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mardi 13 juillet 2021

En avant vers l’EPR 2 !

 L’EPR,  un réacteur exceptionnel

 L’EPR a déjà fait l’objet d’un billet sur ce blog

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/01/un-nucleaire-nouveau-est-necessaire.html

 Rappelons que l’EPR fonctionne depuis 2018 (depuis  le 29 juin 2018 très exactement, quand Taishan 1 a été relié au réseau, et dès 2019, Taishan battait le record de production historique d’une centrale nucléaire avec 12TWh) ;

 L’EPR a une puissance inégalée de 1 750 MW ;

 l’EPR permet un gain de l’ordre de 20 % sur la consommation d’uranium naturel par kWh électrique produit, grâce à l’effet « gros cœur » et à un réflecteur en acier ;

 l’EPR  peut fonctionner avec  un taux de recyclage de 30 % à 50 % en MOX et peut même accommoder, avec des modifications limités, des gestions 100 % MOX (MOX : mélange d’oxyde d’uranium et de plutonium)- il permet ainsi une réduction de 20 % des déchets de moyenne activité à vie longue ;

 l’EPR possède une dynamique de pilotage unique : ses réacteurs sont capables d’ajuster jusqu’à 80 %, à la hausse ou à la baisse, leur puissance en 30 minutes, et ce, deux fois par jour.

 Sans parler de sa sécurité maximisée avec notamment un récupérateur de corium, que l’EPR est le premier réacteur au monde à inclure et quatre systèmes de refroidissement d'urgence indépendants, chacun capable de refroidir le réacteur après son arrêt.


Vers l’EPR2

EDF conçoit actuellement une version optimisée de l’EPR,  l’EPR2, plus facile à construire et donc plus compétitif. L’EPR2 reprend le meilleur de la technologie EPR, l’EPR2 n’est pas un nouveau prototype.  Les EPR 2 sont fondamentalement des EPR, dotés des mêmes réacteurs et des mêmes principaux systèmes  (chaudière nucléaire, groupe turbo-alternateur). Enfin, l'EPR 2 bénéficie aussi du retour d’expérience de l’exploitation des deux EPR chinois. Enfin, l’EPR 2 intègre dès l’origine des dispositions complémentaires post-Fukushima, qui ont dû être ajoutées en cours de construction sur les premiers EPR, ce qui est toujours coûteux et générateur de retards.

L’EPR 2 bénéficie de simplifications et optimisations de conception, validées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)- il faut dire que les premiers EPR subissaient un certain nombre de complexités inutiles résultant, pour partie, du cumul des pratiques françaises et allemandes, l’EPR étant à l’origine un projet franco-allemand.   Parmi les plus significatives :

- le passage d’une double enceinte de confinement pour l’EPR à une simple enceinte avec peau d’étanchéité métallique interne pour l'EPR 2, comme sur les réacteurs 900 MW actuels. Ces enceintes ayant montré un excellent retour d’expérience en termes d’étanchéité dans la durée, cette modification a été validée sous réserve d’un accroissement de l’épaisseur de l’enceinte unique de l'EPR 2 pour retrouver la même protection globale contre les chutes d’avion qu’avec une double enceinte. L’intérêt de cette simplification est une plus grande facilité et rapidité de construction, sans réduction du niveau de protection du réacteur et des autres matériels.

- le passage de 4 à 3 systèmes redondants de sûreté, ce qui ne réduit pas le niveau de sûreté global, le 4 ème système ayant été introduit à la demande des Allemands (co concepteurs de l’EPR) afin de pouvoir procéder à l’entretien de certains systèmes, y compris à l’intérieur de l’enceinte lorsque le réacteur est en fonctionnement. Mais cette pratique des exploitants allemands n’est pas retenue en France et cette 4 ème redondance n’a plus de raison d’être

- des simplifications diverses dans l’architecture et la géométrie de certains bâtiments afin de faciliter leur construction et de réduire les délais associés, ainsi qu’une standardisation beaucoup plus poussée des composants électromécaniques utilisés sur les nombreux systèmes auxiliaires, en diminuant le nombre de références requises. Par exemple, dans l’ilôt nucléaire, le nombre de spécifications de tuyaux a été divisé par trois. Ou encore alors que l’on compte plus de 13000 références pour les robinets de l’EPR de Flamanville, l’EPR nouveau modèle ne devrait en comporter que quelques centaines.

- Des méthodes de construction plus productives faisant appel à des préfabrications plus poussées en usine sous forme de modules, qui réduisent les activités et délais de montage sur sites. L’EPR2 est ainsi optimisé pour une construction en série.

 (cf note de G. Sapy sur le site de PNC France https://pnc-france.org/edf-propose-au-gouvernement-la-construction-de-6-epr2/)

 Ajoutons qu’un certain nombre d’erreurs commises lors de la construction du prototype de Flamanville (qui correspondait quand même à un état de désorganisation maximal de la filière) ont été corrigées. Ainsi, l’une des caractéristiques de ce projet, c’est que l’on y associe les fournisseurs très tôt, notamment les génie civilistes, dans un consortium composé de Bouygues, Vinci et Eiffage pour avoir leur avis sur la constructibilité des différentes options étudiées, observe Xavier Ursat. L’un des objectifs est de préfabriquer un maximum d’équipements. Toutes les tuyauteries vont être conçues en pouces, comme le pratique toute l’industrie dans le monde, notamment pétrolière ». EDF va aussi lancer une consultation pour la salle des machines.

