fermeture de 9 réacteurs et un parc nucléaire de 55 GW.
De tels scénarios conduiront inéluctablement à des
arrêts d’activité dans nos régions et généreront des pertes d’emplois – avec
leurs conséquences sur la vie locale. Le
scénario Ampère entraînera la suppression de 70 000 à 120 000 emplois directs,
indirects et induits, tandis que le scénario Volt ferait perdre entre 35 000 et 65 000 emplois. En
outre, ces scénarios détruiront à terme la filière de recyclage de l’uranium,
dont la France est l’incontestable leader, avec des conséquences désastreuses
sur l’activité industrielle en Normandie et dans la vallée du Rhône. »
Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur l’emploi
De son côté, selon la SFEN, des études approfondies ont montré que l’arrêt
prématuré de la centrale de Fessenheim détruirait 2 200 emplois locaux,
directs, indirects et induits. Si l’on extrapole là encore ces données à
l’arrêt prématuré de 16 GW, ce sont près de
18 000 emplois locaux pérennes (directs, indirects et induits) qui seraient
ainsi supprimées, dont plus des 2/3 à haute qualification et haute contribution
économique.
Les filières éolien et photovoltaïque sont caractérisées par une absence de
base industrielle en France pour la fabrication des composants principaux, qui
sont importés en totalité. Il en résulte que les emplois créés le sont
majoritairement dans le développement
amont, les montages sur site et l’exploitation-maintenance, qui n’ont ni la
qualification ni l’étendue d’emplois de développement et production de
composants principaux sophistiqués. De plus, les montages sur site étant
très rapides dans ces deux filières, les emplois
associés sont nombreux mais éphémères : ils sont détruits dès que les investissements
d’une année baissent. Quant aux emplois d’exploitation-maintenance, ils sont
peu nombreux eu égard à la relative simplicité technologique des
installations. Sur la base des statistiques d’emploi publiées notamment
par l’ADEME, ils peuvent être estimés en moyenne à 0,25 emploi (direct et
indirect) par MW exploité. Ce qui, pour 50 à 58 GW de mix éolien +
photovoltaïque, conduirait à la création d’environ 12 500 à 14 500 emplois
pérennes. Qui sont donc à mettre en regard des 18 000 emplois pérennes détruits
dans le nucléaire en exploitation-maintenance.
Le bilan est donc clairement négatif au détriment des énergies intermittentes renouvelables et ne serait partiellement rééquilibré que très transitoirement par les emplois éphémères créés lors des activités de montages sur site, très brefs.
En résumé : supprimer 16 GW de nucléaire détruirait de très nombreux
emplois pérennes de très haute qualification, mais aussi des emplois locaux
induits par les retombées économiques. Les filières éoliennes et
photovoltaïques de remplacement créeraient numériquement moins d’emplois,
surtout moins pérennes et moins qualifiés
La leçon allemande :
écrasement en vol du solaire, écroulement brutal de l’éolien à la fin des
subventions
L’inconvénient des emplois massivement subventionnés
c’est qu’ils disparaissent massivement quand les subventions s’arrêtent. Et ce qui s’est passé en
Allemagne dans l’éolien devrait servir de leçon.
Le nombre de nouvelles turbines installées en
Allemagne depuis le début de l'année 2019 est en recul de 82% sur un an,
indique la fédération allemande du secteur (EBW). En 2018, l'Allemagne s'est
dotée d'une capacité supplémentaire de production inférieure de moitié à
celle de 2017.
Les appels d'offres pour attribuer de nouvelles capacités de production ne trouvent pas preneurs, une tendance jugée "inquiétante" par l'agence fédérale des réseaux.
Les appels d'offres pour attribuer de nouvelles capacités de production ne trouvent pas preneurs, une tendance jugée "inquiétante" par l'agence fédérale des réseaux.
Le retournement s’est produit en 2016, lorsque le gouvernement,
jugeant le secteur arrivé à maturité et les subventions trop lourdes pour le
contribuable, a modifié ses aides. L'amendement à la loi énergétique allemande
(EEG) a supprimé les revenus garantis, et favorisé la mise en concurrence via
des appels d'offres. Il faut dire qu’auparavant, depuis l’adoption
de la loi sur les énergies renouvelables, en 2000, les exploitants d’éoliennes
profitent d’un soutien leur assurant vingt ans de revenus garantis…
Cette forte réduction des aides
gouvernementales en 2016, le
gouvernement jugeant le secteur arrivé à maturité, a provoqué des faillites en
chaine massives et la perte
quasi-immédiate de 26.000 emplois, soit
plus que dans le charbon. Parmi les gros disparus
du secteur, signalons Senvion, entreprise de 4.400 salariés, installée
près de Hambourg, qui a annoncé fin août mettre la clé sous la porte, touchée
de plein de fouet par l'effondrement du marché allemand en 2016, qui
représentait 60% de ses revenus. Il y avait déjà eu la faillite en 2014 du fabricant
d’éoliennes Prokon qui était financé par des « participations citoyennes ».
