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vendredi 29 mai 2020

Une sortie de crise climatique et post-Covid intelligente : relancer le nucléaire !


IFRAP : Préserver notre atout électricité pour la relance

Très intéressante tribune de l’IFRAP (j’ai en general assez peu de goût pour ses solutions ultralibérales, mais leurs études sont souvent intéressantes) . Après quant à l’interprétation…Donc tribune intéressante intitulée Relance de l’énergie : préserver notre atout électricité.

Extraits :

Avant même la crise actuelle liée au Coronavirus, la France avait décidé d'engager la bataille de la réindustrialisation. Une action nécessaire après les pertes de tissu industriel subies au cours des trente dernières années. Et que l'effondrement économique causé par cette pandémie rend encore plus indispensable….
Une bataille où la disponibilité de l’énergie d’avenir, l’électricité, en quantité suffisante et à des prix compétitifs, est essentielle. Deux conditions que le Grenelle de l’environnement de 2007 et la loi de transition énergétique de 2015 avaient négligées, tout comme la Programmation pluriannuelle de l’énergie qui vient d'être publiée, en fixant un objectif de quantité d'énergie irréaliste et aucun objectif de prix.     
La version définitive de la PPE 2020 publiée le 29 avril ne répond pas aux questions soumises par le public pendant les deux mois de la période de consultation, notamment sur le coût de l'électricité. La vingtaine de nouveaux modes de production d'énergie promus par la PPE (éoliennes marines posées et flottantes, éoliennes terrestres, agro-carburants, méthanisation, chaleur renouvelable, solaire photovolataïque et thermique, individuel ou collectif, petit hydraulique, hydroliennes...) conduisent chacun à une augmentation de coût sur la période 2020-2028 couverte par la PPE. Mais le  chapitre 7.3 de la PPE 2020 consacré à la compétitivité prix ne fixe aucun objectif ni aucune évaluation de ce critère essentiel. Ses mesures ne proposent pas d'optimiser les coûts de production mais de subventionner l'énergie, subventions à la charge d'EDF ou des contribuables. »

Commentaire : oui, bien sûr, mais c’est pas le seul problème. Non seulement la PPE, et c’est encore pire dans sa nouvelle version, ignore toute considération économique, mais en plus, elle n’est même pas dirigée par des considérations de décarbonation, mais purement et simplement antinucléaire, la réduction de la part du nucléaire ( fermeture de 14 centrales) étant devenue un objectif en soi, au détriment même de la décarbonation ( en remplaçant du nucléaire par 20% d’éolien et 80% de gaz !)
En fait, cette PPE s’inspire de l’Energiewende, qui est un échec complet, du point de vue de la décarbonation, du prix et de la sécurité d’approvisionnement. C’est un torchon de papier bureaucratique.



Renoncer au nucléaire, c’est tuer nos industries electrointensives !

L’industrie consomme 20% de toute l’énergie utilisée en France, et la part de l’électricité est constamment croissante. Sur la période de 1981 à 2011, sa part a augmenté de 54%, un peu moins que le gaz, une énergie de plus en plus utilisée, moins polluante que le pétrole, mais que l’électricité devrait largement remplacer à l’avenir. C’est ce qu’ont annoncé par exemple les industriels du verre engagés à construire ensemble un premier four électrique de grande capacité. Un prototype visant à réduire les émissions de CO², destiné à être généralisé vers 2040 mais très sensible au prix de l’électricité.

Parmi tous les secteurs industriels, cinq se distinguent nettement comme électro-intensifs (cimenterie, sidérurgie, papier, chimie, alimentaire).