  L’EPR 2 sera également le premier réacteur conçu selon une approche entièrement numérique, soutenu par un logiciel PLM de Dassault Systèmes. Cette technique du « jumeau numérique » permet de mieux anticiper les étapes de construction pour prévenir les aléas sur le chantier, partager des données fiabilisées, en temps réel, avec les partenaires industriels, et contrôler la faisabilité des futures activités.

 Validation par l’ASN et l’IRSN

 Avis de l’ASN : L’ASN considère que les objectifs généraux de sûreté, le référentiel de sûreté et les principales options de conception sont globalement satisfaisants.

 L’avis de l’ASN identifie les sujets à approfondir en vue d’une éventuelle demande d’autorisation de création d’un réacteur. Des justifications complémentaires sont en particulier attendues sur la démarche d’exclusion de rupture des tuyauteries primaires et secondaires principales, la démarche de prise en compte des agressions, notamment l’incendie et l’explosion, et les choix de conception de certains systèmes de sûreté. EDF devra ainsi préciser, dans une éventuelle demande d’autorisation de création d’un réacteur, les études et les justifications complémentaires apportées en réponse à cet avis, ainsi que les modifications des options de sûreté qui en résulteraient.

 (NB l’exclusion de rupture, c’est le problème des soudures de Flamanville. Si celles-ci sont réalisées correctement (lorsqu’on qualifie les modes opératoires et les soudeurs, on y arrive cf. https://vivrelarecherche.blogspot.com/2021/05/lasn-devant-le-senat-le-nucleaire.html), toute rupture peut être exclue ce qui simplifie les démonstrations de sécurité ultérieures)

 https://www.asn.fr/Informer/Actualites/Projet-de-reacteur-EPR-Nouveau-Modele-et-de-son-evolution-EPR-2

 Avis de l’IRSN : « Si l’IRSN n’est pas favorable à l’augmentation de la puissance du réacteur proposée par EDF, les autres choix de conception retenus par EDF, par exemple le passage à une simple enceinte de confinement avec liner ou encore le passage de quatre à trois trains pour les systèmes de sauvegarde n’appellent pas de remarque.

 Soulignant l’effort engagé par EDF pour renforcer la robustesse des systèmes supports (sources électriques, source froide) par une meilleure diversification et la recherche d’une meilleure indépendance entre les différents niveaux de la défense en profondeur, l’IRSN a estimé que les options de conception retenues étaient de nature à garantir un niveau de sûreté pour l’EPR NM au moins équivalent à celui de l’EPR de Flamanville. L’Institut a néanmoins incité EDF à examiner les innovations possibles en termes de conception de certains systèmes de sauvegarde tels que le système d’évacuation ultime de la puissance de l’enceinte ou le système de refroidissement de l’eau des piscines. »

 https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20190718_Projet-Reacteur-EPR-Nouveau-Modele-EPR-2-Avis-IRSN-Options-de-surete.aspx#.YNolv5gzaM8

 L’EPR2 est en route

 Pour la suite, EDF se fixe plusieurs objectifs : envoi de la demande d’autorisation de création en septembre 2022, accélération des passations de marchés et sécurisation de la déclinaison du plan Excell de remise à niveau de la filière nucléaire, préparation de l’ouverture du chantier du premier site prévue en 2023, ou encore sécurisation des deux autres sites du programme de 6 EPR.

 EDF veut engager, pour 2022, 195 millions d’euros de « dépenses développement interne » et signer pour un total de 435,85 millions d’euros de contrats. Ce montant recouvre par exemple 120 millions d’euros pour des « études détaillées de génie civil », 75 millions concernent des vannes, et 44,8 millions des pompes et moteurs (voir le détail dans le document).

 L’entreprise souhaite également lancer pour un total de 1,886 milliard d’euros d’appels d’offres. Ils concernent entre autres les diesels, les portes et grilles sécuritaires, ou encore l’aménagement des sites.

 Dans son document, l’énergéticien précise par ailleurs que l’exposition financière du projet, qui correspond au risque pour EDF, s’élèvera à 1,254 milliard d’euros à fin 2022. Il donne également une estimation du coût de construction d’une paire de réacteurs, arrivant après Flamanville 3, la tête de série. Hors provision pour démantèlement, le montant est estimé entre 3 711 euros et 3 978 euros par kW « suivant le scénario de couverture des risques retenu ».

Le coût de production complet de l’énergie (LCOE) serait alors compris entre 76,5 euros et 82,50 euros par MWh.

