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dimanche 16 juin 2019

Interdiction des moteurs essence et diesel à partir de 2040- le rapport parlementaire (1)


Les scénarios technologiques permettant d’atteindre l’objectif d’un arrêt de la commercialisation des véhicules thermiques en 2040- rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques.

(Suite du blog https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/06/interdiction-des-moteurs-essence-et.html parlant de l’interdiction de production des  moteurs diesel été et essence à partir de 2040, introduite dans la loi mobilité votée en juin 2019, une loi stupide de plus votée en toute méconnaissance de cause  par des députés macronistes zombies ou playmobyl)

Un office parlementaire sous contrainte, et qui exprime de sévères doutes.

Observons d’abord que L’OPECST (l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques) a été saisi d’une manière plutôt contrainte. Il ne s’agit pas de savoir si l’interdiction des véhicules diesel et essence en 2040 est possible, souhaitable, efficace au regard des défis climatiques, mais de savoir comment on la réalisera. Donc, de l’objectif principal, on ne débattra pas, mais uniquement de ses modalités.
Cette manière de brider l’office parlementaire est tout de même assez bizarre et bien dans la ligne de la démocratie macronienne. On peut s’étonner qu’un scientifique comme M. Villani accepte sans broncher ce qu’il faut bien appeler une forme d’instrumentalisation.

Heureusement, du côté Sénat, quelques représentants politiques de l’ancien monde ne sont pas aussi dociles, ce qui permet quand même une discussion assez approfondie. 

« Les enjeux sont considérables, puisque la filière automobile représente 16 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière française, avec plus de 4000 entreprises industrielles employant quelque 440 000 salariés, et, en aval,près de 130 000 entreprises de services employant 480 000 salariés. Au terme de leurs travaux, les rapporteurs sont globalement confiants dans la capacité de l’industrie et de la recherche française à tirer parti des transformations en cours dans l’industrie automobile. Néanmoins, ils considèrent qu’il convient de ne pas sous-estimer les risques associés à un tel bouleversement »

« Les premières auditions menées par les rapporteurs ont confirmé, d’une part, le degré très élevé d’incertitude sur l’évolution des solutions de mobilité, aussi bien à l’échéance de 2040 qu’à un horizon plus rapproché, d’autre part, la nécessité, pour mener à bien la réalisation des scénarios technologiques demandés, de disposer de connaissances approfondies de l’ensemble des solutions technologiques touchant à la mobilité, ainsi que d’une maîtrise de la démarche d’élaboration des scénarios et des modèles mathématiques sur lesquels ceux-ci sont fondés »

Traduction : on sait pas trop comment faire ; on sait pas quelles solutions techniques il faut prendre, mais la seule certitude c’est que cela coutera très cher et risque de faire disparaître un des grands secteurs industriels français !

Incertitudes techniques : biodiesel, électrique, hydrogène, piles

Le véhicule électrique est-il si vertueux ? « Ramené engrammes de CO2 par miles, le constructeur Audi évalue ses émissions aux alentours de 48 grammes pour un véhicule diesel ou essence, de 53 pour un véhicule au gaz, et de 82 pour un véhicule électrique. D’où provient cet écart ?Très clairement des batteries, puisqu’il faut énormément d’énergie pour les produire. Ainsi qu’il est souvent rappelé, un véhicule électrique ne commence à être propre qu’à partir de 40 000 ou 60 000 kilomètres, puisque sa fabrication a nécessité de l’énergie. Ce matin, le directeur général de l’énergie et du climat, M. Laurent Michel, soulignait la nécessité d’aller plus loin à l’avenir dans l’analyse des cycles de vie complets. Nous sommes complètement d’accord, pas seulement parce que cela va à notre avantage, mais d’abord en tant que citoyens, car cela correspond à la réalité. »
Commentaire : Ben oui, avant de se lancer dans le tout électrique et d’abandonner le véhicules thermiques, il faudra quand même savoir. Et savoir aussi d’où provient l’électricité ; car le résultat n’est pas le même avec une électricité nucléaire décarbonnée, ou une électricité produite à partir du charbon et du lignite

Le cas du biogaz ; une vraie opportunité pour la France, ratée pour l’instant : La voiture thermique à biogaz peut être extrêmement vertueuse du point de vue climatique. La France, qui est d’être un grand pays rural, avec beaucoup de biomasse a là de grands atouts dont nous n’avons pas profité. Les Allemands ont construit presque 10 000 méthaniseurs. Ils ont développé la méthanisation en réorientant vers celle-ci les crédits de la politique agricole commune ! En réaffectant, subventionnés par l’Union Européenne, des  surfaces utilisées pour l’alimentation animale ou humaine en culture énergétique, les Allemands ont  en partie, sauvé leur agriculture, et, en partie, détruit la nôtre, en créant un delta de compétitivité.

Nous avons 63 methaniseurs. Nous avons interdit par un vote du Parlement de réaffecter des surfaces de cultures alimentaires en cultures énergétiques. En revanche, la France a accepté les cultures intermédiaires qui consistent à planter, immédiatement après la récolte de l’orge ou du blé, une culture qui sera récoltée, par exemple au mois de mars ou d’avril, avant de semer du maïs ou des betteraves.

