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vendredi 30 juin 2017

La CGC change ! Le florilège Hommeril

Depuis 2016 et l’arrivée à sa tête d’un géologue, ex de Péchiney où il a pu constater les dégâts de la politique européenne, François Hommeril, le ton de la CGC s’est fait nettement plus revendicatif, et retrouver la forme de certains de ses anciens grands dirigeants, tel Jean-Luc Cazettes, quoique sur un fond assez différent.

Florilège de François Hommeril, dans divers média :

Sur les cadres :

 « Depuis vingt ou trente ans, quand on regarde les salaires d’entrées de grilles, l’augmentation de la pression, la souffrance au travail, les injonctions paradoxales, on voit que les cadres ont dégusté. On a réussi à faire passer dans les têtes que le progrès de tous, ce serait la régression de chacun. Ça me surprend beaucoup »

« Jamais la CFE-CGC ne s'associera à une réforme dont le but serait de faire régresser les salariés. Les réformes « courageuses » pendant que les dividendes explosent, c'est fini »


Sur la loi El Khomri

« Cette loi travail restera dans l’histoire comme un exemple assez extraordinaire de tout ce qu’il ne faut pas faire. Sur le fond, c’est un peu le magasin des antiquités du néolibéralisme : on va chercher dans les tiroirs ce qui a été fait ou pas encore fait dans les autres pays et on dit que grâce à ça il va y avoir un impact sur l’emploi. C’est totalement faux. Il y a énormément d’amateurisme de la part de nos dirigeants politiques. Cela montre à quel point ils sont déconnectés. »

Sur les ordonnances Macron  et les indemnités de licenciement

« Nous, nous sommes radicalement contre le plafonnement des indemnités. Il faut de toute façon un motif pour licencier les gens. Il n'y a pas lieu de créer des plafonnements des indemnités. Nous avons de bonnes idées sur ce qui aiderait les entreprises. Il faut s'attaquer à la cause. Les indemnités ne sont qu'une conséquence d'un désordre à l'intérieur de l'entreprise »

« Les salaires des patrons s'envolent mais l'indemnité que va toucher la personne licenciée abusivement va être plafonnée ?

Sur le code du travail ou comment le compliquer à force de simplifications !

« Il y a plusieurs initiatives qui ont été prises ces derniers temps pour donner au code du travail une forme plus simple et plus accessible. Cette simplification doit être examinée dans un sens où les droits des salariés seraient préservés et non pas précarisés. On crée des exemptions qui créent la complexité du droit du travail. C'est ce qu'on a fait depuis vingt ans !

Penser que le chômage en France est dû au code du travail est un pur fantasme

Il faut arrêter de dire n'importe quoi sur le marché du travail, lisez les études, cessez les caricatures, en réalité le marché du travail en France est aussi flexible que partout ailleurs. La seule question du Code du travail n'est pas celle qui préoccupe les entreprises. Ce qu'il faut faire c'est aider les entreprises à faire face à l'ensemble de leurs contraintes réglementaires et administratives. Il faut aussi aller voir du côté de la fiscalité

Sur la politique Macron :

« On a en face de nous des interlocuteurs légitimes qui ont envie de réussir. Je ne fais pas le constat avant l'accident. Je suis prêt à faire des efforts pour ne pas mettre en difficulté le nouveau chef de l'Etat dès le début. Ceci dit je ne suis pas dupe face au fait qu'une grande partie des sujets sur la table résultent des injonctions européennes. Ca n'a pas changé : aux Grecs on demande toujours de vendre le Parthénon et aux Français de réformer le code du travail ».

Le matraquage des classes moyennes engendre des monstres politiques- la double peine

Ce ton nouveau est assez compréhensible, les cadres sont victimes d’une double peine.
Dans leur vie professionnelle,  de plus en plus, les cadres, fidèles à leurs entreprises, à leurs collègues, à leurs équipes, se trouvent en désaccords profonds avec des hauts dirigeants qui proclament comme un idéal les entreprises sans usines, sacrifient la stratégie et le long terme au gains financiers à court terme et les salariés aux actionnaires, quand ils n’ont pas un comportement de mercenaires dicté par leur propre avidité et les rémunérations  indécentes qu’ils s’octroient.
Dans leur vie personnelle, ils font partie d’une classe moyenne particulièrement touchée par les augmentations d’impôts, passées et à venir, avec un patrimoine généralement immobilier, non délocalisables. Ils ont souvent investi dans l’éducation de leurs enfants, et malgré cela, ; voient ceux-ci menacés de précarités et de déclassement social par l’ ultra flexibilité qu’on prétend nous imposer ( alors que son effet sur l’emploi est fortement contesté, cf blogs précédents)

Oui, le matraquage des classes moyennes engendre des monstres politiques, et si les cadres s sont jusqu’à présent  peu manifestés politiquement, cela  pourrait changer ! M. Hommeril visiblement s’en rend compte, et c’est pourquoi il vaudrait mieux l’écouter, lui et la CFE-CGC.

PS : deux informations assez symboliques dans Le Monde de ce jour (30 juin 2017)

-         -  L’Union des Entreprises de Proximité (artisanat et professions libérales, soit ces très petites entreprises où se trouverait un gisement important d’emplois, s’affirme inquiète par rapport à l’importance nouvelle des accords d‘entreprises et demande un dispositif spécial pour les PME, un accord cadre de branche …Vive la branche, donc !


