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samedi 19 juin 2021

Futurs énergétiques 2050 : Bilan de la consultation RTE (-extraits et commentaires)

 Une consultation pour rien : peut-être pas tout à fait mais quand même…

 Suite du billet sur la consultation RTE « Futurs  énergétiques 20550 » où je proposais une réponse à la consultation RTE. Ce billet traite maintenant d’un premier bilan réalisé par RTE de la consultation

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/reponse-rte-consultation-publique-sur.html

Partie 1) Cadre de référence :

« L’objet d’étude est la neutralité carbone en 2050. Par construction, tous les scénarios doivent atteindre cet objectif, et des trajectoires cohérentes doivent être articulées pour y parvenir »

Commentaire :  bon,  on est bien d’accord : le but c’est pas la sortie du nucléaire et la promotion des ENR ! ». Ca semblait pas toujours évident, alors ça fait du bien de le dire !

« Pour atteindre la neutralité carbone, le recours à l’électricité doit en effet se développer pour remplacer les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) sur de très nombreux usages, sans préjudice de l’inflexion très importante attendue sur la biomasse et sur les vecteurs qui l’utilisent (chaleur, gaz vert). De même, il est certain que cette électricité bas-carbone sera assurée par des énergies renouvelables dans des proportions bien plus importantes qu’aujourd’hui, même en cas de relance du nucléaire, car les réacteurs actuels devront à terme être arrêtés pour des raisons d’âge et qu’il n’apparaît pas possible de les remplacer au rythme (exceptionnel selon les standards internationaux) auquel ils ont été construits »

Commentaire : Merci pour l’hommage au nucléaire, mais pour le reste discutable. Ca dépend aussi pas mal de combien de réacteurs on prolonge et pour combien de temps, voir discussion des scénarios. Par ailleurs, la filière nucléaire a mis en fonctionnement 40 réacteurs en 10 ans dans les années 80, elle ne serait plus capable de tenir ce rythme ?

« Un thème d’étude parmi d’autres, la question de la réindustrialisation et des fuites de carbone s’est imposée comme un enjeu central du travail en cours. Depuis 30 ans, la France est parvenue à réduire ses émissions de gaz à effet de serre mais, dans le même temps, son empreinte carbone n’a pas diminué : ce paradoxe s’explique par la désindustrialisation du pays et un recours croissant aux produits manufacturés importés.  Les produits manufacturés importés ont toujours une intensité carbone nettement plus importante que s’ils avaient été produit en France et pèsent dans l’empreinte carbone du pays…. Des scénarios vertueux du point de vue de la maîtrise de l’empreinte carbone du pays imposent une reconstruction de l’appareil productif autour de solutions bas-carbone, dès les prochains cycles d’investissement »

Commentaire : Ah oui, ça paraissait quand même évident. Mais je voudrais bien qu’on m’explique comment cet objectif de réindustrialisation vertueuse pourrait être compatible avec le respect de la SNBC qui ne l’avait pas prévu.

« Une plus grande sobriété dans les modes de vie et de consommation permet de relâcher la pression sur le rythme nécessaire de développement des énergies bas-carbone » 

Commentaire : oui bien sûr ! Mais alors, comme je le demandais dans ma réponse : les conséquences environnementales et sur la vie de tous les jours des différents scénarios doivent être clairement explicités. Que signifient concrètement sobriété énergétique, flexibilité de la demande ?

« Le parc de production d’électricité français repose aujourd’hui en large partie sur des réacteurs nucléaires de seconde génération. Cette infrastructure de production – totalement atypique à l’échelle internationale – a permis une production d’électricité compétitive et une performance CO2 exceptionnelle, qui n’est égalée dans le monde que par des pays ou régions disposant de ressources hydrauliques uniques (Norvège, Suède, Islande, Québec). »

 Commentaire : Merci de cet hommage !

 « Cependant, les réacteurs ont été mis en service pour la plupart entre la fin des années 1970 et le début des années 1990. Même si l’échéance de leur fin d’exploitation peut être discutée en fonction du programme de prolongation de la durée de fonctionnement des réacteurs et des décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire, il n’en reste pas moins que ces réacteurs devront être massivement fermés entre 2030 et 2060, pour des raisons industrielles et non politiques. « 

Commentaire : Fessenheim n’a pas été fermé pour des raisons industrielles ou de sécurité, mais pour des raisons politiciennes (accord PS/Verts). La fermeture des 14 réacteurs et son calendrier est aussi le résultat de ce même agenda politicien. Il peut être largement modifié

« Cette représentation met ainsi l’accent sur l’importance de la décision de relance ou non d’un parc électronucléaire, qui engagera le pays sur le temps long et résultera d’un choix politique ayant des implications techniques, économiques et sociétales très larges. »

Commentaire : Ben les ENR et le photovoltaïque ont aussi des implications techniques, économiques et sociétales très larges : occupation insupportable du territoire, atteintes aux paysages et à la qualité de vie, coût, nécessité de déploiement de milliers de km de réseau (très mal supporté). Sans oublier les dangers pour la sécurité d’alimentation.