 Bonne chance à l’EPR 2

 « L’EPR2 est un réacteur dont la conception offre des caractéristiques exceptionnelles en matière de sûreté et de productivité. Sa conception bénéficie du retour d’expérience de la construction de quatre EPR et du fonctionnement remarquable des deux unités chinoises. Simplifiée, tout en conservant un niveau de sûreté exceptionnel, elle fait appel à une standardisation poussée et à une préfabrication en usine porteuses de réduction des coûts et des délais de réalisation. Notre pays, qui faisait figure de pays majeur du nucléaire, pourrait retrouver sa place avec l’engagement d’une première série d’EPR2, le grand carénage du parc existant, et les perspectives à l’exportation. »

 https://pnc-france.org/edf-propose-au-gouvernement-la-construction-de-6-epr2/

 Un enjeu important : la pérennisation des compétences

 « La pérennisation des compétences est un enjeu capital pour la filière nucléaire française. La conduite et la réalisation des grands programmes nucléaires nécessitent une expertise technique spécifique en conception, en procédés de fabrication, et en sureté. EPR2 constitue une des rares perspectives de nouveaux projets dans ce secteur et devient fondamental pour permettre de développer les compétences au sein des nouvelles générations d’ingénieurs »

http://blog.ametragroup.com/nucleaire-3e-generation-epr2/






Opinion of the French Academy of Sciences (8 May 2021): The contribution of nuclear energy in the energy transition, today and tomorrow

 French Academy of Science is the leading scientific authority in France




Texte intégral : https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/20210614_avis_nucleaire.pdf

Extraits

1) The energy transition: "The energy transition, to be implemented to limit our greenhouse gas emissions and the global warming that results from it, must result in:

- a reduction in our energy consumption per person; - a reduction in our dependence on fossil fuels, primarily coal and oil, and secondly gas;

 - an increase in the share of low-carbon energy sources (renewable energies and nuclear energy); These developments will inevitably lead to a significant increase in the share of electricity in energy production and consumption, reaching a level of around 700 to 900 TWh (terawatts-hour) in 2050, almost double our current electricity production. This electricity must be as decarbonised as possible.

Comment: As the Academy of Technologies had already noticed, this level of 700 to 900 TW.h confirms that the Multiannual Energy Programmation Law  (PPE) must be seriously reviewed. (650 TW.h). As well as all the scenarios, eg @RTE that rely on it.

2) Renewable energies: "Intermittent and variable renewable energies, such as wind and solar photovoltaics, cannot, on their own, supply an electricity grid with power in a stable and controllable way if their random nature is not compensated. This requires massive energy storage capacities and/or controllable backup power generation units. The massive storage of energy, other than that already carried out by means of pumped-storage hydroelectric power stations, would require capacities that are not seen to exist in the coming decades. Pilotability, in the absence of the latter, can only be ensured by nuclear power stations, if we exclude thermal power stations using fossil fuels..

3) Nuclear and CO2  : "A conventional RNT (Thermal Neutron Reactor) massively injects, 24 hours a day, at least for some 300 days a year, decarbonized electricity into the grid. Nuclear power generation is, in fact, of all sources of electrical energy, the least emitter of greenhouse gases (about 6 grams of CO2 equivalent per kWh produced). »

4) Nuclear and environmental impacts :  "A comprehensive life cycle analysis of electrical systems shows that the non-radioactive environmental impacts of nuclear power are most often much lower than those of other systems. As far as radiological impacts are concerned, they remain, in normal working conditions, much lower than those associated with natural radioactivity. On the other hand, those linked to major nuclear accidents have necessitated the evacuation of large areas in order to avoid extraordinary radiological exposures and have had serious social and environmental consequences. Feedback from these accidents has led to successive improvements in reactor safety. Since 2011, EPR-type reactors, third generation pressurized water reactors (EPRs), have been designed to minimize the accidental release of radioactivity into the environment, thanks to technological provisions and more stringent safety regulations

5) Nuclear Waste: "Medium- and high-level waste with a long life, which is the most delicate to manage, has a volume of the order of 1.4 m3/TWh electric for the French fleet (the total volumes of this waste since the beginning of the nuclear era are respectively 42,700 m3 and 4,090 m3). The inventory of all the waste from the French nuclear fleet is regularly updated by the National Agency for the Management of Radioactive Waste (Andra)...

Deep geological storage, under conditions of safety and reversible management, controlled by the Nuclear Safety Authority (ASN), is well suited to long-lived waste. In this context, the application for the creation of Cigéo (Industrial Center for Geological Storage), after twenty years of research by the national scientific community, is ready to be filed with the Ministry of Ecological Transition to be examined by the ASN "

6) RNRs (breeder reactors): From the beginning of the program, the nuclear power policy aimed at the possibility of installing a fleet of fast neutron reactors (RNR) in order to make better use of uranium resources and thus extend the production of nuclear power... The most mature RNR model is a reactor using liquid sodium as the heat transfer fluid for energy: RNR-Na. The feedback from these reactors is important, especially in France, which operated Phoenix, Superphénix and led for 10 years the Astrid project foreshadowing the fourth generation RNR (RNR GenIV).