La compétitivité des 523 usines électro-intensives françaises est très sensible au prix de l’électricité, et les fonderies d’aluminium constituent un cas extrême, mais important. Le prix élevé de l’aluminium pour des volumes relativement faibles rend supportable les coûts de transport, et exacerbe la concurrence mondiale. La lettre 92 de Géopolitique de l’électricité : Union européenne résume la situation :
« Les États de l’Union européenne ont jeté l’éponge : leur industrie électrique fragilisée par la transition énergétique est de moins en moins apte à alimenter les fonderies d’aluminium. L’UE est désormais tributaire à 70% de l’extérieur pour ses besoins primaires en ce métal, essentiel pour toute économie du XXIème siècle. La fonderie de Dunkerque, la plus importante de l’UE, alimentée par une centrale nucléaire, fait exception.  Les fournitures de Rusal, entreprise russe proche du Kremlin, sont indispensables. On l’a bien vu en 2018 lorsque ses clients européens ont été menacés de sanctions américaines. Ce qui les aurait amenés à se tourner davantage vers le nouveau géant de l’aluminium, la Chine, dont les exportations « tuent lentement » ce qui reste de l’industrie correspondante européenne (suivant un dirigeant de la profession). »

Que restera-t-il de l’usine d’aluminium de Dunkerque alimentée par la centrale de Gravelines à des conditions préférentielles si un ou deux réacteurs de cette centrale sont arrêtés, et que la France renonce à un projet d’une paire d’EPR sur ce site d’ici 2050 ? D’autres entreprises électro-intensives (ex. cimenteries) sont moins exposées à la concurrence internationale, mais l’augmentation de leurs coûts se répercuterait directement sur celui des logements et des autres bâtiments.
Les investisseurs étrangers intéressés par une localisation de leurs activités en France reconnaissent que la qualité de notre système électrique est un des facteurs de compétitivité de notre pays.

L'industrie de l'électricité : la fermeture de 14 centrales constituerait un véritable plan de désindustrialisation.

"L’arrêt du premier réacteur de Fessenheim a provoqué la stupeur d’une partie des Français et des étrangers. Dans des domaines récents, la France a courageusement remis en avant la raison cartésienne. Il est par contre étrange que, dans le domaine de l’énergie, les gouvernements se laissent totalement guider par l’émotion. Parmi de nombreux autres, le texte d’Elie Cohen sur Telos décrit bien l’incohérence des décisions concernant l’énergie. Ségolène Royal avait au moins prévu cette fermeture au moment de la mise en production de l'EPR de Flamanville. Dès les prochains mois, des centaines de salariés d’EDF vont quitter Fessenheim, et cinq cents employés des sous-traitants seront bientôt sans emploi. Aucun projet industriel concret de remplacement n’est en voie de réalisation. En plus des conséquences locales désastreuses, la politique de renchérissement du coût de l’électricité, voire de pénurie, a des conséquences moins visibles, réparties à travers toute la France, mais beaucoup plus nocives.  

Alors que les annonces du 27 novembre 2019 du président de la République insistaient sur les conditions relatives aux fermetures de réacteurs, à savoir pas de nouvelles centrales fossiles et la sécurité électrique, le nouveau texte de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) retient que 14 réacteurs devraient être fermés d’ici 2035. Si la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim pouvait passer pour un trophée accordé aux personnes hostiles au nucléaire, la fermeture de 12 autres constituerait un véritable plan de désindustrialisation. La PPE constate que la filière nucléaire représente 6,7% des emplois industriels et que prolonger la vie des réacteurs est bien la solution la plus économique. Alors pourquoi prévoit-elle la fermeture de 14 réacteurs entrainant la suppression de 14.000 emplois dans sept territoires ? A titre de comparaison, l’année 2018 a été célébrée pour 60 créations d’usines contre 40 fermetures, et 62 agrandissements d’usines existantes, les créations d’emplois se chiffrant en centaines par établissement, jamais en milliers.

