Les
canicules ne sont pas favorables aux ENR
On le sait, les périodes de canicules ne sont pas
favorables aux ENR. D’abord, la consommation d'électricité augmente
sensiblement en période de températures caniculaires, à cause notamment des
climatiseurs et ventilateurs, et ces épisodes sont sans doute destinés à
devenir de plus en plus fréquents, causant des pointes de consommation
estivales.
Ensuite, si, comme souvent la canicule est liée à la
présence d’un anticyclone, il y a absence de vent et les éoliennes ne tournent
pas. Et quand on dit ne tournent pas, c’est nib de nib, typiquement moins de 5%
de la puissance du parc pendant plusieurs jours. Et cela sur l’ensemble de
l’Europe, les anticyclones ne connaissant pas les frontières.
Et c’est parfois pire. Ainsi, le 22 juillet 2019, les
huit mille éoliennes françaises ne fournissaient quasiment plus
d’électricité ; alors que la barre des 34°C a été localement dépassée sur
une partie sud du pays, les éoliennes destinées à produire de l’électricité au
réseau n’ont fourni que 607 MW soit 1%
du total (Fédération Environnement Durable -FED). Dans un communiqué, la
FED précise :
« Ces chiffres montrent l’inutilité de ces machines
pharaoniques et l’erreur de vouloir poursuivre leur implantation alors qu’elles
sont incapables de produire de l’électricité lorsque les consommateurs en ont
besoin….La production intermittente des éoliennes dépend uniquement du bon
vouloir du vent et non pas de leur gigantisme ou de leur nombre. Elles ne peuvent faire face ni aux vagues
de froid, ni aux vagues de chaleur, c’est-à-dire au moment critique ou
l’électricité d’un pays devient vitale. Un blackout est considéré comme une
catastrophe potentielle nationale mettant en danger la sécurité des
citoyens. »
Les panneaux solaires ne sont pas du tout
flambards : ils ont trop chaud ; c'est un paradoxe, les panneaux
solaires aiment le soleil, mais pas la chaleur ! Leur température idéale de fonctionnement
est de 25 degrés. Au-delà, ils perdent jusqu'à 25 % de leur production.
Et ça a des conséquences.
Canicule
2020 en Californie : coupures de
courant.
Donc, en pleine crise Covid et pic de chaleur, la
Californie a coupé le courant à plus de
trois millions de Californiens.- des coupures tournantes qui se sont étalées sur 4 jours. Que s’est il
passé ?
« Vendredi 14 août, la Californie a ordonné des
coupures de courant, alors qu’une vague de chaleur a mis à rude épreuve son
système électrique. Alors que la Californie vivait une journée de canicule avec
des températures atteignant 44°C (110 °F), en rentrant du travail vers 17
heures, les Californiens ont tous branché leur climatisation augmentant
soudainement la demande d’électricité. En même temps alors que le soleil
commençait à se coucher, la capacité solaire a perdu près de 1GW de puissance.
Parallèlement, comme c’est souvent le cas en pleine canicule, il n’y avait pas
un souffle de vent ce qui a privé les californiens de leur électricité
éolienne. Moralité l’opérateur a d’abord demandé aux usagers de réduire leur
consommation puis a dû couper l’électricité à près de 500 000 foyers durant une
partie de la nuit. En pleine pandémie du COVID 19 qui sévit toujours en
Californie, on ne connait pas les conséquences notamment sanitaires de ce
blackout »
Ceci s’est passé dans un climat d’impréparation qui a
suscité l’indignation des Californiens. Moins
d'une heure avant les coupures tournantes le gestionnaire de réseau avait
affirmé qu'elles ne seraient pas nécessaires, et s’était contenté d’un courrier appelant à couper
les climatisations et autres gros
appareils électriques, à fermer les rideaux,
etc. Puis, l’agence qui gère le réseau électrique de l’État a affirmé que des coupures de courant seraient finalement
nécessaires pour équilibrer l’offre et la demande. Le gouverneur s’est indigné que les régulateurs
n’étaient pas préparés à cette situation….Bilans : coupures tournantes sur
4 jours !
La
crise de 2020 n’est pas sans précédent et est le résultat d’une longue
évolution
C’est que depuis des années, la Californie est en état
total de déni quant à son système électrique. et la crise de 2020,
particulièrement malheureuse par temps de Covid et de canicule, n’est que la
conséquence d’une évolution catastrophique depuis la politique de
libéralisation du pseudo »marché de l’électricité » des années 90. Cet Etat qui se clame la 5ème
puissance économique mondiale se rapproche dans son système électrique du tiers
monde…Et aussi de l’endroit où nous
amène la politique énergétique (et en fait anticlimatique) de la Commission
européenne.
