L’Acro frappe
un grand coup…de propagande « écolo ». Le grand bluff
Il y avait déjà eu une première tentative de l’ACRO
(association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest),
« association citoyenne d'information et de surveillance de la
radioactivité » début juillet avec la dénonciation de la « présence
de tritium » dans la Loire (cf. blog précédent https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/07/tritium-dans-la-loire-information-et.html)
.
Ca n’avait pas trop bien marché, petite reprise locale et
rapidement un communiqué de l’ASN (autorité de Sureté Nucléaire) assez
largement repris et remettant les choses (c’est-à-dire rien) au point.
Mais après ce coup d’essai qui n’était pas un coup de
maître propagandiste, l’Acro a récidivé. En grand. Et le premier à se faire
avoir fut le Canard Enchainé ( d’habitude mieux inspiré, qu’ils arrêtent l’eau
et reviennent au julienas !)
L’histoire
commence le 16 juillet. En fin de journée circule en ligne un article de
l’édition du lendemain du Canard Enchaîné intitulé «De l’eau potable assaisonnée à la radioactivité». Sur quatre
colonnes, l’hebdomadaire évoque ces «6,4
millions de Français, dans 268 communes, [qui] boivent sans le savoir de la
flotte au tritium, un radioélément recraché par les installations
nucléaires». La source :
un rapport de l’Association pour le contrôle de la
radioactivité dans l’ouest (Acro).
Ce document est également
médiatisé par des élus écologistes des conseils régionaux des Pays-de-la-Loire,
de la Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val-de-Loire, qui interpellent les
autorités dans un texte commun, également publié le 16 juillet. Signalons un
tweet depuis effacé de l’ineffable, l’immanquable Michèle Rivasi, appelons les
mères à ne pas utiliser d’eau du robinet pour les biberons.
A la mi-journée, le 17, c’est
l’Agence France-Presse qui consacre une dépêche à cette étude : «Du tritium dans l’eau potable de millions
de personnes », titre l’AFP. S’ensuit une avalanche d’articles
reprenant cette dépêche sur le mode anxiogène. «A force de titres alarmistes et
d’infos copiées-collées sans mise en perspective scientifique, un rapport sur
la présence à très faibles doses de tritium (hydrogène radioactif) dans l’eau
potable en France a pris des airs de catastrophe nucléaire de grande ampleur»,
résume Arrêt sur images. Le Parisien reprend le communiqué de l’ACro et dénonce
une « contamination » radioactive de l'eau alimentant 6,4 millions personnes en France. Selon elle, 268 communes sont
concernées, dont de « grandes agglomérations » comme Orléans, Blois, Tours,
Angers, Nantes, et 122 communes d'Ile-de-France. Dans un second temps, Le Parisien, après un second titre
alarmiste et devenu schizoprène,
titre finalement « Gare aux
fake news». C’est bien, c’eût été mieux avant !
Car entre temps, la panique s’est
répandue. Sur les messages sociaux circule un enregistrement audio d’une femme
se disant infirmière à Bichat : «Je vous fais ce message pour vous dire
de ne surtout pas boire l’eau du robinet. Parce qu’étant infirmière […] au
niveau des hôpitaux de Paris, à Bichat, on a reçu un arrêté préfectoral à
l’instant disant que toute l’eau de l’Ile-de-France et de Paris a été
contaminée au titanium donc est radioactive. […] A priori, ils n’ont pas trop
l’intention de prévenir en fait au niveau national. Donc du coup à l’hôpital
ben on prévient tous nos proches. Donc je vous fais ce petit message : ne
buvez pas l’eau du robinet […] . L’Assistance publique de Paris reçoit de
nombreux appels affolés des Samu et de particuliers. Une internaute
témoigne : « A Rueil Malmaison la direction d’un foyer pour enfants a
interdit la consommation d’eau du robinet car elle serait selon eux contaminée
(4,2 Bq/L à Rueil) et de nombreuses personnes de mon entourage ont par peur
acheté plusieurs packs d’eau minérale. »
Et maintenant la réalité :
« Aucune valeur ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L instauré par
les autorités sanitaires », reconnaît l'association elle-même alors que la
moyenne de ces relevés est de 9 Bq/L !!!!
Donc, il n’y a rien, rien à dire,
absolument rien. Et au lieu de « Du
tritium dans l’eau potable de millions de personnes », c’est bien
plutôt :
« Une association confirme que 6 millions de français ont accès à une eau
qui respecte le critère de qualité de 100 Bq/L (Becquerel par litre) »
Point, Punkt, Punto…
Au passage, corrigeons en
admirant la sophistique de l’ACRO : « le critère de qualité de
100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires » n’a en fait rien de sanitaire.
Ce seuil de 100 Bq/L, précise l’Autorité de Sureté nucléaire (ASN) « ne représente pas une limite sanitaire »
mais simplement une limite réglementaire qui doit entrainer une investigation
pour vérifier l’origine de cette radioactivité, qui est sans danger pour la
santé. En ce qui concerne la potabilité, l’OMS considére « une valeur guide de 10 000 Bq/L pour le tritium dans l'eau
de boisson, à considérer en cas de
consommation permanente de l'eau ». Soit cent fois plus !!!
Ne pas en rester là ! No fake science !
Donc, en pleine canicule, une
véritable panique a été créée…à partir de rien. Les hôpitaux de Paris , la
Préfecture, l’ASN ont dû multiplier les communiqués pour tenter de rassurer
l’opinion et réparer ou éviter les dégâts possibles de la petite et méprisable
manipulation de l’ACRO. Qui aurait pu avoir des conséquences graves si des
personnes âgées ou des enfants avaient renoncé à s’hydrater sur la foi de ces
fake news.
