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mercredi 31 juillet 2019

Tritium et boule de gomme : les marchands de peur


L’Acro frappe un grand coup…de propagande « écolo ». Le grand bluff

Il y avait déjà eu une première tentative de l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest), « association citoyenne d'information et de surveillance de la radioactivité » début juillet avec la dénonciation de la « présence de tritium » dans la Loire (cf. blog précédent https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/tritium-dans-la-loire-information-et.html)
.
Ca n’avait pas trop bien marché, petite reprise locale et rapidement un communiqué de l’ASN (autorité de Sureté Nucléaire) assez largement repris et remettant les choses (c’est-à-dire rien) au point.

Mais après ce coup d’essai qui n’était pas un coup de maître propagandiste, l’Acro a récidivé. En grand. Et le premier à se faire avoir fut le Canard Enchainé ( d’habitude mieux inspiré, qu’ils arrêtent l’eau et reviennent au julienas !)

 L’histoire commence le 16 juillet. En fin de journée circule en ligne un article de l’édition du lendemain du Canard Enchaîné intitulé «De l’eau potable assaisonnée à la radioactivité». Sur quatre colonnes, l’hebdomadaire évoque ces «6,4 millions de Français, dans 268 communes, [qui] boivent sans le savoir de la flotte au tritium, un radioélément recraché par les installations nucléaires». La source :
un rapport de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest (Acro).

Ce document est également médiatisé par des élus écologistes des conseils régionaux des Pays-de-la-Loire, de la Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val-de-Loire, qui interpellent les autorités dans un texte commun, également publié le 16 juillet. Signalons un tweet depuis effacé de l’ineffable, l’immanquable Michèle Rivasi, appelons les mères à ne pas utiliser d’eau du robinet pour les biberons.
A la mi-journée, le 17, c’est l’Agence France-Presse qui consacre une dépêche à cette étude : «Du tritium dans l’eau potable de millions de personnes », titre l’AFP. S’ensuit une avalanche d’articles reprenant cette dépêche sur le mode anxiogène. «A force de titres alarmistes et d’infos copiées-collées sans mise en perspective scientifique, un rapport sur la présence à très faibles doses de tritium (hydrogène radioactif) dans l’eau potable en France a pris des airs de catastrophe nucléaire de grande ampleur», résume Arrêt sur images. Le Parisien reprend le communiqué de l’ACro et dénonce une « contamination » radioactive de l'eau alimentant 6,4 millions personnes en France. Selon elle, 268 communes sont concernées, dont de « grandes agglomérations » comme Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes, et 122 communes d'Ile-de-France. Dans un second temps, Le Parisien, après un second titre alarmiste et devenu schizoprène,  titre  finalement « Gare aux fake news». C’est bien, c’eût été mieux avant !

Car entre temps, la panique s’est répandue. Sur les messages sociaux circule un enregistrement audio d’une femme se disant infirmière à Bichat : «Je vous fais ce message pour vous dire de ne surtout pas boire l’eau du robinet. Parce qu’étant infirmière […] au niveau des hôpitaux de Paris, à Bichat, on a reçu un arrêté préfectoral à l’instant disant que toute l’eau de l’Ile-de-France et de Paris a été contaminée au titanium donc est radioactive. […] A priori, ils n’ont pas trop l’intention de prévenir en fait au niveau national. Donc du coup à l’hôpital ben on prévient tous nos proches. Donc je vous fais ce petit message : ne buvez pas l’eau du robinet […] . L’Assistance publique de Paris reçoit de nombreux appels affolés des Samu et de particuliers. Une internaute témoigne : « A Rueil Malmaison la direction d’un foyer pour enfants a interdit la consommation d’eau du robinet car elle serait selon eux contaminée (4,2 Bq/L à Rueil) et de nombreuses personnes de mon entourage ont par peur acheté plusieurs packs d’eau minérale. »

Et maintenant la réalité :

« Aucune valeur ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires », reconnaît l'association elle-même alors que la moyenne de ces relevés est de 9 Bq/L !!!!

Donc, il n’y a rien, rien à dire, absolument rien. Et au lieu de « Du tritium dans l’eau potable de millions de personnes », c’est bien plutôt :
« Une association confirme que 6 millions de français ont accès à une eau qui respecte le critère de qualité de 100 Bq/L (Becquerel par litre) » Point, Punkt, Punto…

Au passage, corrigeons en admirant la sophistique de l’ACRO : « le critère de qualité de 100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires » n’a en fait rien de sanitaire. Ce seuil de 100 Bq/L, précise l’Autorité de Sureté nucléaire (ASN)  « ne représente pas une limite sanitaire » mais simplement une limite réglementaire qui doit entrainer une investigation pour vérifier l’origine de cette radioactivité, qui est sans danger pour la santé. En ce qui concerne la potabilité, l’OMS considére « une valeur guide de 10 000 Bq/L pour le tritium dans l'eau de boisson, à considérer en cas de consommation permanente de l'eau ». Soit cent fois plus !!!

Ne pas en rester là ! No fake science !

Donc, en pleine canicule, une véritable panique a été créée…à partir de rien. Les hôpitaux de Paris , la Préfecture, l’ASN ont dû multiplier les communiqués pour tenter de rassurer l’opinion et réparer ou éviter les dégâts possibles de la petite et méprisable manipulation de l’ACRO. Qui aurait pu avoir des conséquences graves si des personnes âgées ou des enfants avaient renoncé à s’hydrater sur la foi de ces fake news.