La crise de 2020 : un mix
électrique toxique : trop d’énergies intermittentes, pas assez de
pilotables !
Intermittence de l’éolien et du
solaire – lequel, contrairement à ce que l’on pense n’est pas forcément
adapté aux contrées très ensoleillées…
« Faute de vent dans l’Etat samedi, l’énergie produite
par les éoliennes a chuté dramatiquement. Une seconde centrale à gaz n’a pas
été suffisante pour compenser et obtenir la production nécessaire. L’État est
confronté à un problème fondamental: la
Californie est fortement tributaire de l’énergie solaire et d’autres sources
d’énergie renouvelables, et le soir,
l’énergie solaire disparaît, alors même que plus de clients allument leur climatisation. »
Fier
de sa transition énergétique, la Californie produit aujourd’hui un tiers de son électricité à partir d’énergies
renouvelables intermittentes. On aurait tendance à dire un tiers
heureusement. On a peine à imaginer ce qui se serait passé si l’état le plus
peuplé des US produisait la moitié voire la totalité de son énergie à partie
des ENR intermittentes. De nombreux experts et observateurs alertent depuis des
années sur le risque de dépasser le seuil de 30% d’énergies renouvelables dans
le mix énergétique sans prévoir en back-up des unités pilotables capables de
prendre le relais. »
« Les énergies renouvelables, solaire et
éolien pour l’essentiel sont intermittentes. En France, le soleil ne brille en
moyenne que 1000 heures par an (soit 12% du temps) et le vent ne souffle que
2000 heures par an (soit un peu plus de 20% du temps). En moyenne, un mix 100% solaire ce serait accepter de l’électricité un
jour sur dix et un mix 100% éolien ce serait en accepter un jour sur cinq.
Par contre les énergies pilotables (charbon, gaz, nucléaire) sont capable, à la
maintenance près, de fournir de l’électricité 100% du temps. Mais, en dehors de
cette notion d’intermittence, l’éolien et surtout le solaire dépendent des
aléas climatiques. Ainsi, si l’efficacité d’une cellule solaire s’accroit avec
l’ensoleillement (durée et intensité), elle décroit avec l’accroissement de
température. Ainsi, des cellules photovoltaïques placées en plein désert ne
pourront être efficaces qu’à condition d’être réfrigérées. Mais, l’antipathie
de la nature vis-à-vis du solaire ne s’arrête pas aux canicules. Là où il a de
l’espace et du soleil (le désert) il y a aussi malheureusement…du sable. Les
grands projets solaires émiratis et chiliens se sont ainsi cassé le nez face
aux tempêtes de sable qui rendent les panneaux solaires inopérant en les
couvrant de sable. Les nettoyer est un casse-tête : les balayer à sec griffe
les panneaux, les nettoyer à l’eau de mer les couvre d’une croute de sel. Quant
à l’eau douce tout le monde conviendra qu’elle n’est que très peu
disponible…dans le désert. Aussi les émiratis ont mis la pédale douce sur leurs
projets solaires pharaoniques et se sont tournés vers le…nucléaire. »
Trop de solaire et d’éolien, pas assez de pilotable : entre 2010 et
2018, 14500 MW de solaire et éolien non pilotable installée. 5400 MW de
production pilotable fermée.
Et c’est pour 1.000
mégawatts manquants que le black-out a eu lieu pendant quelques heures !
Ben comment dire, c’est
la recette pour une catastrophe !
Un mix électrique pathologique.
La production nette des
centrales électriques californiennes s'élevait en 2018 à 197 227 GWh, en recul
de 4,3 %, soit 4,7 % de la production totale des États-Unis : 4 177 810 GWh ;
s'y ajoute la production estimée des petites installations photovoltaïques : 13
046 GWh, portant la production totale nette à 210 273 GWh.
Le
secteur de l'électricité en Californie se caractérise par une proportion
importante d'énergies décarbonées : 53,9 % en 2018 (8,7 % de nucléaire et 45,2
% d'énergies renouvelables : hydraulique 12,4 %, géothermie 5,7 %, biomasse 2,7
%, éolien 6,5 %, solaire photovoltaïque 17,8 %, solaire thermodynamique 1,2 %),
mais les combustibles fossiles ont encore une part élevée : 44,7 % (presque
uniquement gaz naturel),
Plusieurs caractéristiques
importantes.