The Multiannual Energy Programming (PPE) has recently postponed to the next century a deployment of the RNR, leading to the abandonment of the ASTRID project of the CEA. As a standby strategy, it decided to move towards the multirecycling of plutonium from spent fuel in NTRs, particularly EPR reactors. This strategy is intended to maintain France's R&D expertise to move towards the RNRs. It can stabilize the quantities of spent fuel but does not lead to the energy autonomy as sought with the RNR. 

7) Recommendations:

- to maintain the nuclear power capacity of France's energy mix by extending the reactors in operation, when their operation is ensured under conditions of optimum safety, and by building third-generation reactors, the EPRs, in the immediate future. The latter are based on the best technology currently available and offer the best guarantees of safety;

- initiate and support an ambitious R&D program on the nuclear of the future in order to prepare for the emergence in France of innovative fourth generation fast neutron reactors (RNR), which constitute a solution for the future and whose study is actively continuing abroad;

- to take into account in this programme all the scientific aspects of fuel recycling associated with reactors, including the management of radioactive waste;

- maintain training courses to attract the best young talents in all fields of physics, chemistry, engineering and nuclear technologies to develop national skills at the highest level;

- inform the public in full transparency about the constraints of the various energy sources, the complete analysis of their life cycle and the contribution of nuclear power in the current energy transition.

dimanche 11 juillet 2021

Taxonomie Européenne et Energie nucléaire : lettre de 87 parlementaires européens à la Commission Européenne

 Un groupe de 87 députés au Parlement européen a signé une lettre envoyée le 8 juillet 2021 aux Commissaires Européens appelant les décideurs politiques à inclure l’énergie nucléaire dans la taxonomie de la finance durable de l’Union européenne.

Texte intégral : https://world-nuclear-news.org/Articles/MEPs-call-on-EC-to-recognise-nuclear-as-sustainabl

 L’initiative semble avoir été menée par  Sara Skyttedal (PPE, Suède ; au moins en est-elle la première signataire

 Extraits :

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer les sources d’énergie qui remplissent les conditions préalables pour apporter une contribution positive sur la voie de la neutralité climatique. Il est évident pour nous que l’énergie nucléaire soit une telle source d’énergie. Par conséquent, les États membres qui, pour cette raison, choisissent d’investir et souhaitent mobiliser des capitaux privés vers les installations nucléaires ne devraient pas se heurter à la résistance, mais aux encouragements, de l’UE.

Nous sommes très heureux de voir trois rapports d’experts différents de la Commission qui pointent vers une conclusion similaire. Notamment le rapport du Centre commun de recherche (CCR/JRC) de la Commission sur l’évaluation technique de l’énergie nucléaire au respect des critères de « ne pas nuire de manière significative » du règlement (UE) 2020/852, publié en mars. La semaine dernière, les résultats de deux conseils scientifiques - le rapport sur l’article 31 et le rapport SCHEER - ont été publiés par la Commission. Des rapports qui confirment pour la plupart les conclusions du rapport du CCR (JRC), selon lesquelles le cadre juridique existant offre une protection adéquate en termes de santé publique et d’environnement »

« Le règlement taxonomique devrait être guidé par la volonté d’atteindre la neutralité climatique et par le principe de « ne pas causer de dommages significatifs ». Par le passé, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies a souligné que l’énergie nucléaire était un élément clé de la lutte contre le changement climatique. L’organe d’experts de la Commission européenne est maintenant parvenu à des conclusions similaires. Nous espérons que la Commission européenne aura le courage de créer des règlements de l’UE qui ne génèrent pas activement d’inconvénients pour les investissements dans l’énergie nucléaire ou toute autre technologie sans combustibles fossiles.

 Nombre de signataires par pays : (16 different countries were represented)


Suède : 10
Bulgarie : 4
Roumanie : 15
France : 16
Pays-Bas : 8
Hongrie : 7
Slovénie : 5
Belgique : 3
République Tchèque : 10
Danemark : 4
Finlande : 5
Italie : 1
Estonie : 1
Espagne : 1

Et, et … Allemagne : 1 ( tellement inattendu, j’ai failli l’oublier (Sven Simon, PPE)

 Nombre de signataires par groupe politique :

PPE : 40 ; ECR : 13 ; NI : 6 (all from Hungary); ID : 6; Renew : 18 (un petit problème @Pascal Canfin, @Renew ?); S&D : 2 (Finland); The Left : 1

Commentaire : à vue du nombre de signatures par groupe, il me parait clair que la lettre a dû être rédigée par une forme d’urgence et que beaucoup d’autres signatures auraient pu être recueillies



samedi 10 juillet 2021

Avis de l’Académie des sciences (8 mai 2021) : L’apport de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique, aujourd’hui et demain

Texte intégral : https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/20210614_avis_nucleaire.pdf

Extraits

 1)  La transition énergétique : « La transition énergétique, à mettre en œuvre pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique qui en découle, doit se traduire par :

 - une diminution de notre consommation d’énergie par personne ;

- une réduction de notre dépendance aux combustibles fossiles, en priorité le charbon et le pétrole, et dans un second temps le gaz ;

- une augmentation de la part des sources d’énergie bas-carbone (énergies renouvelables et énergie nucléaire) ; »

 Ces évolutions conduiront inéluctablement à une augmentation importante de la part de l’électricité dans la production et la consommation énergétique, pour atteindre un niveau de l’ordre de 700 à 900 TWh (terawatts-heure) en 2050, presque le double de notre production électrique actuelle. Cette électricité doit être la plus décarbonée possible.

