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mercredi 30 juin 2021

Comité de prospective de la CRE- Les énergies marines

Le SER, un lobby efficae à l’œuvre

« Cette année, j’ai confié au groupe de travail « bouquet énergétique », placé sous la présidence d’Hugh BAILEY, Directeur général de General Electric France, et de Marc LAFOSSE, Président d’Énergie de la Lune et Président de la Commission Énergies marines du SER, la difficile mission d’éclairer l’avenir de la filière énergies marines française » (Jean-François CARENCO)

Commentaire : qu’on demande une expertise à des scientifiques travaillant pour les ENR, O.K à condition qu’elle soit contradictoire ; mais que la CRE demande à l’un des principaux dirigeant du lobby des ENR de codiriger un groupe de travail…, c’est un peu embêtant.

« Ce rapport, qui se veut accessible à tous les publics – y compris aux non spécialistes du secteur de l’énergie –, a pour ambition de nourrir le débat public, en s’appuyant sur l’analyse des principaux acteurs, privés, publics et parapublics, de l’énergie en France. Il est rédigé sous la seule responsabilité des deux co-présidents, Hugh BAILEY et Marc LAFOSSE »

Commentaire : donc, on est bien d’accord, il engage pas la CRE !

Parmi les participants et intervenants, que des partisans des ENR, donc pas un bémol ne sera exprimé. Amusant :  on trouve notamment quatre représentants de Naval Energies

Commentaire : Décembre 2020 : « Naval Energies ambitionne de devenir un acteur industriel de référence au niveau mondial de l’éolien flottant. Le dynamisme du marché français permet à Naval Energies de se projeter ambitieusement sur les marchés export »

Février 2021 : Naval Group cède sa filiale Naval Energies, mettant en avant « l'immaturité du marché des énergies marines renouvelables » : « L'éolien flottant représente des investissements considérables pour une rentabilité incertaine, voire inatteignable »

 Les mensonges habituels sur la France en retard…

 « La France possède le deuxième gisement de vent éolien marin le plus important d’Europe, ainsi que la Zone Économique Exclusive (ZEE) la plus étendue après les États-Unis. Un réel potentiel existe en ce qui concerne la production d’EMR dans le pays, bien qu’il soit aujourd’hui largement sous-exploité par rapport à ses voisins européens… plusieurs États au sein de l’Union européenne se sont fixés des objectifs de développement des EMR, là où la France semble restée sur la réserve, alors même qu’elle dispose d’un potentiel bien supérieur »

 Commentaire : C’est faux ! La Commission Européenne a validé en juillet 2019 des tarifs compris entre 131 et 155 € par MWh pour les parcs éoliens français (sauf Dunkerque  (44 € par MWh) . La Commission justifie ainsi ces prix particulièrement élevés :"Ce soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises : des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux). »

Bon ben si les côtes françaises ne sont pas adaptées à l’éolien off shore, faut pas en faire…

 « Proposition n°1 : afficher des objectifs plus ambitieux pour la filière des EMR en adoptant lors de la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en 2023 les objectifs suivants : - éolien en mer : 18 GW en 2035 et 50 GW en 2050 (le potentiel technique exploitable identifié par l’Ademe est de 16 GW pour le posé et 34 GW pour le flottant) »

 Commentaire :  Ça représente de l’ordre de 100 parcs comme Saint-Brieuc ! Il ne resterait rien de ce pays et de ses littoraux. Et puis, bonne chance, hein !

 « Proposition n°2 : la mise en place, après un débat public national associant l’ensemble des parties prenantes, d’une planification nationale maritime engageante à horizon 2050, dont le principe serait inscrit dans la PPE. Ce portage politique pourrait être assuré par le ministère de la Mer….

Le groupe de travail recommande également la simplification des procédures d’autorisation administratives, ainsi qu’une unification des différents essais en mer : - Proposition n°9 : généraliser le modèle de l’autorisation unique mis en place pour les projets d’EMR en Zone économique exclusive (ZEE) à l’ensemble des projets, y compris ceux dans le domaine public maritime. »

 Commentaire : Ben voyons, Open bar pour les margoulins de l’éolien. Wind Europe était plus franc : « Nous allons devoir approcher différemment la planification de l’espace maritime. Les zones aquatiques doivent pouvoir faire l’objet d’usages multiples….Pour faciliter le développement des parcs offshore, la Commission Européenne va donc devoir résoudre ce problème en priorité. »

Autrement dit, pousse-toi de là que je m’y mette ! l’éolien off shore aura priorité et on enverra valdinguer protection des paysages, conservatoires du littoral et les autres activités, telles la pêche, le tourisme, la plaisance, les nécessités militaires.

 Une équation économique très très compliquée, surtout pour l’éolien flottant

« Enfin, l’ultime proposition vise à répondre à l’enjeu du stockage de la surproduction d’électricité des EMR : - Proposition n°11 : coupler la question du développement des EMR avec celle de l’hydrogène »

Commentaire : on sait déjà que cette production éolienne offshore sera excédentaire et lorsque le vent souffle en Europe, l’électricité générée ne vaudra rien, et même moins que rien : elle aura un prix négatif. Et par anticyclone d’hiver et d’été…ben, il faudra trouver autre chose. Alors, du coup, on vous propose de se servir de l’éolien offshore  pour générer l’hydrogène de la façon la plus chère qui soit.  

« L’éolien en mer posé est la technologie la plus aboutie et la plus compétitive. À ce stade, les pays les plus avancés sur les EMR ont axé leur développement sur les éoliennes en mer posées… L’éolien en mer flottant est en pleine expansion, mais pose encore certaines questions. Le premier parc d’éoliennes flottantes en mer, le projet Hywind, a été inauguré en Ecosse en 2017 par les sociétés Statoil et Masdar. Sa capacité de production est de 30 MW. Un autre parc éolien flottant, WindFloat Atlantic, a été mis en service fin juillet 2020 au Portugal. Ses trois éoliennes sont composées des plus grandes turbines au monde sur plate-forme flottante, et ont une capacité installée totale de 25 MW.”

Commentaire : merci de cet aveu ! Car justement, en France, il faut, compte-tenu des côtes, quasi-exclusivement de l’éolien flottant…On est donc pas si en retard…Et il reste effectivement beaucoup de questions

« Trois principales raisons expliquent le niveau élevé de risque des projets d’EMR : - à l’exception de l’éolien en mer posé, le niveau de maturité des différentes technologies n’est pas encore optimal, ce qui se traduit à la fois par des incertitudes sur la réussite des projets et par des coûts de production élevés (malgré un coût en baisse pour l’éolien notamment posé) ; - tous les types de projets ont été touchés par des sinistres importants ; - le retour sur expérience est encore faible ce qui limite les possibilités de modélisation et se traduit par la prise de marges plus importantes par les financeurs et les assureurs…Les assureurs considèrent les projets d’EMR comme des projets à « risques aggravés ».

Commentaire : encore une fois, merci de cet aveu…On comprendra que vous aurez besoin de l’aide de l’Etat, pour vos projets si merveilleux… De beaucoup d’aide..

