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vendredi 21 août 2020

Canicule, Covid, ENR et nucléaires, qqs nouvelles d’aout 2020 1)- Le contre exemple californien


Les canicules ne sont pas favorables aux ENR

On le sait, les périodes de canicules ne sont pas favorables aux ENR. D’abord, la consommation d'électricité augmente sensiblement en période de températures caniculaires, à cause notamment des climatiseurs et ventilateurs, et ces épisodes sont sans doute destinés à devenir de plus en plus fréquents, causant des pointes de consommation estivales.

Ensuite, si, comme souvent la canicule est liée à la présence d’un anticyclone, il y a absence de vent et les éoliennes ne tournent pas. Et quand on dit ne tournent pas, c’est nib de nib, typiquement moins de 5% de la puissance du parc pendant plusieurs jours. Et cela sur l’ensemble de l’Europe, les anticyclones ne connaissant pas les frontières.

Et c’est parfois pire. Ainsi, le 22 juillet 2019, les huit mille éoliennes françaises ne fournissaient quasiment plus d’électricité ; alors que la barre des 34°C a été localement dépassée sur une partie sud du pays, les éoliennes destinées à produire de l’électricité au réseau n’ont fourni que 607 MW soit 1% du total (Fédération Environnement Durable -FED). Dans un communiqué, la FED précise :

« Ces chiffres montrent l’inutilité de ces machines pharaoniques et l’erreur de vouloir poursuivre leur implantation alors qu’elles sont incapables de produire de l’électricité lorsque les consommateurs en ont besoin….La production intermittente des éoliennes dépend uniquement du bon vouloir du vent et non pas de leur gigantisme ou de leur nombre. Elles ne peuvent faire face ni aux vagues de froid, ni aux vagues de chaleur, c’est-à-dire au moment critique ou l’électricité d’un pays devient vitale. Un blackout est considéré comme une catastrophe potentielle nationale mettant en danger la sécurité des citoyens. »

Les panneaux solaires ne sont pas du tout flambards : ils ont trop chaud ; c'est un paradoxe, les panneaux solaires aiment le soleil, mais pas la chaleur ! Leur température idéale de fonctionnement est de 25 degrés. Au-delà, ils perdent jusqu'à 25 % de leur production.
Et ça a des conséquences.

Canicule 2020  en Californie : coupures de courant.



Donc, en pleine crise Covid et pic de chaleur, la Californie a  coupé le courant à plus de trois millions de Californiens.- des coupures tournantes qui  se sont étalées sur 4 jours. Que s’est il passé ?

« Vendredi 14 août, la Californie a ordonné des coupures de courant, alors qu’une vague de chaleur a mis à rude épreuve son système électrique. Alors que la Californie vivait une journée de canicule avec des températures atteignant 44°C (110 °F), en rentrant du travail vers 17 heures, les Californiens ont tous branché leur climatisation augmentant soudainement la demande d’électricité. En même temps alors que le soleil commençait à se coucher, la capacité solaire a perdu près de 1GW de puissance. Parallèlement, comme c’est souvent le cas en pleine canicule, il n’y avait pas un souffle de vent ce qui a privé les californiens de leur électricité éolienne. Moralité l’opérateur a d’abord demandé aux usagers de réduire leur consommation puis a dû couper l’électricité à près de 500 000 foyers durant une partie de la nuit. En pleine pandémie du COVID 19 qui sévit toujours en Californie, on ne connait pas les conséquences notamment sanitaires de ce blackout »

Ceci s’est passé dans un climat d’impréparation qui a suscité l’indignation des Californiens. Moins d'une heure avant les coupures tournantes le gestionnaire de réseau avait affirmé qu'elles ne seraient pas nécessaires, et s’était contenté d’un courrier appelant à couper les  climatisations et autres gros appareils électriques, à fermer les rideaux, etc.  Puis, l’agence qui gère le réseau électrique de l’État a  affirmé que des coupures de courant seraient finalement nécessaires pour équilibrer l’offre et la demande. Le  gouverneur s’est indigné que les régulateurs n’étaient pas préparés à cette situation….Bilans : coupures tournantes sur 4 jours !

