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dimanche 22 novembre 2020

Eolien en Mer : les pêcheurs se battent, et ils ont raison

 Pour contexte, Cf. aussi blog précédent :

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/10/eolien-maritime-la-mer-nest-pas-vide-et.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/08/les-plans-delirants-dune-lunion.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/search?q=paroles+de+p%C3%AAcheurs

La parole rare de deux armateurs de Saint-Brieuc

Ils étaient silencieux sur le sujet depuis de longues années. Les deux armateurs Jean Porcher et Émile Éouzan se sont déclarés, ce mardi, fermement opposés au projet éolien en baie de Saint-Brieuc

« Ces éoliennes, on n’en veut pas. C’est tout ! C’est une aberration écologique, proche de la zone Natura 2000, sous le Cap Fréhel. Ça fait 60 ans que la baie est protégée. Ça fait 60 ans que les pêcheurs font leur part, entre les quotas et les zones à respecter. Pour exemple, au Sud-Ouest immédiat des travaux prévus, on a 250 tonnes de raies brunes qu’on n’a pas le droit de toucher. On n’y touche pas ! »

« Ce parc, entre les emplois en mer et ceux qui travaillent à terre, ça va toucher 1 800 personnes. Dont la moitié va rester sur le carreau », estime-t-il. Pourquoi ? Comment ? « Parce qu’on ne pourra plus y pêcher. C’est une petite baie et on l’a vu quand il y a eu les essais de forage : les bateaux rentraient à vide. La ressource s’était enfouie plus profondément qu’à l’habitude. Ou était partie. On ne sait pas. Mais ce qu’on sait, c’est que quand les nuisances sonores et les vibrations se sont arrêtées, tout est rapidement rentré dans l’ordre… »

« Nous, nos gens ne demandent pas d’argent. Juste de pouvoir garder leur travail ! » Dans une zone en marge - et il faut aussi le noter - de la zone britannique des Anglo-Normandes, dans un contexte de Brexit à l’issue toujours aussi flou »

(https://www.letelegramme.fr/bretagne/baie-de-saint-brieuc-deux-armateurs-vent-debout-contre-le-parc-eolien-17-11-2020-12658182.php)

Témoignages devant la Commission Aubert

M. Olivier Becquet,  « Ce parc éolien a été mis en place en plein milieu de la baie de Saint-Brieuc où 290 bateaux travaillent. Cela représente 236 licences de coquilles Saint-Jacques. La baie de Saint-Brieuc est la plus grande baie de France où se reproduisent naturellement les coquilles Saint-Jacques. Nous avons également énormément d’activités autour du bulot, des araignées et du homard.

Lorsque ce parc a été installé à cet endroit-là, ils n’ont pas pensé aux conflits d’usage. C’est de l’éolien posé. Aujourd’hui, on n’a pas de place. On ne peut pas aller ailleurs car la baie de Saint-Brieuc est entièrement exploitée, que ce soit au filet, au chalut ou au casier »

« On se dit que tout ce travail que nous faisons depuis des années, tout ce chiffre d’affaires qu’on remet à l’eau pour pouvoir mieux l’exploiter l’année suivante va nous être enlevé comme cela, d’un claquement de doigts »

« En mars 2017, nous avons ainsi visité le parc de Thannet sur proposition de l’Institut maritime de prévention (IMP) et nous étions une dizaine de pêcheurs. Nous sommes revenus en pleurant : le port de pêche s’est vidé, il n’y a plus que du fileyeur, nous n’avons vu aucun bateau de pêche en activité… Il n’y a plus de filière, plus de criée, plus de jeunes qui entrent dans ce métier. Il ne reste qu’un chalutier qui pêche à la côte des petits naissains de moules, qui sont revendus pour les bouchots. Les éoliennes qui ont été plantées dans un fond accidenté avec une granulométrie variée ont créé une dépression sur la zone de Thannet. Avec une telle turbidité, les espèces ne se reproduisent plus. Les fonds sont devenus plats »

https://vivrelarecherche.blogspot.com/search?q=paroles+de+p%C3%AAcheurs

La justice française inepte

Et pourtant les pêcheurs français ne parviennent pas à se faire entendre des juridictions françaises. Ainsi : « Ce jeudi, à Paris, l’Association pour la protection des sites d’Erquy a une nouvelle fois tenté de faire annuler l’arrêté préfectoral autorisant le projet éolien devant le Conseil d’État. Sans convaincre le rapporteur public.

Comme l’a rappelé, ce jeudi, à Paris, le rapporteur public du Conseil d’État, Olivier Fuchs, le projet éolien de la baie de Saint-Brieuc, est « l’un de projets majeurs offshore de notre pays pour rattraper le retard de la France sur les pays nordiques » Le Télégramme, 12 novembre 2020)

Commentaire : De quel retard s’agit-il ? La Commission Européenne a validé en juillet 2019 des tarifs compris entre 131 et 155 € par MWh pour les parcs éolines français (sauf Dunkerque  (44 € par MWh) . La Commission justifie ainsi ces prix particulièrement élevés :

"Ce soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises : des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux). »

Bon ben si les côtes françaises ne sont pas adaptées à l’éolien off shore, eh ben, il ne faut pas en faire !!Non ?

Mais surtout au nom de quoi, de quelle compétence la justice française se permet-elle de se prononcer sur le fond de la politique énergétique et sur la pertinence climatique et économique de l’éolien (qui rappelons-le augment et non dilinue les émissions de C02 par rapport au mix existant, au rebours de tous les experts sérieux, tels Jean-Marc Jancovici ?

Mais il y a bien longtemps que personne ne peut plus prononcer sans rire « J’ai confiance en la justice de mon pays »… De là à la mépriser, il n’y a pas loin.

Faute de se faire entendre au niveau français et face à une telle menace de destruction de leur métier et de leur cadre de vie, les pêcheurs et population  font flèche de tout bois et tentent de se faire entendre ailleurs .Ainsi :

Eolien en mer : les pêcheurs du Tréport portent plainte à Bruxelles

En mai 2019, la coopérative des artisans pêcheurs du Tréport (CAPA) a porté plainte auprès du Parlement européen. A ses côtés, deux autres associations de pêcheurs normands et ligériens ont également porté plainte. Les artisans pêcheurs dénoncent notamment les projets de parcs éoliens concernant Dieppe-Le Tréport, Fécamp, Courseulles, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire et Yeu-Noirmoutier. « Tous ces projets français d’éolien en mer sont envisagés en plein cœur de zones dynamiques de pêche côtière » résument les pêcheurs dans leur communiqué et selon eux, ces projets risquent de détruire les écosystèmes. : « Les marins-pêcheurs français rappellent à leurs élus que l’implantation d’un parc éolien en mer signifie la destruction définitive des fonds marins, l’asphyxie de la vie marine, une pollution chronique à l’aluminium, une pollution sonore permanente, la propagation d’infrasons, de basses fréquences, la création de champs électromagnétiques, des centaines de kilomètres de câbles électriques, des empilements de roches, etc ».