Commentaire : Comme l’Académie des Technologies l‘avait déjà remarqué, et comme on l‘a signalé plusieurs fois sur ce blog, ce niveau de 700 à 900 TW.h confirme que la PPE est bonne à jeter (650 TW.h). Ainsi que tous les scénarios, n’est-ce pas  @RTE qui s’appuient dessus.

2) Les ENR :  « Les énergies renouvelables intermittentes et variables, comme l’éolien et le solaire photovoltaïque, ne peuvent pas, seules, alimenter un réseau électrique de puissance de façon stable et pilotable si leur caractère aléatoire n’est pas compensé. Il faut pour cela disposer de capacités massives de stockage d’énergie et/ou d’unités de production d’énergie électrique de secours pilotables. Le stockage massif d’énergie, autre que celui déjà réalisé au moyen des centrales hydroélectriques de pompage-turbinage, demanderait des capacités que l’on ne voit pas exister dans les décennies qui viennent. La pilotabilité, en absence de ces dernières, ne peut être assurée que par des centrales nucléaires, si l’on exclut les centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.

3) Nucléaire et CO2  « Un RNT (Réacteur à Neutrons Thermiques) classique injecte massivement, 24 heures sur 24, au moins pendant quelque 300 jours par an, de l’électricité décarbonée dans le réseau. La production électrique nucléaire est, en effet, de toutes les sources d’énergie électrique, la moins émettrice de gaz à effet de serre (environ 6 grammes d’équivalent de CO2 par kWh produit). »

4) Nucléaire et impacts environnementaux  « Une analyse complète du cycle de vie des systèmes électriques montre que les impacts environnementaux non radioactifs de l’électronucléaire sont le plus souvent bien inférieurs à ceux des autres systèmes. Pour ce qui concerne les impacts radiologiques, ils restent, en situation normale de fonctionnement, très inférieurs à ceux associés à la radioactivité naturelle. En revanche, ceux liés à des accidents nucléaires majeurs ont nécessité l’évacuation de territoires étendus pour éviter des expositions radiologiques hors normes et ont eu de lourdes conséquences sociales et environnementales. Le retour d’expérience de ces accidents a donné lieu à des améliorations successives de la sûreté des réacteurs. Depuis 2011, les réacteurs de type EPR, réacteurs à eau pressurisée (REP) de troisième génération, sont conçus de façon à minimiser la dissémination accidentelle de la radioactivité dans l’environnement, grâce à des dispositions technologiques et réglementaires d’augmentation de la sûreté »

5) Les déchets :  « Les déchets de moyenne et haute activité à vie longue, qui sont les plus délicats à gérer, ont un volume de l’ordre de 1,4 m3/TWh électrique pour le parc français (les volumes totaux de ces déchets depuis le début de l’ère nucléaire sont respectivement de 42 700 m3 et de 4 090 m3). L'inventaire de l'ensemble des déchets du parc nucléaire français est régulièrement tenu à jour par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)… Le stockage en couche géologique profonde, dans des conditions de sûreté et de gestion réversible, contrôlées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), est bien adapté aux déchets à vie longue. Dans ce cadre, la demande de création de Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), après vingt ans de recherche par la communauté scientifique nationale, est prête à être déposée auprès du ministère de la Transition écologique pour être examinée par l’ASN »

6) Les RNR (surgénérateurs) : Dès le début du programme, la politique énergétique électronucléaire visait la possibilité d’installer un parc de réacteurs à neutrons rapides (RNR) afin de mieux utiliser les ressources en uranium et prolonger ainsi la production d’électricité électronucléaire…Le modèle de,RNR le plus mature est un réacteur utilisant du sodium liquide comme fluide caloporteur de l’énergie : le RNR-Na. Le retour d’expérience de ces réacteurs est important, notamment en France qui a exploité, Phénix, Superphénix et a conduit pendant 10 ans le projet Astrid préfigurant les RNR de quatrièmen génération (RNR GenIV).

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) a récemment repoussé au siècle prochain un déploiement des RNR, conduisant à l’abandon du projet Astrid du CEA. Comme stratégie d’attente, elle a décidé d’aller vers le multirecyclage du plutonium du combustible usé dans les RNT, notamment les réacteurs EPR. Cette stratégie est destinée à maintenir l’expertise de la France en matière de R&D pouraller vers les RNR. Elle peut stabiliser les quantités de combustible usé mais ne conduit pas àl’autonomie énergétique telle que recherchée avec les RNR.