Cette entreprise avait la particularité d’avoir été financé par 75 000 petits
investisseurs privés. Elle les avait alléchés avec un investissement présenté
comme « éthique », et accompagné d’intérêts élevés (de 6 % à 8 %). Ce dépôt de
bilan s’est soldé par de très grosses pertes pour de nombreux petits épargnants
et a poussé le gouvernement allemand à demander aux autorités des marchés
financiers (Bafin) un contrôle plus strict de ce type d’investissement.
La débâcle de l’énergie solaire
subventionnée en Allemagne :
Qui
se souvient des promesses du Temple du Soleil ( non, ce n’est pas une
secte !). L’ex-Allemagne de l’Est
était censée se transformer en nouveau
paradis du photovoltaïque en « Temple du Soleil » en lui apportant la
prospérité économique grâce à une multitude d’emplois high-tech. À la belle
époque de sa splendeur, pas une semaine ne passait sans que la presse ne
mentionne de nouvelles innovations et leur cortège d’inaugurations en présence
de politiciens trop heureux de se congratuler les uns les autres. D’après le
journaliste allemand Dirk Maxeiner, le gouvernement allemand a déversé l’argent
des contribuables par centaines de millions d’euros pour mettre tout cela en
place : « On a vu affluer 142 millions d’euros dans le Brandebourg, 120
millions en Saxe-Anhalt et 143 millions en Thuringe. » L’idée, la vision,
consistait à faire de ces régions la vitrine scintillante de l’avenir high-tech
de l’Allemagne et à montrer au monde comment devenir le pays de l’écologie.
Mais
le clash avec la dure réalité n’a pas tardé. En quelques petites années, les
cellules photovoltaïques à bas prix importées de Chine ont inondé les marchés
et les prix se sont écroulés à vive allure. Quelques mois plus tard, le Temple
du Soleil n’était plus qu’un champ de ruines. Qui plus est, le niveau
exorbitant des tarifs de rachat de l’énergie verte entraîna rapidement une
montée en flèche des prix de l’électricité pour le consommateur. Le
gouvernement fut donc obligé d’agir vite pour réduire les tarifs de rachat, ce
qui eut pour effet de rendre l’énergie solaire encore moins intéressante. Le
marché s’est retrouvé submergé de panneaux photovoltaïques et les producteurs
allemands n’eurent plus qu’à mettre la clef sous la porte.
Grâce
à la révolution énergétique subventionnée, les contribuables allemands ont créé
des emplois non pas à Bitterfeld comme prévu, mais dans ces charmantes villes
que sont Guangzhou, Hangzhou ou Xi’an.
Selon
la Fondation Hans Böckler : « Au cours des dernières décennies, aucune autre
industrie n’a connu une croissance aussi rapide que celle des panneaux solaires
– et aucune ne s’est effondrée aussi rapidement. » Quinze ans ont suffi pour
accomplir le cycle. La Fondation décrit comment de petites start-up se sont
transformées en stars des marchés high-tech puis sont devenues insolvables les
unes après les autres à partir de 2011. Des entreprises comme Solar Millennium, Q-Cells, Centrotherm, ou Conergy
ont toutes fait faillite aussi rapidement qu’elles avaient surgi.
En une seule année, 30 000 emplois
ont disparu et des dizaines de milliards en capital privé ont été détruits. Le seul désaccord des experts des
marchés financiers porte sur le montant : parle-t-on de 30 ou de 50 milliards
d’euros ?
N.B :
de la même façon la jadis pépite française (Photowatt) a disparu. Ce sont les producteurs
de panneaux chinois qui ont massivement profité des subventions allemandes et
français, avec des productions de faible qualité dans des conditions sociales
et environnementales critiquables
Commentaire : 1) c’est
quand même curieux ces énergies soit disant super compétitives qui s’effondrent
dès qu’elles ne sont plus massivement subventionnées !
2) Il n’y a pas qu’en France que sévissent les margoulins de l’éolien. Ces
créations d’emplois massives que les partisans de l’éolien et du solaire nous
promettent, ils omettent de dire combien elles sont fragiles et…
essentiellement non durables car liées aux installations. Rien à voir avec les
emplois du nucléaire qu’ils veulent faire disparaître !
Il y a avec les ENR une véritable
escroquerie à l’emploi.
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