Donc, le Collectif  Pêcheurs Artisans ont déposé un recours devant le Tribunal de l’Union européenne demandant l’annulation de la décision de la Commission européenne du 26 juillet 2019 autorisant 20 milliards d’euros d’aides à ces six projets. Pendant toute la durée de ce recours, l’engagement des travaux de construction de chacun des six projets est illégal.

Le Collectif rappelle que « par ailleurs, il est aujourd’hui incontesté que ces six projets d’éolien en mer côtière ne contribueront pas à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils ne serviront pas non plus à lutter contre le réchauffement climatique. »


Le colloque au Parlement Européen, « Les pêcheries et l’éolien en mer peuvent-ils coexister ? » (22 janvier 2020)

Le Collectif Pêcheurs Artisans s’est regroupé avec des leurs homologues belges, allemands, néerlandais du collectif EMK et a réussi à monter un colloque européen sur le théme « Les pêcheries et l’éolien en mer peuvent-ils coexister ? » sous le patronage du vice-président de la commission Pêche, le député européen Peter van Dalen (NL-EPP).

Témoignages de pêcheurs déjà confrontés aux parcs éoliens  :

Job Shot , président d’EMK : « Des éoliennes néerlandaises, allemandes et britanniques nous chassent du sud de la mer du Nord. (…) Ils prétendent que la zone autour des éoliennes crée une sorte de paradis de la biodiversité. C'est exactement le contraire. Ce sont des zones mortes…

Avec ce qui est construit ou décidé en Mer du Nord, 25% des zones traditionnelles de pêches sont déjà occupées…Il faut comprendre que nous sommes chassés de la mer. Il ne nous reste presque rien au sud de la mer du Nord. Ce sont des espaces où nous avons toujours pêché de génération en génération. Pendant combien de temps encore pourrons-nous déguster du poisson frais dans notre assiette ? »

 

Jaap à Stellendam « Nous sommes en train de nous faire exclure de la mer. Le domaine dans lequel nous pouvons travailler devient de plus en plus petit. Nous pouvons tous voir ce qu'il advient du poisson lorsque les éoliennes sont en place ; »

Steve à Ramsgate « Pour une raison quelconque, je ne sais pas ce que c'est, mais il n’y a pas de poissons dans le parc éolien. Cette zone est pratiquement stérile. (…) La région était autrefois un lieu de pêche privilégié. »

 

Olivier Becquet, Le Tréport: «  L’expansion actuelle des parcs éoliens extracôtiers ne devrait pas se poursuivre avant que la recherche n’ait permis de trouver des réponses aux nombreuses lacunes en matière de connaissances. »

 

Commentaire : ben oui, c’est quand même curieux ces écologistes qui envoient balader le principe de précaution

Avis des experts :

Luca van Duren, Deltares : Il insiste sur le fait qu’il existe un « effet Chaine » dans les perturbations, eu que ce n’est pas du tout la même chose d’avoir une éolienne isolée ou d’immenses parcs à proximité les uns des autres. : « Le développement de l’éolien à grande échelle impose de comprendre les effets des changements dans la physique des écosystèmes. Les turbulences importantes produites par les éoliennes entraînent des changements de vent provoquant des modifications dans la vitesse et la direction des vagues. Dans les parcs éoliens allemands, on observe une diminution de la stratification de la colonne d’eau et une augmentation de la turbidité entraînant une diminution de la production d'algues etc. Il est indispensable de développer des programmes internationaux pour réduire les incertitudes de ces effets à long terme. »

Thierry Ruellet , GEMEL, Chercheur en écologie littorale et biodiversité marine : « Remaniement des fonds, panaches turbides, anodes sacrificielles, champs électromagnétiques créés par les câbles, autant d’impacts et d’effets sur les poissons, les mammifères marins, les invertébrés qui demandent à être documentés. » L’impact des anodes superficielles notamment est largement ignoré (valeur typique : 39 tonnes de métaux divers dissous par an pour un parc de 60 éoliennes)




Les autres parties prenantes

Giles Dickson, WindEurope (lobby des producteurs éoliens) : Pour répondre aux plans européens, il évalue la puissance à installer sur le littoral français à 57 GW alors que l’ADEME, dans son rapport de 2017, évalue la puissance installable à 30 GW !  Ainsi la vision de la Commission européenne, assise sur les recommandations de WindEurope, se situe au double des capacités estimées du littoral français par l’ADEME. Pour la France, cette organisation envisage d’installer 57 GW en 2050 soit 7600 éoliennes d’une puissance nominale de 7,5 MW !!

On devine que cela n’a vraiment pas rassuré les pêcheurs présents !

Conclusions :

 - Il manque de nombreuses connaissances au plan environnemental sur les impacts effectifs de l’éolien sur les fonds marins et les écosystèmes. Ces impacts sont différents selon qu’il s’agit de fonds sablonneux, rocheux ou autres, selon qu’il s’agit de zones d’alimentation, de reproduction …

Les études menées à ce jour n’ont pas été exhaustives, ainsi n’en existe-t-il aucune sur les invertébrés sans intérêt commercial direct qui cependant constituent un maillon essentiel de la chaîne alimentaire.

-  Sur de tels projets, la phase la plus impactante semble celle de l’implantation : cependant, la phase préalable a déjà de gros impacts comme on le mesure au Tréport.

Les opérateurs rechignent à se faire imposer quelques solutions techniques élémentaires amoindrissant les impacts telles que : renoncer au battage de pieux (effets dévastateurs sur les vessies natatoires de certaines espèces), renoncer aux anodes sacrificielles, ou implanter des rideaux de bulles.

- Tout donne à penser que, sur un site éolien en exploitation, il se crée un mélange des strates d’eau marine et donc une nouvelle distribution des nutriments, de nouveaux habitats et un avantage donné à des espèces opportunistes.

Quant à l’effet récif avancé par les opérateurs, il n’est pas toujours vérifié. Par contre, la constante toujours vérifiée, c’est une raréfaction grave de la ressource autour des sites éoliens et une baisse drastique des flottes de pêche cf. exemple de Ramsgate (UK).

Le seul point malheureusement déjà documenté au vu de l’expérience, c’est l’ingérence de l’éolien offshore dans l’espace économique et la diminution de la ressource. A quoi s’ajoute le constat que même les solutions techniques amoindrissantes (ex, les rideaux de bulles) sont insuffisantes.

- Il faudrait aussi apprendre à tenir compte des effets cumulés, vue la densité attendue par les pouvoirs publics ou par les opérateurs.

- Les débats dans le cadre des conseils maritimes de façade ont été jugés par de nombreux participants comme étant tout au plus un moyen pour les politiques de gagner du temps et, au bout du compte, de passer en force

Conclusion par le Président Van Dalen : La discussion d’aujourd’hui est le lancement d’un processus. Ma conclusion est que nous avons beaucoup de travail devant nous. Dans ce contexte, Van Dalen a annoncé sa désignation comme rapporteur du Rapport d’Initiative sur « L’impact des parcs éoliens en mer sur les pêcheries » (2019/2158(INI)) en préparation en 2020

Chiche. Nous verrons si les pêcheurs seront mieux entendus au niveau européen. Il le faudra car sans cela, l‘éolien en mer aura disparaitre la pêche côtière.