-             -  La première (la première !) loi de la présidence Macron concernera le retour des interdictions de manifester pour les personnes susceptibles «  de constituer une menace pour l’ordre public ». Ceci, bien sûr au nom de l’état d’urgence et de la lutte contre le terrorisme…sauf que la précédente version avait surtout été utilisée pour les manifestations contre la loi travail, et avaient été censurées par le Conseil Constitutionnel ! 




samedi 24 juin 2017

Assistants parlementaires, Front National, Bayrou et démocratie

Nous ne comprenons plus la démocratie 

Qu’attendre maintenant de M. Bayrou ? Résumé des épisodes précédents : Le Front National se fait aligner sur des assistants parlementaires européens qui n’auraient pas vraiment travaillés pour l’Europe et, en attendant un éventuel procès, se voit forcé de rembourser des sommes importantes. Il y avait évidemment là comme un parfum de règlement de compte politique, car enfin, le Parlement Européen n’avait ciblé que deux partis eurosceptiques, l’UKIP et le Front National. On ne pouvait qu’être assez confondu par ces attaques extrêmement ciblées contre des partis hostiles à l’‘Europe institutionnelle actuelle (rien, nada, nichts, niente…  d’équivalent à reprocher à aucun autre parti, dans aucun autre pays ??). Nous avons maintenant la réponse, car enfin, le Front National de Marine Le Pen, même s’il est moins virulent que l’ancien, il ne faut tout de même pas trop le chauffer. D’où dénonciation assez efficace et argumentée du Modem, vite confirmée par les enquêtes des media, position impossible des ministres Modem et démission générale. Fin de carrière pour M. Bayrou !
Tant qu’à faire, encourageons le Parlement Européen à poursuivre une enquête générale, que tout le monde soit sur le même plan. De toute façon, il est clair que les Institutions Européennes ont un vrai problème de démocratie, et qu’elles ont visiblement du mal à comprendre que des députés élus par des électeurs qui contestent ces institutions remplissent leur mandat conformément au vœu de leurs électeurs. Il y a quelque paradoxe à reprocher aux élus Front national de ne pas se comporter en partisans de l’Europe.

Qu’attendre de M. Bayrou – qu’il explique la démocratie ! l’intoxication jacobine

Mais je pense que le problème est bien différent et bien plus grave, et qu’il vient du fait que nous ne comprenons plus ce qu’est la démocratie, que nous n’y sommes plus attachés. Les partis politiques concourent à l‘expression du suffrage universel. Ils reçoivent pour cela un financement, qui est lié à leur succès électoraux  (à la présidentielle, pourcentage de votant au premier tour, accès ou pas au second tour ; pour les législatives,  nombre de votants au premier tour – ce qui est très bien, et devrait même être renforcé,  car ce système tient compte de l’abstention : si les partis sont incapables d’intéresser les électeurs, ils sont sanctionnés-,  puis nombre d’élus). Une fois élus, partis et députés ont des moyens mis à disposition pour mener leur activité politique.
Eh bien, quitte à choquer,  je dis que les partis politiques et leurs élus doivent pouvoir  disposer de ces moyens comme ils l’entendent, sans aucun contrôle étatique ou judiciaire, avec pour seul contrôle l’opinion publique et celle de leurs électeurs, point ! (sauf si évidemment ils commettent des actes illégaux). Il semble que nous considérions comme presque normal que l’utilisation de leur financement  par les partis politiques (ou les syndicats) soit placé sous le contrôle du Parlement, de l’Etat, de la Cour des Comptes, ou que sais-je ? C’est je pense une hérésie totale, qui aurait fait lever d’horreur les cheveux ou les sourcils de ceux qui ont fondé la République en France. C’est une conception de la démocratie qui nous rapproche dangereusement de celle d’Erdogan ou de Poutine. Les partis, les syndicats ne doivent de compte qu’à leurs adhérents et à leur électorat, il ne peuvent pas fonctionner sous le contrôle des institutions qu’ils sont censées diriger ou contrôler. 
  
Il y a un livre – j’y reviendrais dans un prochain blog- , un livre important, Décoloniser les Provinces de Michel Onfray, qui identifie le triomphe général du jacobinisme comme l’un de nos principaux problèmes. Nous sommes tellement habitués à obéir que nous oublions que nous sommes le souverain. Nous ne comprenons même plus  la nécessité de l’indépendance des partis politiques, la nécessité des corps intermédiaires ( qui bien sûr n’ont rien à voir avec l’intérêt général, et même en sont des ennemis à combattre), et il n’est même pas sût que nous comprenions la nécessité d’une opposition ; s’opposer à une marche si bienveillante et si massive, c’est évidemment  être du côté du mal, non ? ; c’est du sabotage !)  
Ah oui, il va falloir sérieusement réfléchir à notre intoxication collective par le jacobinisme triomphant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par l’extrême centre !  

Alors qu’attendre de M. Bayrou ? Eh bien, qu’au lieu de nier l’évidence dans l’affaire des assistants européens, qu’ il la revendique ! Et que ne pouvant plus exercer un ministère, il exerce un magistère, et explique aux Français ce qu’est la démocratie, et comment elle fonctionne nécessairement. Là, il sera vraiment utile !




mercredi 21 juin 2017

Dear German friends (2) a problematic relationship

A few things we do not bear anymore

The previous blog was intended to resume the lessons of french last elections, namely that the European Union and the Euro are likely to explode in the absence of radical change in European policy, if our German friends do not cease to want a Europe that is a Bigger Germany, to dominate it, to run it their way.. 

Let’s just compare  Dear Mutti, a lowbrow grocer, to those great German Statesmen, the two Helmut Kohl, recently deceased, and Schmidt!