 7) Recommandations :

- conserver la capacité électronucléaire du bouquet énergétique de la France par la prolongation des réacteurs en activité, quand leur fonctionnement est assuré dans des conditions de sûreté optimale, et par la construction de réacteurs de troisième génération, les EPR, dans l’immédiat. Ces derniers reposent sur la meilleure technologie disponible actuellement et offrent les meilleures garanties de sûreté ;

- initier et de soutenir un ambitieux programme de R&D sur le nucléaire du futur afin de préparer l’émergence en France des réacteurs à neutrons rapides (RNR) innovants de quatrième génération (GenIV), qui constituent une solution d’avenir et dont l’étude se poursuit activement à l’étranger ;

- de prendre en compte dans ce programme tous les aspects scientifiques du recyclage du combustible associés aux réacteurs, incluant la gestion des déchets radioactifs ;

-  maintenir des filières de formation permettant d’attirer les meilleurs jeunes talents dans tous les domaines de la physique, la chimie, l’ingénierie et les technologies nucléaires pour développer les compétences nationales au meilleur niveau ;

- informer le public en toute transparence sur les contraintes des diverses sources d’énergie, l’analyse complète de leur cycle de vie et l’apport de l’électronucléaire dans la transition énergétique en cours.




vendredi 9 juillet 2021

Comité de prospective de la CRE_ Le vecteur hydrogène

Rapport rédigé par d’Olivier APPERT, Membre de l’Académie des technologies, et Patrice GEOFFRON, Professeur d’économie à l’Université Paris, Dauphine-PSL

Rapport complet : https://www.eclairerlavenir.fr/wp-content/uploads/2021/06/GT4-Rapport-final-Hydrog%C3%A8ne.pdf

A) Contexte :

On pourra se reporter à deux billets précédents résumant un rapport de l’Académie des Technologies : https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/les-enjeux-de-lhydrogene-le-rapport-de.html

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/les-enjeux-de-lhydrogene-le-rapport-de_9.html

Et à une conclusion importante  :

« L’utilisation massive d’hydrogène comme stockage intermédiaire d’énergie électrique intermittente (éolien et solaire) dans la chaîne Power-to-Gas-to-Power se heurte à des obstacles rédhibitoires tenant aux volumes considérables des stockages d’hydrogène requis et au faible facteur de charge des électrolyseurs et piles à combustible de la chaîne « conversion-stockage-conversion » qui obère considérablement les coûts… »

« Dans tous les cas, le stockage d’une électricité renouvelable variable sous forme d’hydrogène entraine des pertes de conversion de 70 %, à terme peut-être seulement 40 ou 50 %. Dans un environnement disposant de larges réseaux de gaz ou d’électricité les perspectives de rentabilité pour ces solutions semblent très lointaines, à des niveaux de coût carbone bien supérieurs à ce qu’ils sont actuellement. »

Bon, l’hydrogène c’est pas nouveau ( un molécule prometteuse destinée à le rester ?)

« Élément chimique le plus abondant de l’univers, l’hydrogène est source d’espoirs depuis deux siècles. Mais l’ère post-carbone, où l’hydrogène aura contribué à évincer les énergies fossiles, n’est pas encore advenue. Pour l’heure, ses usages sont certes très concentrés dans l’industrie chimique (ammoniac pour la fabrication des engrais) ou la pétrochimie (pour le raffinage), mais cet hydrogène est très « gris », produit à 95 % à partir de gaz et de charbon (la molécule H2 n’étant pas disponible à l’état naturel). Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, encore loin des espoirs, l’hydrogène fait donc partie pour l’heure du problème, induisant l’émission de près d’un milliard de tonnes de CO2 par an au niveau mondial. Mais l’Union européenne, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, ravive un espoir d’émergence d’une économie de l’hydrogène propre dans son Green Deal : ce à quoi l’Allemagne, la France et l’Italie font écho en prévoyant des milliards d’euros pour construire une filière dans ce domaine. L’objectif est de produire en masse un hydrogène par électrolyse de l’eau, grâce à une électricité décarbonée (éolien, photovoltaïque, hydraulique, nucléaire, etc.) ou dont les émissions seraient captées et stockées »

Le moins qu’on puisse dire est que le rapport rappelle à la raison quant à l’enthousiasme  un peu démesuré et sonnant et trébuchant de certains politiques

B) Les procédés de production de l’hydrogène : de l’hydrogène de toutes les couleurs

Hydrogène gris : Le vaporeformage d’énergie fossile consiste à exposer du gaz ou du charbon à une vapeur très chaude, afin de libérer le dihydrogène. L’ hydrogène « gris » est particulièrement émetteur de gaz à effet de serre Les milliards de tonnes de CO2 émises par la production d’hydrogène représentent 2,5 % du total des émissions mondiales.

Toutefois couplé à une chaîne de captage, de transport puis de stockage du carbone (CCS) : cet hydrogène est alors qualifié de « bleu » .

Hydrogène vert, rose  ou jaune : obtenu par  décomposition de la molécule d’eau, par électrolyse ou par cycles thermochimiques – la molécule se dissocie sous l’effet de températures de l’ordre de 800 à 1 000 °C. L’hydrogène produit est désigné par plusieurs couleurs selon la source d’électricité utilisée. Il est qualifié de « vert » lorsque la source d’électricité est composée exclusivement d’énergies renouvelables ou de « rose » lorsqu’il est produit avec de l’énergie nucléaire. Toutefois, en France, l’hydrogène produit à partir du réseau électrique – parfois caractérisé en « jaune » – dégage peu de CO2 compte tenu de la faible teneur en carbone du mix français largement composé de l’électricité des centrales nucléaires et de l’hydroélectricité des barrages.

