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mercredi 25 décembre 2019

Hinkley Point et les EPR en général, ce n’est pas si cher !

Beaucoup de choses inexactes écrites sur le coût des EPR, nouveau cheval de batailles des antinucléaires, beaucoup de faussetés mal intentionnées, de comparaisons malhonnêtes avec les énergies nouvelles, qui ignorent tout simplement le principal point gênant : leur intermittence. Par exemple, sur la non pertinence des calculs classiques de LCOE dans des cas de projets comme les EP, cf. Les coûtslisses de l'électricité, Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.(https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/les-couts-lisses-de-l-electricite-774441.html)

Et sur ce blog

Et maintenant, du coté anglais – qui est quand même un peu concerné, un excellent article « The Hinkley Point C case: is nuclear energy expensive?)de Joris van Dorp, MSc.

Hinkley Point C : l'énergie nucléaire coûte-t-elle cher?

« Les discussions sur l'intérêt de l'énergie nucléaire dans le cadre de la solution au défi climat/énergie dérivent souvent sur les coûts perçus élevés de l'énergie nucléaire. L'animateur néerlandais Jeroen Pauw a déclaré avec désinvolture que l’énergie nucléaire  était « terriblement chère » dans son émission du 31 octobre et Pieter Boot, expert en énergie à l'Agence néerlandaise d'évaluation environnementale, a sanctionné l'exclusion de l'énergie nucléaire du klimaatakkoord (loi nationale néerlandaise sur la politique climatique) en ces termes : « L'énergie nucléaire est devenue trop chère ». Comme de nombreux opposants nucléaires, Boot pointe du côté du projet Hinkley Point C au Royaume-Uni, où deux centrales nucléaires sont en cours de construction dont les coûts sont plus élevés que prévu initialement. Dans cet article, nous allons examiner de plus près Hinkley Point C et la question de savoir si ce projet est vraiment aussi cher que ce qui est proclamé par les adversaires du nucléaire. Nous discutons d'abord de la nature et de l'origine du type de centrale nucléaire, puis de l'économie du projet et enfin de l'avenir du nucléaire... »

Ce que les Britanniques construisent : les EPR d’ Hinkley point

« Deux réacteurs nucléaires du type "EPR" (European Pressurized Reactor) sont actuellement en cours de construction à Hinkley Point. La conception a été développée par un consortium de la société française Framatome et l'allemand Siemens. Ces deux réacteurs sont la première partie d'un plan national, lancé en 2008, pour construire 16 000 MW de nouvelles centrales nucléaires en Angleterre pour soutenir la transition énergétique du Royaume-Uni vers un système énergétique propre, fiable et abordable, avec des émissions de CO2 considérablement plus faibles.

Deux EPR sont en construction pour 2 x 1600 MW). Par rapport aux conceptions antérieures, l'EPR comprend de nouvelles fonctionnalités pour répondre aux exigences strictes de sécurité du gouvernement allemand en particulier. Par exemple, il y a une double coque de construction en béton pour fournir une meilleure protection contre les aéronefs, et il n'y a pas moins de quatre types différents de systèmes de refroidissement indépendants autour de la zone définie au centre de l'usine où tous les processus nucléaires se produisent. Ces systèmes de refroidissement sont là pour prévenir les dommages accidentels au cœur du réacteur (et donc le risque d'évasion de matières radioactives dans l'environnement) en cas de catastrophe, de défaillance de l'équipement ou d'erreur humaine.

Malgré ces redondances technologique pour la sécurité, ses concepteurs ont conçu l’EPR pour qu’il soit plus économique dans la construction en série que ses prédécesseurs, pour les raisons suivantes :
- une production d'électricité et une fiabilité plus élevées, avec moins d'interruptions imprévues ;
- une gamme de contrôle large et rapide de la puissance fournie, pour fournir une charge prolongée mieux adaptés à la demande
- des coûts d'exploitation et d'entretien moins élevés et une durée de vie économique plus longue, ce qui permet à l'usine de continuer à fonctionner après la fin de la durée de vie de la conception, jusqu'à au moins 80 ans;
- et de vastes possibilités d'utiliser différents types de combustibles nucléaires, y compris des combinaisons d'uranium enrichi et non enrichi, de thorium, de plutonium et de «MOX», anticipant la fermeture du cycle du combustible au cours du 21e siècle. Il est prévu que les « déchets nucléaires » seront réutilisés comme combustible dans les deux réacteurs thermiques existants, tels que l'EPR, et dans les futurs réacteurs rapides, ce qui se traduira par plus d'énergie extraite de l'uranium (jusqu'à cent fois plus) tout en laissant moins  de " déchets nucléaires », et qui se désintègrent aussi plus rapidement.

Quant à la faisabilité, deux EPR sont  en exploitation (2 à 1600 MW) en Chine à Taishan. Des  EPR sont actuellement en cours de construction en Finlande, en France et en Angleterre. L'Inde négocie avec EDF la construction de six EPR et le gouvernement Français a également récemment décidé d'enquêter sur la construction de six autres EPR. »

Les coûts de Hinkley Point C.