Pour mémoire, JMJ, soit  Jancovici  ( Fondation Nicolas Hulot, X-environnement, Shift Project, Haut Conseil pour le Climat…). Extrait de son exposé devant la Commission Aubert :

« L’éolien offshore aujourd’hui, c’est 25 milliards d’euros qui vont partir dans ce dispositif qui a encore moins d’intérêt que l’éolien terrestre. S’il y a un truc qu’il faut arrêter tout de suite, c’est bien ça ! Avec ces 25 milliards d’euros vous avez de quoi payer 6000 euros de prime de conversion du fuel en pompe à chaleur aux quatre millions de ménages français qui sont chauffés au fuel, qui sont souvent des ruraux, souvent précaires. Qu’on augmente mon taux d’imposition pour ça, moi je veux bien ! Mais qu’on me prélève un centime de plus pour payer l’éolien offshore, ce truc de Shadock »

« La part du raccordement dans le coût complet des projets éoliens en mer va augmenter. Aujourd’hui, concernant le raccordement, le volume d’investissements en portefeuille en phase de réalisation s’élève à 1,2 milliards d’euros, montant équivalent à celui du volume d’investissements en portefeuille en phase de développement. À l’avenir, les projets vont changer d’échelle et passer d’une moyenne de 500 à 600 MW à 1 GW. Par ailleurs, les parcs éoliens en mer ont tendance à s’éloigner de plus en plus des côtes. La zone maritime retenue pour le 4ème appel d’offres se situe à 70 kilomètres des côtes alors que pour les projets précédents elle était plutôt à 30 kilomètres. La combinaison de ces deux éléments entraînera une hausse du coût du raccordement. Actuellement, le raccordement représente entre 15 et 20 % du coût d’un parc. Les premiers raccordements sur le 1er et le 2nd appel d’offres coûtent un peu moins de 550 k€/MW, sans la plateforme et près de 800 k€/MW avec la plateforme. Pour le 4ème appel d’offres, le coût du raccordement s’élèvera à environ 1 milliards d’euros et le renforcement terrestre nécessaire représentera entre 50 et 100 milliards d’euros »

Commentaire : ah ben dites, ça tombe bien que le gouvernement ait justement récemment décidé de prendre ces frais de raccordement à sa charge, c’est-à-dire à celle du contribuable, au mlieu de la laisser à l’exploitant, comme c’était le cas auparavant.

« L’acceptabilité des énergies marines renouvelables fait encore débat notamment pour les riverains, les défenseurs de la biodiversité et les pêcheurs »

Commentaire : ben oui ! d’où de discrètes avancées législatives comme la  loi du 7 décembre 2020 d’accélération et de simplification de l’action publique (dite loi « ASAP ») qui permet notamment d’autoriser le ministre chargé de l’énergie à lancer la procédure de mise en concurrence avant la fin du débat public ou de la concertation préalable.

Décidément, le lobby des margoulins de l’éolien est très efficace. Merci à la CRE de lui avoir prêté la main !



lundi 28 juin 2021

Nouvelles de la taxonomie-juillet 2021

1) Résumé de la situation

La Commission européenne travaille sur une taxonomie verte, c’est-à-dire une sorte de labellisation destinée à guider les investissements financiers vers les secteurs et les activités les plus appropriés pour atteindre les objectifs climatiques de l’Europe, la transition vers une économie bas-carbone et un modèle de développement durable.

Dans une première version (premier acte délégué), le nucléaire est exclu de la taxonomie. Ce n’est, sous l’influence d’une Allemagne très combative, qu’un moyen très efficace d’étrangler le nucléaire en  le privant de financements à taux privilégiés ainsi que de l’accès au financement européen des plans de relance.

Exclure l’énergie nucléaire de la taxonomie européenne conduirait à fragiliser toute une filière (plus d’un million d’emplois en Europe dont 220 000 en France) qui fournit pourtant actuellement près de la moitié de l’électricité à faible teneur carbone dans l’Union Européenne. En outre, les secteurs utilisateurs de cette énergie, notamment les électrointensifs, seraient eux aussi fortement impactés ; les fournisseurs qui feraient plus de 5% de leur CA avec le nucléaire se verraient privés de label vert.

Au-delà, cette décision contrevient au critère de neutralité technologique que la taxonomie devait respecter, elle va à l’encontre de toute rationalité technique, scientifique et économique, elle dénie le droit à chaque Etat le droit de choisir son mix énergétique figurant pourtant parmi les Traités européens.

Devant les protestations d’un certain nombre de gouvernements européens, de syndicats, d‘ONG environnementales pro-nucléaires, la Commission s’est engagée à promouvoir avant la fin de l’année un second acte délégué incluant le nucléaire dans la taxonomie. Mais il semble qu’elle joue à nouveau la procrastination et  revienne sur ses engagements. Le combat pour la rationalité continue !

Pour les épisodes précédents, cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/urgence-nucleaire-et-climatique-alerte.html ; https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/04/dernieres-nouvelles-de-la-taxonomie.html

2) Protestation de la République tchèque, de la Bulgarie, de la Grèce, de Chypre, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Slovaquie au Conseil Environnement et Energie (10-11 juin 2021)

Réflexion sur la taxonomie de l’UE et d’autres mesures possibles :

La taxonomie de l’UE pour les activités durables est une législation ambitieuse renforçant la transparence des flux de capitaux dans les investissements durables. À l’origine, il était destiné à être utilisé uniquement par les marchés financiers. Entre-temps, il est devenu un instrument global qui affecte considérablement la plupart des secteurs de nos économies.

L’Acte délégué sur l’examen des critères techniques pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci était censé fournir un outil complet, scientifique, crédible et ciblé pour une transition durable. Néanmoins, en n’incluant pas toutes les sources d’énergie, il apparait que cette intention n’est pas réellement réalisée.

Conformément au règlement taxonomique, tout au long de la majeure partie du processus conduisant à l’actuel projet d’acte délégué, les États membres ont été impliqués par l’intermédiaire du groupe d’experts des États membres ainsi que des parties prenantes concernées via des consultations publiques. Le sujet est devenu très politisé et extrêmement sensible.

Malheureusement, la phase finale des négociations sur le projet d’acte délégué a apporté des changements substantiels, en particulier en ce qui concerne le secteur de l’énergie. Nous estimons que ces changements de dernière minute ne tiennent pas suffisamment compte des positions des États membres. L’exclusion de certaines technologies énergétiques du projet d’acte délégué ou le report de leur inclusion pourrait entraîner une incertitude assez grave pour les institutions financières, les investisseurs et les entreprises, ce qui pourrait à son tour compromettre la transition énergétique nécessaire dans les années à venir.

En outre, nous pensons que l’exclusion ou le report de certaines technologies en ce qui concerne le projet d’acte délégué n’est pas conforme au principe de neutralité technologique consacré à l’article 19.1 a) du règlement taxonomie, ni à l’exigence énoncée à l’article 19.1 j) selon laquelle les critères techniques couvrent toutes les activités économiques pertinentes dans un secteur spécifique. C’est également un signe du manque d’ambition de l’UE dans l’offre d’une voie de décarbonisation viable tant pour les acteurs du marché que pour les États membres.

Étant donné que la taxonomie en général a un impact significatif sur tous les secteurs de l’économie, nous souhaitons inviter la Commission à proposer un ensemble non seulement ambitieux mais aussi réaliste de critères d’examen technique pour le secteur de l’énergie. En ce sens, nous apprécierions que la Commission informe les États Membres de l’état d’avancement des préparatifs de l’acte délégué complémentaire, qui devrait être publié sans retard inutile.

L’acte délégué complémentaire et la législation qui pourrait l’accompagner devraient tenir compte du fait que les États membres ont des points de départ différents et qu’ils ont l’intention d’utiliser différentes technologies à faible intensité de carbone et à zéro émission de carbone qui impliquent diverses voies de décarbonisation. Il doit donc laisser suffisamment de souplesse pour tenir compte du développement technologique actuel, de l’infrastructure existante et des bouquets énergétiques actuels, tout en offrant des perspectives réalisables pour les sources et technologies énergétiques à faible émission de carbone et à zéro émission de carbone.

Les secteurs économiques et les États membres doivent être habilités, grâce à des critères de sélection adéquats, y compris pour les activités de transition, à s’engager sur des voies de transition progressives et réalisables, conformément aux objectifs définis par l’UE en matière d’énergie et de climat.

Si cette protestation tchèque figure à l’ordre du jour du Conseil de l’Energie du 11 juin 2011, le compte-rendu du lendemain n’en fait semble-t-il aucune mention.

3) Implications de la taxonomie de l’UE pour la transition vers une économie durable - Informations de la délégation tchèque, soutenues par les délégations bulgare, grecque, chypriote, hongroise, roumaine et slovaque-Note au Conseil des Etats

Décidément très active, la République Tchèque a  aussi adressé une note sur la taxonomie au Conseil des Etats. Extraits :

« Dans le cadre législatif actuel, la taxonomie fournit un outil de transparence afin d’empêcher le greenwashing lorsque des produits et services financiers « durables » ou « verts » sont établis et promus. Parallèlement à la directive sur l’information en matière de durabilité des entreprises récemment proposée (révision de la directive sur l’information non financière), elle rendra également l’alignement des entreprises sur les objectifs de durabilité et de climat de l’UE plus visible et plus transparent. 