-
Le parlement californien a établi en 2002 le California Renewables Portfolio
Standard (RPS), un programme qui impose aux « utilities » et autres
fournisseurs d'électricité de porter la part des énergies renouvelables à 33 %
de leurs fournitures totales en 2020.
Commentaire : En ben, ils y sont
presque ( ça dépend comment on compte) et on voit déjà le résultat (solaire
plus éolien 24,3% plus hydraulique =36.7%-
mais l’hydraulique est pilotable, sf. que –voir ci après)
- La Californie se classe
au 1er rang parmi les États des États-Unis pour la production d'électricité à
partir de biomasse, de géothermie et d'énergie solaire
-
La Californie (5ème puissance mondiale) n’est pas autosuffisante, et
de loin : : La production ne couvre que 72 % de la demande, le reste étant
importé des États voisins et du Mexique.
-
Toutes les renouvelables ne sont pas égales et la Californie a perdu de l’héyraulique
pilotable au détriment de l’éolien et du soliare (fatals)- et cette perte peut
être parfois brutale. La production des centrales hydroélectriques
conventionnelles en Californie s'est élevée en 2018 à 25 898 GWh, en baisse
de 38,9 % par rapport à 2017 du fait d'une sécheresse sévère ; La part des
énergies renouvelables (EnR) n'a pas progressé de 1990 à 2018, la forte
progression de l'éolien et du solaire ayant été presque compensée par
l'effondrement de l'hydroélectricité due à une succession d'années de
sécheresse.
Avec
l’aggravation des sécheresses, l’hydraulique devient aussi difficile à piloter,
et c’est un facteur de fragilité supplémentaire
-
La production des centrales nucléaires en Californie s'élevait en 2018 à
18 214 GWh en recul de 44 % par rapport à 1990 du
fait de la fermeture de la centrale de San Onofre en 2013. La chute
de la production nucléaire du fait de la fermeture de la centrale de San Onofre
en 2014 a été compensée par une forte
progression du gaz naturel. (non, SVP : fossile !)
Commentaire : Ben tiens, ils font comme les Allemands et
c’est pas bon pour le climat…
Les précédent de 2018 et 2019 : 85 morts dans le Camp Fire, coupures
électriques pour éviter les incendies
Les
coupures électriques massives ne sont pas une nouveauté en Californie, elles
tendent à se répéter : 2020, après 2019 et 2018 après 2001
En 2018, la Californie a
connu l’un de ses pires et plus violents incendies avec le « Camp Fire », le 8
novembre 2018, qui a détruit la localité
de Paradise et fait 85 morts, le bilan le plus lourd que l’Etat ait connu. Les
experts l’avaient attribué à un défaut d’entretien des lignes électriques (un
départ de feu sous l’une de ses lignes à haute tension)
Le mercredi 9 octobre 2019, 500
000 résidents de l’Etat qui a rang de cinquième économie du monde, se sont donc
vus privés de courant, à titre préventif, principalement dans le nord de
l’Etat, de Sacramento aux contreforts de la Sierra. 250 000 habitants de la
baie de San Francisco devaient subir le même sort dans la nuit, les
météorologues ayant annoncé des vents violents et décrété une « alerte rouge ».
Vingt-neuf des 58 comtés californiens étaient affectés par la décision de
PG&E de ne plus prendre le risque de servir ses clients pour éviter les
risques d’incendies
Bilan : l’historique
PG&E s'est mise en faillite en janvier, faisant face à des milliards de
dollars de dettes potentielles en raison de sa responsabilité dans le «Camp
Fire»,
Les coupures tournantes de 2001,
brillant résultats de la politique de libéralisation du « marché » de
l’électricité
En 1996, l’Etat de
Californie, sous l’influence de l’idéologie libérale démantèle ses deux
monopoles publics (Pacific Gas and Electric et Southern California Edison qui
détenaient 80 % du marché) Ce fut un festival ! On sépara le réseau et
l’on créa de deux marchés de gros, ce qui permettait plus d’occasion de
spéculation.