Le vaporeformage dégage en moyenne 11 kg de CO2 par kg d’hydrogène (auquel il convient d’ajouter 1 kg pour 100 km de transport), tandis que l’hydrogène vert n’en émet que 1,9 kg et l’hydrogène jaune 3 kg. Comparativement, l’hydrogène produit à partir du réseau d’électricité européen produit quant à lui plus de 20 kg de CO2.

Production à partir du réseau français et taxonomie « verte » européenne :

L’Europe met en place une taxonomie de l’investissement durable pour orienter les flux vers les technologies décarbonées. Cette taxonomie vise à définir un seuil d’émissions de CO2 en-deçà duquel telle technologie ou activité sera considérée comme contribuant à l’évolution positive du climat. L’acte délégué présenté le 23 avril 2021 par la Commission définit comme éligible à la taxonomie verte la production qui dégage moins de 3 kg de CO2 par kg d’hydrogène, un seuil qui rend éligible le recours au mix électrique français

Commentaire : cela me semble très très optimiste lorsqu’on considère l’acharnement des Allemands à combattre l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie. Si le nucléaire n’est pas inclus dans la taxonomie, cela rendra probablement l’hydrogène produit à partir du réseau électrique français inéligible à tout financement vert…. De même que tout hydrogène produit à partir de SMR (Small Modular Reactor, pourtant une technologie très prometteuse)

1) Les coûts de production :

Le coût de l’hydrogène produit par vaporeformage dépend de celui du gaz naturel, à partir duquel il est produit, et de celui du CO2. Il s’élève aujourd’hui en France entre 1,5 et 2 €/kg environ, sous l’hypothèse d’un prix du gaz de 20 €/MWh et d’un prix de la tonne de CO2 de 40 €/t sur le marché ETS.

La production de l’hydrogène par vaporeformage avec CCS représente, quant à elle, un surcoût situé entre 1 et 2,5 €/kg par rapport au vaporeformage simple. Le coût d’un kilo d’hydrogène produit par vaporeformage et CCS s’élève aujourd’hui entre 2,5 et 4,5 €/kg. Total estime que le coût de la chaîne de captage, transport et stockage de son projet Northern Light en Norvège pourrait diminuer d’un coût de 150 à 75 € la tonne de CO2 grâce aux effets d’échelle, soit un surcoût de 0,75 € par kilo d’hydrogène produit par rapport au vaporeformage et donc le prix devrait diminuer dans une fourchette entre 2 et 2,5 €/kg à l’horizon 2030.

Compte-tenu de ces évolutions favorables des coûts, le rapport considère que à titre transitoire, et dans une optique de stimuler la demande d’hydrogène décarboné dans l’industrie et la mobilité, il pourrait être envisagé de recourir de manière complémentaire à l’hydrogène bleu produit après CCS.

Le coût de production de l’hydrogène électrolytique dépend des dépenses d’investissement de l’électrolyseur (Capital expenditure, ou CAPEX), du prix de l’électricité et du taux de charge, c’est-à-dire du taux d’utilisation de l’électrolyseur. Les CAPEX s’élèvent aujourd’hui autour de 1 000 €/kW pour les électrolyseurs alcalins et 1 500 €/kW pour les PEM.

Au total, les coûts actuels de production de l’hydrogène électrolytique (4,5 à 6 €/kg) sont encore très élevés par rapport au vaporeformage (1,5 €/kg) et même par rapport à l’hydrogène bleu (2,5 à 4,5 €/kg). Le développement d’une demande pour l’hydrogène produit par électrolyse dans les prochaines années nécessitera donc une baisse significative des prix de production et un soutien public pour couvrir la différence de coût.

Un kilo d’hydrogène produit par electrolyse  sera produit dans une fourchette comprise entre 2 et 4 €/kg à l’horizon 2030. Il ne deviendrait compétitif avec l’hydrogène fossile (2,5 €/kg avec un prix du CO2 à 100 € sur l’ETS) que dans les scénarios les plus optimistes.


2) Modalités de production par électrolyse

Il existe trois configurations possibles pour la production par électrolyse.

La première consiste à relier directement les électrolyseurs à une source d’énergie renouvelable et de n’utiliser que les surplus de production d’électricité pour produire de l’hydrogène, afin de bénéficier des prix les plus bas. Ce fonctionnement s’avère être le plus onéreux, car le taux de charge des électrolyseurs est particulièrement faible compte tenu de l’intermittence des renouvelables… cette configuration oblige à surdimensionner l’électrolyseur pour qu’il puisse recevoir le plus possible d’électricité produite par la centrale. Aucun espoir de rentabilité même à moyen terme avant 2030

Commentaire : en fait, comme l’Académie des technologies avant elle, le groupe de la insiste sur  une absence de modèle économique à horizon 2030 pour le stockage des excédents d’électricité :

L’hydrogène constitue un vecteur d’énergie. À ce titre, il peut servir à stocker l’électricité produite en recourant à l’électrolyse pour la restituer par la suite, par exemple grâce à une pile à combustible. Cet usage, désigné sous le nom de Power-to-gas-to-power, offre la possibilité d’équilibrer l’offre d’électricité à la demande. Il permet ainsi de pallier le problème de l’intermittence des énergies renouvelables, en stockant par exemple l’énergie solaire excédentaire produite en été pour la restituer en hiver. Il offre également la possibilité de résoudre des problématiques de congestion du réseau électrique en évitant d’investir dans de nouvelles lignes. RTE considère néanmoins qu’il n’existe pas de modèle économique à horizon 2035 pour ces deux services.