La taxonomie facilite l’identification des activités qui apportent une contribution positive substantielle aux objectifs environnementaux, tout en ne faisant pas de dommages significatifs dans d’autres domaines environnementaux et en respectant des garanties sociales minimales. Le cadre actuel de la taxonomie comporte plusieurs limites :

- Les critères de taxonomie n’autorisent en fin de compte qu’une approche unique (one size fits all) qui est très controversée en ce qui concerne son efficacité pour  l’atténuation du changement climatique. L’interprétation des activités de transition pour l’atténuation du changement climatique a été trop étroite et n’a pas permis à chaque pays de proposer des voies différentes vers la décarbonation.

- Même si les critères en cours d’élaboration sont censés être  fondés sur l’état de la science et neutres sur le plan technologique, plusieurs critères essentiels sont fondés sur des indicateurs et des mesures qui ne tiennent pas compte de la faisabilité technologique et économique, ce qui entraîne l’exclusion injustifiée de certaines activités de transition.

- L’idée de définir uniquement des activités durables qui contribuent activement à la réalisation d’objectifs environnementaux est largement mal comprise par le public, les décideurs et les entreprises, y compris le secteur financier. Tout ce qui n’est pas inclus dans la taxonomie est généralement considéré comme nuisible à l’environnement. Même si ce n’est pas le cas d’un point de vue juridique, les conséquences pratiques pour les options de financement et d’assurance peuvent être préjudiciables dans de nombreux domaines où une approche individuelle et une évaluation spécifique sont nécessaires.

Nous sommes d’avis que ces lacunes devraient être corrigées et que la taxonomie ne devrait être appliquée qu’en tant qu’outil de transparence. Cependant, la taxonomie devient progressivement une nouvelle norme pour les politiques de l’UE, grâce à sa mise en œuvre progressive par la Commission Européenne. Nous ressentons le besoin d’engager un large débat sur son application en dehors du champ d’application initial. Certaines implications découlent de l’évolution actuelle de la situation.

- Nous reconnaissons pleinement la nécessité de cesser de financer des activités nuisibles à l’environnement conformément au principe « ne pas nuire » (DNSH) du pacte vert pour l’Europe et au principe « ne pas nuire de manière significative » du règlement taxonomie. Toutefois, il est essentiel d’avoir une discussion appropriée sur les limites de l’utilisation des critères taxonomique comme système de référence pour le financement public. Le financement du secteur public diffère à bien des égards du financement privé. La taxonomie n’a pas été élaborée en vue de devenir la seule norme de financement, ni la norme législative.

- Il y a une incohérence dans la façon dont la Commission comprend et applique les critères « ne pas causer de dommage significatif » et, dans certains cas, « contribution substantielle »  se transforme en « seuil obligatoire », ce qui élimine indûment certains investissements ayant des incidences positives sur l’environnement.

- Il est largement reconnu que la taxonomie n’est pas un outil complet pour la transition et qu’elle ne peut pas servir d’indicateur pour la transition énergétique. La transition, du point de vue d’un État Membre, est une question d’interdépendances complexes entre l’économie et les politiques publiques dans une période et un contexte spécifiques, et des voies particulières vers la décarbonation.

- Des investissements transitoires sont nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux en matière d’atténuation climatique. Les approches individuelles adoptées par les États membres devraient être expliquées et comprises, mais ces approches individuelles ne peuvent être mises en œuvre sans une réelle neutralité technologique et une réelle souveraineté sur le bouquet énergétique. Les parcours de transition sont et seront différents selon les États Membres. Nous respectons pleinement nos obligations environnementales, mais nous ne serons pas en mesure de les respecter sans investissements transitoires privés et publics.

Nous demandons à la Commission Européenne et aux États Membres:

-  d’examiner, au niveau des experts appropriés ainsi que dans les forums politiques, les limites de la taxonomie et de ses critères, notamment le  « ne pas causer de dommage significatif » en tant que système de référence pour le financement de l’UE;

-  de reconnaître que la transition ne peut être réalisée avec une approche unique et que la taxonomie doit être un outil flexible pour toutes les voies de transition;

-  d’évaluer les conséquences de l’application pratique de la taxonomie, qui sont déjà plus larges que prévu à l’origine;

- de veiller à ce que les critères de la taxonomie soient fondés sur la science, technologiquement neutres, mais aussi réalistes compte tenu de l’état de la technique dans différents secteurs et États membres.

4) La Roumanie mise sur le nucléaire pour tenir ses objectifs climatiques

Pour la Roumanie, le recours au nucléaire semble la seule voie possible pour décarboner la production d’électricité et fermer les centrales au gaz et au charbon. La Roumanie soutient l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte. La Roumanie fait partie des nombreux pays de l’Est de l’Europe, membres de l’Union Européenne, et qui ont décidé d’investir dans le nucléaire pour tenir leurs objectifs climatiques, aux côtés de la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie.

Pour Teodor Chirica, président du conseil d’administration de Nuclearelectrica, à Bucarest, ce choix d’investissement  dans le nucléaire s’impose pour tenir les engagements de la Roumanie dans l’Accord de Paris :. « Aujourd’hui, on parle de 18 à 20% de nucléaire dans notre mix énergétique ; 30 à 35% est une part atteignable d’ici à 2050 si on reste sur la progression que nous avons aujourd’hui ».

Teodor Chirica espère par ailleurs que le nucléaire sera intégré à la taxonomie verte, et critique la posture des opposants à cette décision : “Les uns sont dans une posture politique, idéologique et les autres s’appuient sur la science. Si dans le pire des cas, la liste de référence de l’Union européenne, la taxonomie, n’intègre pas le nucléaire, cela ne veut pas dire que nous ne pourrons pas développer le nucléaire. Le problème, c’est que nous ne pourrons pas avoir accès à des financements abordables comme dans le cas des autres énergies et cela pourra pénaliser l’aspect économique du projet”.

La Roumanie envisageait au départ d’agrandir Cernavodă via un partenariat avec la Chine et le Canada, un projet piloté par China General Nuclear Power (CGN). Mais ces discussions ont été rompues, et c’est un consortium dirigé par la société d’ingénierie américaine AECom, avec des partenaires canadiens, français et roumains (dont Orano) qui développera l’extension de la centrale nucléaire, pour un total de 8 milliards de dollars

https://sfenral.fr/index.php/lire-la-suite-actus-semaine/216-actu-2021-24#:~:text=Ce%20vendredi%2011%20juin%202021,pour%20atteindre%20ses%20objectifs%20climatiques.&text=La%20Roumanie%20soutient%20d'ailleurs,nucl%C3%A9aire%20dans%20la%20taxonomie%20verte.

5) Pays-Bas : Le Parlement néerlandais a voté une motion pour soutenir l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie

Le Parlement néerlandais a maintenant demandé au gouvernement de soutenir l'inclusion du nucléaire dans la taxonomie ! Un geste essentiel qui fait du bien non seulement aux Pays-Bas mais aussi à nos alliés européens qui souhaitent également investir dans la nouvelle énergie nucléaire pour lutter contre les émissions de carbone !

Motion proposée par  Silvio Erkens :

La Chambre, après avoir entendu les délibérations, constate que la taxonomie de l’UE doit être neutre sur le plan technologique et devrait être établie sur la base de faits scientifiques; que l’énergie nucléaire est une source d’énergie à faible intensité de carbone; que, dans son rapport du début de cette année, le Centre commun de recherche indique que les effets de l’énergie nucléaire sont largement comparables à ceux de l’hydroélectricité et des sources d’énergie renouvelables et que cette évaluation permet d’ajouter l’énergie nucléaire à la taxonomie de l’Union Européenne; invite le Cabinet à collaborer avec  la France et d’autres États membres engagés dans l’énergie nucléaire  pour intégrer l’énergie nucléaire dans la taxonomie.