« Après sept ans de négociations et de révisions, le gouvernement britannique a décidé en 2016 d'exécuter le projet Hinkley Point C. Les coûts ont été estimés à environ 20 milliards d'euros. Pour ce prix, les entreprises françaises et britanniques s'occuperaient de la construction, y compris le développement des chaînes industrielles nécessaires et de la formation du personnel au Royaume-Uni après trente ans de stagnation industrielle nucléaire dans le pays. L'estimation des coûts a depuis été ajustée jusqu'à 25 milliards d'euros. C'est beaucoup plus que les estimations initiales faites lors de la conception de l'EPR au tournant du siècle. La construction de deux EPR était estimée à l'époque à au plus 7 milliards d'euros…

Examinons brièvement les causes de l'augmentation des coûts chez HPC. Il s'agit notamment du départ de Siemens du consortium EPR, à la suite duquel des composants importants et du savoir-faire ont dû être conçus à nouveau; la série de nouvelles enquêtes et exigences en matière de sûreté à la suite de l'accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi en 2011 à la suite du grand tremblement de terre et du tsunami du Tohoku ; la décision de divers gouvernements européens (dont celui des Pays-Bas) malgré la transition souhaitée vers un approvisionnement énergétique zéro carbone, non pas de construire de nouvelles centrales nucléaires, mais plutôt de construire de nouvelles centrales au charbon, au gaz et à la bioénergie (sic !)

Enfin, mentionnons l'incertitude découlant de l'exclusion systématique de l'énergie nucléaire de divers traités internationaux d'organismes tels que les Nations Unies (voir par exemple le Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto) et des mécanismes de soutien dans le contexte politique climatique et le développement durable. Par exemple, la Banque mondiale accorde des prêts aux pays en développement pour les combustibles fossiles, mais pas pour l'énergie nucléaire, et alors que les pays européens ont de fortes subventions et mandats pour l'énergie verte, l'énergie nucléaire est taxée; l’affaiblissement de l'industrie nucléaire européenne en raison de carnets de commandes vides, … et de l'exode de personnel spécialisé vers les retraites, d'autres secteurs ou des projets nucléaires en dehors de l'Europe.

Pour construire HPC en dépit des obstacles susmentionnés, il a été convenu que le gouvernement britannique garantirait un prix de l'électricité CfD de 11,3 cents /kWh (dans les prix courants) pour 35 ans ajusté pour l'inflation. Cette allocation est beaucoup plus élevée que l'estimation initiale de la compagnie d'électricité Français EDF, à savoir 5,5 centimes /kWh (aux prix actuels). En outre, il est plus élevé que le prix actuel de l'électricité sur le marché de gros, qui est seulement 5 cents / kWh. À cet égard, nous pourrions conclure que HPC semble en effet être « terriblement coûteux ». Mais …

Les bénéfices de Hinkley Point - pas si mal !

« Pour savoir si HPC à 25 milliards d'euros est réellement coûteux, nous devons comparer les coûts avec les avantages. HPC se compose de deux EPR d'une capacité nette de 1600 mégawatts chacun. Sur une base annuelle, ils fourniront ensemble 26 milliards de kWh au réseau électrique britannique. C'est assez d'électricité pour près de 9 millions de ménages. (Aux Pays-Bas, HPC pourrait donc fournir à tous les ménages de l'électricité sans CO2.) HPC a une durée de vie de conception de 60 ans, avec la possibilité de l'étendre à au moins 80 ans. HPC fournira plus de 1500 milliards de kWh d'électricité pendant 60 ans. Cela donne un coût de construction par kWh de 1,6 cents.

Les coûts d'exploitation après la mise en service de l'usine sont estimés entre 1,5 et 2,5 cents /kWh. Cela comprend tous les coûts de fonctionnement pendant l'exploitation, y compris les coûts de personnel, les coûts du carburant, les permis, l'assurance, l'entretien, les taxes et les primes au fonds de déclassement et le traitement et l'élimination finale des déchets nucléaires. Les coûts de construction et les coûts d'exploitation sont donc au plus 4,1 cents /kWh. Ce n'est en aucun cas le prix d'impact CfD de 11,3 cents que le propriétaire de HPC obtiendra. Qu'advient-il de la différence de 7,2 cents/kWh ? Eh bien, ce sera versé sous forme de prime (intérêt, dividende ou autres formes de distribution de bénéfices) aux investisseurs et aux prêteurs de HPC, à savoir les fonds (de pension) et les participations (étatiques) de l'Angleterre, de la France et de la Chine qui sont les propriétaires du projet. Si le prix de 11,3 cents continue d'être réalisé même après l'expiration de la CfD de 35 ans, les propriétaires gagneront 100 milliards d'euros (7,2 cents x 1500 milliards de kWh) sur les 60 ans d’exploitation.

. Par rapport à d'autres options — en particulier d'autres options stables zéro carbone — HPC est « terriblement bon marché.

HPC est-il « terriblement cher » ? Cela dépend de la perspective que l'on prend. Du point de vue des investisseurs, on pourrait dire que HPC est en effet cher par rapport à d'autres projets nucléaires récents. Après tout, HPC coûte près de 8 milliards d'euros par GigaWatt, tandis qu'en Chine, en Russie et en Corée du Sud, un projet comparable coûte moins de 3 milliards par GW. Pourtant, malgré le coût relativement élevé de la construction, les coûts totaux par kWh pour les investisseurs sont encore faibles. Ce 4,1 cents / kWh est comparable aux coûts d'une centrale à énergie fossile et beaucoup plus faible que les coûts de l'équivalent le moins cher (stable, indépendant) par  combinaison de panneaux solaires et d'éoliennes ainsi que le stockage avec des batteries et de l'hydrogène, dont les coûts peuvent aller jusqu'à 50 cents / kWh . Par rapport à d'autres options — en particulier d'autres options stables zéro carbone — HPC est « terriblement bon marché ».

Même en supposant une « transformation radicale » du système énergétique en énergies renouvelables à 100 % dans le cadre d'hypothèses très favorables (telles que la réduction continue des coûts des éoliennes, des panneaux solaires et des systèmes de stockage, la construction d'un réseau électrique international à l'échelle continentale et la disponibilité d'une surface terrestre bon marché pour tous les équipements), les opposants à l'énergie nucléaire prévoient un coût d'approvisionnement stable qui n'est pas inférieur à 5 cents /kWh en 2050.(NB très optimiste, suppose résolu beaucoup de problèmes pour lesquels il n’y a pas l’ombre d’une solution technologique viable !)