A few examples of what went wrong

The Greek crisis: the subprime crisis (Hey, by the way, what about Deutsche Bank) has turned into the debt crisis of states, hitting heavily the European weak link that was Greece. Indeed, the systematic cheating of the public accounts in Greece (with the complicity of whom?), the inexistence of  a state worthy of the name in Greece, that  could not last and was threatening the European area – explosion was possible. Okay, had to hit fast and hard, and you did it.
But, as good protestant, you could grant no absolution and had to punish the sinner until he cries tears of blood. The  best evidence of this will to punish is that it led to decisions that were detrimental, not only for Grece, but for all of Europe. Your delays, your concerns in the implementation of the European stability mechanism, in the buying of national  state debts by the Central Bank have cost billions. Today, even while the IMF insists on the necessary cancellation of part of the Greek debt, you ‘re still delaying this measure, indispensable to a dying Greece... for the cause of German elections. It's shameful, it is contrary to the purpose – for god sake, how the Greeks could rebuild a State in those conditions?

Deficits: of course, a current account deficit, unreasonable and renewed year after year, is not tolerable, nor sustainable for a State. But finally, intra European trade is such that the deficit of your partners contributes heavily to the surplus which you are so proud of. In the end, if we are a European Community, the deficit of these European countries towards Germany ihas no more importance than that of Wyoming towards California, right? It's across Europe that we must judge the deficit-Are we a community or not ?
And then, in times of crisis and moreover, when  interest rates are at their lowest, deficit  is better than recession, right?
Finally, there are also political considerations. Can you remember ? , The reunification of Germany with parity between East and West marks was economically wrong, but politically inevitable. Kohl did it, we understood it, a good  German reunification was necessary for Europe And, due to convergence towards euro, we had to endure interest rates greater than we might have had.  Instead of defending foot to foot your immediate interests., you should think of political agenda. Kohl and Schmitt did !

Abandon of nuclear power, for purely demagogic reasons, with the reactivation of coal or even lignite plants: this  was a crime against the economy (a more expensive energy), against global warming, against public health (thanks for the episodes of pollution). You have done much worse than this poor Trump, with its coal mines in Wyoming which no sound industrialist would  operate ! You did much worse, but no one seems to notice. Bravo ! Let’s agonize Trump !

Immigration : one day, you encouraged all refugees to immigrate and to come to Germany. Orban then decided to let all migrants who were piling up in the Hungarian stations, oddly, you were not pleased at all. Then you wanted to decide which country will host refugees and how many ( who gave you the power to do this ?).  Finally, sheepishly, you entered into an agreement of sequestering refugees with the Turkish neo-sultan, and now we depend on him, threatening to open the valves whenever he dislikes something (an article, a song, a sermon). Brilliant !
But who gave you a mandate to lead all  European Nations immigration policy? We understand that your catastrophic demography (by the way, why in a  so well governed country?)  incites you to encourage immigration, but this isn't the choice of everyone.

Your policy of competitiveness by low cost: the average hourly wage in France and Germany is about the same. But inequalities are much stronger in Germany. While some high technology sectors remained protected, in many others,  you ‘ve given up your strong industrial traditions for a policy of low quality, low wages. You have 22.5% of “working poors” against 8.8% in France (21.3% in England, 3.8% in Belgium). Your policy has not done miracles, it has simply turned unemployed into poor workers. You have even invented reverse auction -  work assignments at least asking. This is a policy that values work! You have completely unbalanced markets, french pork producers facing your giant abattoirs populated by overexploited Polish workers know something about.
This policy of competitiveness by cost, it's really the reverse of a model who could rally the majority of Europeans, the Rhine Capitalism Model- it’s the opposite of what made the reputation of your industry. You also had to cheat, and as you don't do things by halves, it gives Volkswagen. Focusing on competitiveness by cost instead of innovation, you  are now scandalized to see the Chinese taking the jewels of your industry, your robot manufacturers  and you want to limit their investments. But now, they are the  real industrialists!
And this policy of social crush,  of competitiveness by cost, and especially wage costs, you want to impose it on all over Europe !

And let’s speak of your  bulldozer way, the way you perverted the European Institutions, to impose your interests. Thus, for the catastrophic "liberalization" of the electricity market, while EDF was exploding, you managed to sell the idea that there was no monopoly in Germany, since there was a public distributor by Länder. Bravo! And it's just a small example.

No, that cannot and will not last for long !  It's five to midnight, five years before the explosion of the Euro and the European Community. You really have to  change, quickly and deeply. To change of Merkel and of policy

Good  election year !


Chers amis allemands (2) une relation problématique

De quelques choses qui ne vont pas

Le blog précédent visait à tirer une leçon qui me parait évidente des élections françaises, savoir que  l’Union Européenne  et l’Euro risquent fort d’exploser s’il ne s’opère pas un changement radical de politique européenne, si nos chers amis allemands ne cessent pas de vouloir une Europe qui soit une Grande Germanie, et dominée par eux, fonctionnant comme eux.  Que l’on compare ce qu’est la politique de Mutti, épicière base de plafond, à celle des grands hommes d’Etat que furent les deux Helmut,  Kohl, récemment décédé, et Schmidt !
Quelques exemples de ce qui ne va pas