Contrairement à leurs
engagements mais conformément à leur intérêt bien compris, les producteurs
privés n’ont entrepris la construction
d'aucune des centrales qu'ils avaient pourtant dans leurs cartons et qu’ils
s’étaient engagé à construire. Leur seule vraie crainte, la menace suprême
pour eux, c’était la surproduction, et ils n’avaient aucun intérêt à investir
et à augmenter une production…
dont la rareté assurait leur profit – elle était la garantie pour eux de pouvoir imposer des
tarifs élevés et maximiser leurs bénéfices sans investissements. Mais
dans le même temps, dans cette Californie avec ses industries dynamiques et ses
ménages très consommateurs , la demande n'a cessé de croître. Affaires en or
pour les centrales, catastrophes pour les particuliers et les industriels avec
augmentations de prix et pannes.
Conclusion :
envol exponentiel des prix de gros. Bon quais-exponentiel : les prix de gros de
l'électricité, qui étaient à 30 $/MWh en avril 2000 , passèrent à 100 $/MWh,
puis atteignirent en novembre 250 à 450 $/MWh, soit plus de 100%
d’augmentation en 2001! Mais
dans le même temps, les autorités politiques craignaient l’effet des hausses
massives du prix de détail sur les petits consommateurs (lesquels commençaient
à se manifester bruyamment) et bloqua ceux-ci. Donc au début 2001, des coupures tournantes durent être organisées, puis
les deux principales compagnies ex-publiques (PG&E, Pacific Gas and Electric Company et SCE, Southern
California Edison) firent faillite, ainsi que
quelques centaines de leurs fournisseurs dans leur chute. L’Etat
fut contraint de les reprendre, ce qu’avait parfaitement anticipé cyniquement,
le PDG d'Enron, Jeff Skilling,: «Quand les compagnies seront trop endettées,
nous limiteront l'énergie livrée à la Californie et l'Etat sera contraint
d'aider ces sociétés.»
Ah oui, car dans ce
festival, il y a eu Enron, la plus gigantesque escroquerie de ces années ;
Enron, qui gérait le Path 26, la seule connexion entre Californie
du nord et Californie du Sud, Enron et ses congestions fantômes.
Voilà ce qu’ils ont fait, expliqué à une Commission d’Enquête Sénatorial par un
employé : « les courtiers d'Enron ont engorgé cette ligne
artificiellement pour qu'ensuite, quand les gens auraient besoin de cette
ligne, Enron fasse monter ses prix ». Ainsi, le 14 et 15 juin 2000, en pleine
vague de chaleur, les courtiers d'Enron ont engorgé le «Path 26»,. Ils ont créé
un goulot d'étranglement qui a bloqué la transmission de l'électricité vers
«Path 15» en direction du nord de l'Etat. «On a surchargé la ligne qui nous
appartenait chaque fois qu'il y avait une vague de chaleur, reconnaît
maintenant un courtier. Résultats : des black-outs à San Francisco, Los
Angeles et dans la Silicon Valley au cours des étés 2000 et 2001, jusqu’à ce
que les autorités locales acceptent de payer à Enron le prix qu’ils exigeaient.
Et bien d’autres
manœuvres encore, par exemple le «blanchiment de mégawatts». Comme les prix
étaient plafonnés en Californie, Enron achetait du courant dans cet Etat, le
transférait dans les Etats voisins et le revendait au prix fort en Californie.
Un exemple d'escroquerie imité ensuite par d'autres compagnies. Et imy eut
aussi le rackett : La peur des
black-out a aussi forcé les entreprises
à signer des contrats à long terme avec Enron pour plus d'un milliard de
dollars. (cf. Quand Enron éteignait la Californie. Libération, Annette
Lévy-Willard, 21 mai 2002)
On
voit d’où vient la situation californienne actuelle et ses coupures à
répétition. : libéralisation complètement ratée et scandaleuse sur bien des
aspects, un système électrique à l’abandon,
incapable de fournir à la Californie l’électricité dont elle a besoin, des
installations dégradées provoquant des incendies meurtriers, une centrale
nucléaire fermée ( intéressant de savoir s la dernière, Diablo Canyon qui est
bien présente et a produit avec une
belle stabilité sera elle aussi arrêtée comme prévu) ; une politique idéologique
de promotion des ENR ,en particulier du solaire ( qui en fait ne décarbone rien
car le nucléaire a été remplacé par du gaz qui reste la part la plus importante
du mix californien (44%), mais qui, ne correspondant pas aux besoins
(climatisation le soir, qd les californiens rentrent chez eux), entraine black-out
sut black out
Tenns
ça ressemble à quelque chose, à la politique énergétique européenne et
française. La Californie, notre futur énergétique ?
cf aussi
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