Or le lobby de l’éolien est extrêmement agressif  cf.Wind europe : “Nous allons devoir approcher différemment la planification de l’espace maritime. Les zones aquatiques doivent pouvoir faire l’objet d’usages multiples…. Pour faciliter le développement des parcs offshore, la Commission Européenne va donc devoir résoudre ce problème en priorité. »

Commentaire : l’éolien off shore, sponsorisée par le lobby gazier aura priorité et on enverra valdinguer protection des paysages, conservatoires du littoral et les autres activités, telles la pêche, le tourisme, la plaisance, les nécessités militaires.

NB : on peut aussi voir Le VENT DU MENSONGE, un film du réalisateur belge Pascal Yernaux, qui illustre le sacrifice de la mer et de la petite pêche côtière sous le couvert de l’écologie et de la transition énergétique en prenant l’exemple du projet éolien d’Engie au Tréport.


mercredi 11 novembre 2020

La dernière (mauvaise) blague belge : la sortie du nucléaire en 2025

 Comme en Allemagne, une décision politicienne absurde !

Mon attention a été attirée par cette expression d’un tweetos belge :

« - Bravo, la Belgique a enfin un gouvernement !

-  Horreur, ce gouvernement décide de remplacer ses centrales nucléaires par des centrales au gaz d’ici 2025!

-  L’UE décide de réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici 2030. Comment on va faire? « 

Excellent résumé !

Donc, durant la sombre nuit du 28 au 29 septembre 2020,  les partenaires de la future coalition fédérale (Gouvernement Vivaldi !) se sont accordés pour une sortie du nucléaire.  Membre de la future probable coalition Vivaldi, Ecolo souhaite que la sortie du nucléaire soit actée et que toutes les centrales soient fermées d’ici à 2025.

La Belgique avait déjà prévu une sortie complète du nucléaire dans une loi datant de 2003, mais qui était restée sans véritables suites. Là, les échéances ont été précisées et rapprochées et l’engagement est ferme, merci pour l’action anticlimatique des écologistes et la démagogie de leurs alliés.

« Le gouvernement reconfirme résolument la sortie du nucléaire… Le calendrier légal de sortie du nucléaire sera respecté comme prévu »

Mais il risque d’y avoir de petits problèmes d’approvisionnement, alors

« Si  à la fin de l’an prochain, il apparaît que la sécurité d’approvisionnement est menacée, le gouvernement se réserve le droit de modifier le calendrier légal afin que deux centrales nucléaires – correspondant à 2 gigawatts – continuent à fonctionner. »

Sortir du nucléaire n’est pas si simple ! La sécurité d’approvisionnement menacée !

Oui, mais il y a un petit problème : « Electrabel a prévenu: fin 2021 pour trancher, c’est irréaliste et trop tardif pour pouvoir prolonger les réacteurs concernés au-delà de 2025 . Une décision sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 doit être prise au plus tard fin 2020. »

De fait, selon le gestionnaire de réseau belge, Elia, sans  les mécanismes de capacités (CRM,  gaz ou charbon ??voir ci après), la capacité de production d’électricité serait trop faible. Une capacité de 3 GW issus du nucléaire devrait être conservée, ce qui correspondrait au maintien de 3 centrales, sans interruption durant l’hiver et moyennant la constitution d’une réserve stratégique.

De fait, la poursuite du nucléaire au-delà de 2025 est revendiquée depuis longtemps par la N-VA. Les nationalistes ont déposé une proposition de résolution qui demande au gouvernement de prendre les initiatives nécessaires « pour ne pas fermer la porte à l’éventuelle prolongation d’un nombre limité de réacteurs après 2025 ».

Mais ça va pas être simple : Le maintien de réacteurs au-delà de 2025 impliquerait de modifier une loi de 2003. Il faudrait en outre mener une consultation publique, comme l’a imposé récemment la Cour constitutionnelle, et réaliser d’importants investissements. « Il s’agit d’un plan ambitieux », a fait remarquer le patron de l’unité nucléaire d’Engie-Electrabel, Thierry Saegeman. Si une telle décision devait être prise, elle devrait l’être avant la fin de cette année.

Alors, les experts ont beau plaider  pour prolonger le nucléaire, il est à craindre que le monde politique belge ne procrastine par lâcheté et rende finalement la décision de poursuivre le nucléaire impossible !

Encore un bel exemple de l’action des  "étrangleurs ottomans" du nucléaire :  ( l’exécuteur du Sultan qui vous étrangle si prestement que vous ne vous en rendez pas compte !.

Donc, en fait, la sécurité d’approvisionnement des Belges est bel et bien menacée à court terme et les conséquences de cette politique irresponsable risquent de se faire sentir prochainement

D’autant que…

Par quoi remplacer le nucléaire manquant et quelles conséquences ?- La sécurité d‘approvisionnement

Eh ben, c’est clair, comme les Allemands, la Belgique veut remplacer son nucléaire par du gaz ! Et  ils ne font même pas semblant de passer par la case à vrai dire inutile et coûteuse ENR, non direct gaz! Ainsi :


« Il y a quelques jours, la société Baliwind obtenait le feu vert de la Région wallonne pour la construction d’une puissante centrale électrique TGV (turbine-gaz-vapeur) dans le zoning de Seneffe-Manage, sur un terrain situé entre la N27 et la N59. La production électrique nette de la future centrale est estimée à 5 133 GWh/an, soit l'équivalent de 26% de la production de la centrale nucléaire de Tihange…. . La centrale évacuera en effet plus d’1,2 million de tonnes de CO2 par an. »

Ah oui, mais la Commission Européenne ne semble pas d’accord avec les solutions envisagées par la Belgique, notamment pour financer son nouveau gaz et assurer sa sécurité énergétique :

« Un rapport sur les projets sélectionnés pour le mécanisme de rémunération de capacité (CRM) est attendu sur la table du gouvernement pour novembre 2021…. la Commission européenne a annoncé le 21 septembre l’ouverture d’une enquête approfondie concernant le mécanisme de capacité belge, ce qui pourrait retarder la publication du rapport. L’exécutif européen entend déterminer si ce mécanisme est conforme aux règles de l’Union européenne en matière d’aides d’État. À titre préliminaire, la Commission a déjà indiqué que la Belgique « n’a pas encore suffisamment démontré ni correctement quantifié les éventuels futurs problèmes d’adéquation des ressources sur le marché belge de l’électricité ».

Coincés entre la démagogie de ses politiciens et  la Commission Européenne, les Belges risquent de connaitre des jours sombres (au sens littéral) et froids !

A moins que, la politique Belge étant pleine de ressources surprenantes pour un observateur extérieur, la région Flandre, apparemment plus rationnelle ne se fasse entendre.