La crise grecque : la crise des subprimes (tiens, au fait, où en est la Deutsche Bank) s’est transformée en crise des dettes d’Etat, s’acharnant sur le maillon faible européen qu’était la Grèce. Effectivement, le truandage systématique des comptes publics grecs (avec la complicité de qui ?), l’absence même d’un Etat digne de ce nom en Grèce ne pouvait plus durer et menaçait la zone européenne d’explosion. D’accord, il fallait frapper vite et fort, et vous l’avez fait.
Mais au-delà il semble bien qu’en bon protestant, vous ne pouviez accorder aucune absolution et qu’il fallait punir le pêcheur jusqu’à ce qu’il pleure des larmes de sang. La meillee preuve de cette volonté de punir est qu’elle a conduit à des décisions qui ont été néfastes, non seulement pour la Grès, mais pour toute l’Europe. Vos lenteurs, vos réticences dans la mise en place du mécanisme européen de stabilité et de rachat de dette étatique par la banque centrale ont coûté des milliards. Aujourd’hui, alors même que le FMI insiste sur la nécessaire annulation d’une partie de la dette grecque, vous repoussez encore cette mesure, indispensable à une Grêce ecsangue…pour cause d’élection allemande. C’est honteux, c’est contraire même au but- comment les Grecs pourraient-ils reconstruire un Etat dans ces conditions.

Les déficits : certes, un déficit courant irraisonnable et reconduit d’années en années n’est pas supportable pour un Etat. Mais enfin, le commerce intra européen est tel que le déficit de vos partenaires contribue pour beaucoup à l’excédent dont vous êtes si fiers ; et, à la fin des fins, si nous formons une communauté européenne, le déficit de tels ou tels pays européen vis-à-vis de l’Allemagne n’a guère plus d’importance que celui du Wyoming vis-à-vis de la Californie , non ? C’est à l’échelle de l’Europe qu’il faut juger du déficit
Et puis, en période de crise et lorsqu’en plus les taux d’intérêt sont au plus bas, il vaut mieux le déficit que la récession, non ?
Enfin, il faut aussi faire de politique, la réunification de l’Allemagne au taux de parité des marks est et ouest était économiquement condamnable, mais politiquement inévitable. Kohl l’a fait, nous l’avons bien compris, il fallait pour toute l’Europe que cette réunification se fasse au mieux. Et nous avons alors supporté, pour cause de convergence vers l’euro des taux d’intérêts supérieurs à ceux que nous aurions pu avoir. Vous pourriez un peu vous en souvenir au lieu dé defendre pied à pied vos intérêts immédiats.

La sortie du nucléaire, pour des raisons purement démagogiques, avec la réactivation des centrales à charbon voire à lignite, est un crime contre l’économie ( une énergie plus chère), contre le réchauffement climatique, contre la santé publique (merci pour les épisodes de pollution). Vous avez fait bien pire que ce pauvre Trump, avec ses mines de charbon du Wyoming que de toutes façon aucun industriel n’exploitera autrement que symboliquement. Et personne ne vous en veut !

L’immigration : un beau jour, vous encouragez tous les réfugiès à immigrer et à venir en Allemagne. Orban décide alors de laisser passer  tous les migrants qui s’accumulaient dans les gares hongroises, bizarrement, ça vous plait déjà moins. Puis vous voulez décider quel pays accueillera qui (ça va, les chevilles), et finalement, tout contrits, vous concluez un accord de blocage avec le néo-sultan turc, qui nous place dans sa dépendance, celui-ci  ne se gênant pour menacer d’ouvrir les vannes chaque fois que quelque chose ( un article, une chanson, un prêche) lui déplait. Génial.
Mais qui vous a donné mandat de diriger la politique d‘immigration de tous les pays ? Nous comprenons bien que votre démographie catastrophique (au fait pourquoi donc, dans ce pays si bien gouverné ?) vous incité à favoriser l’immigration, mais ce n’est pas le choix de tout le monde.

Votre politique de compétitivité par les coûts : le salaire horaire moyen en France et en Allemagne est sensiblement le même. Mais les inégalités sont beaucoup plus fortes en Allemagne. Pendant que certains secteurs de haute technologie sont restés protégés, dans bien d’autres vous vous êtes lancés au rebours de vos traditions industrielles et de ce qui faisait votre force, dans une politique de basse qualité, bas salaires. Vous en êtes à 22.5% de travailleurs pauvres contre 8.8% en France (21.3 en Angleterre, 3.8 en Belgique). Votre politique n’a pas fait de miracles, elle a transformé des chômeurs en travailleurs pauvres. Vous avez même un moment  inventé les enchères inversées- des tâches attribuées au  moins demandant. Que voilà une politique qui valorise le travail !! Vous avez déséquilibré complètement certains marchés, les producteurs de porcs français devant faire face à vos abattoirs géants peuplés de polonais surexploités en savent quelque chose.
Cette politique de compétitivité par les coûts, c’est vraiment l’inverse d’un modèle qui aurait pu rallier la plus grande partie des européens, le feu modèle rhénan, le contraire de ce qui a fait la réputation de votre industrie. Vous vous êtes aussi mis à tricher, et comme vous ne faites pas les choses à moitié, ça donne Volkswagen. Privilégiant la compétitivité par les coûts au lieu de l’innovation, vous vous scandalisez maintenant de voir les Chinois rafler des fleurons de votre industrie et vous voulez maintenant limiter leurs investissements . Mais ce sont maintenant euxc, les vrais industriels.
Et cette politique de casse sociale, de compétitivité par les coûts, et surtout par les coûts salariaux, vous voulez l’imposer à toute l’Europe !