Plainte a été déposée contre
l’auteur anonyme de l’enregistrement audio – la prétendue infirmière de Bichat.
C’est bien le moins. Il serait aussi souhaitable que l’Acro ait à répondre de
ses manipulations. Elle possède un agrément de l’ASN pour son laboratoire, sur
son site, elle se dit « agréée de protection de l’environnement dans le
cadre des régions de Basse-Normandie et de Haute-Normandie » et sans doute
touche-t-elle des subventions. Il est
peut-être temps d’y mettre fin.
Se pose aussi la question du
traitement des informations scientifiques par les media. Et justement juste
avant cette affaire venait de paraitre une pétition initiée par le groupement
NoFakeScience, « collectif de citoyen·ne·s qui s'est réuni autour d'une
préoccupation majeure : le traitement actuel de l'information scientifique dans
les médias. Une pétition en ligne a été lancée, dont voici le début :
« Nous, scientifiques,
journalistes et citoyen·ne·s préoccupé·e·s, lançons un cri d’alerte sur le
traitement de l’information scientifique dans les médias, ainsi que sur la
place qui lui est réservée dans les débats de société. À l’heure où la défiance
envers les médias et les institutions atteint des sommets, nous appelons à une
profonde remise en question de toute la chaîne de l’information, afin que les
sujets à caractère scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans
déformation sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être
restaurée sur le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s. »
Bien que n’étant pas fan de
l’écriture dite inclusive, à lire et à signer absolument, le sujet est trop
important (https://nofake.science/tribune/)
Au-delà, nous savons bien quelles
sont les causes de cette affaire et du comportement de l’ACRO : la haine
irrationnelle, misologue, rétrograde, absolue, imbécile de certains écologistes
contre le nucléaire civil. Eh bien qu’ils nous expliquent comment ils comptent
sauver le climat sans nucléaire – tiens les Allemands, en cette période de
canicule rejettent 8 fois plus de CO2 que nous !!! Oui, les manigances et
mensonges de ces imbéciles malfaisants doivent être dénoncées sans relâche et
sans compromis…car ils savent très bien ce qu’ils font : calomniez,
mentez, terrorisez, il en restera
toujours quelque chose, un fond vague de nuage de tritium sur le nucléaire….
Complément sur la radioactivité du tritium – et les célèbres bananes !
Le tritium est un émetteur beta pur. En se désintégrant,
avec une demi-vie d'environ 12 ans, il émet un rayonnement beta, un électron.
En l'occurrence, un rayonnement de très faible énergie : 5,7 keV en moyenne.
C'est 33 fois moins que l'énergie du beta du Césium 137 ! En plus de ça,
vu qu'il est sous la forme d'eau, il est très vite métabolisé et évacué : il ne
séjourne pas longtemps dans l'organisme s'il y pénètre. C'est à dire qu'il faut
des niveaux de radioactivité (en becquerels) très très élevés pour avoir des
doses (en sievert, qui permettent d'évaluer un impact sanitaire)
significatives.
Les facteurs de dose
sont des coefficients qui permettent de passer, en cas de contamination
interne, des activités (en Bq) aux doses (en Sv). Autrement dit, pour une
quantité de radioactivité égale, ils donnent la radiotoxicité, le risque.
Pour l'eau tritiée, dans le pire cas (c'est à dire chez
l'enfant d'un an), on est à 64 pSv/Bq. Oui, picosievert (1/1000000000000)
En comparaison, le potassium 40, il balance du 62 nSv/Bq,
car sa désintégration beta est très énergétique.(1/1000000000).
Donc le tritium sous forme d'eau tritiée est 1000 fois
moins radiotoxique que le potassium 40, à quantité de radioactivité égale.
Or, les très chères bananes contiennent chacune 20 Bq de
potassium 40. Donc considérez qu'en termes de radiotoxicité chez le bébé, 20
000 Bq d'eau tritiée valent une dose équivalent banane.
Si on vous
parle d'eau à 10 Bq/L, ce qui est le cas en moyenne selon les mesures de
l’Acro, il faut en boire 2000 L pour prendre la même dose qu'en mangeant une
banane.
Évitez de faire ça d'une traite. Sur le bébé, mais même
sur vous. La radioactivité risque d'être un problème secondaire
(Pour ceux qui auraient pas reconnu, c’est l’humour de
Tristan Kamin, rien de mieux ! j’ai repris ces données sur son indispensable
thread twitter (https://twitter.com/TristanKamin)
Pour ceux qui aiment bien les bananes, ne manquez pas
veritasium : Most radioactive places on earth !!! (https://www.youtube.com/watch?v=TRL7o2kPqw0)
Bon d’autres données :
Vivre à côté d’une centrale nucléaire : 0.002 mSv
Dose reçue en dormant chaque nuit à côté d’un être
humain : 0.05 mSv
Dose moyenne en France d’exposition naturelle au
radon : 1.4 mSv
Exposition médicale moyenne en France : 1.6 mSv
Radioactivité des zones granitiques de Bretagne : 5
mSv
Dose reçue par le personnel des vols Paris Tokyo : 9
mSv
Dose limite d’exposition pour les travailleurs du
nucléaire : 20 mSv
Radioactivité naturelle au Kerala en Inde : 70 mSv
Niveau de référence pour l’exposition professionnelle
d’urgence : 100 mSv
Eau tritiée de l’ACRO : 0.0000006 mSv/l