Parallèlement à la fermeture par l’Allemagne et d’autres pays européens de leurs centrales nucléaires (Allemagne, Belgique, Suisse), à charbon et à lignite d’ici 2038, la fermeture par la France de 14 centrales nucléaires pose le problème de la sécurité d’approvisionnement en électricité en Europe, pendant les pointes de consommation, et les baisses de production des renouvelables. Pour se protéger, l’Allemagne a clairement annoncé la construction de centrales au gaz acheminé par le nouveau gazoduc Nord Stream 2 qu’elle a fortement soutenu, augmentant ainsi la dépendance de l’Europe au gaz russe. Le futur décret PPE n’a pas indiqué comment il est prévu d‘assurer une production « à la demande » suffisante, dans le cadre d’une augmentation de la consommation d’électricité liée aux véhicules électriques notamment. Une situation qui explique la prise de position de l’Union des industries utilisatrices d’énergie (UNIDEN) : « Les leviers pour relocaliser l’industrie en France incluent un accès de long terme à une électricité de base non intermittente, décarbonée et compétitive ». Une façon de dire, sauf révolution technologique imprévue, qu’il faut maintenir un parc très significatif d’électricité d’origine nucléaire."

Pas de réindustrialisation sans nucléaire !

Perspectives de coûts de l’électricité

"L’annonce par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’une demande d’augmentation de 6% du tarif de l’électricité a été démentie par le gouvernement, mais l’histoire récente a montré que ces demandes finissent par être étalées mais effectives. L’augmentation du prix de l’électricité résultera d’abord des surcoûts des énergies renouvelables sur les 25 prochaines années, correspondant aux subventions garanties aux producteurs en France et dans les autres pays. Par exemple, le prix d’achat de la production des six centrales éoliennes marines françaises attribuées en 2012, est d’au moins 120 euros par Mwh, soit le triple des prix du marché. Ces puissantes machines dont l’installation ne fait que commencer, produiront à ce prix jusqu’en 2045-2050. Les éoliennes terrestres et les sources solaires actuelles ou en cours d’installation, produiront toutes pendant encore une vingtaine d’années à des coûts supérieurs au prix net du marché. Et les 33 milliards d’euros demandés par RTE pour adapter le réseau électrique aux caractéristiques des énergies renouvelables, contribueront aussi à l’augmentation du prix de l’électricité pour les particuliers, et pour l’industrie.
Cette augmentation des prix est récente mais va s’accélérer, remettant en cause l'un des avantages dont disposait la France dans la compétition internationale

La façon dont les prix de l’électricité sont modulés en Allemagne en faveur de l’industrie, montre l’importance de cette énergie pour ce secteur économique : alors que les coûts de production de l’électricité y sont supérieurs à ceux en France, son prix pour l’industrie y est comparable, mais deux fois plus élevé pour les particuliers, seuls à supporter ces surcoûts. Faute d’électricité compétitive, la France serait face au même choix : pénaliser son industrie ou ses consommateurs particuliers. Tant que ne sera découverte aucune autre solution d’électricité disponible à la demande, à un prix acceptable, non émettrice de CO², procrastiner sur le nouveau nucléaire, c’est handicaper notre industrie et condamner à mort à terme l’industrie nucléaire. Or, ni les batteries ni l’hydrogène ne fourniront avant longtemps une solution satisfaisante au problème du stockage. Le rendez-vous de 2021 sur le nouveau nucléaire est capital. Alors que la consommation d'électricité va augmenter dans les secteurs de la mobilité, du bâtiment et de l'industrie, y renoncer, c’est dépendre à terme des positions dominantes de la Chine et de la Russie."

Désindustrialiser : facile ; Réindustrialiser : très difficile

"Que ce soit à La Souterraine (GMS), à Amiens (Whirlpool) ou à Grandrange (Arcelor Mittal), la désindustrialisation s’est faite sur une décision instantanée, sans doute inévitable, et les réindustrialisations se sont avérées très difficiles, voire infaisables. Raphaël Schellenberger, député de la circonscription de Fessenheim et de la vallée de Thann a obtenu la présidence d’une commission sur le suivi de la fermeture de Fessenheim, et a aussi interpellé le gouvernement sur l’abandon d’Astrid, prototype des centrales nucléaires de 4ème génération post-EPR…

Le projet EDF d’un centre de compétence sur le démantèlement de 150 emplois s’est heurté à une opposition allemande. Aucun projet industriel n’est proposé, alternatif aux 2000 emplois supprimés selon une étude Insee demandée par Hervé Mariton en 2014. Conclusion à ce jour : au total, malgré toutes les promesses formulées par les nombreux représentants du gouvernement, il n’y a qu’un plan social, celui d’EDF, qui reclasse tous ses salariés sur d’autres sites, et rien pour les sous-traitants et le territoire. Une généreuse distribution d’argent aux collectivités locales tentera certainement d’acheter leur silence, mais sans recréer de véritables activités industrielles..."