Ajoutons à la barque vos façons de bulldozer, votre manière en faisant bloc, d’imposer vos intérêts dans les institutions européennes. Ainsi, pour la catastrophique « libéralisation » du marché électrique, alors qu’EDF se faisait exploser, vous avez réussi à vendre l’idée qu’il n’y avait pas de monopole national en Allemagne, puisqu’il y avait un distributeur public par Lander. Bravo ! Et ce n’est qu’un tout petit exemple.   

Non, ça ne va pas du tout ! ça le fait pas !   Il est minuit moins cinq, cinq années avant l’explosion de l’Euro et de la Communauté Européenne. Il faut vraiment que vous changiez, que vous changiez rapidement et profondément.  De politique et de Merkel


Bonnes élections !


mardi 20 juin 2017

Dear German friends (1) a problematic relationship


A problematic relationship

I quite like Germany, I like your serious and your relaxation, I appreciate your cities and your culture - I was still in Berlin a few days ago. One thing amused me: your newspapers apparently had some trouble to translate "La France insoumise" , they left in quotes, not translated, and explaining that insoumise  was something like rebel, but not quite. This concept, you obviously have some problems with !

Well, problems,  there are many others. You rejoice the victory of Emmanuel Macron, thinking that he will be a loyal liberal support of your Europe. Do not rejoice too quickly. Victory of Emmanuel Macron was not a victory for supporting his program, it was a victory of fear, fear in the first round of left-wing voters who feared a second round Le Pen Fillon, and voters on the right that were alarmed with a second round Mélenchon Le Pen; and the second round, the same. - but with a third of voters ready to leave the Euro and the European Community. Logically, the French have given their President the means to govern; but the record abstention shows clearly that there is no majority, no agreement to realize this type of reforms you like so much and urge us to make, such as the demolition of the labour code.

Don't be fooled. A large part of the french people voted against the Euro and the European Community; It is not that they are ready to leave  with a light heart ; even, I am afraid that , if asked the question, they would say that's not so much leave the European institutions they would like, but to evict you, as you have once again managed to be unbearable . And as for those who voted Macron, don't think they appreciate you a lot more -  a number of them have done so because they believe or hope that he will finally adopt a firmer attitude towards you.

Still, I don't think I am anti-German. My name may let think that I belong more to the Mediterranean sphere, but, by the way, I have at least as much Alsatian blood and family as southern. And for me, but not just  for me, I think it's five to midnight, that these really are the last five years that we give us and you to change radically the European policy.

 Otherwise, bye, bye Euro and European Community, or what will remain of it.  Because it will be better all destroy and leave it to the next generation to rebuild on a better basis.

One of your great statesmen just died. Helmut Kohl (and Helmut Schmitt before him) had a true political vision, they really make Europe  progress- and sometimes against the advice of economists. They knew, they had experienced it in their flesh, that politics has its own domain and  cannot be reduced to economy. They knew the importance of building a Europe where European Nations would live in harmony, in good society, in equality and would increasingly share a common future. 

What a contrast with Angela Merkel, with your Mutti, a lowbrow grocer, which sees Europe as a bigger Germany, defending, oh how effectively, German interests ; Which is normal since you are the best of the Europeans, those that everyone should imitate, oh how, confident and dominating are you again.  Angela Merkel has managed that, again, you are hated, and if European construction stops, your historical responsibility will be overwhelming.

It also seems to me that it is she who killed Helmut Kohl politically, and that he did not think much of her.

What’s wrong? Some answers in  next blog.

A clue. I've been among those who believed in the necessity of the Euro for political reasons, because I couldn't stand this apostrophe from the  Nixon Treasury minister : "the dollar is our currency, but it’s your problem." 

Well, you tell us now :  "euromarck is our currency, but it’s your problem."


It won't do!



Chers amis allemands (1) une relation problématique

Une relation problématique

J’aime assez l’Allemagne, j’aime bien votre sérieux et votre décontraction, j’apprécie vos villes et votre culture- j’étais encore à Berlin il y quelques jours. Une chose m’a d’ailleurs amusé : vos journaux éprouvaient visiblement quelque peine à traduire « France Insoumise »  qu’ils laissaient entre guillemets, non traduit, et en expliquant que c’était quelque chose comme rebelle, mais pas tout à fait. Ce concept vous pose visiblement quelques problèmes !

Eh bien des problèmes il y en d’autres. Vous vous réjouissez de la victoire d’Emmanuel Macron, pensant qu’il sera un fidèle soutien de votre Europe libérale. Ne vous réjouissez pas trop vite. La victoire d’Emmanuel Macron n’ a pas été une victoire de soutien à son programme, elle a été une victoire de la peur, peur au premier tour des électeurs de gauche qui ont craint un second tour Le Pen Fillon, et des électeurs de droite qu’on a affolés avec une second tour Mélenchon Le Pen ; et le second tour encore plus.- mais avec tout de même un tiers des votants prêts à quitter l’Euro et la communauté européenne. Logiquement, les Français ont donné à leur Président les moyens de gouverner ; mais l’abstention record montre à l‘évidence qu’il n’a aucune majorité, aucun accord pour réaliser ce type de réformes qui vous plait tant, telle la démolition du code du travail.

Ne vous trompez pas. Une grande partie des Français ont voté contre l’ Euro et la Communauté européenne ; ce n’est pas qu’ils soient prêts  à quitter l’un et l’autre de gaité de cœur ; je pense d’ailleurs que si on leur posait la question, ils répondraient que ce n’est pas tant quitter les institutions européennes qu’ils souhaitent, mais bien plutôt vous en expulser, tant vous vous êtes, une fois de plus,  rendus insupportables. Et quant à ceux qui ont voté Macron, ne croyez pas qu’ils vous apprécient beaucoup plus ; un certain nombre d’entre eux l’ont fait parce qu’ils croient ou espèrent qu’il saura enfin adopter envers vous une attitude ferme !