6) Finlande : déclaration de Riku Huttunen (Dg, Ministède de l’économie et de l’emploi, Nordic Nuclear Forum (NNF), 8–10 June 2021

Dans son discours d’ouverture, Riku Huttunen, du ministère des Affaires économiques et de l’Emploi, a souligné le rôle clé de l’énergie nucléaire en tant que source d’énergie sans émissions dans la lutte contre le changement climatique. Il a également mis l’accent sur le principe de la « sécurité d’abord » dans la réglementation et l’utilisation de l’énergie nucléaire et dans le développement de nouvelles technologies.

« L’énergie nucléaire joue un rôle important et croissant en tant que source d’énergie en Finlande. Pour que la Finlande atteigne la neutralité carbone d’ici 2035, nous devons être en mesure d’utiliser toutes les technologies d’énergie propre »

“Les politiques et la législation devraient être neutres lorsqu’il s’agit de choisir entre des sources d’énergie durables. C’est pourquoi il est alarmant de suivre le débat européen sur le financement durable et la taxonomie. Il devrait être évident pour tous que les mêmes critères de durabilité s’appliquent à toutes les sources d’énergie ».

“Toutefois, la Commission européenne a scindé son acte délégué sur la taxinomie en deux en reportant les règles sur le gaz et l’énergie nucléaire à un stade ultérieur. Il est donc très difficile de procéder à une évaluation globale de l’acte et aux États Membres de l’UE de prendre position à son sujet. Au lieu de considérations politiques, la neutralité technologique devrait être le principe directeur «

https://tem.fi/en/-/director-general-huttunen-at-launch-of-nnf2021-developing-nuclear-energy-requires-closer-international-regulatory-cooperation

Et la France ? Beaucoup d’Etats Européens comptent sur elle pour défendre l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie, elle est semble-t-il muette ! Non seulement nous ne disons rien, ou pas grand-chose, mais nous laissons un Pascal Canfin à la tête de la Commission Envi saboter leurs efforts.

Une réaction @renew europe, @Christophe Grudler ?










samedi 19 juin 2021

Futurs énergétiques 2050 : Bilan de la consultation RTE (-extraits et commentaires)

 Une consultation pour rien : peut-être pas tout à fait mais quand même…

 Suite du billet sur la consultation RTE « Futurs  énergétiques 20550 » où je proposais une réponse à la consultation RTE. Ce billet traite maintenant d’un premier bilan réalisé par RTE de la consultation

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/reponse-rte-consultation-publique-sur.html

Partie 1) Cadre de référence :

« L’objet d’étude est la neutralité carbone en 2050. Par construction, tous les scénarios doivent atteindre cet objectif, et des trajectoires cohérentes doivent être articulées pour y parvenir »

Commentaire :  bon,  on est bien d’accord : le but c’est pas la sortie du nucléaire et la promotion des ENR ! ». Ca semblait pas toujours évident, alors ça fait du bien de le dire !

« Pour atteindre la neutralité carbone, le recours à l’électricité doit en effet se développer pour remplacer les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) sur de très nombreux usages, sans préjudice de l’inflexion très importante attendue sur la biomasse et sur les vecteurs qui l’utilisent (chaleur, gaz vert). De même, il est certain que cette électricité bas-carbone sera assurée par des énergies renouvelables dans des proportions bien plus importantes qu’aujourd’hui, même en cas de relance du nucléaire, car les réacteurs actuels devront à terme être arrêtés pour des raisons d’âge et qu’il n’apparaît pas possible de les remplacer au rythme (exceptionnel selon les standards internationaux) auquel ils ont été construits »

Commentaire : Merci pour l’hommage au nucléaire, mais pour le reste discutable. Ca dépend aussi pas mal de combien de réacteurs on prolonge et pour combien de temps, voir discussion des scénarios. Par ailleurs, la filière nucléaire a mis en fonctionnement 40 réacteurs en 10 ans dans les années 80, elle ne serait plus capable de tenir ce rythme ?

« Un thème d’étude parmi d’autres, la question de la réindustrialisation et des fuites de carbone s’est imposée comme un enjeu central du travail en cours. Depuis 30 ans, la France est parvenue à réduire ses émissions de gaz à effet de serre mais, dans le même temps, son empreinte carbone n’a pas diminué : ce paradoxe s’explique par la désindustrialisation du pays et un recours croissant aux produits manufacturés importés.  Les produits manufacturés importés ont toujours une intensité carbone nettement plus importante que s’ils avaient été produit en France et pèsent dans l’empreinte carbone du pays…. Des scénarios vertueux du point de vue de la maîtrise de l’empreinte carbone du pays imposent une reconstruction de l’appareil productif autour de solutions bas-carbone, dès les prochains cycles d’investissement »

Commentaire : Ah oui, ça paraissait quand même évident. Mais je voudrais bien qu’on m’explique comment cet objectif de réindustrialisation vertueuse pourrait être compatible avec le respect de la SNBC qui ne l’avait pas prévu.

« Une plus grande sobriété dans les modes de vie et de consommation permet de relâcher la pression sur le rythme nécessaire de développement des énergies bas-carbone » 

Commentaire : oui bien sûr ! Mais alors, comme je le demandais dans ma réponse : les conséquences environnementales et sur la vie de tous les jours des différents scénarios doivent être clairement explicités. Que signifient concrètement sobriété énergétique, flexibilité de la demande ?

« Le parc de production d’électricité français repose aujourd’hui en large partie sur des réacteurs nucléaires de seconde génération. Cette infrastructure de production – totalement atypique à l’échelle internationale – a permis une production d’électricité compétitive et une performance CO2 exceptionnelle, qui n’est égalée dans le monde que par des pays ou régions disposant de ressources hydrauliques uniques (Norvège, Suède, Islande, Québec). »

 Commentaire : Merci de cet hommage !

 « Cependant, les réacteurs ont été mis en service pour la plupart entre la fin des années 1970 et le début des années 1990. Même si l’échéance de leur fin d’exploitation peut être discutée en fonction du programme de prolongation de la durée de fonctionnement des réacteurs et des décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire, il n’en reste pas moins que ces réacteurs devront être massivement fermés entre 2030 et 2060, pour des raisons industrielles et non politiques. « 

Commentaire : Fessenheim n’a pas été fermé pour des raisons industrielles ou de sécurité, mais pour des raisons politiciennes (accord PS/Verts). La fermeture des 14 réacteurs et son calendrier est aussi le résultat de ce même agenda politicien. Il peut être largement modifié

« Cette représentation met ainsi l’accent sur l’importance de la décision de relance ou non d’un parc électronucléaire, qui engagera le pays sur le temps long et résultera d’un choix politique ayant des implications techniques, économiques et sociétales très larges. »

Commentaire : Ben les ENR et le photovoltaïque ont aussi des implications techniques, économiques et sociétales très larges : occupation insupportable du territoire, atteintes aux paysages et à la qualité de vie, coût, nécessité de déploiement de milliers de km de réseau (très mal supporté). Sans oublier les dangers pour la sécurité d’alimentation.

« Ainsi, la perspective d’un système électrique composé à 100 % d’énergies renouvelables implique le franchissement de barrières technologiques et la maîtrise de solutions non encore testées en grandeur réelle. »

Commentaire : Merci de confirmer pour ceux qui ont lu le rapport IEA/RTE : Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l‘horizon 2050 un peu légèrement et de façon biaisée en ne retenant que la petite phrase placée là pour faire plaisir au ministre et en oubliant les 4 ensembles de conditions critiques dont la réalisation serait quasi-miraculeuse.

Partie 2) De nombreuses évolutions à l’issue de la consultation publique ??)