« Ainsi, la perspective d’un système électrique composé à 100 % d’énergies renouvelables implique le franchissement de barrières technologiques et la maîtrise de solutions non encore testées en grandeur réelle. »

Commentaire : Merci de confirmer pour ceux qui ont lu le rapport IEA/RTE : Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l‘horizon 2050 un peu légèrement et de façon biaisée en ne retenant que la petite phrase placée là pour faire plaisir au ministre et en oubliant les 4 ensembles de conditions critiques dont la réalisation serait quasi-miraculeuse.

Partie 2) De nombreuses évolutions à l’issue de la consultation publique ??)

« L’étude « Futurs énergétiques 2050 » reposera sur un cadrage général (trajectoires de référence,variantes et analyses de sensibilité)reposant sur la SNBC et intégrant les enseignements des travaux complémentaires menés depuis sa parution…. L’étude comprend bien un volet dédié à l’estimation de l’évolution de la consommation d’électricité à long terme : ce volet sera ainsi renforcé, et comprendra une trajectoire de référence ainsi que cinq variantes : réindustrialisation forte, sobriété, hydrogène +, efficacité énergétique dégradée, électrification +/─, ainsi que de nombreux tests de sensibilité

« Les scénarios prévoyant à terme un système 100 % EnR (« scénarios M ») seront au nombre de trois. Ils permettent de tester une sortie du nucléaire en 2050 (M0) ou en 2060 (M1 et M23). Leur logique consiste en une répartition diffuse des installations de production avec déploiement massif du solaire (M1) ou alors sur l’idée d’une massification du déploiement des énergies renouvelables autour de grands parcs (éolien en mer, à terre, et solaire photovoltaïque) (M0 et M23 »

Commentaires : répartition diffuse, massification : c’est bien le problème, et un sacré problème d’acceptabilité. Et c’est juste le contraire du nucléaire


« Les scénarios « EnR + nucléaire » (scénarios N) seront également au nombre de trois. Les scénarios N1 et N2 diffèrent par le rythme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires de troisième génération…N2 adopte le rythme maximal présenté par la filière. Le scénario N03 a pour sa part été largement réécrit autour de l’idée d’un système électrique fondé durablement sur le nucléaire. N03 permet d’atteindre 50 % pour la part du nucléaire en 2050 en misant (i) sur une trajectoire de fermetures plus lente sur la période 2025-2035, (ii) sur la prolongation de quelques réacteurs au-delà de 60 ans, et (iii) sur d’autres filières que l’EPR 2, comme les SMR (petits réacteurs modulaires ou Small Modular Reactors) »

Commentaire :  1)même pour arriver à 30% de nucléaire, il faudrait, si l’on s’en tient à la PPE actuelle ( fermeture aberrante de 14 réacteurs ), il faudrait construire 14 EPR. Même chose pour le scénario 50%. Donc, comme l’a souligné récemment le Pdt de l’Autorité de Sureté devant le Sénat , la procrastination n’est plus possible, « le nucléaire a besoin de prises de décisions »).

2) Pourquoi 14 EPR  seulement ? la filière nucléaire a mis en fonctionnement 40 réacteurs en 10 ans dans les années 80…

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/lasn-devant-le-senat-le-nucleaire.html

2 ) arriver à plus de 50% de nucléaire parait possible en renonçant aux fermetures  de centrales prévues par la PPE et en allongeant leur calendrier ( les USA prolongent massivement leurs centrales, techniquement assez proches des nôtres à 80 ans.

Et puis ceci : la filière nucléaire ne serait capable de construire que 14 réacteurs d’ici 2050 alors qu’elle en a ouvert 40 en 10ans dans les années 80 ????