En effet, la sortie du nucléaire  n’est pas au goût de la N-VA. « Ils doivent nous prendre en compte. Si le gouvernement fédéral veut construire des centrales au gaz, il doit demander des autorisations à la Flandre ». La NVA  a bien fait comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de coopérer avec un éventuel gouvernement Vivaldi, préférant s’en tenir à l’accord de coalition flamand. « Nous avons dit que la facture énergétique n’augmenterait  pas et je m’y tiendrai. Je défendrai la facture énergétique des familles, des PME et de l’industrie flamandes » (Porte Parole NVA)

Par quoi remplacer le nucléaire manquant et quelles conséquences ?- les engagements climatiques.

« Remplacer des capacités nucléaires qui émettent 12 grammes g CO2éq/kWh (NB 6 g CO2éq/kWh en France en raison des conditions de production)  par des centrales à gaz qui émettent 490 g CO2éq/kWh aura un impact sur les émissions de CO2 !

Le rapport d’Energyville, un projet collaboratif de recherche flamand, montre une hausse des émissions de CO2 : « Une prolongation de 10 ans de l’exploitation de deux réacteurs réduirait les émissions de CO2 du secteur électrique de 25 millions de tonnes sur la période et une prolongation de 20 ans, de 45 millions de tonnes ».

Elia, le gestionnaire du réseau, prévoit une augmentation de la demande en électricité jusqu’à près de 6 TWh supplémentaires d’ici à 2030 ainsi qu’une augmentation des importations de 15 à 40 TWh. Le bilan carbone des énergies importées variera fortement selon la provenance, par exemple, lundi 05 à octobre à 18h, les émissions de l’électricité produite en France, qui s’appuie sur le nucléaire et les renouvelables, étaient de 52 gCOeq/kWh contre 389 gCOeq/kWh pour les Pays-Bas et 301 gCOeq/kWh pour l’Allemagne, qui s’appuient sur les énergies fossiles[et les renouvelables. »

Commentaire : ben si les Belges comptent sur le nucléaire français pour se décarbonner, eh ben, il va falloir fournir et pas diminuer mais augmenter notre production nucléaire.

Approfondissement 1 : Bref historique de la sortie du nucléaire belge

« Le 1er octobre, le nouveau gouvernement fédéral a prêté serment 493 jours après son élection. Composé d’une coalition de sept partis politiques, il s’est notamment engagé à respecter le calendrier de sortie du nucléaire voté il y a presque 20 ans. Cette décision, portée par les écologistes belges, en plus d’être un non-sens climatique, menace aujourd’hui la sécurité d’approvisionnement du pays.

La sortie du nucléaire a été portée par les élus du parti « Ecolo » en 2003, lorsqu’ils faisaient partie du Gouvernement Verhofstadt I, notamment Olivier Deleuze, ex-directeur de Greenpeace Belgique (1989), alors Secrétaire d'État à l'Énergie et au Développement durable. La loi prévoyait alors l’arrêt des premiers réacteurs en 2015 après 40 ans d’exploitation : Doel 1&2 et Tihange 1. En 2009, le gouvernement d’Herman van Rompuy décide de prolonger l’exploitation de ces trois réacteurs nucléaires à 50 ans (accepté par le Parlement en 2015). Au sein de la coalition de 2020, on trouve les deux partis écologistes et antinucléaires belges « Ecolo » et « Groen » avec Tine Van Der Straeten (Groen) comme ministre de l’Énergie et Zakia Khattabi (Ecolo) au ministère de l’Environnement et du Climat. La sortie du nucléaire pour 2025 est maintenue mais les incertitudes sont encore nombreuses.

Le nucléaire en Belgique représente la moitié de la production électrique avec sept réacteurs à eau pressurisée répartis sur deux centrales nucléaires : Tihange et Doel. Pour pallier l’arrêt du nucléaire, le gouvernement souhaite soutenir la construction de nouvelles centrales à gaz et pour cela, le 4 avril 2019, la Chambre des représentants a adopté une loi destinée à subventionner les centrales électrogènes à gaz. La question de la prolongation de certains réacteurs nucléaires (Doel 3 et Tihange 4) reste pour le moment ouverte mais urgente.

Approfondissement 2 : Remarquable dossier de Foratom sur la sortie du nucléaire Belge

(https://www.forumnucleaire.be/et-apres-2025?gclid=Cj0KCQiAy579BRCPARIsAB6QoIbddZdFTeRilFNK49PVWN5tXeggmWHbpivccmZoH6z_hpKdapFrrH4aAoDEEALw_wcB&gclsrc=aw.ds

Sécurité d’approvisionnement : « Aujourd’hui, notre sécurité d’approvisionnement en électricité est toujours garantie. En moyenne, en 2019, notre mix électrique s’est composé à 48% de nucléaire, à 18% d’énergies renouvelables et à 34% de sources fossiles et autres. En cas de sortie du nucléaire, que ressort-il des études* et des chiffres à propos de notre approvisionnement ?

L’énergie nucléaire produit la moitié de notre électricité, à un coût stable. En fermant nos sept réacteurs nucléaires d’ici 2025, nous renonçons donc à la moitié de notre production d’électricité et à une source d’électricité constante, qui émet peu de CO2, est complémentaire aux énergies renouvelables et assure la stabilité des prix.


Prix de l’électricité : Le Pacte énergétique prévoit un développement massif d’énergies renouvelables. Mais dans le scénario d’une sortie du nucléaire, il y aurait également un recours important au gaz naturel. De nombreux facteurs comme la construction de nouvelles centrales au gaz et des importations plus importantes se répercuteraient sur notre facture d’électricité.

Raisons : 1) -Le coût de production de l'électricité doublera. 2) Le prix du CO2 pourrait décupler. 3) La construction des nouvelles interconnexions entre nos pays voisins doit encore être budgétée. 4) Le coût marginal de production s'envolera. 5) La construction des capacités de remplacement pour compenser la suppression des centrales nucléaires entraînera de lourds investissements. 6) Le coût du gaz grimpera.

Objectifs climatiques : Actuellement, l'énergie nucléaire produit jusqu'à 90 % de l’électricité belge bas-carbone. Elle constitue donc notre principale source d'énergie bas-carbone et la source principale pour relever les défis climatiques. En cas de sortie du nucléaire en 2025, l’énergie nucléaire serait principalement remplacée par des centrales au gaz qui produisent 40 fois plus d’émissions.

La sortie du nucléaire ferait augmenter nos émissions CO2 de 76 % en 2025. Pour sa part, le Bureau fédéral du Plan a calculé qu’en 2030 les émissions de gaz à effet de serre seraient supérieures de 47% par rapport à 2010.

Commentaire : Et vlan pour les objectifs climatiques de l’Europe !

Evolution de la situation : 27 Novembre 20 :

1) Fermeture définitive de  tout le nucléaire : Electrabel avait prévenu  : fin 2021 pour trancher, c’est irréaliste et trop tardif pour pouvoir prolonger les réacteurs concernés au-delà de 2025 . Une décision sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 doit être prise au plus tard fin 2020. « Prenant acte de la volonté du gouvernement de respecter le calendrier de sortie qui prévoit l’arrêt définitif des 7 réacteurs du pays d’ici 2025, Engie, leur exploitant, a fait savoir à son personnel que l’entreprise arrêtait tous les projets visant à prolonger leur durée de vie »

Les étrangleurs ottomans du nucléaire ont bien travaillé !