« L’étude « Futurs énergétiques 2050 » reposera sur un cadrage général (trajectoires de référence,variantes et analyses de sensibilité)reposant sur la SNBC et intégrant les enseignements des travaux complémentaires menés depuis sa parution…. L’étude comprend bien un volet dédié à l’estimation de l’évolution de la consommation d’électricité à long terme : ce volet sera ainsi renforcé, et comprendra une trajectoire de référence ainsi que cinq variantes : réindustrialisation forte, sobriété, hydrogène +, efficacité énergétique dégradée, électrification +/─, ainsi que de nombreux tests de sensibilité

« Les scénarios prévoyant à terme un système 100 % EnR (« scénarios M ») seront au nombre de trois. Ils permettent de tester une sortie du nucléaire en 2050 (M0) ou en 2060 (M1 et M23). Leur logique consiste en une répartition diffuse des installations de production avec déploiement massif du solaire (M1) ou alors sur l’idée d’une massification du déploiement des énergies renouvelables autour de grands parcs (éolien en mer, à terre, et solaire photovoltaïque) (M0 et M23 »

Commentaires : répartition diffuse, massification : c’est bien le problème, et un sacré problème d’acceptabilité. Et c’est juste le contraire du nucléaire


« Les scénarios « EnR + nucléaire » (scénarios N) seront également au nombre de trois. Les scénarios N1 et N2 diffèrent par le rythme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires de troisième génération…N2 adopte le rythme maximal présenté par la filière. Le scénario N03 a pour sa part été largement réécrit autour de l’idée d’un système électrique fondé durablement sur le nucléaire. N03 permet d’atteindre 50 % pour la part du nucléaire en 2050 en misant (i) sur une trajectoire de fermetures plus lente sur la période 2025-2035, (ii) sur la prolongation de quelques réacteurs au-delà de 60 ans, et (iii) sur d’autres filières que l’EPR 2, comme les SMR (petits réacteurs modulaires ou Small Modular Reactors) »

Commentaire :  1)même pour arriver à 30% de nucléaire, il faudrait, si l’on s’en tient à la PPE actuelle ( fermeture aberrante de 14 réacteurs ), il faudrait construire 14 EPR. Même chose pour le scénario 50%. Donc, comme l’a souligné récemment le Pdt de l’Autorité de Sureté devant le Sénat , la procrastination n’est plus possible, « le nucléaire a besoin de prises de décisions »).

2) Pourquoi 14 EPR  seulement ? la filière nucléaire a mis en fonctionnement 40 réacteurs en 10 ans dans les années 80…

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/lasn-devant-le-senat-le-nucleaire.html

2 ) arriver à plus de 50% de nucléaire parait possible en renonçant aux fermetures  de centrales prévues par la PPE et en allongeant leur calendrier ( les USA prolongent massivement leurs centrales, techniquement assez proches des nôtres à 80 ans.

Et puis ceci : la filière nucléaire ne serait capable de construire que 14 réacteurs d’ici 2050 alors qu’elle en a ouvert 40 en 10ans dans les années 80 ????

« La consultation publique a confirmé le caractère extrêmement clivé et passionnel du débat sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Les contributions de citoyens reçues dans le cadre de la concertation consistent, en grand nombre, en des demandes d’ajouts de scénarios qui s’éloignent du cadrage initial : des scénarios de sortie rapide du nucléaire (entre « tout de suite » et « d’ici 2030 ») d’une part, des scénarios reposant sur le maintien du statu quo actuel et/ ou de moratoire sur le développement des EnR (et notamment l’éolien) d’autre part. Au titre de l’engagement pris dans le cadre de la concertation, RTE étudiera ces configurations alternatives et décrira les enjeux qu’elles soulèvent »

Commentaire : Ah, enfin une ouverture… Mais il serait bon de ne pas placer sur le même plan ceux qui défendent la rationalité scientifique, technique et économique et écolos bigots dogmatiquement hostiles au nucléaire

« RTE a, enfin, pris en compte un grand nombre de remarques et demandes d’études complémentaires : ajustement des hypothèses sur le PIB et la population, usages prospectifs de l’hydrogène, coût des différentes technologies, intégration d’une variante des scénarios M intégrant un déclassement plus lent des réacteurs nucléaires, etc. »

 Commentaire : c’est bien…Sauf que c’est en contradiction avec la section suivante

 Des points de débat qui demeurent très vifs

« La SNBC est la trajectoire de référence pour la France, permettant de décliner l’engagement du pays à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 »

Commentaire : ben non, ça le fait pas, parce que la SNBC a ignoré notamment les nécessités de réindustrialisation et qu’elle est beaucoup trop optimiste sur les économies d’énergies.

L’Académie des Technologies dans un rapport intitulé Perspective de la demande française d’électricité d’ici 2050, mars 2021, remet sévèrement en cause ces estimations de la PPE et de la SNBC :

« La consommation annuelle d’électricité en France a été d’environ 470 TWh, décarbonée à plus de 90% ; dans le même temps, les consommations de pétrole et de gaz naturel ont été respectivement d’environ 900 TWh et 450 TWh, le recours à l’électricité en France devra croître significativement pour se substituer aux consommations de pétrole et de gaz. Diverses estimations récentes sous-estiment cette croissance. Or des anticipations erronées affecteraient la sécurité de notre approvisionnement énergétique et la vie quotidienne des français…La demande d’électricité (470 TWh actuellement) pourrait aller de 730 TWh à plus de 840 TWh en 2050 si l’on intègre un doublement de la demande d’hydrogène par rapport à son niveau actuel. »

(reference : http://academie-technologies-prod.s3.amazonaws.com/2021/03/10/20/46/10/c568c3dc-9738-4a03-ba45-141e3b75c086/Avis_besoins_energie_2021.pdf)

« La lecture de la « part de la production française » projetée en 2050 pour chaque filière de production a suscité de très nombreuses réactions. Celles-ci apparaissent très largement conditionnées par le débat politique institué par la loi de 2015, puis par sa révision de 2019, sur la part du nucléaire dans le mix. Ainsi, plusieurs répondants ont interprété le chiffre de 50 % pour la part du nucléaire dans la production d’électricité en 2050 comme une contrainte de nature politique

Or ce chiffre résultait bien d’une analyse technique : en intégrant les contraintes sur la durée de vie du parc existant, les rythmes maximaux de renouvellement du parc nucléaire par la construction de nouveaux réacteurs de troisième génération ainsi que l’effort d’électrification nécessaire pour atteindre la neutralité carbone, une part du nucléaire l’ordre de 50 % de la production d’électricité en 2050 apparaît comme un maximum. »

Commentaire : pas d’accord, voire plus haut. Le calendrier de fermeture des centrales existantes est bien une décision, on pas même politique, mais politicienne

« La gestion de la variabilité de l’éolien et du solaire demeure un sujet essentiel de divergence d’appréciations….RTE rappelle qu’il présentera, pour les différents scénarios, non seulement une analyse de risque probabiliste en lien avec le critère public de sécurité d’approvisionnement défini dans le code de l’énergie, mais également une analyse approfondie et une illustration du fonctionnement du système dans certaines situations extrêmes (logique de « stress-tests »

Commentaire : Tiens, ca sera intéressant…. Ca serait bien que ça ne soit pas en contradiction avec les évidences relevées par France Stratégie Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ? alertant sur la perte trop rapide de moyens pilotables :  « dès 2030 et vraisemblablement à une date plus rapprochée, si les tendances actuelles se maintiennent, les seuls moyens pilotables ne seront pas en mesure de satisfaire toutes les demandes de pointe moyennes »

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/note-de-france-strategie-quelle.html

Commentaire final : Aucune remarque reprise sur le léger conflit d’intérêt de RTE : l’adaptation du réseau aux ENR (RTE plus Enedis) a déjà été estimée à plus de 100 milliards d‘euros ; or certains scénarios  exigent nettement plus d ’investissements dans les réseaux que d’autres. On peut légitimement se demander si ce n’est pas une des raisons expliquant le grand nombre de scénarios  à fort pourcentage d’ENR et le fait qu’aient été ignorés des scénarios à fort pourcentage de nucléaire…




jeudi 17 juin 2021

Ils nous volèrent les paysages et ils nous volèrent même le vent

 Eoliennes et climat- le grand tabou !

L’alerte est venue des exploitants éoliens eux-mêmes, et surtout de l’offshore : les rendements mirifiques annoncés n’étaient pas là. Et il fallut faire face à l’évidence : le vent n’est pas si renouvelable que ça ! ou plutôt « L’énergie éolienne est une ressource renouvelable, mais le taux de renouvellement est limité et, à certains égards, relativement faible ». D’où des pertes par rapport aux rendement attendus qui peuvent atteindre 30%.( Helmholtz-Zentrum Hereon) Une équipe du Max Planck Institute for Biogeochemistry avance ainsi  que l’énergie éolienne extractible serait 100 fois moins abondante que les projections optimistes des partisans de l’éolien, et surtout que certains effets climatiques à l’extraction maximale de l’énergie éolienne sont d’une ampleur similaire à ceux associés à un doublement du CO2 atmosphérique.