Encore une fois, je ne pense pas être germanophobe. Mon nom laissera peut-être penser que j’appartiens davantage à la sphère méditerranéenne, mais, en passant, j’ai au moins autant de sang et de famille alsacienne que sudiste. Et en ce qui me concerne, mais pas seulement moi, je pense qu’il est minuit moins cinq, que ce sont les cinq dernières années que nous nous et nous vous donnons  encore pour que la politique européenne change radicalement . Sinon, bye , bye  euro et communauté européenne, ou ce qu’il en restera. Parce qu’il vaudra mieux tout détruire et laisser à la génération suivante le soin de  reconstruire sur des bases totalement différentes.

Un de vos grands hommes d’Etat vient de mourir.   Helmut Kohl ( et Helmut Schmitt avant lui) avaient une vraie vision politique, ont vraiment fait avancer l’Europe – et parfois contre l’avis des économistes, eux savaient, pour l’avoir vécu dans leur chair, que la politique a son domaine propre, ne se réduit pas à l’économie. Ils savaient l’importance de bâtir une Europe où les peuples européens vivraient en bonne intelligence, en bonne société, en égalité et partageraient de plus en plus un avenir commun. Quel contraste avec Angela Merkel, avec votre Mutti, épicière bas de plafond, qui ne conçoit l’Europe qu’à la manière allemande, défendant, oh combien efficacement, les intérêts allemands ; ce qui est bien normal  puisque vous êtes les meilleurs des Européens, ceux que tout le monde devrait imiter, à nouveau, oh combien, sûrs de vous et dominateurs. Angela Merkel  a réussi cela, vous êtes à nouveau détestés, et si la construction européenne s’arrête, votre responsabilité historique, à nouveau, sera écrasante.

Il me semble d’ailleurs que c’est la si sympa Mutti  qui a politiquement tué Helmut Kohl, et que celui-ci n’avait grande considération pour elle.


Alors qu’est-ce qui ne va pas ? La suite au prochain blog. Un indice. J’ai été de ceux qui ont cru à la nécessité de l’Euro, pour des raisons politiques, parce que je ne supportais plus cette apostrophe du ministre américain de l’économie de Nixon : « le dollar c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Eh bien, vous nous dîtes maintenant « l’euromarck, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ». 

Ça va pas le faire !



lundi 19 juin 2017

Marie Sybille de Merian (1647-1717)– trois cents ans

Artiste, entomologiste, exploratrice, naturaliste…

« Je me suis dans ma jeunesse employée à la recherche des insectes. J'ai d'abord commencé avec les vers à soie dans ma ville natale de Francfort-sur-le-Main. J'ai ensuite établi que, à partir des autres chenilles, se développaient beaucoup de beaux papillons de nuit ou papillons de jour, comme à partir des vers à soie. Cela m'entraîna à recueillir toutes les chenilles que je pouvais trouver pour observer leur transformation. » Métamorphose des insectes du Suriname 
Il y a trois cents ans mourait Marie Sybille de Merian, l’une des grandes femmes scientifiques de l’histoire à laquelle j’ai consacré un chapitre de mon Histoire des Femmes scientifiques (Plon, 2008). Elle connut un destin émouvant. Pendant trop longtemps, les femmes ont été exclues de la science, et la seule voie qui leur était ouverte partait des milieux artisanaux. Son père fut l'un des grands graveurs hollandais de la fin du XVIIème siècle, ses demi-frères, Mathais Merian le Jeune et Caspar Merian, sont des peintres, graveurs et imprimeurs respectés. Dans cette atmosphère familiale, Marie Meriam se spécialise dans la gravure des fleurs, mêlant l’exactitude du naturaliste et l’expression d’une artiste de grand talent. Mal mariée,  elle divorce et se réfugie dans une communauté religieuse.
En 1675, elle publie un ouvrage magnifique, œuvre d’art en même temps qu’œuvre scientifique, le Neues Blumenbuch. Mais  elle se fera reconnaître comme scientifique et naturalistes par deux audaces :  - s’intéresser aux insectes,  des animaux mal connus, mal catégorisés et méprisés – bien que la question de la production de la soie ait alors été d’une importance économique primordiale ; - en partant étudier la flore et la faune de la Guyane. En 1699, elle part pour son aventure guyanaise, qu’elle finance par ma vente de ses dessins. Elle y restera deux ans, travaillant d’arrache-pied et en ramène un ouvrage remarquables, Les métamorphoses des insectes du Surinam qu’elle publie en 1705, ouvrage remarquable esthétiquement et scientifiquement et qui décrit nombre d’espèces nouvelles, ainsi que leurs vies et leurs transformations
« J'ai créé la première classification pour tous les insectes à chrysalide, les chapelles qui volent de jour et chouettes celles qui volent de nuit. La deuxième classification est celle des asticots, vers, mouches et abeilles. J'ai conservé les noms des plantes, puisqu'ils étaient gardés en Amérique par les habitants et les Indiens. » Son travail a été reconnu par Linné et au moins trois espèces portent son nom. Son livre est toujours réédité et apprécié par les bibliophiles pour sa munificence.
Cette dernière notation : « J'ai presque payé ces insectes de ma vie ». Marie Merian attrapa en effet un paludisme grave en Guyane, qui la contraignit à un rapatriement plus rapide qu‘elle ne l’eût souhaité »
Comment faire aimer l’euro ? avec Merian, Pasteur, Newton, Descartes…