À côté du point de vue de l'investisseur, il y a aussi le point de vue des consommateurs et de la société dans son ensemble. Pour les consommateurs d'électricité — tous les ménages, institutions et entreprises qui reçoivent une facture d'énergie chaque mois — le prix du HPC est relativement élevé : comparable au coût de l'électricité solaire sur le toit (qui coûte au moins 11 cents /kWh, mais qui semble bon marché pour les propriétaires parce qu'elle les exempte de payer des taxes élevées sur l'énergie au détail et des suppléments d'une valeur allant jusqu'à 14 cents / kWh). Mais le coût sociétal de HPC est faible parce que les coûts que la société éprouve sont exclusivement les coûts pour la construction et l'exploitation de l'usine, pas les intérêts et les dividendes parce que ceux-ci sont retournés à la société.

Les propriétaires de HPC gagneront beaucoup d'argent bien qu'ils doivent attendre longtemps pour cela. Ces propriétaires comprennent les fonds de pension britanniques et les avoirs de l'État. La plus grande partie de l'argent que les consommateurs britanniques paieront pour l'électricité de HPC — environ les deux tiers — leur revient directement sous forme de pensions et de prestations sociales. Seulement un tiers va à la construction, l'exploitation, le ravitaillement et, éventuellement, le déclassement de la centrale nucléaire HPC. (voir le graphique à secteurs en bas de la page).

Cher pour les consommateurs, mais bon marché pour la société: tel était l'essentiel de la conclusion de la Cour des comptes britannique. Dans son audit du projet HPC, le Bureau national de vérification (ONA) a conclu que jusqu'à six EPR auraient pu être construits pour les 11 cents / kWh du HPC, si l'État britannique avait financé le projet lui-même avec des obligations d'État bon marché. »

En  fait, le coût principal de ce type de projet est l’investissement en capital, et celui-dépend étroitement des conditions de financement, et notamment de l’octroi de garanties gouvernementales ou non (NB en fait, comme des infrastructures comme le tunnel sous la Manche). Le graphique en camembert ci-joint montre la répartition des coûts. Le coût du nucléaire de troisième génération (EPR) résulte essentiellement des coûts de construction et de financement. En fonction du taux d’actualisation retenu (le coût du prêt), les dépenses de construction représentent entre 50 et 75 % du coût total de production de l’électricité sur la durée d’exploitation de l’installation. Un rapport de la Cour des comptes britannique montre la sensibilité du prix de l’électricité au taux de rendement attendu du projet. Ainsi, le coût du kilowattheure de l’EPR d’Hinkley Point double quand le taux d’actualisation passe de 3 % à 10 % (le taux retenu par EDF pour ce projet est de 9 %. L’autre graphique montre la sensibilité  du coût final en fonction du coût du capital.


. Conclusion

« Ainsi, HPC est avantageux pour la prospérité nationale, malgré l’importance de l'investissement et le prix élevé CfD. Cela explique pourquoi le gouvernement britannique veut utiliser l'énergie nucléaire dans le cadre de son climat / énergie. En outre, les Britanniques bénéficieront d'une électricité à faible coût, stable et sans carbone, sans pollution atmosphérique. Les Etats membres d'Europe de l'Est veulent également utiliser l'énergie nucléaire pour cette raison, et s'opposent donc aux tentatives de l'Allemagne, de l'Autriche et des Verts d'exclure l'énergie nucléaire de la politique européenne climat/énergie…

Le gouvernement britannique sait que, malgré l'importance de l'investissement initial, chaque centrale nucléaire deviendra tôt ou tard une énorme vache à lait et que la réalisation d'une société sans fossiles et sans énergie nucléaire n'est pas crédible. C'est pourquoi il voudra probablement s'appuyer sur l'expérience avec HPC et s'assurer que le capital humain et les chaînes d'approvisionnement industrielles qui sont enfin en cours de construction ne seront pas perdus à nouveau, mais seront encore développés et employés pour servir les gens et répondre au défi climatique. Bon nombre des coûts pour HPC — la mise en place des chaînes de construction requises et la formation d'une nouvelle génération de techniciens et d'ingénieurs — sont one shot. Plus il y a de centrales construites, plus les coûts diminuent, tout comme c'était le cas lorsque la première vague de centrales nucléaires a été construite dans les années 60 et 70, et  comme c’est le cas avec toutes les activités industrielles que l'humanité développe tant qu'elles ne font pas l’objet de ce qu’il faut bien appeler un sabotage » continu et conscient de nature idéologique.

Un modeste programme européen de construction utilisant les EPR pour remplacer le parc actuel de réacteurs nucléaires suffirait, selon la Commission européenne, à réduire de moitié les coûts moyens de construction des centrales par rapport au prix global de HPC, à savoir moins de 4 milliards par Gw. Dans son rapport de vérification pour HPC, le BAN a également émis des suggestions sur la façon dont le gouvernement pourrait s'y prendre pour transférer une plus grande partie des avantages des futurs projets d'énergie nucléaire des investisseurs aux consommateurs. Par exemple, le prix de l'électricité peut être abaissé en transférant une partie du risque du projet de l'entrepreneur à la société, ce qui entraîne une baisse des coûts en capital (intérêts et dividendes). Étant donné que le risque de construction de nouvelles centrales nucléaires est principalement politique, ce ne serait pas illogique… »