La crise de 2020 n’est pas sans précédent et est le résultat d’une longue évolution

C’est que depuis des années, la Californie est en état total de déni quant à son système électrique. et la crise de 2020, particulièrement malheureuse par temps de Covid et de canicule, n’est que la conséquence d’une évolution catastrophique depuis la politique de libéralisation du pseudo »marché de l’électricité » des années 90.  Cet Etat qui se clame la 5ème puissance économique mondiale se rapproche dans son système électrique du tiers monde…Et aussi  de l’endroit où nous amène la politique énergétique (et en fait anticlimatique) de la Commission européenne.

La crise de 2020 : un mix électrique toxique : trop d’énergies intermittentes, pas assez de pilotables !

Intermittence de l’éolien et du solaire – lequel, contrairement à ce que l’on pense n’est pas forcément adapté aux contrées très ensoleillées

« Faute de vent dans l’Etat samedi, l’énergie produite par les éoliennes a chuté dramatiquement. Une seconde centrale à gaz n’a pas été suffisante pour compenser et obtenir la production nécessaire. L’État est confronté à un problème fondamental: la Californie est fortement tributaire de l’énergie solaire et d’autres sources d’énergie renouvelables, et le soir, l’énergie solaire disparaît, alors même que plus  de clients allument leur climatisation. »

Fier de sa transition énergétique, la Californie produit aujourd’hui un tiers de son électricité à partir d’énergies renouvelables intermittentes. On aurait tendance à dire un tiers heureusement. On a peine à imaginer ce qui se serait passé si l’état le plus peuplé des US produisait la moitié voire la totalité de son énergie à partie des ENR intermittentes. De nombreux experts et observateurs alertent depuis des années sur le risque de dépasser le seuil de 30% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique sans prévoir en back-up des unités pilotables capables de prendre le relais. »

 « Les énergies renouvelables, solaire et éolien pour l’essentiel sont intermittentes. En France, le soleil ne brille en moyenne que 1000 heures par an (soit 12% du temps) et le vent ne souffle que 2000 heures par an (soit un peu plus de 20% du temps). En moyenne, un mix 100% solaire ce serait accepter de l’électricité un jour sur dix et un mix 100% éolien ce serait en accepter un jour sur cinq. Par contre les énergies pilotables (charbon, gaz, nucléaire) sont capable, à la maintenance près, de fournir de l’électricité 100% du temps. Mais, en dehors de cette notion d’intermittence, l’éolien et surtout le solaire dépendent des aléas climatiques. Ainsi, si l’efficacité d’une cellule solaire s’accroit avec l’ensoleillement (durée et intensité), elle décroit avec l’accroissement de température. Ainsi, des cellules photovoltaïques placées en plein désert ne pourront être efficaces qu’à condition d’être réfrigérées. Mais, l’antipathie de la nature vis-à-vis du solaire ne s’arrête pas aux canicules. Là où il a de l’espace et du soleil (le désert) il y a aussi malheureusement…du sable. Les grands projets solaires émiratis et chiliens se sont ainsi cassé le nez face aux tempêtes de sable qui rendent les panneaux solaires inopérant en les couvrant de sable. Les nettoyer est un casse-tête : les balayer à sec griffe les panneaux, les nettoyer à l’eau de mer les couvre d’une croute de sel. Quant à l’eau douce tout le monde conviendra qu’elle n’est que très peu disponible…dans le désert. Aussi les émiratis ont mis la pédale douce sur leurs projets solaires pharaoniques et se sont tournés vers le…nucléaire. »


Trop de solaire et d’éolien, pas assez de pilotable : entre 2010 et 2018, 14500 MW de solaire et éolien non pilotable installée. 5400 MW de production pilotable fermée.
Et c’est pour 1.000 mégawatts manquants que le black-out a eu lieu pendant quelques heures !

Ben comment dire, c’est la recette pour une catastrophe !


Un mix électrique pathologique.



La production nette des centrales électriques californiennes s'élevait en 2018 à 197 227 GWh, en recul de 4,3 %, soit 4,7 % de la production totale des États-Unis : 4 177 810 GWh ; s'y ajoute la production estimée des petites installations photovoltaïques : 13 046 GWh, portant la production totale nette à 210 273 GWh.