Donc, bon anniversaire à Marie Merian. Mais c’est un autre aspect que je voudrais apporter ici. Marie Merian illustrait le billet de 500 DMarks. Evidemment, avec l’euro, elle a disparu ! Comment aimer l’euro avec cette décision stupide qui a été prise de figurer des architectures froides et artificielles – et surtout pas des monuments réels ? Comment se l’approprier ? Comment mieux montrer son caractère artificiel. Ce n’est pas un hasard si toutes les monnaies se sont ornées de portraits ou de symboles évoquant le pays dont elles sont issues.
Evidemment la pitoyable tentative de rédaction d’une histoire européenne, enlisée dans les récits nationaux auxquels chacun est légitimement attaché (comment faire quand les Hongrois s’acharnent à considérer Attila comme un héros ?) a pu en refroidir certains. L’appréciation du rôle dans l’histoire des héros ou des grands hommes reste un art difficile qui n’a pu encore évoluer en science et garde une subjectivité certaine. Mais enfin, il est un domaine où la connaissance est positive, réelle, certaine, organisatrice, cumulative, où, et le progrès a un sens indiscutable, et où nos nations européennes se sont particulièrement illustrées ; c’est le domaine de la science !
Alors à quand des billets en euros, avec Pythagore, Thalès, Cardan, Viète pour les maths anciennes ; avec Kepler, Copernic, Newton, Laplace pour l’astronomie ; avec Galilée, Newton (on peut bien le mettre deux fois), Descartes, Leibnitz pour la physique mathématiques ; avec Lavoisier, Berthelot, Priestley, Avogadro pour la chimie ; avec Nollet,Volta, Galvani, Ampère pour l’électricité ; avec Pasteur, Flemming, Koch, Liebig pour la microbiologie ; avec Claude Bernard, Ramon y Cajal, Buffon pour la biologie ; avec Einstein, Planck, Heisenberg, Pauli pour la relativité et les quanta ; et encore beaucoup de candidats pour la médecine, la chirurgie, l’optique ( Fresnel, Young, Huygens) ; Fourier, Carnot, Watt Rumford pour la chaleur….
Voilà des euros qui auraient de la gueule ! (et instructifs en plus !)



Pour ceux que ça intéresse :L’Histoire des femmes scientifiques : résumé

Dans mon jeune âge, écrit l'astronome américaine Maria Mitchell, je me disais que les femmes ont besoin des sciences exactes... Puis je me suis dit que c'était la science qui avait besoin des femmes. " Voici donc l'histoire désolante et absurde de la longue exclusion des femmes de l'aventure scientifique et technique de l'Occident. C'est une histoire parfois tragique - l'assassinat de la physicienne grecque Hypatie, qui nous a transmis la dernière version des Eléments d'Euclide, les procès des sorcières ayant engendré une société hémiplégique -, et que nous payons peut-être à travers une certaine mise en cause actuelle des valeurs de progrès. J'ai écrit ce livre pour que les trop rares femmes scientifiques de l'Antiquité à nos jours ne soient pas oubliées, leurs œuvres et leurs vies injustement méconnues, pour que ne soient pas niées les difficultés, les entraves, les mesquineries, les injures et parfois les persécutions qu'elles ont dû affronter ; pour que personne n'ose penser que le progrès scientifique et technique s'est fait sans elles ; pour qu'elles puissent servir d'exemples, d'inspiratrices ; pour qu'aucune femme qui en a les capacités et la vocation ne se trouve écartée de d'activité scientifique.

Il semble que l’ouvrage soit épuisé – peut-être Plon le rééditera-t-il ?



dimanche 18 juin 2017

La maladie de Lyme – encore un scandale sanitaire

Un problème de santé majeur – une maladie grave

La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une maladie parasitaire transmise par les morsures de tiques. Elle a des conséquences graves. Une jeune malade, Pauline a accepté  de décrire son quotidien dans Ouest-France
« J’ai eu 17 ans en mars. J’ai dit à maman : ce n’est pas 17 ans que j’ai, mais 80 ans. Je marche comme une vieille dame. Je n’ai plus d’énergie. Je suis abattue. À cette fatigue constante s’ajoutent des douleurs articulaires permanentes, du mal à parler, à trouver mes mots, à me concentrer. Mon état s’est dégradé si rapidement, en l’espace de six mois ! Je connaissais la maladie de Lyme, sans imaginer ce qu’elle était. Je ne me souviens pas avoir été piquée par une tique. Si c’est le cas, c’était probablement avant 2011. Je me plaignais de douleurs au talon »

Un problème de santé majeur- une maladie déjà répandue et en expansion

La maladie de Lyme touche principalement les régions humides et boisées de  l’Amérique et de l’Afrique du Nord,  de la Chine et de certains pays Européens, comme la France, la Belgique. En raison de la reforestation signifiante aux États-Unis,  cette infection a connu une progression intensive puisque le nombre de  réservoirs naturels des tiques a décuplé par la même occasion. Ce qui explique les 300 000 nouveaux cas de Borréliose de  Lyme qui y sont observés chaque année
En France, on estime que le nombre officiel de 33.000 malades atteints de la maladie de Lyme est largement sous-estimé parce qu'il repose sur des tests mis au point il y a quarante ans qui ne sont plus du tout conformes aux données de la science, et que la déclaration de la maladie n’est pas (encore) obligatoire. Le Pr Perronne estime qu'il y a environ un million de nouveaux cas en Europe chaque année.
Le niveau de contamination dépend aussi du pourcentage de tiques infectées : pour certains pays d’Europe, 5 à 20 % de ces insectes sont porteuses de ce germe pathogène ;  dans certaines régions Américaines, l’infection atteint 100 %.
La situation est déjà grave, et elle va encore s’aggraver.