« Comme ailleurs en Europe, la controverse et la confusion sur le climat et la politique énergétique prévalent également en Angleterre. Il est à noter que l'industrie fossile travaille en collaboration avec le mouvement environnemental par intérêt financier pour contrecarrer le développement de l'énergie nucléaire. Après tout, tant que les activistes du climat continueront à se concentrer sur le vent et le soleil, refusant de tenir compte des institutions scientifiques publiques qui soutiennent qu'une expansion de l'utilisation de l'énergie nucléaire est nécessaire pour éviter un coût de l'énergie considérablement plus élevé à l'avenir, la construction de nouvelles centrales nucléaires en Europe sera entravées. En conséquence, l'industrie fossile et le mouvement environnemental sont satisfaits de ce chaos et de l'arrêt et du remplacement continus des centrales nucléaires en exploitation par des centrales à combustibles fossiles subventionnées suppléant à l’intermittence de l'énergie verte. Et les succès du développement nucléaire en Russie et en Chine sont totalement ignorés »

Ajoutons pour terminer qu'une des spécificités britanniques, qui va nous manquer, est que les deux principaux partis, conservateurs et travaillistes, sont favorables au nucléaire

France-Allemagne politiques énergétiques : on continue la guerre ou on coopère ?


Politique énergétique-climatique en Europe : état de guerre déclarée

L’Allemagne et ses supplétifs Autrichiens et Luxembourgeois, confrontés aux résultats d’ une energiewende catastrophique écologiquement, climatiquement, économiquement, socialement, mène une guerre totale contre l’un des rares et grands atouts écologiques et économiques de la France, son électricité fortement décarbonée grâce à son programme nucléaire (en 20 ans, de 1970 à 1990, construction d’un parc de 58 réacteurs nucléaires - grâce au nucléaire, les émissions de CO2 françaises liées à l’énergie sont inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7).

L’Allemagne s’est livrée à une pression insupportable pour obtenir, grâce à la lâcheté et à l’inconscience de certains politiques français la fermeture de Fessenheim, qui n’a aucune justification technique. Elle vise maintenant les centrales belges de Tihange. Le Luxembourg veut la fermeture de Cattenom ; l’Autriche s’oppose à la Tchèquie à propos de la mise en service des centrales de Dukovany et à la Hongrie à propos de PAK2. L’Allemagne se bat comme un dogue pour éviter l’augmentation de la taxe CO2 et pour dissuader le financement du nucléaire, ce qu’elle a magnifiquement réussi en faisant sortir le nucléaire de la taxonomie du financement vert proposée par l’UE, du mpins pour un temps, ar suite à la réaction au Parlement des autres pays européens, le nucléaire serait peut-être finalement suffisamment vert ( il est plus décarboné que le solaire ou l’éolien) pour avoir accès à certains financements verts, au moins de manière transitoire…comme le gaz, qui lui n’est pas du tout décarboné. .ou pas. La lettre de mission d’ Ursula Von der Leyen au commissaire à l’énergie indique : « Vous devriez vous concentrer sur l'amélioration de la sûreté nucléaire et des garanties à travers l'Europe et poursuivre le déclassement nucléaire en cours »
 Début décembre 2019, au Parlement européen, un article discrètement introduit par le SPD allemand qui aurait obligé la France et les autres pays européens à fermer toutes leurs centrales nucléaires « nuclear phase out).

Bref, dans toutes les instances européennes, et même internationale (COP ), la politique énergétique européenne fait l’objet d’une guerre incessante entre l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, rejoints par des Verts d’autres pays, et même français, qui veulent absolument exclure le nucléaire, et la France, la Finlande, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie…la Pologne ? et pour l’instant encore, jusqu’à la fin de l’année, le Royaume-Uni. Guerre sombre, guerre d’amendements, d’attaques incessantes, de rapports mensongers et partiaux, de campagnes médiatiques.. Mais, un instant d’inattention, et hop, plus de nucléaire en Europe.

Alors que c’est la seule énergie qui puisse nous permettre de répondre au défi climatique sans provoquer l’effondrement de nos sociétés.
Sur tout ceci, cf. les articles de ce blog

France Allemagne- Une coopération possible ? le rapport de Tandem sur la transition énergétique

Je veux mentionner un article de Tandem, (Coopération franco-allemande pour la transition énergétique locale), qui s’efforce de faire travailler ensemble des villes françaises et allemandes sur la transition énergétique. Il s’agit d’abord d’un rapport factuel sur l’état de la transition énergétique dans les deux pays, mais qui ouvre certaines pistes possibles, celle d’une complémentarité des deux politiques énergétiques à travers le maintien d'importantes capacités nucléaires en France

Extraits sur le bilan : Les objectifs climatiques en France et en Allemagne : Où en est-on ?

Emission de gaz à effet de serre : France (2016) : 463 MteqCO2 ; Allemagne (2017): 904.7 MteqCO2

« En ce qui concerne les émissions de GES, les secteurs les plus émetteurs diffèrent dans les deux pays. En Allemagne l’industrie de l’énergie est responsable de presque 1/3 des émissions annuelles (comparé à 9,5% en France). En deuxième place, le secteur des transports représentait 18% des émissions de GES de l’Allemagne en 20161. En France c’est le secteur des transports qui constitue la principale source de GES avec 29 % en 2015, suivi par le secteur agricole et l’industrie responsables de 20 % chacun des émissions totales de GES…
Si les émissions de gaz à effet de serre sont presque deux fois plus élevées en Allemagne qu’en France, cela est en partie lié aux sources d’énergie très différentes servant à la production d’électricité dans les deux pays…La part d’électricité produite par des sources renouvelables en France n’est que la moitié de celle de son voisin, mais la grande majorité de l’électricité française est d’origine nucléaire entrainant beaucoup moins d’émissions de GES que la production allemande dont les sources énergétiques les plus polluantes, notamment le charbon et le lignite, continuent à représenter une part considérable (38,8%). »…