Commentaire : arrêtons de diaboliser le moteur thermique ! Et comme d’hab, l’Europe est un jeu qui se joue à 27 (ou un peu moins), et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne !

L’hydrogène au doigt mouillé : « Le scénario Pro-hydrogène démontre que cette technologie pourrait jouer un rôle important, si deux conditions étaient réunies : des progrès techniques beaucoup plus rapides que prévu, permettant une baisse accélérée des prix, et un fort soutien public (l’aide à l’achat  retenue est de 10 000 € jusqu’en 2040. »

Commentaire : quand l’expertise scientifique aboutit à constater que si ma tante en avait deux, on l’appellerait mon oncle. Avec un autre paramètre caché : si on produit, comme maintenant, de l’hydrogène à partir du méthane, le bilan climatique est désastreux. Et à partir de l’électricité, et ben, pour le coût, c’est absolument pas compétitif et il faudrait beaucoup d’électricité…Donc, ça dépend aussi comment elle est produite, et l’avantage par rapport au véhicule électrique est alors…incertain.

Faut-il tuer le moteur thermique ? : « Le moteur à combustion interne est  un avantage compétitif européen à préserver. L’avance considérable de l’industrie automobile européenne dans le domaine des moteurs à combustion, issue de plus d’un siècle de recherche et développement, lui a jusqu’à présent permis de résister à la montée en puissance des constructeurs chinois qui ne sont pas parvenus à atteindre le même niveau de maîtrise de cette technologie. La disparition de cet avantage compétitif constituerait l’une des principales conséquences d’un abandon complet du moteur à combustion au profit du moteur électrique. Compte tenu de la simplicité de ce dernier, et du niveau de performance élevé atteint par les produits actuellement disponibles, par exemple en termes de rendement, il semble en effet difficile d’espérer reconstituer un tel différentiel concurrentiel.

Une autre conséquence directe d’un abandon rapide du moteur à combustion au profit du moteur électrique concerne les emplois du secteur automobile. Comme l’a rappelé M. Gilles Le Borgne : « En comparant un moteur électrique et un moteur à combustion interne de dernière génération de trois cylindres, avec quatre soupapes par cylindre, l’ensemble des systèmes d’échappement, une boîte de six vitesses, etc. Il n’est nullement nécessaire d’être spécialiste pour constater que dans un cas la valeur ajoutée est beaucoup plus importante que dans l’autre. »

« Qui plus est, la disparition pure et simple des moteurs à combustion des véhicules des marchés français et européen, alors que ceux-ci continueront nécessairement à être commercialisés dans d’autres pays, impliquerait à relativement court terme, pour des raisons de rationalisation industrielle, le transfert des emplois correspondant vers les pays où ce type de motorisation sera toujours demandé. »
Parmi ses recommandations, le rapport appelle à « ne pas négliger la R&D sur les moteurs à combustion interne. D’une part, il est crucial d’augmenter encore leurs performances, car ces moteurs vont constituer encore pendant une vingtaine d’années l’essentiel du parc. Toute amélioration pendant cette période aura des effets très significatifs sur le sentier de décarbonation. D’autre part, parce que la filière automobile française et européenne exporte aussi sur d’autres marchés moins contraints… »

Commentaire : alors faut-il tuer le moteur thermique ? La réponse du rapport est plutôt non ;, et pour de multiples raisons : écologiques ( et oui, ça dépend ce qu'on en fait et l'électricité n'est pas du tout idéel en tous cas), économiques, stratègique, besoin des utilisateurs, situation mondiale, compétition avec la Chine)

Conclusion sur ce chapitre des moteur thermiques, quels que soit leur carburant, avant d’en venir à la multiplicité de problèmes posés par les véhicules électriques: « Aujourd’hui, le consommateur est complètement perdu : que doit-il acheter, avec quelle motorisation, à quel horizon de temps, à quel coût, etc. ? » Il en va de même pour les industriels » 

C’est un peu fâcheux, mais compte-tenu des incertitudes scientifiques et technologiques, un peu inévitable. D’où :

La grande conclusion : la neutralité technologique.  En effet, et donc dans cette incertitude, les rapporteur en appellent plusieurs fois et fortement à « réaffirmer le principe de neutralité technologique, garant de la liberté des industriels de trouver les solutions les plus efficaces et les moins coûteuses, et de celle de leurs clients d’adopter celles qui répondent le mieux à leurs besoins. À cet égard, le moteur thermique continuera à jouer un rôle, dans une période de transition, au côté des véhicules électriques à batterie, par exemple dans les véhicules hybrides rechargeables. Il revient aux pouvoirs publics d’imposer des objectifs, tels que la réduction des émissions de CO2, et de laisser les acteurs libres d’innover et de choisir les meilleurs moyens pour les atteindre, ce qui permettra d’optimiser l’impact des innovations sur la société et l’environnement » « La neutralité technologique permet aussi une transition plus progressive, limitant les impacts sur le tissu industriel et les emplois »

Commentaire : Cette neutralité technologique de bon sens, c’est  qui est le contraire de ce qui a été voté par la majorité LREM du Parlement dans la fameuse loi mobilité, la mesure couperet d’interdiction des véhicules thermiques en 2040, démagogique, dangereuse, idiote !

La suite sur les défis redoutables du tout moteur électrique dans un prochain blog.


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