Commentaire : la filière nucléaire en France c’est 220.000 emplois pérennes, qualifiés, plutôt bien rémunérés. La fermeture de Fessenheim s’annonce comme une catastrophe sociale en plus d’une aberration climatique et économique et d’un danger pour la stabilité du réseau français, et personne ne réagit à la fermeture programmées par la PPE de 14 centrales !!!

Emplois industriels des renouvelables : la catastrophe

"Malgré les milliards d’investissements d’AREVA, CEA, Naval group et du Plan d’investissement d’avenir (PIA), l’industrie française dépend totalement des cellules solaires chinoises. Sa contribution est pratiquement nulle pour l’éolien terrestre, et nulle pour les grands projets d’hydroliennes marines qui ont été arrêtés. La seule exception concernant l’industrie française sera la contribution d’usines de Général Electric France à la construction de pales et de nacelles pour les éoliennes à l’off-shore. Au total, la majorité des emplois liés aux nouvelles énergies renouvelables se concentrent, en France, principalement sur le montage, l’installation, l’opération et l’entretien des centrales, des emplois moyennement ou peu qualifiés. Un fossé par rapport aux technologies de pointe du nucléaire"

Commentaire : ben oui, promesses jamais tenues et effondrement brutal- les leçons de l’ergiewende :  Effondrement de l’éolien en Allemagne en 2016 lorsque le gouvernement, jugeant le secteur arrivé à maturité et les subventions trop lourdes pour le contribuable, a modifié ses aides : 26.000 emplois ont été supprimés en quelques mois. Idem pour le solaire et le mirifique Temple du Soleil qui devait être la résurrection du Brandebourg : En une seule année, 30 000 emplois ont disparu et des dizaines de milliards en capital privé ont été détruits et des firmes comme Solar Millennium, Q-Cells, Centrotherm, ou Conergy ont toutes fait faillite aussi rapidement qu’elles avaient surgi.

 « La fermeture anticipée de 14 réacteurs nucléaires est un non-sens total »

Face à cette absurdité de la PPE, à ce gâchis monstrueux que serait la fermeture de 14 centrales, il ne s’est trouvé qu’une vingtaine d’élus nationaux  jusqu’à présent pour régir nettement. Merci à eux, et espérons qu’ils seront entendus et feront école !
Publié par une Tribune collective le 5 mars 2020 dans https://www.lefigaro.fr/

Fermeture de 14 réacteurs : un gâchis financier, humain et climatique :

Un décret du gouvernement du 23 avril 2020, passé inaperçu dans cette période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années à venir. Un collectif de 21 élus, mené par le député de Vaucluse et président d’Oser la France Julien Aubert, réagit à la fermeture anticipée de 14 réacteurs nucléaires à l’horizon 2035. Ils dénoncent les conséquences néfastes de cette décision sur le plan économique, industriel et écologique.

Un décret du gouvernement du 23 avril 2020, passé inaperçu dans cette période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années à venir
Ces 14 réacteurs représentent le quart du parc nucléaire français. Les centrales nucléaires, décriées par les écologistes, ont pourtant rendu un sacré service au climat en économisant depuis quarante ans de gigantesques quantités d’émission de CO2. Elles rendent aussi un service important à l’emploi et à l’économie française puisque la filière nucléaire emploie 220 000 personnes.
Avec la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim en février et en juin 2020, le Gouvernement inaugure un cycle de fermeture de 14 réacteurs nucléaires. À la demande de l’exécutif, EDF a communiqué la liste de 7 sites sur lesquels les réacteurs nucléaires pourront être fermés par paires d’ici 2035 : au Blayais en Gironde, au Bugey dans l’Ain, à Chinon dans l’Indre-et-Loire, à Cruas en Ardèche, à Dampierre dans le Loiret, à Gravelines dans le Nord et au Tricastin dans la Drôme.