« En Allemagne, il n’y a pas un système comparable de « trajectoire vers la neutralité carbone » ou de « budget carbone compatibles avec l’Accord de Paris ». Dans leur accord de coalition, les partis au pouvoir se sont engagés à « combler le plus rapidement possible l'écart actuel avec l'objectif climatique 2020 et à atteindre les objectifs de protection climatique d'ici 2030 et 205017 ». Néanmoins, il n’existe pas de calendrier concret avec les mesures nécessaires pour combler l’écart avec l’objectif de réduire les émissions de GES de 40%. Une des mesures phares qui permettrait encore d’y parvenir – la réduction massive de la combustion du lignite – est actuellement encore en négociation par une ‘Commission pour la croissance, les changements structurels et l'emploi » (NB : il semble finalement que 2038 ait été choisi pour sortir du charbon dans la production électrique alors que le Royaume-Uni y est parvenu en 5 ans)

Ah ben, on  a rarement vu un document franco-allemand arriver à un tel constat amiable Mais enfin, les chiffres sont assez indiscutables…

Transports : dans les choux !

 « Dans le secteur des transports on observe que la voiture individuelle reste prédominante dans les deux pays. En France 80% des déplacements sont effectués en voiture – occupée la plupart du temps par une seule personne – et dont 50% des trajets effectués font moins de 5 km. Ce phénomène est en grande partie lié au fait que « l’espace rural et périurbain est structuré de façon peu favorable aux transports alternatifs à la voiture individuelle».

En ce qui concerne le taux de pollution des voitures individuelles circulant en France et en Allemagne, les choix d’achat des citoyens représentent une problématique similaire dans les deux pays. En regardant les voitures vendues en 2017, il s’agit en grande partie de voitures lourdes et très consommatrices comme des SUV (Sport Utility Vehicle) qui représentent 30% des ventes en France et 15,2% en Allemagne. Les voitures électriques et hybrides restent marginales comparées aux voitures conventionnelles (en 2017 les voitures électriques représentaient 0,7% des voitures vendues en Allemagne, et 1,47%11 en France. Les voitures hybrides représentaient 2,5% des ventes en Allemagne et 3,9% en France dans la même année)…

Si l’Allemagne est en avance sur le déploiement des énergies renouvelables dans la production électrique, cela ne se reflète pas dans la consommation énergétique des transports où l’Allemagne n’atteindra très probablement pas l’objectif européen de 10% d’énergies renouvelables dans le secteur des transports en 2020. En 2016 la part des EnR n’était que de 5% avec une augmentation pronostiquée à 6,1% au maximum en 2020. En ce qui concerne le déploiement des voitures électriques, l’Allemagne est en retard par rapport à son voisin français et l’industrie automobile allemande continue à résister à un développement du marché dans cette direction…

Par rapport au budget carbone français, le secteur des transports a dépassé de 6 % les objectifs fixés en 2016 pour ses émissions, ce qui est aussi en grande partie lié au fret routier qui représente jusqu’à 80% des émissions GES et plus que 80% des consommations finales en énergie du secteur des transports. Les voitures individuelles aussi continuent à contribuer au problème, sachant que 30% des voitures neuves sont des SUV, très émettrices en CO2.
Sur une note plus positive, en ce qui concerne la mobilité électrique, la France est en avance avec un marché automobile qui est « actuellement l’un de ceux où se vendent le plus de voitures électriques et hybrides en Europe » avec des subventions à l’achat parmi les plus hautes du monde : entre 6 000 à 10 000 Eur.
Comparable à l’Allemagne, le déploiement de véhicules électriques seul ne s’attaque pas,aux problèmes plus profonds de la mobilité en France qui nécessite une extension de l’infrastructure pour les transports en commun dans les régions non-urbaines pour réduire la dépendance aux voitures individuelles. Pour illustrer cela, à présent seuls 22% des habitants de communes rurales en France et 64% des habitants d’agglomérations de plus de 100 000 habitants affirment pouvoir choisir entre plusieurs modes de transports.

Fiches thématiques sur les objectifs  2020 et l’état des lieux
Cf. tableaux en fin de page

Commentaires :

-  En Allemagne, la réduction des émissions de gaz à effet en 2018 est de -27.7% pour un objectif de -40% en 2020. L’objectif est considéré comme inatteignable et abandonné. En France, les objectifs fixés ne seront pas atteints en pourcentage, mais compte-tenu du niveau absolu très faible ( pour l’énergie, inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7), l’incidence climatique reste très satisfaisante. (NB ; comme prévu dans les accords de Paris pour les pays développés, il serait bon de redéfinir les objectifs d’émission de GES en valeur absolue et non en pourcentage de réduction)

- En Allemagne et en France, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la part des renouvelables dans la consommation d’énergie totale est similaire, autour de 15%. La grosse différence, c’est dans la production d’électricité (40% en Allemagne contre 18% en France). Pour la France, les objectifs de réduction du nucléaire dans la production d’électricité en France ne seront pas atteint. Ben oui, et heureusement, car ils sont absurdes ! Remplacer du nucléaire par du renouvelable plus du gaz est désastreux climatiquement, économiquement, socialement, écologiquement et pour la sécurité d’approvisionnement. La baisse du nucléaire dans la production électrique n’est pas un objectif climatique, ‘est anti-climatique !