Un scandale sanitaire : une maladie ignorée, déniée, mal détectée, mal soignée

Le Pr Perronne s’est voué à la lutte contre cette maladie et a publié La Vérité sur la Maladie de Lyme (Odile Jacob). Il n’hésite pas à parler de scandale sanitaire, et on ne peut que lui donner raison. Voici pourquoi
- La maladie de Lyme n’est pas simple à diagnostiquer longtemps – elle peut se déclarer parfois plus de dix ans après une piqure passée inaperçue, avec des symptômes très variés et le corps médical n’a pas été suffisamment alerté et informé. Conséquences : un certain nombre de malades avec des conséquences neurologiques ou des symptômes incompris ont été considérés comme fous et traités en psychiatrie !!
- Le diagnostic sérologique est très mauvais : Une étude récemment conduite aux Etats-Unis a montré que le test ELISA ne permettait même pas de détecter un quart des cas de maladie de Lyme ! Le Haut Conseil de la santé publique a reconnu dans un rapport que les sérodiagnostics français n'étaient pas assez sensibles et que les tests commercialisés devraient faire l'objet d'études de performances. "Ce rapport affirme qu'un tiers des tests sont à jeter". En plus, ils ne détectent pas toutes les souches de Borrellia. Pour comble, les test vétérinaires sont plus efficaces, mais non remboursés, et de fait, interdits. Certains patients ont cependant dû utiliser illégalement un test vétérinaire pour faire reconnaitre leur maladie !
- La forme chronique de la maladie de Lyme a longtemps été ignorée, et pire même, en France, l'Assemblée nationale avait rejeté un texte de loi en ce sens.  Dixit le Pr Perronne : ais ça va changer ! A l'époque, le projet a été rejeté parce que le ministère de la Santé n'était pas convaincu mais maintenant il l'est. Maintenant les parlementaires sont convaincus qu'il y a un énorme problème de santé publique et qu'il y a beaucoup de malades notamment dans l'Est de la France »
- un dogme voulait que la maladie de Lyme se traite assez facilement par un traitement antibiotique classique de trois semaines (avec des effets douloureux dus aux relargage des toxines). C’est assez souvent le cas, mais parfois non, suivant le stade de la maladie et la vision actuelle est que les traitements antibiotiques doivent alors être pris pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, en alternant les molécules. Or les médecins qui ont utilisé ces traitements ont été parfois poursuivis pour utilisation hors AMM !

Un début- un plan Touraine largement insuffisant – Lancer la lutte contre les tiques

L’année dernière, la ministre de la santé, Marisol Touraine a enfin organisé des Etats généraux de la maladie de Lyme. Comme avec cette présidence, un certain nombre d’initiatives heureuses et importantes ont été initiées, mais avec peu d’effets. Espérons que cette action sera poursuivie, même si, de façon assez inquiétantes,  les problématiques de santé ont été complètement absentes de l’élection présidentielle. En ce qui concerne la maladie de Lyme, le Pr Përronne réclame  deux mesures immédiates et importantes :  
1) pouvoir mettre à disposition des laboratoires de biologie humaine des tests vétérinaires qui sont très bons.
2) avoir des dérogations sur des traitements qui soient au-delà des trois semaines officielles.
Rappelons-le , Lyme en France, ce sont  au moins 27.000 nouvelles personnes officiellement infectées chaque année- un chiffre probablement  sous-estimé.
Si ces actions atteignent leur but, on ne devrait plus voir de patient errer d’un hôpital à l’autre sans réussir à se faire confirmer le diagnostic- mais ils ne diminueront pas le nombre de malades !

La vraie solution consiste en un plan de lutte contre la prolifération des tiques. Et ce n’est pas un problème facile car il mêle une biologie complexe ( les tiques sont parmi les plus anciens arthropodes apparus sur Terre, exploitant leurs hôtes bien avant l’apparition de l’homme !), changements environnementaux  (reforestation, changements climatiques), changements d’habitudes ( comportement de l’homme vis-à-vis de la faune…)
Les chercheurs français spécialisés dans la biologie des tiques sont organisés autour d’un groupe, baptisé « Tiques et maladies à tiques ». Ce groupe se réunit une fois par an pour présenter l’avancement des travaux des différentes équipes. Il devrait à l’avenir œuvrer plus en lien avec les médecins, qui y sont pour l’instant très peu représentés. La mobilisation débute avec l’implication de la société savante de pathologie infectieuse et des principaux organismes de recherche membres de l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan), l’Inra, l’Inserm et l’Institut Pasteur. L’affaire des tiques est donc l’affaire de tous et dans un monde idéal, les ministères de la Recherche, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement devraient maintenant réunir leurs efforts, des efforts qui doivent être soutenus et amplifiés par en en faisant une priorité gouvernementale

La lutte contre les tiques est un enjeu de santé publique qui devient majeur ! Il ne se limite pas à la France ; c’est aussi un enjeu européen, et même international, un enjeu majeur, qui doit devenir primordial.


Evidemment c’est aussi au niveau européen qu’il faut agir. Vous voulez faire aimer l’Europe ? Lancez l’Europe dans la lutte contre les tiques ! Faite que l’Europe se saisisse de cet enjeu et d’autres de santé publique- c’est un domaine important, où elle pourrait et devrait agir utilement.