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jeudi 6 décembre 2012

Formations médicales_Arrêter le moins disant et la dérégulation !


 Deux absurdités : le numerus clausus et les directives européennes sur les équivalences

27 % des médecins exerçant en 2012  en France ont obtenu leur diplôme à l’étranger. : 17% en Algérie, 16.8 % en Roumanie, 9.9 % en Belgique,  6% de Syrie, 6 % en Maroc. Et il s’agit des médecins installés, la situation sera encore bien pire quand les étudiants actuellement en formation exerceront. En ce qui concerne la Belgique et la Roumanie, ce sont clairement très majoritairement des stratégies permettant de contourner  les  concours français, plus sélectifs. L’afflux d‘étudiants français en médecine, mais aussi infirmiers, kinésithérapeutes, vétérinaires… en Belgique a conduit les autorités belges à introduire ou durcir un système de quota pour limiter les inscriptions étrangères.
23% des dentistes installés en France en 2012 on étudiés hors de France : 52% viennent de Roumanie, 13% d’Espagne, 7% en Belgique, 5 % en Espagne.
Clairement, la directive européenne sur les équivalences est en train d’aboutir à un moins-disant généralisé en matière de formation, et, en matière de formation médicale, c’est sans doute encore moins acceptable qu’ailleurs. Nous en voilà ramené, grâce à la politique européenne, à ce qu’était la France avant la Révolution et l’Empire, où des étudiants en médecine recalés à Paris étaient fort bien accueillis, moyennant finance, par la faculté de Dijon, laquelle leur délivrait un diplôme qui leur permettait d’exercer partout en France…sauf  dans la région dijonnaise. L’Europe, ou la marche arrière toute !
La situation risque encore d’empirer et le moins disant prend des proportions alarmantes avec des démarches comme celle de l’Université privée portugaise Fernando Pessoa. Elle vient d’installer en France même , à Toulon, une antenne, où pourront être formés des dentistes, des pharmaciens, des orthophonistes, sans passer le moindre concours, la période des inscriptions étant en plus astucieusement décalée pour recueillir les étudiants ayant échoués aux premiers partiels des concours français…Leurs diplômes devront ensuite être reconnus, grâce au système d’équivalence européenne. (Le Monde, 06 décembre 2012)
C’est évidemment un détournement complet des concours, une dérégulation totale de la formation des professions de santé. L’Union Nationale des Etudiants en Chirurgie Dentaire a protesté, sera-t-elle entendue ? Face à une situation identique, l’Etat Italien  a révoqué l’autorisation d’ouverture d’une antenne de l’Université Pessoa, en affirmant son droit à garder sous son autorité les études médicales, en tant que partie intégrante de la politique de santé. L’Espagne est confrontée au même problème, et abuse de l’inerte bureaucratique pour différer sa décision quant à l’ouverture d’une Université privée Pessoa aux Canaries. Vraisemblablement, l’affaire remontera jusqu’à la Cour de Justice européenne.
La France est particulièrement menacée en raison d’un système déraisonnable de quota, absurdement mal géré par les Ordres professionnels ; et même pas en faveur des professionnels installés, puisque ceux-ci peinent à trouver des successeurs pour racheter leurs cabinets. Mais c’est un autre problème, connexe, mais différent.
La dérégulation des professions de santé, l’absence de garantie des Etats nationaux, le moins disant généralisé en matière de formation sont des conséquences logiques et inévitables de la politique européenne de reconnaissance automatique des diplômes. Cette politique marche cul par-dessus tête, en mettant en place une reconnaissance sans tenir compte des cursus et niveaux.
En ce qui concerne les études médicales, la France doit se joindre à l’Italie et aux pays qui le souhaiteront, pour faire reconnaître que les formations médicales sont partie intégrantes des politiques de santé, et donc à responsabilité nationale


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