 - Dans les deux pays, les objectifs de rénovation énergétique et de mobilité électrique ( plus généralement dans le domaine du transport sont complètement dans les choux…Il y a peut-être de raisons scientifiques et techniques de fond ? (cf. pour la rénovation thermique en France l’étude remarquable de Sauvons le Climat. (https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/12/la-renovation-energetique-est-mal.html;

Conclusion : Voie étroite pour une coopération ?

« Malgré, ou justement à cause de leurs sources d’énergie si différentes, les systèmes électriques de France et d’Allemagne sont interdépendants. Comme les deux pays se trouvent face au même défi, restructurer leur production conventionnelle d’électricité, les choix qui seront faits des deux côtés du Rhin quant au rythme et à l’échéance de cette restructuration auront des effets transfrontaliers sur la transition énergétique dans les deux pays…

Maintenir une capacité nucléaire élevée en France contribuerait à réduire les émissions de CO₂ de l’UE, via une augmentation significative des exportations d’électricité de France, et à abaisser le prix de l’électricité en Allemagne ainsi qu’à décarboner sa consommation électrique. Cependant, l'augmentation prévue de la part des énergies renouvelables à 65 % de la consommation d'électricité en 2030 contribuera à éviter que l'Allemagne – qui n’est pas favorable à l’augmentation de sa dépendance à l’importation d’électricité nucléaire – ne dépende des importations dans un contexte de sortie du charbon. Cette accélération du développement des renouvelables couplée au maintien du parc nucléaire français causerait une offre excédentaire d’électricité et permettrait de maintenir des prix de marché faibles pour l’électricité en Europe.

Il est donc nécessaire pour les deux pays de rapidement prendre une décision sur les stratégies nationales concernant le parc nucléaire en France et le charbon en Allemagne pour pouvoir concilier leurs approches et coopérer sur le développement des énergies renouvelables.
Commentaire : Bravo Tandem. C ‘est la première fois que je vois mentionné dans un document franco-allemand une coopération possible et logique en matière énergétique, qui repose sur la complémentarité et sur le maintien d’un haut niveau de production nucléaire en France,  nécessaire écologiquement, économiquement socialement et pour la sécurité d’alimentation des deux pays.

Il ne reste plus qu’à convaincre les politiques allemands de cesser leur campagne contre le nucléaire, …dont ils auront vraiment besoin pour remédier à l’absurdité de leur energiewende.




mardi 24 décembre 2019

L’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre et les trois salopards


Rappel sur l’accord de Paris ;  philosophie et premiers doutes

L'accord de Paris est le premier texte élaboré par l'ensemble des pays de la planète et le premier accord universel sur le climat/réchauffement climatique. Il fait suite aux négociations qui se sont tenues lors de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

La démarche adoptée pour cet accord est fortement empreinte de pragmatisme à l'anglo-saxonne (c'est-à-dire qu'il s'agit d'une déclaration d'intention, sans aucune mesure coercitive) : pas d'amende ni mesure de rétorsion ; le protocole de Kyoto en prévoyait mais cela n’a jamais rien donné. Pour être efficace, l’accord adopté a pris un autre parti, celui de la transparence. Plus qu’un devoir, une obligation à laquelle chaque pays aura à se plier en soumettant régulièrement ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) à des grilles de renseignements et d’analyses communément partagées et compréhensibles par tous.

L'accord prévoit de contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C » (article 2), ce qui est plus ambitieux que le projet d'accord initial20 ; ce dernier objectif a été ajouté sous la pression de l'Alliance of Small Island States (AOSIS) (« Alliance des petits états insulaires ») qui regroupe les 44 pays les plus exposés aux effets du changement climatique et qui émettent le moins de gaz à effet de serre, 0,00001 % des émissions globales. L'article 2 fait aussi référence au désinvestissement des énergies fossiles : « Le présent Accord [...] vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, [...] notamment en [...] Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d'évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques. ».
L'objectif d'atteindre la neutralité carbone est affirmé à l'article 4 : « les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, (...) et à opérer des réductions rapidement par la suite (...) de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle.

Crédibilité des objectifs : Selon Jean Jouzel, les mesures prises par les États avant la COP21 inscrivent le climat dans une tendance de réchauffement de 3 °C ; l'Accord ne les oblige pas à un changement dans l'immédiat, et des objectifs sévères devraient être fixés avant 2020 pour espérer tenir l'objectif d'un réchauffement limité à 2 °C32. Le PNUE a calculé que « même dans le cas d'une mise en œuvre intégrale des engagements pris à Paris, les émissions prévues d'ici à 2030 entraîneront une hausse des températures mondiales de 2,9 à 3,4 °C d'ici la fin du siècle ».
L'accord permet aux États de conserver leur système agricole inchangé, alors qu'il est nécessaire de le réformer.
La surpopulation et plus généralement les problèmes démographiques ne sont pas abordés ; aucune mesure de limitation des naissances n'a été envisagée.

Pourcentage ou valeur absolue-1 : Les engagements nationaux sur les émissions de gaz à effet de serre (décarbonation

Concernant les émissions de gaz à effet de serre, le cadrage des accords de Paris est le suivant :
Plafonnement mondial des émissions et "neutralité climatique" (art. 4) - En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement …  Les pays développés devraient continuer de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie, tandis que les pays en développement devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux différentes situations nationales.

La réalité a été, comment dire, quelque peu différente. Les engagements nationaux ont été très variés ;  certains s’engagent à une réduction des émissions en valeur absolue par rapport à une date (1990, par exemple) ou en valeur relative par rapport à un scénario au fil de l'eau, les gaz à effet de serre et les secteurs économiques couverts par l'engagement varient, et l'engagement prend en compte, ou pas, le rôle des puits carbone forestiers.
Certains s’engagent à une réduction des émissions totales, d’autres détaillent des engagements par secteurs ; d’autres mentionnent une date de référence fixe (par rapport à 1990 pour l’Union européenne, par exemple) tandis que beaucoup prennent le scénario « Business as usual » (BAU) comme référence– il s’agit des prévisions d’émissions dans le système actuel, si rien n’est fait.
Enfin, nombre de pays conditionnent leur contribution à une aide financière internationale, dans le cadre d’un « Fonds vert » mondial, qui sera l’objet d’intenses tractations lors de la COP21.

