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samedi 16 avril 2016

Loi El Khomri : Ni amendable, ni négociable, retrait !

Manif à Paris le 9 avril, et un grand succès, beaucoup de monde, malgré ce qu’en ont dit les media, une manif calme, déterminée, familiale, un peu gâchée à la fin par une très petite minorité de groupes violents et des incidents évidemment bien mis en avant par les chaines de télé. Un point est d’ailleurs particulièrement inquiétant : on voit très bien que le gouvernement et la presse du système en place cherchent à pousser les manifestant à la faute, laissant faire et mettant en avant des débordements pour discréditer des protestations justes qui ont le soutien de l’immense majorité des Français. En preuve cette question faussement innocente du Figaro : pensez-vous que les violences des manifestants vont discréditer le combat contre la loi El Khomri ?

L’inversion de la hiérarchie des normes : inacceptable  !

A part les syndicats, peu s’inquiètent d’un des aspects majeurs de la loi, qui est maintenu, celui de l’inversion de la hiérarchie des normes. Auparavant, les accords  collectifs prévalaient sur les accords d’entreprise et un accord d’entreprise ne pouvait offrir que des conditions plus favorables que celles de l’accord collectif ; demain si ce projet passe, par un référendum d’entreprise, un accord d’entreprise pourra imposer, en termes de salaires d’horaires ou conditions de travail, des conditions moins favorables si elles sont acceptées par in référendum d’entreprise. A signaler que des referendums pouvaient déjà revenir sur des dispositions en vigueur plus favorables que la convention collective.
C’est une rétrogradation sociale sans équivalent et scandaleuse, qui revient sur plus de cent ans de lutte syndicale. C’est aussi une absurdité économique qui récompense les plus mauvais patrons, en mettant en place une compétition insane au détriment des salariés qui se met en place ; l’entreprise la plus en difficulté d’un secteur, sans doute parce que la plus mal gérée, imposera à ses salariés des baisses de salaires ou augmentation de temps de travail assez facilement par un chantage à l’emploi,  et progressivement les entreprises du secteur seront contraintes à s’aligner sur elles.
On mesure facilement  quel point cette inversion des normes est dangereuses, et tout particulièrement en temps de crise économique et de chômage fort. Extrêmement dangereuse pour les salariés, elle l’est aussi néfaste pour l’ensemble de l’économie, en créant une spirale attirant l’ensemble d‘une branche vers des productions de faible valeur à faible coût, et de plus en plus de déqualification ; c’est une spirale infernale qui se met, en place, la compétitivité par les coûts et non par la qualité et l‘innovation, l’inverse de ce qu’il faut faire.
Comme le proclamait un des slogans les plus repris : Loi Khomri : Ni amendable, ni négociable, retrait !

Le démantèlement de la médecine du travail : inacceptable !

La loi  prévoit de mettre fin au dispositif actuel de visites médicales d’embauche et de visites bisannuelles, ainsi que de supprimer l’avis d’aptitude (ou d’inaptitude) au poste qui en débouchait. Désormais, le salarié aurait droit à une « visite d’information et de prévention effectuée après l’embauche » par un membre du service de santé au travail, même pas forcément médecin ! Puis, il ferait l’objet « d’un suivi individuel de [son] état de santé effectué par le médecin du travail » et par son équipe. Le rythme de ces rencontres de suivi n’est pas encore fixé, mais il pourrait être de cinq ou six ans !!!
Même la CFE-CGC a protesté contre ce texte. Bernard Salengro, président du syndicat des cadres CFE-CGC Santé au travail a déclaré que la loi El Khomry « va éloigner les salariés des médecins du travail. Ceux-ci ne pourront plus repérer les nouveaux maux tels que les risques psychosociaux, le burn-out, etc., ni proposer des solutions ou témoigner de ce qui se passe dans les entreprises ». Mais c’est sans doute ce qui est recherché, d’autant que le Sénat, qui en rajoute toujours dans la rétrogradation, a jugé inutile d’inscrire le burn-out dans les maladies professionnelles. Question supplémentaire : la médecine du travail démantelée, comment les dispositions sur le compte pénibilité ne seraient-elles pas une plaisanterie ?
De plus, l’’intersyndicale CGT, FO, Solidaires et SNPST estime que « sous prétexte de sécurité de tiers, le projet prévoit un avis d’aptitude sécuritaire, qui ne relève pas de la prévention en santé au travail, mais d’une médecine de sélection, étrangère à la médecine du travail ». Si une maladie risque de conduire le salarié à la perte de son emploi, « il la dissimulera au médecin du travail », prévient Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), qui juge ce dispositif « monstrueux.

Merci donc à FO, à la CGT, à SUD et aux autres organisations qui ont organisé ces défilés, et aux nombreux délégués et syndiqués qui luttent maintenant depuis plus d’un mois.
 Une remarque : une affiche de la CGT : 4 millions d’adhérents en 1937, 2 millions en 1968 , 800.000 actuellement. Les salariés français ont besoin de syndicats forts. FO traditionnellement,  ne communique pas le nombre de ses adhérents (entre 300.000 et 500.000 ?). Il y eut autrefois des syndicats amis des yankees et d’autres amis des russkis, mais bon, il y a plus de vingt ans que le mur de Berlin est tombé, que l’Union soviétique a disparu ; alors il est peut être tant d’en finir, d’autant que les positions de FO et de la CGT sont souvent très proches
Face à une CFDT qui ne cesse de poursuivre une dérive incompréhensible, il serait peut-être temps d’offrir aux salariés français un syndicat puissant, capable de les défendre.





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