2) un lobby des ENR irresponsable et avide, et qui ment effrontément : Fawaz AL Bitar, directeur général d’Edora, l’association des producteurs d’énergie renouvelable « En fait la Belgique est depuis longtemps en situation de surcapacité électrique…Prolonger encore de 10 ans les vieilles centrales n’est pas une solution car cela ne ferait que perpétuer cette situation de surcapacité qui empêche le développement des alternatives »

Commentaire : Il y a tellement de surcapacités que la Belgique va s’équiper d’urgence en centrales à gaz, et également mettre en place des solutions de « gestion de la demande ».Ainsi, des  ménages pourraient également participer à « l’effacement diffus ». Il existerait une « réserve citoyenne, où 500.000 ménages seraient rémunérés pour réduire ponctuellement leur consommation électrique lorsque les productions d’électricité sont trop faibles ».

Bienvenue dans un nouveau monde social où les pauvres seront indemnisés pour renoncer au droit de se chauffer et de s’éclairer.

3) mais une forte réaction de la société : Quand on pose clairement et de façon réaliste la question du choix énergétique et de ses  conséquences , les résultats sont sans appel :  seuls 12% des Belges trouve que remplacer les centrales nucléaires par des alternatives fossiles est une bonne idée. -70% veut conserver le #nucléaire après 2025 si ça permet de diminuer les émissions de CO2.



Les Belges correctement informés et confrontés cette fois à une sortie imminente complète du nucléaire et à ses conséquences remettent donc en cause la décsions politicienne prise par leur nouveau gouvernement.

4) Une mobilisation syndicale

Une manifestation en front commun des cadres et des employés d'Engie Electrabel est prévue le jeudi 3 décembre à Doel afin de dénoncer la volonté du gouvernement fédéral de sortir du nucléaire, une décision qui coûtera quelque 7.000 emplois, selon les syndicats.

5) un rebondissement politique possible : la NVA, depuis longtemps opposée à la sortie du nucléaire a saisi l’occasion pour demander un changement de gouvernement, avec un certain enthousiasme :

« Le président de la N-VA, Bart De Wever, veut se débarrasser de la sortie nucléaire, Selon lui, la Belgique deviendra bientôt "le producteur d’énergie le plus polluant d’Europe, après la Pologne" et la fermeture des centrales nucléaires sera accompagnée par "d’énormes hausses de prix" pour les consommateurs et les entreprises et l’incertitude sur l’approvisionnement énergétique.

Bart De Wever propose donc une majorité alternative à la Chambre pour renverser la loi sur la sortie du nucléaire. Selon lui, les partis de la "bulle des cinq" avec laquelle il a négocié une nouvelle coalition fédérale – N-VA, PS, sp.a, CD&V et cdH – sont tous contre la sortie du nucléaire, et il y a donc une majorité à trouver au Parlement. Mais les socialistes et le CD&V sont maintenant dans la coalition Vivaldi avec les libéraux et les Verts.

"J’ai dit 'Gardons les centrales nucléaires ouvertes' et trois secondes plus tard, j’ai eu un accord, ce sont les négociations les plus faciles que j’aie jamais faites", selon Bart De Wever. "On sait que c’est totalement irresponsable, mais on est maintenant entraînés dans l’abîme par les Verts

6) un débat très vif – le nucléaire n’est plus honteux. Du coup, un débat très vif se déroule dans les media et, oh surprise, ce sont les pro-nucléaires qui sont à l’offensive et les écolos bigots antinucléaires qui sont à la peine, comme en témoigne cette tribune libre remarquable de Pierre Goldschmidt, ancien directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique dans la Libre Belgique

https://www.lalibre.be/debats/opinions/voici-pourquoi-il-ne-faut-pas-sortir-du-nucleaire-5fbf6cb27b50a65ab1a0d3bb

Extraits : « Voici pourquoi il ne faut pas sortir du nucléaire.

« Les citoyens belges paieront les conséquences de l’arrêt du nucléaire. Nos politiques auront-ils le courage de prolonger l’exploitation de Doel 4 et Tihange 3, et ainsi de privilégier la décision la plus favorable aux citoyens et à la Belgique de demain ?...

En partant de l’hypothèse que tous les projets actuels d’installation d’éoliennes offshore et onshore seront réalisés d’ici 2030, il est facile de démontrer qu’en ne prolongeant pas l’exploitation des centrales de Doel 4 et Tihange 3 :

 1. Elles seront remplacées par des centrales à gaz subsidiées par l’État (via le mécanisme de rémunération de capacité) entraînant un relâchement supplémentaire de 5 millions de tonnes de CO 2 par an dans l’atmosphère, soit 100 millions de tonnes de CO 2 en vingt ans….

2. Nous serons avec la Pologne le pays ayant la proportion d’électricité produite à partir de combustible fossile la plus élevée d’Europe, et le seul pays dont la production d’électricité augmentera ses émissions de CO 2 par rapport à aujourd’hui….

3. Notre sécurité d’approvisionnement sera diminuée notamment du fait d’une dépendance accrue des importations de gaz naturel et d’électricité.

4. Le coût de la production d’électricité sera encore plus élevé qu’aujourd’hui, alors que, comme l’indique la Creg, le prix de l’électricité résidentielle a augmenté entre 2007 et 2019 de 100 % en Flandre, 40 % à Bruxelles et 64 % en Wallonie, faisant de la Belgique un des trois pays dont les tarifs sont les plus hauts d’Europe.

La bataille de Belgique est engagée, entre la rationalité scientifique, technique, climatique, économique, environnementale et l’idéologie anti progressiste et antinucléaire des écolos bigots qui ont imposé leur programme à un gouvernement mal né. La science et le bon sens auront-ils raison de la démagogie, de la l’ignorance et des combines politiciennes ?

Quelle qu’en soit la conclusion, ce qui se passera outre-Quiévrain est important. Il est bien tard pour renverser une situation bien compromise, mais c’est encore possible. Cette bataille de Belgique doit cependant nous servir d’avertissement : A force d’avoir le nucléaire honteux, de ne pas défendre sur des bases scientifiques et rationnelles le choix du nucléaire pour lutter contre le dérèglement climatique tout en conservant une énergie abondante, pilotable et économique sans laquelle nous allons droit ers l’effondrement de nos sociétés, les adversaires de la science et du progrès  des décisions aberrantes et dangereuses finissent par imposer des décisions absurdes et dangereuses pour nos sociétés, pour la planète et pour l’humanité.


samedi 7 novembre 2020

Rôle possible du nucléaire dans le futur mix énergétique néerlandais

Septembre 2020 . Rapport au Parlement néerlandais. Version intégrale (POSSIBLE ROLE OF NUCLEAR IN THE DUTCH ENERGY MIX IN THE FUTURE 1st September 2020)

“Le Parlement néerlandais s’intéresse particulièrement à la position actuelle des organisations internationales  concernant l’énergie nucléaire et au sens  qu’il faut donner à des expressions comme « des coûts et des calendriers toujours croissants pour la construction de centrales nucléaires ». Ce rapport vise à donner un aperçu des différents aspects de l’énergie nucléaire et de son rôle possible dans le mix énergétique néerlandais en 2050. Une série de questions portant sur des aspects spécifiques a été identifiée, les réponses à ces questions visent à établir une vue d’ensemble et à aider à comprendre les enjeux. »

Cf aussi un tweet de ouinuc https://twitter.com/ouinuc/status/1322563470055952390?s=09

Conclusion :  Le nucléaire est une énergie sûre, pilotable et à faible empreinte carbone, capable de fournir un flux continu et sécurisé d’électricité pour les générations à venir.