« La consultation publique a confirmé le caractère extrêmement clivé et passionnel du débat sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Les contributions de citoyens reçues dans le cadre de la concertation consistent, en grand nombre, en des demandes d’ajouts de scénarios qui s’éloignent du cadrage initial : des scénarios de sortie rapide du nucléaire (entre « tout de suite » et « d’ici 2030 ») d’une part, des scénarios reposant sur le maintien du statu quo actuel et/ ou de moratoire sur le développement des EnR (et notamment l’éolien) d’autre part. Au titre de l’engagement pris dans le cadre de la concertation, RTE étudiera ces configurations alternatives et décrira les enjeux qu’elles soulèvent »

Commentaire : Ah, enfin une ouverture… Mais il serait bon de ne pas placer sur le même plan ceux qui défendent la rationalité scientifique, technique et économique et écolos bigots dogmatiquement hostiles au nucléaire

« RTE a, enfin, pris en compte un grand nombre de remarques et demandes d’études complémentaires : ajustement des hypothèses sur le PIB et la population, usages prospectifs de l’hydrogène, coût des différentes technologies, intégration d’une variante des scénarios M intégrant un déclassement plus lent des réacteurs nucléaires, etc. »

 Commentaire : c’est bien…Sauf que c’est en contradiction avec la section suivante

 Des points de débat qui demeurent très vifs

« La SNBC est la trajectoire de référence pour la France, permettant de décliner l’engagement du pays à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 »

Commentaire : ben non, ça le fait pas, parce que la SNBC a ignoré notamment les nécessités de réindustrialisation et qu’elle est beaucoup trop optimiste sur les économies d’énergies.

L’Académie des Technologies dans un rapport intitulé Perspective de la demande française d’électricité d’ici 2050, mars 2021, remet sévèrement en cause ces estimations de la PPE et de la SNBC :

« La consommation annuelle d’électricité en France a été d’environ 470 TWh, décarbonée à plus de 90% ; dans le même temps, les consommations de pétrole et de gaz naturel ont été respectivement d’environ 900 TWh et 450 TWh, le recours à l’électricité en France devra croître significativement pour se substituer aux consommations de pétrole et de gaz. Diverses estimations récentes sous-estiment cette croissance. Or des anticipations erronées affecteraient la sécurité de notre approvisionnement énergétique et la vie quotidienne des français…La demande d’électricité (470 TWh actuellement) pourrait aller de 730 TWh à plus de 840 TWh en 2050 si l’on intègre un doublement de la demande d’hydrogène par rapport à son niveau actuel. »

(reference : http://academie-technologies-prod.s3.amazonaws.com/2021/03/10/20/46/10/c568c3dc-9738-4a03-ba45-141e3b75c086/Avis_besoins_energie_2021.pdf)

« La lecture de la « part de la production française » projetée en 2050 pour chaque filière de production a suscité de très nombreuses réactions. Celles-ci apparaissent très largement conditionnées par le débat politique institué par la loi de 2015, puis par sa révision de 2019, sur la part du nucléaire dans le mix. Ainsi, plusieurs répondants ont interprété le chiffre de 50 % pour la part du nucléaire dans la production d’électricité en 2050 comme une contrainte de nature politique

Or ce chiffre résultait bien d’une analyse technique : en intégrant les contraintes sur la durée de vie du parc existant, les rythmes maximaux de renouvellement du parc nucléaire par la construction de nouveaux réacteurs de troisième génération ainsi que l’effort d’électrification nécessaire pour atteindre la neutralité carbone, une part du nucléaire l’ordre de 50 % de la production d’électricité en 2050 apparaît comme un maximum. »

Commentaire : pas d’accord, voire plus haut. Le calendrier de fermeture des centrales existantes est bien une décision, on pas même politique, mais politicienne

« La gestion de la variabilité de l’éolien et du solaire demeure un sujet essentiel de divergence d’appréciations….RTE rappelle qu’il présentera, pour les différents scénarios, non seulement une analyse de risque probabiliste en lien avec le critère public de sécurité d’approvisionnement défini dans le code de l’énergie, mais également une analyse approfondie et une illustration du fonctionnement du système dans certaines situations extrêmes (logique de « stress-tests »

Commentaire : Tiens, ca sera intéressant…. Ca serait bien que ça ne soit pas en contradiction avec les évidences relevées par France Stratégie Quelle sécurité d’approvisionnement électrique en Europe à horizon 2030 ? alertant sur la perte trop rapide de moyens pilotables :  « dès 2030 et vraisemblablement à une date plus rapprochée, si les tendances actuelles se maintiennent, les seuls moyens pilotables ne seront pas en mesure de satisfaire toutes les demandes de pointe moyennes »

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/02/note-de-france-strategie-quelle.html

Commentaire final : Aucune remarque reprise sur le léger conflit d’intérêt de RTE : l’adaptation du réseau aux ENR (RTE plus Enedis) a déjà été estimée à plus de 100 milliards d‘euros ; or certains scénarios  exigent nettement plus d ’investissements dans les réseaux que d’autres. On peut légitimement se demander si ce n’est pas une des raisons expliquant le grand nombre de scénarios  à fort pourcentage d’ENR et le fait qu’aient été ignorés des scénarios à fort pourcentage de nucléaire…




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