Les réacteurs fermeront à l’occasion de leur 50ème anniversaire, et même avant, pour potentiellement 4 d’entre eux. Le coût du démantèlement est évalué à 27,3 milliards d’euros selon EDF (bien que la Cour des comptes, dans son rapport du 4 mars, recommande la prudence et la nécessité d’ajouter d’autres dépenses à ce chiffre, pour un surcoût d’environ 7 milliards).

Cette décision prise par le Président de la République Emmanuel Macron pose des difficultés majeures sur le plan de la fiscalité pour les collectivités locales. En effet, pour la fermeture de chaque paire de réacteurs, les collectivités locales concernées devront faire face à une perte de recettes de près de 14 millions d’euros par an, principalement les communes limitrophes mais également le département et la région à hauteur de 6 et 1 million d’euros respectivement. Peuvent-elles se le permettre alors que l’État réduit d’année en année leurs recettes tout en leur transférant de nouvelles charges ?

Aucune conversion compensant véritablement la perte d’emplois n’interviendra à Fessenheim.

En matière d’emploi, près de 1000 postes permanents sont nécessaires pour l’exploitation de deux réacteurs, et jusqu’à 3000 personnes sont mobilisées lors de l’arrêt annuel pour maintenance et rechargement du combustible. Malgré les belles annonces des Ministres successifs de Ségolène Royal à Élisabeth Borne, sa dauphine, aucune conversion compensant véritablement la perte d’emplois n’interviendra à Fessenheim. Et pourtant, la plupart des sites nucléaires français sont des poumons économiques locaux dans des territoires éloignés.

De plus, la réduction d’un quart du parc nucléaire impactera globalement l’ensemble de la filière nucléaire, la troisième filière industrielle du pays, composée de 200 000 emplois et de nombreuses usines de fabrication d’équipements et du cycle du combustible réparties en Normandie, Hauts de France, Grand Est, Bourgogne Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Et ce ne sont pas l’assemblage final et l’exploitation des éoliennes et des panneaux photovoltaïques dont les composants sont fabriqués hors de France qui compenseront les pertes massives d’emplois à venir. La situation de l’industrie française, en déliquescence, autorise-t-elle un nouveau renoncement ?

Sur le plan du commerce extérieur, sans compter la fragilisation de la filière nationale face à la concurrence chinoise, américaine et russe, les centrales nucléaires contribuent à d’importantes exportations d’électricité vers nos voisins. En 2019, les 58 réacteurs nucléaires français ont produit 380 TWh et notre solde positif d’échanges d’électricité fut de 55,7 TWh, soit environ 2 milliards d’euros. Là aussi, pouvons-nous nous permettre de subir un manque d’État stratège alors que notre déficit commercial en 2019 a encore atteint des sommets à 58,9 milliards d’euros ?

Il faudrait multiplier par 4 les champs éoliens et solaires pour atteindre la cible affichée en 2035 par le Gouvernement.

En termes de sécurité d’approvisionnement, le développement, même massif, de l’éolien et du solaire pourra-t-il remplacer un tel volume de production nucléaire voué à disparaître ? Actuellement, l’éolien et le solaire représentent 8% de la production d’électricité française contre 71% pour le nucléaire. Il faudrait donc multiplier par 4 les champs éoliens et solaires pour atteindre la cible affichée en 2035 par le Gouvernement, alors que nous approcherons difficilement la cible basse de la PPE en 2023. En Allemagne, la population est arrivée à saturation concernant le développement de l’éolien, à tel point que l’installation de nouvelles éoliennes a diminué de 80% en 2019 par rapport à 2018. Faut-il donc prendre un tel risque de méga-panne électrique en France et en Europe à horizon de 10-15 ans ?