Le secteur de l'électricité en Californie se caractérise par une proportion importante d'énergies décarbonées : 53,9 % en 2018 (8,7 % de nucléaire et 45,2 % d'énergies renouvelables : hydraulique 12,4 %, géothermie 5,7 %, biomasse 2,7 %, éolien 6,5 %, solaire photovoltaïque 17,8 %, solaire thermodynamique 1,2 %), mais les combustibles fossiles ont encore une part élevée : 44,7 % (presque uniquement gaz naturel),

Plusieurs caractéristiques importantes.

- Le parlement californien a établi en 2002 le California Renewables Portfolio Standard (RPS), un programme qui impose aux « utilities » et autres fournisseurs d'électricité de porter la part des énergies renouvelables à 33 % de leurs fournitures totales en 2020.

Commentaire : En ben, ils y sont presque ( ça dépend comment on compte) et on voit déjà le résultat (solaire plus éolien 24,3% plus hydraulique  =36.7%- mais l’hydraulique est pilotable, sf. que –voir ci après)

- La Californie se classe au 1er rang parmi les États des États-Unis pour la production d'électricité à partir de biomasse, de géothermie et d'énergie solaire

- La Californie (5ème puissance mondiale) n’est pas autosuffisante, et de loin : : La production ne couvre que 72 % de la demande, le reste étant importé des États voisins et du Mexique.

- Toutes les renouvelables ne sont pas égales et la Californie a perdu de l’héyraulique pilotable au détriment de l’éolien et du soliare (fatals)- et cette perte peut être parfois brutale. La production des centrales hydroélectriques conventionnelles en Californie s'est élevée en 2018 à 25 898 GWh, en baisse de 38,9 % par rapport à 2017 du fait d'une sécheresse sévère ; La part des énergies renouvelables (EnR) n'a pas progressé de 1990 à 2018, la forte progression de l'éolien et du solaire ayant été presque compensée par l'effondrement de l'hydroélectricité due à une succession d'années de sécheresse.

Avec l’aggravation des sécheresses, l’hydraulique devient aussi difficile à piloter, et c’est un facteur de fragilité supplémentaire





-  La production des centrales nucléaires en Californie s'élevait en 2018 à 18 214 GWh en recul de 44 % par rapport à 1990 du fait de la fermeture de la centrale de San Onofre en 2013. La chute de la production nucléaire du fait de la fermeture de la centrale de San Onofre en 2014 a été compensée par une forte progression du gaz naturel. (non, SVP : fossile !)

Commentaire : Ben tiens, ils font comme les Allemands et c’est pas bon pour le climat…

Les précédent de 2018 et  2019 : 85 morts dans le Camp Fire, coupures électriques pour éviter les incendies

Les coupures électriques massives ne sont pas une nouveauté en Californie, elles tendent  à se répéter : 2020, après 2019 et 2018 après 2001

En 2018, la Californie a connu l’un de ses pires et plus violents incendies avec le « Camp Fire », le 8 novembre 2018, qui  a détruit la localité de Paradise et fait 85 morts, le bilan le plus lourd que l’Etat ait connu. Les experts l’avaient attribué à un défaut d’entretien des lignes électriques (un départ de feu sous l’une de ses lignes à haute tension)
Le mercredi 9 octobre 2019, 500 000 résidents de l’Etat qui a rang de cinquième économie du monde, se sont donc vus privés de courant, à titre préventif, principalement dans le nord de l’Etat, de Sacramento aux contreforts de la Sierra. 250 000 habitants de la baie de San Francisco devaient subir le même sort dans la nuit, les météorologues ayant annoncé des vents violents et décrété une « alerte rouge ». Vingt-neuf des 58 comtés californiens étaient affectés par la décision de PG&E de ne plus prendre le risque de servir ses clients pour éviter les risques d’incendies
Bilan : l’historique PG&E s'est mise en faillite en janvier, faisant face à des milliards de dollars de dettes potentielles en raison de sa responsabilité dans le «Camp Fire»,

Les coupures tournantes de 2001, brillant résultats de la politique de libéralisation du « marché » de l’électricité

En 1996, l’Etat de Californie, sous l’influence de l’idéologie libérale démantèle ses deux monopoles publics (Pacific Gas and Electric et Southern California Edison qui détenaient 80 % du marché) Ce fut un festival ! On sépara le réseau et l’on créa de deux marchés de gros, ce qui permettait plus d’occasion de spéculation.