 Et non seulement les grandes  fermes éoliennes en mer du Nord ralentissent le vent en régime stable, diminuant leur rendement, mais cet effet de freinage ne serait pas sans effet sur  le climat local et engendrerait  possiblement des perturbations de l'écosystème marin. Les effets de ralentissement du vent d’un parc éolien offshore peuvent s’étendre jusqu’à 100km.  Selon certaines études, un grand parc éolien serait l’équivalent d’une petite chaine de montagne (Norcowe -Norwegian Centre for Offshore Wind Energy).

L’impact des parcs éolien offshore allemands se fera ressentir par exemple à Hambourg où il intensifiera les ilots de chaleur estivale. Dans le Schleswig-Holstein, la vitesse du vent a diminué particulièrement fortement sur la côte d'environ 7%, et d'environ 5% à l’intérieur (Deutsche WindGuard). Et cet organisme rappelle que moins de vent, c’est moins de pluie, moins de végétation et des pertes de récolte.

Les champs électromagnétiques (CEM) engendrés par les câbles des éoliennes offshore  sont d’une intensité similaire à celle de la Terre, et il a été prouvé qu’elles affectent des espèces magnétosensibles comme les anguilles et les tortues (Pondichery Univ.)

 L’utilisation d’éoliennes pour répondre à 10 % ou plus de la demande mondiale d’énergie en 2100 pourrait entraîner un réchauffement de surface supérieur à 1 °C sur les installations terrestres (MIT). En ce qui concerne l’éolien terrestre, un lien avec des épisodes de sécheresse a pu être mis en évidence en Mongolie (University of Hong Kong)

Conclusion :  « les sillages atmosphériques des éoliennes off shore  peuvent induire des réponses océaniques en modifiant la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique et les flux de chaleur, et ont donc un potentiel d’impact sur  le climat local qui nécessite des recherches  plus approfondies. Les plans futurs doivent prendre en compte que l’appropriation humaine de l’énergie éolienne s’accompagnera d’un effet climatique et, avec un déploiement à grande échelle, sera associée à une diminution du taux total de production d’énergie cinétique atmosphérique. « 

Alors, avant de jouer aux apprentis sorciers le long des côtes françaises, au surplus pour une électricité hors de prix et qui ne décarbone rien dans le mix français, , il faudrait peut-être réfléchir…et attendre.

Principe de précaution : il faut des recherches plus approfondies. Seulement, c’est un peu compliqué. Parce que n’est pas le lobby éolien qui les financera !

 Quelques publications séminales :

Accelerating deployment of offshore wind energy alter wind climate and reduce future power generation potentials, Helmholtz-Zentrum Hereon

https://www.nature.com/articles/s41598-021-91283-3, Naveed Akhtar et al.

Extraits : la production d’énergie renouvelable en mer du Nord a des impacts substantiels sur les conditions atmosphériques locales

« Nous avons utilisé un modèle climatique régional à haute résolution avec des paramétrages de parcs éoliens mis en œuvre pour explorer les limites de production d’énergie éolienne en mer du Nord. Nous simulons des scénarios de parcs éoliens dans un avenir proche en tenant compte des parcs éoliens offshore  existants et prévus en mer du Nord et évaluons les pertes de production d’électricité et les variations du vent dues au sillage du parc éolien. Le déficit annuel moyen de vitesse du vent dans un parc éolien peut atteindre 2–2,5 ms−1 selon la géométrie du parc éolien. Le déficit moyen, qui diminue avec la distance, peut s’étendre de 35 à 40 km sous le vent pendant les vents dominants du sud-ouest. Les déficits de vitesse du vent sont les plus élevés au printemps (principalement de mars à avril) et les plus faibles au cours de novembre à décembre. La grande taille des parcs éoliens et leur proximité affectent non seulement la performance des turbines sous le vent, mais aussi celle des fermes voisines, réduisant le facteur de capacité de 20% ou plus, ce qui augmente les coûts de production d’énergie et les pertes économiques. Nous concluons que l’énergie éolienne peut être une ressource limitée en mer du Nord”

« Les données d’observation montrent que les effets de sillages peuvent augmenter la température de 0,5 °C et l’humidité de 0,5 g par kilogramme à hauteur de moyeu, même jusqu’à 60 km sous le vent des parcs éoliens. Les études de cas liées à la dynamique du sillage se sont largement limitées aux éoliennes individuelles et/ou aux parcs éoliens individuels. Seules quelques études ont analysé les effets de sillage causés par les parcs éoliens voisins »

« Nos résultats montrent que des grappes de grands parcs éoliens, tels que les parcs prévus dans un avenir proche dans le Dogger Bank du Royaume-Uni et le German Bight, ont le potentiel de modifier considérablement la dynamique atmosphérique et de conduire à des réductions locales de la vitesse moyenne du vent s’étendant jusqu’à plus de 40 km sous le vent de la ferme. »

« D’ores et déjà, la production d’énergie renouvelable en mer du Nord a des impacts substantiels sur les conditions atmosphériques locales , et ces effets continueront d’augmenter à l’avenir. Les données indiquent que les parcs offshore peuvent avoir un impact sur les animaux marins et peuvent soulever des préoccupations environnementales et climatiques. Étant donné que l’énergie éolienne est l’un des principaux facteurs modulant la productivité et la structure de l’écosystème, les parcs éoliens ont le potentiel de devenir des facteurs écosystémiques dominants et doivent être pris en compte pour la gestion de l’écosystème et l’évaluation des pêches….En outre, les sillages atmosphériques peuvent induire des réponses océaniques en modifiant la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique et les flux de chaleur, et ont donc un potentiel d’impact sur  le climat local qui nécessite des recherches  plus approfondies ... »

Trop d’éoliennes tuent le vent

(https://www.sciencedaily.com/releases/2021/06/210603171247.htm)

Extraits : parc éolien off shore : un effet sur le vent  pouvant être significatif jusqu’à 100km

« Les scientifiques du Helmholtz-Zentrum Hereon ont concentré leurs recherches sur les grandes fermes éoliennes offshore, considérées comme l'une des briques fondamentales de l'indispensable transition énergétique, et dont les projets se multiplient un peu partout dans le monde…

Un trop grand nombre de turbines placées trop près les unes des autres peut perturber de manière importante la marche naturelle du vent en l'affaiblissant de manière très sensible. Cet effet de freinage pourrait se faire ressentir jusqu'à 35 ou 40 kilomètres autour d'une ferme éolienne offshore –voire jusqu'à 100 kilomètres dans certaines configurations.

Les conséquences de ces perturbations sur l'efficacité desdites fermes géantes sont de taille. L'équipe menée par Naveed Akhtar explique que ce sont 20% de la capacité potentielle de production d'électricité qui s'envolent de la sorte.

«Le vent et les vagues mélangent les composants de la mer… Cela modifie le contenu en sel et en oxygène de l'eau, sa température et la quantité de nutriments à certaines profondeurs.»

Wind energy development and its environmental impact: A review. Renew. Sustain. Energy Rev. 16, 1031e9 (2012). Leung et al, University of Hong Kong

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1364032111004746

Extraits : Sécheresse à Xilingo

« À mesure que l’échelle des parcs éoliens augmente, les spéculations selon lesquelles ils pourraient causer des changements dans les climats locaux. Prennent consistance Deux de ces cas ont suscité des préoccupations générales.

Dans le district de Xilingo, en Mongolie intérieure, les données sur les précipitations fournies par le Bureau des statistiques de l’eau ont montré qu’il y a eu une sécheresse sans précédent depuis 2005 et que cette sécheresse s’est développée beaucoup plus rapidement dans les zones éoliennes.