« D’après les informations recueillies pour le présent rapport et l’analyse entreprise, plusieurs conclusions pertinentes pourraient être tirées. Le nucléaire est une énergie sûre, pilotable et à faible empreinte carbone, capable de fournir un flux continu et sécurisé d’électricité pour les générations à venir. Pendant plusieurs décennies, l’énergie nucléaire a été l’une des sources d’électricité les moins chères et  c’est bien toujours le cas pour les unités aujourd’hui  en fonctionnement. Comme le montrent de nombreuses études internationales, la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires en exploitation est  de toutes les alternative disponible celle qui  réduit les émissions de CO2 au coût le plus bas. »

Le nouveau nucléaire(EPR) : les risques seront maitrisés

« La principale question aujourd’hui reste l’économie du nouveau nucléaire

Après les accidents survenus à Three Miles Hihgland  aux États-Unis en 1979 et en URSS à Tchernobyl en 1986, aucune nouvelle centrale nucléaire n’a été commandée aux États-Unis et en Europe occidentale. Après 20 ans sans nouvelles activités de construction, de nouveaux projets de construction ont été lancés en Finlande (2005), en France (2007) et aux Etats-Unis (2013). En raison de problèmes intrinsèques à la conception de nouveaux prototypes  (FOAK, first of a kind) et de la perte d’expérience en matière de construction et de réglementation, ces projets ont été confrontés à d’importants retards de construction et à des dépassements de coûts. Les leçons tirées de l’expérience européenne et américaine ont été adoptées pour la construction en Chine ou en Corée du Sud. Le cas  Chinois (EPR de Taishan) nous montrent que ces problèmes de construction sont solubles, ce qui permet réduire considérablement, voire de supprimer  les dépassements de temps et de coûts.

Si un pays comme les Pays-Bas choisissent une usine d’un nouveau prototype auprès d’un fournisseur expérimenté, on peut maintenant s’attendre à ce que les risques de retards majeurs dans la construction et de dépassements de coûts soient limités. L’élément important reste la préparation du projet, c’est-à-dire que suffisamment de temps  soit consacré au développement du projet, à l’ingénierie détaillée et à l’octroi de licences, de sorte qu’aucune surprise ne surgisse pendant la phase de construction. »

Commentaire : Taishan : le retour d’expérience déjà à partir de 2 réacteurs réduit consiudérablement les délais et donc les coûts.

« La construction d’EPR à Taishan a été remarquable pour tester avec succès de nouvelles techniques de construction. D’importants gains sur la voie critique ont été réalisés sur  l’installation du revêtement de confinement, le levage du dôme de confinement et le soudage du circuit primaire. La construction de deux unités sur le même site a également permis d’optimiser les ressources de construction, tant les travailleurs que l’équipement.  L’organisation du site a permis de passer d’un réacteur à l’autre, pour faire face aux goulots d’étranglement de la construction.  Les leçons apprises lors de la mise en service de l’unité 1 ont entraîné une période de mise en service considérablement plus courte pour l’unité 2 »

Commentaires : les difficultés de l’EPR de Flamanville et de celui d’Olkimuoto s’expliquent par une conjonction de facteurs : long laps de temps sans construction de centrale, effet prototype ( les dépassements de Flamanville n’ont pour un projet prototype de cette ampleur rien d’exceptionnel ; rôle de l’ instabilité politique et régulatoire pour Olkiluoto.

« Une comparaison intéressante des différents facteurs influençant les coûts de construction des centrales nucléaires pourrait être faite. Comme prévu, le FOAK et NOAK (First of a Kind ; Not First of a Kind) sont le principal moteur, y compris le niveau de développement associé de la conception et similaires. Des facteurs de réductions de coûts importantes sont la stabilité réglementaire, la chaîne d’approvisionnement expérimentée ainsi qu’une surveillance rigoureuse par le propriétaire/exploitant, les éventuels litiges »

Des solution innovantes pour le financement

Un autre obstacle économique lié à l’utilisation de l’énergie nucléaire est le coût du financement. Le long lapse de temps de l’ouverture du projet à l’exploitation de la centrale, conjugué aux conditions d’un marché déréglementé et des incertitudes sur le prix futur incertain de l’électricité entraînent un coût du capital plus élevé que pour les unités dont le volume d’investissement est plus faible. De nouvelles approches sont utilisées par les gouvernements pour réduire les risques financiers potentiels, en utilisant différents mécanismes, c’est-à-dire le modèle RAB (Regulated asset‐based) ou en mettant en place (partiellement) des véhicules spéciaux appartenant à l’État qui peuvent accéder à des coûts d’emprunt extrêmement faibles. Bien que des mécanismes de soutien similaires soient également adaptés aux ERV(Energies Renouvelables Variables), de telles approches sont encore beaucoup plus importantes pour le nucléaire, parce que la contribution des coûts de financement au LCOE est beaucoup plus élevée.



Commentaires : Une part importante du coût du nouveau jucléaire est le financement. Il peut être considérablement réduit par des stratégies dapatées.

LCOE du  nouveau nucléaire : LCOE et LCOE* (tenant compte des coûts systèmes)

On peut s’attendre à ce que le LCOE pour une centrale nucléaire de type EPR  aux Pays-Bas (en 2040) soit de 72 €/MWh). Cette LCOE est 40 % plus élevée que la LCOE pour l’éolien off-shore, par exemple, mais il est imporant de considérer que, dans ce chiffre, les coûts système ne sont pas pris en considération. Étant donné que l’énergie nucléaire est une source d’électricité pilotable et que l’énergie éolienne et solaire ne le sont pas, les coûts du système pour l’énergie nucléaire sont inférieurs à ceux des deux autres. Grâce à cette correction des coûts du système, la LCOE* (LCOE tenant compte des coûts systèmes) pour les nouveaux nucléaires est de 74 €/MWh (gamme d’incertitude 56‐111 €/MWh) par rapport à l’éolien offshore 85€/MWh (gamme d’incertitude 64‐128 €/MWh). En outre, il convient de souligner que le calcul de la LCOE (et de la LCOE*) suppose un WACC (coût moyen pondéré du capital) différent pour le nucléaire par rapport à l’Energie Variable : 7 % pour le nucléaire et 4,3 pour les ERV.