Contrairement à leurs engagements mais conformément à leur intérêt bien compris, les producteurs privés  n’ont entrepris la construction d'aucune des centrales qu'ils avaient pourtant dans leurs cartons et qu’ils s’étaient engagé à construire. Leur seule vraie crainte, la menace suprême pour eux, c’était la surproduction, et ils n’avaient aucun intérêt à investir et à augmenter une production… dont la rareté assurait leur profit – elle était la garantie pour eux de pouvoir imposer des tarifs élevés et maximiser leurs bénéfices sans investissements.  Mais dans le même temps, dans cette Californie avec ses industries dynamiques et ses ménages très consommateurs , la demande n'a cessé de croître. Affaires en or pour les centrales, catastrophes pour les particuliers et les industriels avec augmentations de prix et pannes.

Conclusion : envol exponentiel des prix de gros. Bon quais-exponentiel : les prix de gros de l'électricité, qui étaient à 30 $/MWh en avril 2000 , passèrent à 100 $/MWh, puis atteignirent en novembre 250 à 450 $/MWh, soit plus de 100% d’augmentation en 2001!  Mais dans le même temps, les autorités politiques craignaient l’effet des hausses massives du prix de détail sur les petits consommateurs (lesquels commençaient à se manifester bruyamment) et bloqua ceux-ci. Donc au début 2001, des coupures tournantes durent être organiséespuis les deux principales compagnies ex-publiques (PG&E, Pacific Gas and Electric Company et SCE, Southern California Edisonfirent faillite, ainsi que quelques centaines de leurs fournisseurs dans leur chuteL’Etat fut contraint de les reprendre, ce qu’avait parfaitement anticipé cyniquement, le PDG d'Enron, Jeff Skilling,: «Quand les compagnies seront trop endettées, nous limiteront l'énergie livrée à la Californie et l'Etat sera contraint d'aider ces sociétés.»

Ah oui, car dans ce festival, il y a eu Enron, la plus gigantesque escroquerie de ces années ; Enron, qui gérait le Path 26, la seule connexion entre Californie du nord et Californie du Sud, Enron et ses congestions fantômes. Voilà ce qu’ils ont fait, expliqué à une Commission d’Enquête Sénatorial par un employé : « les courtiers d'Enron ont engorgé cette ligne artificiellement pour qu'ensuite, quand les gens auraient besoin de cette ligne, Enron fasse monter ses prix ». Ainsi, le 14 et 15 juin 2000, en pleine vague de chaleur, les courtiers d'Enron ont engorgé le «Path 26»,. Ils ont créé un goulot d'étranglement qui a bloqué la transmission de l'électricité vers «Path 15» en direction du nord de l'Etat. «On a surchargé la ligne qui nous appartenait chaque fois qu'il y avait une vague de chaleur, reconnaît maintenant un courtier. Résultats : des black-outs à San Francisco, Los Angeles et dans la Silicon Valley au cours des étés 2000 et 2001, jusqu’à ce que les autorités locales acceptent de payer à Enron le prix qu’ils exigeaient.

Et bien d’autres manœuvres encore, par exemple le «blanchiment de mégawatts». Comme les prix étaient plafonnés en Californie, Enron achetait du courant dans cet Etat, le transférait dans les Etats voisins et le revendait au prix fort en Californie. Un exemple d'escroquerie imité ensuite par d'autres compagnies. Et imy eut aussi le rackett :  La peur des black-out  a aussi forcé les entreprises à signer des contrats à long terme avec Enron pour plus d'un milliard de dollars. (cf. Quand Enron éteignait la Californie. Libération, Annette Lévy-Willard, 21 mai 2002)


On voit d’où vient la situation californienne actuelle et ses coupures à répétition. : libéralisation complètement ratée et scandaleuse sur bien des aspects,  un système électrique à l’abandon, incapable de fournir à la Californie l’électricité dont elle a besoin, des installations dégradées provoquant des incendies meurtriers, une centrale nucléaire fermée ( intéressant de savoir s la dernière, Diablo Canyon qui est bien présente et a  produit avec une belle stabilité sera elle aussi arrêtée comme prévu) ; une politique idéologique de promotion des ENR ,en particulier du solaire ( qui en fait ne décarbone rien car le nucléaire a été remplacé par du gaz qui reste la part la plus importante du mix californien (44%), mais qui, ne correspondant pas aux besoins (climatisation le soir, qd les californiens rentrent chez eux), entraine black-out sut black out


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