De plus, dans les champs éoliens de San Gorgonio aux États-Unis, lors de l’analyse des relevés de température du parc éolien, Roy et Justin ont constaté que des éoliennes géantes pouvaient modifier les températures locales en réchauffant les températures de surface la nuit et en les refroidissant le jour. Cette analyse indique que les éoliennes géantes ont un impact sur l’environnement, mais la question de savoir si l’impact est bon ou mauvais doit encore être étudiée plus avant. »

Influence of large offshore wind farms on North German climate. Meteorol. Z. 24, 465–480 (2015). Boettcher,et al (University of Hamburg l’un des auteurs  Schoetter, R fait partie de MétéoFrance, Toulouse)

https://www.schweizerbart.de/papers/metz/detail/24/84921/Influence_of_large_offshore_wind_farms_on_North_German_climate

Extraits : il va faire chaud à Hambourg, l’été… des changements de ±2K

« Selon la situation météorologique, l’impact des grands parcs éoliens en mer varie d’une influence presque  nulle  jusqu’à des changements de couverture nuageuse sur terre…Les changements de température et d’humidité relative s’étendent bien davantage que la diminution de la vitesse du vent. Hambourg est situé dans les marges de la région influencée. Même si les influences sont faibles, les effets urbains à  Hambourg augmenteront et les parcs éoliens offshore intensifieront légèrement les îlots de chaleur urbain estivaux. »

« Les analyses des effets  de sillages résultant des parcs éoliens situés en mer du Nord et en mer Baltique montrent une influence sous le vent mesurable jusqu’à des distances de plusieurs dizaines de kilomètres (Christiansen et Hasager, 2005). Pour les parcs éoliens terrestres, Fitch et coll. (2013) ont constaté un déficit de 10 % de la vitesse du vent à 60 km sous le vent des parcs éoliens pendant la nuit. »

« Les changements régionaux générés par ces très grands parcs éoliens peuvent être de l’ordre de ±2K (Keith et al., 2004). De plus, la répartition mondiale des précipitations et des nuages peut être modifiée (Wang et Prinn, 2010). »

The influence of large-scale wind power on global climate. –PNAS, 101, 16115 (2004), (Keith et al,Stanford)

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15536131

Extraits : une énergie éolienne pas si renouvelable

“Nous constatons que de très grandes quantités d’énergie éolienne peuvent produire un changement climatique non négligeable à l’échelle continentale....La perturbation climatique causée par une installation terrestre à grande échelle d’éoliennes peut s’étendre bien au-delà de la région d’installation.”

« L’énergie éolienne est une ressource renouvelable, mais le taux de renouvellement est limité et, à certains égards, relativement faible. Notre analyse suggère que les impacts climatiques de l’énergie éolienne peuvent être non négligeables, mais ils ne permettent pas une évaluation quantitative détaillée des changements climatiques induits par l’extraction de l’énergie éolienne. »

Estimating maximum global land surface wind power extractability and associated climatic consequences. – Earth Sys. Dyn. 2, 1–12, Miller et a.

https://esd.copernicus.org/articles/2/1/2011/

Extraits : 100 fois moins d”énergie éolienne extractible qu’annoncé

 “Plusieurs études récentes (Archer et Jacobson, 2005; Santa Maria et Jacobson, 2009; Lu et coll., 2009; Jacobson et Archer, 2010a) prétendent que l’énergie éolienne peut facilement répondre à la demande mondiale actuelle d’énergie humaine tout en ayant des impacts négligeables sur le système terrestre. Archer et Jacobson (2005) ont quantifié 72 TW de potentiel d’extraction d’énergie éolienne  terrestres en utilisant seulement 13 % des terres les plus venteuses. Lu et coll. (2009) ont augmenté cette quantification terrestre à 125 TW en utilisant une surface terrestre accrue, des éoliennes plus grandes... toutes les études mentionnées ci-dessus négligent la conservation de l’énergie, presque imperceptible à plus petite échelle, mais critique pour quantifier le potentiel de l’énergie éolienne à l’échelle régionale et  mondiale…

Environ 900 TW d’énergie éolienne cinétique sont actuellement générés et dissipés dans l’atmosphère globale (Lorenz, 1955). Compte tenu de la variété des méthodologies, nous sommes convaincus que nos estimations (18 à 68 TW) incluent la complexité et les processus nécessaires pour se rapprocher de l'ordre de grandeur de l’énergie éolienne extractible maximale sur terre. L’ajout d’une complexité et/ou de processus supplémentaires peut aider à affiner ces estimations, mais ne les modifiera pas radicalement. Néanmoins, cette fourchette d’estimations « descendantes » est jusqu’à ≈100 fois inférieure à l’approche d’ingénierie « ascendante » courante.

Selon le modèle de circulation générale, certains effets climatiques à l’extraction maximale de l’énergie éolienne sont d’une ampleur similaire à ceux associés à un doublement du CO2 atmosphérique.

« Il a déjà été suggéré que la demande mondiale d’énergie humaine (17 TW en 2009; EIA, 2009) pourrait facilement être prise en compte par le développement de l’énergie éolienne à grande échelle (Archer et Jacobson, 2005; Archer et Caldeira, 2009; Santa Maria et Jacobson, 2009; Lu et coll., 2009). En contraste frappant, nos estimations suggèrent que 17 TW d’électricité dérivée de l’énergie éolienne représenteraient ≈50 à 95% de l’énergie éolienne terrestre maximale possible avec un effet climatique significatif... Comme le montre la Fig. 7, le changement d’ampleur du flux de chaleur et des précipitations pour les simulations d’extraction de l’énergie éolienne maximale est similaire en valeur aux simulations de CO2 de 720 ppm.

Ces impacts climatiques sont le résultat de l’augmentation de la turbulence et de l’entraînement de l’air à haute altitude des éoliennes. Cet air de plus haute altitude a une température potentielle plus élevée et lorsqu’il est mélangé à l’air près de la surface, entraîne une augmentation de la température. L’augmentation du mélange turbulent de l’atmosphère provenant de l’extraction d’énergie éolienne à grande échelle est également associée à des changements dans les précipitations convectives et le rayonnement solaire à la surface »

« Les plans futurs doivent prendre en compte que l’appropriation humaine de l’énergie éolienne s’accompagnera d’un effet climatique et, avec un déploiement à grande échelle, sera associée à une diminution du taux total de production d’énergie cinétique atmosphérique. Nos méthodes d’estimation sont certes extrêmes, mais elles fournissent néanmoins une compréhension critique des limites de l’énergie éolienne dans le système climatique »

Potential climatic impacts and reliability of very large-scale wind farms. – Atmos. Chem.Phys. 10, 2053–2061(Wang et al, MIT)

https://globalchange.mit.edu/publication/14321

Extraits : éolien terrestre : 1% de réchauffement !

L’utilisation d’éoliennes pour répondre à 10 % ou plus de la demande mondiale d’énergie en 2100 pourrait entraîner un réchauffement de surface supérieur à 1 °C sur les installations terrestres. Un réchauffement et un refroidissement importants à distance des installations, ainsi que des modifications de la distribution mondiale des précipitations et des nuages se produisent également. Nos résultats sur l’off shore indiquant un refroidissement au-dessus des régions d’installation et un réchauffement ou un refroidissement ailleurs sont intéressants, mais suspects en raison de l’augmentation irréaliste de la surface nécessaire pour extraire l’énergie éolienne cible. Des paramétrisations nouvelles et réalistes spécifiques pour simuler les effets des éoliennes sur l’océan devront être développées »

Norcowe (Norwegian Centre for Offshore Wind Energy) incidence atmosphérique des mega parcs éoliens en mer

https://www.energiesdelamer.eu/2011/10/24/49norcowe-incidence-atmospherique-des-mega-parcs-eoliens-en-mer/

« Norcowe, très intéressé par l’effet de sillage dans les parcs éoliens offshore et la disposition des machines en mer, s’est fait récemment l’écho d’une recherche menée par Uni Computing sur l’influence que les grands et méga parcs éoliens ont sur l’atmosphère. Selon cette étude et les simulations menées, les méga parcs éoliens auraient la même influence sur l’environnement et la trajectoire des vents que de petites montagnes. » 

Windsterben durch Windkraft

https://eifelon.de/umland/windsterben-durch-windkraft.html#q=emailzeitung&v=eo303

 Extraits : moins de vent = moins de pluie = sécheresse = perte de végétation et de récolte

« Le vent d'ouest, qui a fourni à l'Europe du nord-ouest et à l'Europe centrale des précipitations suffisantes depuis aussi longtemps que nous nous souvenions, a été artificiellement désactivé explique l'historienne et auteure Dagmar Jestrzemski. Elle a enquêté sur le problème de la sécheresse au cours des dernières années et a trouvé une cause surprenante possible. Les conditions météorologiques de vent d'ouest, nécessaires à la pluie et à la croissance des plantes, sont de plus en plus absentes. Elle considère la forte densité d'éoliennes en Allemagne comme responsable, ce qui provoque des problèmes croissants de transport d'humidité dans la basse atmosphère »

« Une étude publiée le 5 octobre 2020 par Deutsche WindGuard pour le compte du Bundesverband WindEnergie eV sous le titre Heures à pleine charge des éoliennes onshore - développement, influences, effets met en évidence la baisse de la vitesse du vent en Allemagne.