Avec de nouvelles approches, où le coût du financement du nucléaire serait considérablement réduit,(c’est-à-dire avec  des règles du jeu équitables), l’avantage sur le plan des coûts du nucléaire est encore plus grand. Comme le montre l’analyse de sensibilité, tout en supposant un WACC de 7 % pour le nucléaire et l’ERV, la LCOE pour le nucléaire, même sans tenir compte des coûts système, est au même niveau que l’éolien offshore. Corrigé pour les coûts du système, le nucléaire peut plus que rivaliser avec les ERV, et pourrait être déployé avec succès pour maintenir un réseau stable et fiable.

Pour toutes les sources d’électricité à investissement élevé (nucléaire, éolienne, solaire photovoltaïque, charbon, etc.), il est important qu’une unité de production soit opérationnelle pendant un nombre suffisant d’heures, afin de générer les revenus pour rembourser l’investissement. Pour cette raison, les centrales nucléaires (futures) seraient mieux déployées (économiquement) tout en fonctionnant à une capacité de 75 % en mode de charge de base, ce qui rendrait le reste de la capacité disponible pour répondre aux besoins du réseau à moyen et long terme et/ou pour produire de l’hydrogène vert.

Commentaire : pour le calcul du LCOE, voir fin de page Point sur le LCOE et le LCOE*

Les coûts systèmes à rajouter au LCOE (coût d’équilibrage :  stockage, gestion de l’intermittence, coût de profit : tenant compte de la valeur de l’électricité délivrée sur le marché, Coûts d’adaptation du réseau ). Ces coûts dépendent fortement de la pénétration des ERV sur le réseau.

Commentaire : Le LCOE sans les coûts systèmes

L’intérêt des Small Modular reactors

Les difficultés croissantes dans le financement de la construction de grands réacteurs GEN III, conjuguées à la nécessité d’une production pilotable à faible émission de carbone, stimulent la politique et l’intérêt des investisseurs pour les SMR (Small Modular Reactors). Ce type de réacteur nucléaire pourrait être financé plus facilement et repésenter un fort atout supplémentaire pour la fission nucléaire. Les SMR sont beaucoup plus petits et de puissance plus faible  (jusqu’à 400 MW) que les réacteurs existantes et sont destinés à être construits de manière modulaire. Même si le coût moyen d’investissement par unité de capacité (MWe installée) est comparable (ou supérieur) à celui des grands réacteurs conventionnels, la taille plus petite du projet et les délais plus courts des SMR promettent de faciliter le financement. La conception modulaire et la construction d’usines atténuent le risque de gestion de projet, qui est l’obstacle le plus important au financement des projets nucléaires GEN III.

Plusieurs designs de SMR présentent des avantages inhérents à la sécurité, ce qui pourrait faciliter les licences et améliorer l’acceptation sociale. Contrairement à l’appétit d’investissement privé hésitant pour les grands réacteurs GEN III dans les conditions financières actuelles, les RSM attirent un capital-risque privé considérable pour la R&D. Les petits et moyens réacteurs permettent un investissement plus progressif, permettent de mieux répondre aux besoins du réseau et sont plus facilement adaptés à d’autres usages , notamment le chauffage urbain, la production industrielle de chaleur ou d’hydrogène. Néanmoins, aucun des modèles SMR n’a encore atteint la maturité commerciale.

Performance climatique, sureté du nouveau nucléaire, problème résolu  des déchets

L’énergie nucléaire n’émet pratiquement aucun gaz à effet de serre. La chaîne d’énergie nucléaire complète, de l’extraction de l’uranium à l’élimination des déchets, en passant par la construction de réacteurs et d’installations, n’émet que 2 à 6 grammes de CO2 par kilowattheure. C’est encore moins que l’énergie éolienne et solaire, et jusqu’à deux ordres de grandeur en dessous du charbon, du pétrole et du gaz naturel.

Les grandes centrales nucléaires GEN III ainsi que (certains) des concepts de SMR sont « intrinsèquement sûres », c’est-à-dire la permettent la minimisation des accidents et l’exclusion des conséquences hors site, même dans les cas où un accident hypothétique se produit. Le déploiement de ces réacteurs permettrait la construction également dans des pays très peuplés, sans préoccupations significatives concernant la sécurité par la population située dans les environs.

D’importants progrès ont été réalisés dans la gestion des déchets radioactifs de forte radioactivité et  de longue durée. L’élimination dans des conditioonements spéciaux ( vitrification, acier, ciment) dans des couches géologiquement stables dans le sous-sol profond est internationalement considérée comme une solution sûre. Des exemples réussis  existent déjà dans les pays nordiques. La non-prolifération est contrôlée au niveau international par l’AIEA et dans l’UE, par les propres régles de l’Union Européenne.

Il revient  à chaque pays d’équilibrer les inconvénients et les avantages du nucléaire. Le nucléaire ne doit pas être considéré comme étant en concurrence avec des sources d’ Energies Renouvelables  Variables, comme l’énergie éolienne ou solaire

Néanmoins, comme la réduction des émissions de carbone devient une priorité politique et publique, les sources nucléaires et renouvelables pourraient avoir un rôle beaucoup plus important à jouer. Le problème est qu’aucune source « renouvelable » n’a été démontrée avoir la capacité de fournir l’électricité « de base » en tous temps pour remplacer les grandes centrales à combustibles fossiles. Compte tenu de la discussion ci-dessus et dans les limites de cette étude, un rôle possible du nucléaire dans le mix énergétique pour les Pays-Bas au-delà de 2030 est discuté ci-dessous.

Rôle possible du nucléaire dans le futur mix énergétique néerlandais .

« Le nucléaire est une technologie de production à investissement élevé et à faible coût. Si pour des raisons économiques et non techniques, les centrales nucléaires ne doivent pas être utilisées comme unités « Peaker », l’expérience d’EDF montre que les réacteurs nucléaires peuvent être utilisés en mode  de suivi de charge. Dans la voie vers un système énergétique décarboné, le nucléaire pourrait avoir un rôle important à jouer, en complétant les Energies Renouvelables  Variables comme le solaire photovoltaïque, l’éolien terrestre et offshore, dans les scénarios d’utilisation suivants :

- Pleine charge : dans cette option, les centrales nucléaires fourniront une part importante de la production de charge de base requise. Comme le nucléaire peut fournir l’énergie nécessaire d’une manière stable (indépendamment des conditions météorologiques), il est une source d’énergie rentable et fiable. Un autre avantage est que l’utilisation des terres pour les centrales nucléaires est négligeable. Le nucléaire est de loin le moyen le plus concentré de produire de l’électricité.

- Pour partie Pleine charge/Suivi de charge: Le nucléaire est une source pilotable et est techniquement capable d’équilibrer la puissance du réseau électrique. Il est important que la pilotabilité ne compromette pas le facteur d’utilisation des unités. Dans un mix de système électrique ne contenant que des Energies Renouvelables  Variables et des « peaker », l’utilisation des ERV sera nettement inférieure à 100%. On s’attend à ce que dans le système électrique dominé par les ERV, les centrales nucléaires fonctionnent économiquement  lorsqu’elles fonctionnent entre 75 et 100 %, ce qui se traduira par un facteur de capacité effectif de 75 % à 95 %. D’un point de vue économique, une telle opération pourrait être plus bénéfique que la première, selon les décisions sur la façon de maintenir la stabilité du réseau dans un mix énergétique ERV élevé. L’avantage pour l’utilisation des terres est similaire à la première option.