Quant à la préservation du pouvoir d’achat des ménages et à la compétitivité de nos entreprises, il convient de rappeler que le coût de production du nucléaire existant est de 62,6 € par MWh comparativement à une fourchette entre 70 et 80 €/MWh pour les nouveaux champs éoliens financés en partie par la « taxe carbone » prélevée sur le carburant. À ce coût de production, il convient de rajouter le coût de développement du réseau et de gestion de l’intermittence, qui est à l’origine d’une hausse qui ne fait que débuter du TURPE, taxe pour le financement des gestions de réseaux, Enedis et RTE. À titre de comparaison, le ménage et l’entreprise allemands paient leur électricité près de deux fois plus cher que leurs homologues français. Ne pouvons-nous pas conserver une énergie garante d’un prix au consommateur final compétitif ?

Concernant la lutte contre le changement climatique, se démunir d’une énergie décarbonée comme le nucléaire est une hérésie scientifique.

Enfin, concernant la lutte contre le changement climatique, se démunir d’une énergie décarbonée comme le nucléaire est une hérésie scientifique. En prenant le cycle de vie complet, le nucléaire français produit 6g de CO2 par kWh produit contre 11g pour l’éolien, 48g pour le photovoltaïque, 490g pour le gaz et 820g pour le charbon. En Europe, près de la moitié de la production électrique est fournie par des centrales à énergies fossiles. In fine, tant pour compenser la perte globale de production que pour assurer la stabilité du réseau lorsque le vent ou l’ensoleillement est faible (les batteries ne pouvant jouer à cet horizon qu’un rôle marginal de stockage), la France devra importer de l’électricité carbonée. C’est un comble pour le pays se classant actuellement 3e en Europe, derrière la Norvège et la Suède, en matière d’émissions de CO2 pour sa production électrique.

Ainsi, tant pour des raisons économiques, budgétaires, industrielles qu’écologiques, le Président de la République doit revenir à la raison dans l’intérêt supérieur du pays comme de l’Europe en ne reproduisant pas pour les fermetures des prochains réacteurs l’erreur stratégique commise pour la centrale de Fessenheim. Ces réacteurs devront être fermés lorsque la sûreté ne pourra plus être suffisamment garantie selon l’Agence de Sûreté Nucléaire.

Signataires :

Julien Aubert, Député de Vaucluse et Président d’Oser la France ;
Ain (centrale du Bugey) : Damien Abad, Député ; Patrick Chaize, Sénateur ; Jean Deguerry, Président du conseil départemental ; Charles de la Verpillière, Député ;
Drôme (centrale du Tricastin) : Emmanuelle Anthoine, Député ; Alain Gallu, Maire de Pierrelatte et Président de la communauté de communes Drôme Sud Provence ; Marie-Pierre Mouton, Présidente du conseil départemental ;
Indre-et-Loire (centrale de Chinon) : Serge Babary, Sénateur ; Isabelle Raimond-Pavero, Sénateur ;
Haute-Loire : Isabelle Valentin, Député ;
Loiret (centrale de Dampierre) : Jean-Noël Cardoux, Sénateur ; Claude de Ganay, Député ; Serge Mercadié, Maire de Dampierre-en-Burly ; Philippe Thuillier, Maire de Germigny des Prés ;
Nord (centrale de Gravelines) : Jean-Pierre Decool, Sénateur ; Brigitte Lherbier, Sénateur ;
Haut-Rhin (centrale de Fessenheim) : Claude Brender, Maire de Fessenheim, Président de l’ARCICEN et Président de Fessenheim, notre énergie ; René Danesi, Sénateur ; Raphaël Schellenberger, Député ; Catherine Troendlé, Sénateur et Vice-président du Sénat.
Publié par une Tribune collective le 5 mars 2020 dans https://www.lefigaro.fr/


SFEN : Le nouveau nucléaire doit faire partie du plan de relance de l’économie française (CP/12mai2020)

Dans le secteur de l’électricité où les investissements sont les clés du long terme, la réponse de Roosevelt à la crise de 1929 est porteuse d’enseignement dans la mesure où le New Deal « cherchait à piloter ensemble trois horizons d’action : l’intervention d’urgence, la relance, et un profond changement dans le projet de société (relief, recovery, reform) »

Cet avis de la SFEN se concentre sur les deux derniers objectifs : la relance et la transformation.