Ainsi,  la puissance nominale spécifique moyenne des éoliennes (MSN) - on mesure le rapport de la puissance nominale des éoliennes à leur surface rotorique - s'est régulièrement détériorée en Allemagne de 2012 à 2019 et ce malgré le fait que l'énergie éolienne est de plus en plus efficace depuis 20 ans et utilise des éoliennes de plus de 200m. La cause de la tendance, qui inquiète l'industrie éolienne, est la baisse de la vitesse moyenne du vent en Allemagne, qui est mesurée depuis des décennies. Malgré l'augmentation espérée du rendement énergétique due à l'efficacité sans cesse croissante des éoliennes, le MSN du Schleswig-Holstein a baissé d'environ 30 %, au nord de 25 %, au milieu de 23 % et au sud de 26%. Concrètement, il s'agit d’une baisse de 420 watts/m² à environ 295 W/m² dans le Schleswig-Holstein, de 400 à 300 W/m² au nord, de 380 à 270 W/m² au milieu et de 380 à 280 W . / m² dans le sud de l'Allemagne. »

« Pour le Schleswig-Holstein, il y a aussi le fait que, selon l'indice IWR Wind Yield Index, le vent a diminué particulièrement fortement sur la côte, entre 2008 et 2017, d'environ 7%, à l'intérieur du pays d'environ 5%. La plus grande diminution de la vitesse du vent sur la côte - par rapport à l'intérieur des terres - est probablement due aux effets d'ombrage du vent des parcs éoliens de la mer du Nord et des parcs éoliens côtiers particulièrement nombreux. »

 « Une partie importante de l'énergie éolienne (max. 59,3 %) est directement siphonnée et consommée lors de la production d'énergie éolienne. Les effets de ralentissement du vent se font ressentir sur terre jusqu'à 30 km, au-dessus de la mer jusqu'à 100 km. « 

 « Le vent siphonné  fait de plus en plus défaut dans de plus en plus d'endroits et donc de plus en plus dans les systèmes éoliens régionaux et mondiaux et cela a des conséquences catastrophiques : moins de vent = moins de pluie = sécheresse et sol sec, mort des forêts, pertes de récoltes = moins d'épandage de pollen et de graines = moins de rajeunissement de la végétation »

 Wind energy: Increasing deployment, rising environmental concerns.Renew. Sustain. Energy Rev. 31, 270–288 (2014). (Tabassum, A et al, Pondicherry University)

Extraits: L’installation de grands parcs éoliens mettra encore davantage en péril l’environnement marin.

“L’accent est de plus en plus mis sur l’installation de parcs éoliens à plusieurs kilomètres au large des côtes. Mais de telles installations ont de graves implications pour la vie marine qui est déjà soumis à de grandes pressions en raison des impacts de la surpêche, de la pollution marine, du réchauffement climatique, du trou dans la couche d’ozone et de l’acidification des océans. Il apparaît également que les effets néfastes des centrales éoliennes sur la faune, en particulier les oiseaux et les chauves-souris, sont susceptibles d’être beaucoup plus importants que ne le reflètent les chiffres jusqu’à présent rapportés du nombre d’individus tués par turbine. De même, des résultats récents sur l’impact du bruit et du scintillement générés par les éoliennes indiquent que ceux-ci peuvent avoir des impacts traumatisants sur les personnes qui ont certaines prédispositions. Mais la plus grande des préoccupations émergentes est l’impact probable des grands parcs éoliens sur les conditions météorologiques, et peut-être le climat.”

« Les niveaux de puissance sonore d’une éolienne actuelle sont compris entre 98 et 104 dB(A) pour une vitesse du vent de 8 m/s, ce qui entraîne une exposition d’environ 33 à 40 dB(A) pour une personne vivant à 500 m. Des études menées par Pederson et ses collègues ainsi que par Persson et Öhrström ont montré que des niveaux de pression acoustique de cette faible ampleur ne sont pas une source de gêne lorsqu’ils proviennent d’autres sources de bruit communautaire, telles que le trafic routier et les avions. Mais le son de l’éolienne est modulé en amplitude par le rythme des pales du rotor, ce qui donne une tonalité rythmique. De tels sons sont plus distrayants qu’un son uniforme et sont, dans l’ensemble, perçus plus négativement. Les endroits appropriés pour l’installation d’éoliennes se trouvent souvent dans des régions éloignées des grappes urbaines. Dans de tels milieux ruraux, lorsque d’autres formes de bruit de fond communautaire ne sont pas élevées, le bruit des turbines se démarque facilement, contribuant à son caractère indésirable »

"L’installation de grands parcs éoliens offshore mettra encore davantage en péril l’environnement marin. La situation dans des pays comme l’Écosse, qui souhaitent exploiter simultanément les sources d’énergie éolienne, houlomotrice et marémotrice marines, chacune à grande échelle est particulièrement préoccupante. Comme on ne sait pratiquement rien des effets cumulatifs d’un tel développement, il s’agit d’un saut très risqué dans l’inconnu."

 Les impacts de l’éolien off shore  englobent :

-Les impacts aigus liés au bruit pendant la phase de construction, en particulier en raison des opérations de conduite, de forage et de dragage. Perturbations causées par des activités intensives de transport maritime et aérien pendant l’exploration, la construction et l’entretien.

-Production de sédiments pollués pendant la construction et leur nouvelle suspension.

-Collisions d’oiseaux et d’autres organismes vivants

-Création de l’effet récif artificiel par la présence de structures, individuellement et en réseau, avec des impacts concomitants sur la biodiversité.

-Impacts chroniques à long terme dus au bruit opérationnel continu et aux vibrations émanant de l’OWF.

-Impacts électromagnétiques découlant des réseaux câblés sous-marins qui peuvent interférer avec la navigation des animaux.

-Impacts thermiques qui peuvent aggraver les impacts d’autres facteurs de stress sur le benthos.

 -Impacts pendant le déclassement physique, en particulier les étapes qui impliqueraient l’utilisation d’explosifs.

« Les interférences électromagnétiques et l’augmentation de la température des parcs éoliens offshore  dépendent d’un réseau intensif de câbles électriques pour transférer l’énergie entre les appareils, aux transformateurs et au continent. Les champs électromagnétiques (CEM) qui en résulteront seront d’une intensité similaire à celle de la Terre à proximité des câbles, et pourraient donc affecter des espèces magnétosensibles telles que les poissons osseux, les élasmobranches, les mammifères marins et les tortues de mer

Les CEM (champs électromagnétiques) pourraient également affecter les animaux qui utilisent des indices géomagnétiques pendant la migration.  Par exemple, on a vu des anguilles réagir aux CEM en se détournant de leur route de migration . Les élasmobranches benthiques répondent également aux CEM émis par les câbles sous-marins. En ce qui concerne l’impact direct des CEM sur la santé animale, on sait peu de choses avec certitude à l’heure actuelle. Comme l’ont souligné Lovich et Ennen, les perceptions des différents évaluateurs vont de « mineur » à majeur »

De plus, on prévoit que la production d’électricité par les parcs éoliens offshore  augmentera la température dans les sédiments et l’eau environnants. Cet effet thermique se limitera peut-être à une augmentation de la température à quelques centimètres du câble et peut, en soi, ne pas être un facteur de stress majeur pour les communautés benthiques, mais en combinaison d’autres facteurs de stress pourrait prendre de l’importance »