Ainsi, les 28 Etats de l’Union européenne se sont engagés à réduire de 40 % ses émissions de GES d’ici à 2030 par rapport à 1990, soit la même date que celle évoquée dans le protocole de Kyoto, signé en 1997 et entré en vigueur en 2005. La Russie, la Norvège ou encore la Suisse ont choisi la même date référence.

Les Etats-Unis se sont engagés à une réduction de 26 à 28 % d’ici à 2025… mais par rapport au niveau de 2005. Cette année-là, le pays a connu un pic d’émissions à 5,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2 émises (combustion de ressources fossiles inclue), contre 5,2 milliards en 2013 par exemple. Le Canada a proposé le même objectif de réduction d’ici à 2025, lui aussi ayant connu une forte augmentation de ses émissions entre 1990 et 2005.

La Chine, elle, a adopté une stratégie différente en s’engageant à atteindre son pic d’émissions de gaz à effet de serre en 2030, avant de diminuer ensuite. Pékin assure toutefois tenter de réduire son niveau d’émissions de CO2 de 60 à 65 % par point de PIB par rapport à 2005. Cette liaison au PIB est intelligente et signe l’ambition d’une croissance réellement moins carbonée, et non d’une décroissance. Depuis la Chine a arrêté 90 % de ses projets de centrales à charbon.


Valeurs absolues ou pourcentages-2 : L’Europe et les trois salopards : Allemagne, Autriche, Luxembourg

On notera donc que l’Europe, en n’affichant pas des objectifs de réduction des émissions en valeurs absolues contrevient à l’accord de Paris, ou alors ne se considère pas comme un pays développé !!!

On comprend pourquoi en regardant quelques chiffres qui montrent à quel point les trois salopards européens opposés au nucléaire (Allemagne, Autriche, Luxembourg – et quand je dis opposé au nucléaire, c’est pas seulement pour eux, mais ils entendent l’interdire aux autres pays, par exemple le Luxembourg veut contraindre la France à fermer Cattenom et l’Autriche prétend interdire à la Tchéquie d’ouvrir de nouvelles centrales nucléaires cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/10/politique-energetique-quand-le-reich.html)

Donc il suffit de regarder les chiffres : CO2/tonne/habitant/an (2013, dernière année connue pour tous les pays)

Allemagne : 8.7
Autriche : 7 .4
Luxembourg : 18.5 (de vrais goinfres de CO2 les Luxembourgeois, entre les USA et Oman !)
Pays-Bas : 10.3
Moyenne UE : 9.7
France :  5.7

Donc, avec leur niveau de départ et  ce système de réduction de 40% pour tous les pays européens, l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg pourront continuer ad vitam aeternam ( enfin, tant que durera la Terre) à consommer de fossile et à rejeter de CO2 de 1.5 à 3 fois plus que la France. Et ceci tout en nous donnant des leçons.
Or évidemment, dans la perspective de la lutte contre le dérèglement climatique, c’est la valeur absolue qui compte( et ainsi que le disent les accords : « les pays développés devraient continuer de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie », tandis que les pays en développement, pour qui le plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre « prendra davantage de temps », s’engagent dans un premier temps à « continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation »)

A quoi rime tout cela ? A quoi rime de demander à la France de diminuer de 40% les émissions de gaz à effets de serre (soit le même effort en valeur relative que les autres pays européens, alors qu’elle est déjà largement en-dessous de la moyenne de l’Union Européenne, et à un niveau absolu tel qu’il suffit à se placer sur la trajectoire minimale de réchauffement ?

Ceci a été atteint en 20 ans, de 1970 à 1990, grâce à l’extraordinaire programme qui nous a permis de nous doter d’un parc de 58 réacteurs nucléaires toujours en activité enfin tant que Fessenheim n’est pas stupidement fermé). Grâce à cela, grâce au nucléaire, les émissions de CO2 françaises liées à l’énergie sont inférieures de 59% à la moyenne des pays du G7.

Alors à quoi riment ces engagements européens ? Eh bien, c’est très clair, le Reich allemand et ses supplétifs, engagés dans une energiewende catastrophique écologiquement, climatiquement, économiquement, socialement, veut garder la prédominance en Europe et y parvient par des institutions dévoyées qui assurent la domination allemande. Elles ne dureront plus très longtemps. Parce que c’est un échec total.   

Les accords de Paris, 3 ans plus tard : la honte européenne et allemande

Lors des dernières COP (notamment Madrid 25), l’Europe prétend apparaître comme un modèle, menant une diplomatie climatique agressive, tançant les USA, le Brésil etc. En fait :

- Trois ans plus tard, seulement 58 pays ont adopté des lois et pris des mesures nationales pour réduire leurs rejets de CO2 en 2030 et, parmi eux, seulement 16 ont engagé des actions suffisamment ambitieuses par rapport à ce qu'ils avaient promis, selon une étude publiée le 29 octobre par le «think-tank» américain World Ressources Institute et par deux centres de recherches britanniques (Grantham Research Institute et Centre for Climate Change Economics and Policy) hébergés par la London School of Economics. Pourtant, 157 pays avaient pris des «engagements volontaires.