Troisième filière industrielle nationale, ancrée dans les territoires et exportatrice, l’industrie nucléaire est un des moteurs de la relance. C’est particulièrement vrai du programme de maintenance et d’investissement d’EDF pour la prolongation du parc nucléaire, dit « Grand carénage ». Au-delà des investissements sur le parc, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) 2019-2024 a mis en place un programme de travail destiné à instruire, d’ici mi-2021, l’option de construire de nouveaux réacteurs nucléaires.

Un programme de nouvelles constructions nucléaires :

- Serait un outil efficace pour la relance de notre économie. La construction d’une série d’EPR, infrastructure stratégique, créerait de nombreux emplois à court-terme au sein de la chaine industrielle, avec une part des entreprises françaises estimée à plus de 80 %. Il contribuerait à amortir les effets de la crise d’autres secteurs sur le tissu industriel. Il permettrait de consolider les compétences de la filière, à un moment charnière pour l’industrie avec la mise en service des premiers EPR source de nombreux enseignements, et d’enclencher les effets de série nécessaires pour assurer la compétitivité du nouveau nucléaire français. Ces nouveaux chantiers, avec un des plus faibles taux d’importation, auraient aussi un fort effet entrainement sur le reste de l’économie (en France, chaque euro investi dans le nucléaire génère 2,5 euros dans le reste de l’économie) et plus particulièrement dans les territoires d’accueil. Le programme a déjà franchi plusieurs étapes clefs, pour permettre une décision mi-2021.

- S’inscriraient dans les objectifs de transformation de long-terme du « monde d’après ». L’énergie nucléaire coche trois cases essentielles : elle est un des contributeurs clefs à la réalisation des objectifs climatiques, elle est indispensable pour garantir la résilience de notre système électrique à des chocs futurs, enfin elle est le socle de nos souverainetés énergétique et industrielle. Au-delà, l’industrie nucléaire sera l’alliée des politiques de réindustrialisation, en apportant à la fois de l’électricité bas-carbone compétitive aux usines 4.0, ainsi que ses technologies et ses savoirs faire au service de l’innovation industrielle.

Le choix de l’Angleterre : relance avec le nouveau nucléaire- des EPR

Partant d’une situation analogue à celle de l’Allemagne concernant le charbon et la production électrique, l’Angleterre est en quelques années parvenue à sortir du charbon avec un développement important de l’éolien et du gaz. Sauf que cette situation a conduit à un black-out : le vendredi 9 août, à 16 h 16, le gestionnaire du système électrique britannique communiquait  fièrement que le part de l’éolien dans le mix énergétique britannique atteignait près de 50 %,  une demi-heure plus tard : black-out. Londres et le sud de l’Angleterre, du Lincolnshire, à l’est, aux Cornouailles, à l’ouest, sont touchés par une panne d’électricité géante et près d’un million de britanniques ont été privés de courant ! D’autres catastrophes ont été évitées de justesse.

D’autre part, depuis le coronavirus, l’Angleterre se trouve directement confrontée au problème de l’intermittence des ENR dont l’intermittence ne peut plus être régulée dans une situation de faible consommation ; ainsi, le 24 Mai, le Royaume-Uni payait 39 £/MWh à ses voisins européens pour écouler son surplus d'électricité éolienne…. Et payait également pour importer de l'électricité française, belge ou hollandaise quand le vent ne soufflait pas . Fiasco de l'électricité non pilotable.
A laquelle l’Angleterre va remédier par la construction de nouveaux nucléaire, notamment des EPR-  Deux supplémentaires à  EPR à Sizewell C en Angleterre, pour lesquels EDF-Energte va soumissionner .

A noter qu’en Angleterre, cette politique est soutenue par tout l’échiquier politique, travaillistes comme conservateurs !  

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