- Pour partie pleine charge/Production d’hydrogène vert pour le secteur des produits chimiques et des transports : Dans le secteur de l’électricité, une certaine décarbonation a été réalisée et elle se poursuit rapidement. Il est important que le secteur des transports suive. Il est raisonnable de penser que l’électrification du secteur des transports commerciaux et lourds sera difficile et que le P2G (Power to Gas) sera la meilleure solution pour parvenir à une décarbonisation majeure dans le secteur des transports. L’hydrogène vert pourrait être produit par les Energies Renouvelables  Variables et par l’énergie nucléaire. Toutefois, pour le nucléaire, les coûts seront réduits en raison des taux d’utilisation plus élevés des électrolyseurs. Comme le montre l’analyse de sensibilité, le taux d’utilisation des électrolyseurs est essentiel pour l’économie de la solution P2G . Le facteur d’utilisation serait significativement plus élevé lorsqu’il serait raccordé à une centrale nucléaire par rapport à celui des ERV car une centrale nucléaire peut fournir l’énergie en continu. Les avantages de cette solution pourraient être une production d’hydrogène vert moins chère en raison du Facteur d’Utilisation plus élevé de l’électrolyseur. L’hydrogène pourrait être utilisé pour stabiliser le réseau, ce qui réduit le besoin d’unités Peaker coûteuses.

Sur la question posée par le Ministère de l’économie des Pays-Bas, sur la question de savoir si le nucléaire pourrait jouer un rôle important dans le futur mix énergétique des Pays-Bas, la réponse est affirmative. L’énergie nucléaire, à la fois les grandes unités et les SMR, par rapport aux Energies Renouvelables  Variables en utilisant les mêmes mesures, est moins chère, capable de livrer de l’électricité dispatchable au réseau (et de stabiliser le réseau en cas de besoin) d’une manière fiable indépendamment des conditions météorologiques, tout en ayant une empreinte terrestre plus faible de plusieurs ordres de grandeurs que toute autre source d’électricité, en particulier, les ERV.

Il y a trente ans, l’adage du gouvernement en matière d’électricité était la diversité des technologies. Dans l’ère actuelle de la transition énergétique, cela reste plus important que jamais. »

Point sur la sécurité : Le nucléaire, la plus sûre des énergies

A propos des EPR et des réacteurs de génération 3, le rapport hollandais insiste aussi sur le coût non négociable de la sécurité :

« Coûts spécifiquement causés par les exigences de sûreté nucléaire : Pour conclure, le coût des exigences de sûreté ne peut pas être clairement séparé des coûts globaux d’une centrale nucléaire. Avec les réacteurs nucléaires, la sécurité est le principe fondamental qui est observé lors de la conception, de la construction et de l’exploitation. Avec des normes de sécurité beaucoup plus élevées en place que toute autre technologie aujourd’hui et avec des exigences de sécurité accrues, l’industrie de l’énergie nucléaire est la production d’énergie pilotable la plus sûre connue de l’humanité aujourd’hui.

Les centrales nucléaires ne sont pas seulement des lieux de travail extrêmement sûrs pour leurs employés ;  l’impact sur la population, même lorsque les accidents et les rejets sont pris en compte sont beaucoup plus faibles que pour toute autre source d’énergie actuellement utilisée. Le chiffre ci-dessus a été élaboré sur la base d’une estimation scientifique réaliste et largement acceptée sur l’impact de divers polluants, y compris les rejets de particules pour, par exemple, le charbon et les doses radioactives et y compris les accidents nucléaires. Contrairement aux « évaluations » souvent citées, le nombre de décès dans l’accident de Tchernobyl, tel que confirmé par diverses enquêtes de l’ONU/UNSCEAR, est de quelques dizaines de décès, avec possiblement dans le futur  jusqu’à une centaines de décès supplémentaires causés par des cancers. » (NB entre 30 et 50 morts à ce jour, possiblement  100-200 morts de cancer dans le futur selon un modèle sans effets de seuil, extrêmement pessimiste et qui ne semble actuellement pas confirmé).


Point sur le LCOE et le LCOE* (tenant compte des coûts systèmes ») :

« Coûts système : Les coûts du système peuvent être divisés dans les  éléments suivants, tels que définis par l’AIE :

 Coûts d’équilibrage : Cela couvre le coût des écarts par rapport à la production prévue et le coût supplémentaire possible pour les investissements dans le stockage et les installations de transport nécessaires pour équilibrer le réseau

Coûts de profit (coûts d’utilisation): La valeur de l’électricité délivée au système électrique sur le marché de l’électricité. La valeur est comparée à une référence commune, comme le prix moyen du marché de l’électricité. Si la technologie gagne moins que le prix moyen du marché de l’électricité, la différence peut être considérée comme un coût (et si la technologie gagne plus que le prix moyen de l’électricité,  cela sera considéré comme un avantage de profil)

Coûts du réseau : Coûts supplémentaires pour l’expansion et l’ajustement de l’infrastructure électrique afin d’alimenter la production d’électricité à partir de la technologie en question. Par conséquent, la valeur du réseau d’une source d’électricité doit être prise en compte. Cela est possible lorsque les coûts du réseau sont ajoutés au coût de production de l’électricité‐LCOE.  Ces coûts dépendent également de la part des Energies Renouvelables  Variables dans le système.

Étant donné que l’énergie nucléaire est une source d’énergie fiable et pilotable, tandis que le photovoltaïque solaire et l’énergie éolienne sont moins fiables et non pilotables, les coûts pour le réseau doivent être pris en compte pour toute comparaison significative. Ces coûts dépendent de la part des ERV dans le système.

Les coûts systèmes des ERV sont importants, généralement au moins un ordre de grandeur plus élevé que ceux des technologies pilotables. Ceux-ci dépendent fortement du pays (de sa  géographie, de l’importance de l’hydroélectricité de la technologie et du niveau de pénétration de l’ERV)

 Une considération très importante est que le déploiement d’une grande partie des sources de production d’électricité variable avec un coût marginal presque nul, a un impact profond sur le fonctionnement des marchés de l’électricité et sur la structure et le fonctionnement de la capacité de production. À court terme, les facteurs de charge réduits (l’effet de compression) et la baisse des prix affectent l’économie de tous les générateurs dispatchables existants. En raison de ses faibles coûts variables, le nucléaire s’en tirera relativement mieux que le charbon ou le gaz. À long terme, la réduction des facteurs de charge rendra plus difficile le financement de la capacité pilotable pour fournir une flexibilité à court terme et une adaptation à long terme au système électrique. 

Le LCOE sans les coûts systèmes : 

Les coûts systèmes à rajouter au LCOE (coût d’équilibrage :  stockage, gestion de l’intermittence, coût de profit : tenant compte de la valeur de l’électricité délivrée sur le marché, Coûts d’adaptation du réseau )