- Dans la liste des 16 pays qui sont des bons élèves de l'accord de Paris, il n'y a aucun ressortissant de l'Union européenne. Mais 3 pays du Vieux Continent se distinguent: la Norvège, le Monténégro et la Macédoine. Parmi les autres États qui ont engagé des actions, conformes à leurs engagements, les chercheurs citent le Canada, le Costa Rica, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie et notamment le Pérou.

- A propos de l'Union européenne qui avait déposé un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre pour les 28 pays membres, au moment de la COP21, les experts soulignent qu'elle a déposé un objectif global, sans spécifier les ambitions pour chaque membre, et que 7 pays n'ont pas fixé d'objectifs nationaux. Ce qui rend «flou» ses engagements.

Passons maintenant aux trois salopards : Allemagne, Autriche,  Luxembourg

Allemagne : Après quatre années de stagnation, les émissions de gaz à effet de serre ont reculé, en Allemagne, de 4,2 % entre 2017 et 2018. Annoncée, mardi 2 avril, par le ministère de l’environnement, cette baisse n’a pas manqué d’être saluée par la ministre elle-même, Svenja Schulze, membre du Parti social-démocrate (SPD) : « Cela montre que des mesures favorables au climat, comme l’efficacité énergétique, la sortie du charbon et les échanges de quotas d’émissions produisent des effets »
Mensonge et propagande grossière : Sur les 38 millions de tonnes de CO2 émises en moins par l’Allemagne en 2018 par rapport à l’année précédente, 15 concernent en particulier les ménages, dont la consommation de fuel a fortement baissé à cause de la douceur des températures et de la sécheresse de l’été 2018, le plus chaud depuis 2003 en Allemagne, provoquant une baisse importante du niveau d’eau des rivières. « Dans de nombreux cas, les cargos n’ont pas pu naviguer sur les rivières, ce qui a entraîné une pénurie de fuel de chauffage et une hausse des prix. De nombreux clients peuvent ainsi avoir reporté l’achat de fuel de chauffage à 2019 ».

En fait, l’Allemagne a officiellement renoncé à  l’objectif qu’elle s’était donnée elle-même d’une baisse de 40% des émissions de GES en 2020 par rapport à 1990 pour ne plus annoncer que 32%. Qu’elle ne tiendra d’ailleurs pas plus ( même le ministère juge cet objectif peu probable. Un peu plus de 40 % de l’électricité produite par l’Allemagne provient des centrales à charbon (ou pire, lignite). Le gouvernement allemand annone maintenant une sortie du charbon en  2038 ! Ils vont se faire dépasser par les Chinois !: « le gouvernement chinois s'est engagé en décembre 2014 à atteindre le pic de ses émissions autour de 2030, mais des experts estiment que ce pic surviendra bien avant cette date. »
Ajoutons que de plus, les consommateurs allemands paient la transition énergétique de leur pays au prix fort : le prix de l’électricité a plus que doublé entre 2000 et 2013 pour les petits consommateurs.

Autriche : Entre 1990 et 2017, l'Autriche est l'un des six pays européens où les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter alors qu'elles ont, en moyenne, baissé de 22% dans l'ensemble de l'Union. Avec environ 50,6 millions d’équiv. t. CO2 en 2018, le total des émissions de gaz à effet de serre (hors ETS) est supérieur d'environ 1,7 million de tonnes à l’objectif intermédiaire annuel de 48,9 millions de tonnes. Le respect des limites sectorielles d'ici 2020 n'est pas réaliste dans le secteur des transports ; il est incertain dans les secteurs de l'agriculture et de la gestion des déchets.
Furieux de l’attitude autrichienne, qui prétend lui interdire d’investir dans le nucléaire, le premier ministre Tchèque Andrej Babis s’est lâché à Madrid lors de la COP 25 : « Sans le nucléaire, ce n’est pas possible pour la République tchèque… Ce matin, à 7 h 45, les Autrichiens ont consommé 23 % d’électricité tchèque, la Slovaquie 30 %. Si nous n’avions pas fourni de l’énergie à l’Autriche, un quart des habitants ne pourraient même pas se faire un café »

Luxembourg ( le goinfre absolu 18.5 tonne CO2/habitant/an). L'UE réduit l'émission de CO2, pas le Luxembourg ont honnêtement titré des journaux luxembourgeois. Le pays a produit 3,7% de dioxyde de carbone supplémentaires entre 2017 et 2018, selon les données d'Eurostat publiées mercredi. Il figure parmi les plus gros émetteurs dans ce domaine au niveau européen. Le gouvernement luxembourgeois a présenté un plan comprenant  des recettes supplémentaires engendrées par une hausse des accises sur le carburant, un effort en faveur  dss transports en commun et l’électrique, Les nouvelles primes à l’électromobilité en vigueur depuis le 1er janvier 2019 soutiennent cette approche volontariste et ciblée, un leadership en matière d’efficacité énergétique des bâtiments, la mise en place d’un standard à consommation d’énergie quasi nulle pour les bâtiments fonctionnels, un "phase out" progressif du mazout et du gaz dans le domaine des bâtiments  (Ah bon, mais comment ils vont se chauffer ; parce que si c’est avec de l’électricité, il ne faudrait qu’elle soit produite à partir du charbon allemand…
Et dans leur plan : la renonciation à la promotion du nucléaire.

Autrement, les goinfres se fichent du monde en ne présentant aucune mesure vraiment efficace.
Xavier Bettel., premier ministre des goinfres Luxembourgeois, à propos du nucléaire :  Chaque pays est libre de choisir son mix énergétique, mais que ce soit financé avec de l’argent du contribuable européen, non, je ne suis pas pour »

Il est temps que cette manière de fonctionner en Europe s’arrête !