Plainte a été déposée contre l’auteur anonyme de l’enregistrement audio – la prétendue infirmière de Bichat. C’est bien le moins. Il serait aussi souhaitable que l’Acro ait à répondre de ses manipulations. Elle possède un agrément de l’ASN pour son laboratoire, sur son site, elle se dit « agréée de protection de l’environnement dans le cadre des régions de Basse-Normandie et de Haute-Normandie » et sans doute touche-t-elle des subventions. Il est peut-être temps d’y mettre fin.

Se pose aussi la question du traitement des informations scientifiques par les media. Et justement juste avant cette affaire venait de paraitre une pétition initiée par le groupement NoFakeScience, « collectif de citoyen·ne·s qui s'est réuni autour d'une préoccupation majeure : le traitement actuel de l'information scientifique dans les médias. Une pétition en ligne a été lancée, dont voici le début :

« Nous, scientifiques, journalistes et citoyen·ne·s préoccupé·e·s, lançons un cri d’alerte sur le traitement de l’information scientifique dans les médias, ainsi que sur la place qui lui est réservée dans les débats de société. À l’heure où la défiance envers les médias et les institutions atteint des sommets, nous appelons à une profonde remise en question de toute la chaîne de l’information, afin que les sujets à caractère scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans déformation sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être restaurée sur le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s. »

Bien que n’étant pas fan de l’écriture dite inclusive, à lire et à signer absolument, le sujet est trop important (https://nofake.science/tribune/)

Au-delà, nous savons bien quelles sont les causes de cette affaire et du comportement de l’ACRO : la haine irrationnelle, misologue, rétrograde, absolue, imbécile de certains écologistes contre le nucléaire civil. Eh bien qu’ils nous expliquent comment ils comptent sauver le climat sans nucléaire – tiens les Allemands, en cette période de canicule rejettent 8 fois plus de CO2 que nous !!! Oui, les manigances et mensonges de ces imbéciles malfaisants doivent être dénoncées sans relâche et sans compromis…car ils savent très bien ce qu’ils font : calomniez, mentez, terrorisez,  il en restera toujours quelque chose, un fond vague de nuage de tritium sur le nucléaire….

Complément sur la radioactivité du tritium – et les célèbres bananes !

Le tritium est un émetteur beta pur. En se désintégrant, avec une demi-vie d'environ 12 ans, il émet un rayonnement beta, un électron. En l'occurrence, un rayonnement de très faible énergie : 5,7 keV en moyenne. C'est 33 fois moins que l'énergie du beta du Césium 137 ! En plus de ça, vu qu'il est sous la forme d'eau, il est très vite métabolisé et évacué : il ne séjourne pas longtemps dans l'organisme s'il y pénètre. C'est à dire qu'il faut des niveaux de radioactivité (en becquerels) très très élevés pour avoir des doses (en sievert, qui permettent d'évaluer un impact sanitaire) significatives.

Les facteurs de dose  sont des coefficients qui permettent de passer, en cas de contamination interne, des activités (en Bq) aux doses (en Sv). Autrement dit, pour une quantité de radioactivité égale, ils donnent la radiotoxicité, le risque.
Pour l'eau tritiée, dans le pire cas (c'est à dire chez l'enfant d'un an), on est à 64 pSv/Bq. Oui, picosievert (1/1000000000000)
En comparaison, le potassium 40, il balance du 62 nSv/Bq, car sa désintégration beta est très énergétique.(1/1000000000).
Donc le tritium sous forme d'eau tritiée est 1000 fois moins radiotoxique que le potassium 40, à quantité de radioactivité égale.

Or, les très chères bananes contiennent chacune 20 Bq de potassium 40. Donc considérez qu'en termes de radiotoxicité chez le bébé, 20 000 Bq d'eau tritiée valent une dose équivalent banane.

Si on vous parle d'eau à 10 Bq/L, ce qui est le cas en moyenne selon les mesures de l’Acro, il faut en boire 2000 L pour prendre la même dose qu'en mangeant une banane.

Évitez de faire ça d'une traite. Sur le bébé, mais même sur vous. La radioactivité risque d'être un problème secondaire
(Pour ceux qui auraient pas reconnu, c’est l’humour de Tristan Kamin, rien de mieux ! j’ai repris ces données sur son indispensable thread twitter (https://twitter.com/TristanKamin)

Pour ceux qui aiment bien les bananes, ne manquez pas  veritasium : Most radioactive places on earth !!!  (https://www.youtube.com/watch?v=TRL7o2kPqw0)
                                  
Bon d’autres données :
Vivre à côté d’une centrale nucléaire : 0.002 mSv
Dose reçue en dormant chaque nuit à côté d’un être humain : 0.05 mSv
Dose moyenne en France d’exposition naturelle au radon : 1.4 mSv
Exposition médicale moyenne en France : 1.6 mSv
Radioactivité des zones granitiques de Bretagne : 5 mSv
Dose reçue par le personnel des vols Paris Tokyo : 9 mSv
Dose limite d’exposition pour les travailleurs du nucléaire : 20 mSv
Radioactivité naturelle au Kerala en Inde : 70 mSv
Niveau de référence pour l’exposition professionnelle d’urgence : 100 mSv
Eau tritiée de l’ACRO : 0.0000006 mSv/l



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