L’hydrogène apparaît peu compétitif face à aux modes  de stockage existants , compte tenu notamment du faible rendement énergétique (30 % environ actuellement) et du surcoût que représente la production d’hydrogène par un électrolyseur ne captant que les surplus d’électricité (le faible taux de charge augmente la durée d’amortissement des CAPEX, cf. supra). L’Académie des technologies estime ainsi que le coût du MWh produit par une pile à combustible s’établit entre 500 et 800 €/MWh et peut diminuer en dessous de 400 €/MWh en utilisant le même dispositif comme électrolyseur et comme pile à combustible. Par rapport aux solutions thermiques qui pallient aujourd’hui la variabilité des énergies renouvelables, RTE estime que le coût de la tonne de carbone évitée par le Powerto-gas-to-power s’élève à environ 400 €/t de CO2 pour un hydrogène à 3 €/k

Le deuxième mode consiste à relier les électrolyseurs directement au réseau, afin qu’ils fonctionnent toute l’année, sauf pendant certaines périodes de tension où les prix de l’électricité sont élevés. Ce fonctionnement est aujourd’hui le mode le plus économique, car il nécessite moins de capacité d’électrolyse pour un même volume d’électricité et permet ainsi d’amortir plus rapidement le coût d’investissement.

Le dernier mode repose sur l’installation d’électrolyseurs sur un site de production d’électricité renouvelable dédié à la production d’hydrogène, l’électricité pouvant être revendue lorsque les prix sont élevés sur le marché…. l’hydrogène ainsi produit ne deviendrait moins cher que le raccordement direct au réseau qu’en cas de baisse plus forte qu’anticipée du prix des panneaux solaires de l’ordre de 30 % ou de très fortes hausses des prix de l’électricité sur le marché.

Seuls les deux derniers modes – connexion au réseau raccordement à un site d’énergie renouvelable dédié – permettent donc d’optimiser le coût de production d’hydrogène à horizon 2030. Si la première de ces deux configurations est à l’heure actuelle la moins onéreuse, le choix entre ces deux configurations dans les prochaines années dépendra des hypothèses d’évolution des prix de l’électricité renouvelable et des prix de l’électricité sur le marché de gros, et dans une moindre mesure des CAPEX

3) Des modes prometteurs de productions – 1) le Carbon storage

« Pour que l’hydrogène bleu devienne une possibilité sur le plan industriel, les capacités de stockage devront être développées. En 2020, seules 35 millions de tonnes de capacités de stockage sont en projet, principalement aux États-Unis (25 Mt), alors qu’il faudrait 800 millions de tonnes pour seulement stocker le carbone issu de la seule production d’hydrogène, qui ne représente elle-même que 1 % du total des émissions de CO2. Les pays européens les plus avancés sur le CCS, la Norvège, les Pays-Bas ou encore le Royaume-Uni, cherchent à développer cette filière par la mise en place de mécanismes mélangeant incitation et sanction, en couplant des taxes croissantes sur le CO2 et de subventions couvrant le différentiel de coût entre le prix du CCS et celui de la tonne de carbone. Les Pays-Bas ont ainsi instauré une taxe carbone de 30 € en 2020 qui augmentera jusqu’à 125 € en 2030, tandis que la mise en place de contrat pour différence (CfD) sur la valeur du CO2 permet le financement de 100 % de l’écart entre les coûts du projet et le prix du CO2 (dans une limite de 156 €/t pour le CCS). Il convient de noter l’existence de discussions germano-russes destinées à explorer la possibilité d’exporter de l’hydrogène produit en Russie à partir de méthane avec CCS. 

Le développement du CCS en France nécessiterait de déployer des capacités de stockage de CO2 ou transporter ce dernier vers les zones de stockage en Mer du Nord. Des études dans le Nord de la France ont permis d’identifier des petites structures de stockage. D’autres se situeraient probablement en off-shore sur la côte atlantique. Le potentiel est estimé à quelques centaines de millions de tonnes de CO2. Leur exploitation nécessiterait néanmoins des campagnes d’exploration (forages de puits, campagne sismique) longues (8 ans entre le début du projet et sa mise en service) et coûteuses (creuser un puits en mer du nord coûte environ 100 M$). Le choix de recourir à cette technique en France ne peut donc concerner uniquement la production d’hydrogène. L’exportation de CO2 capté en France, plus immédiate, nécessiterait, sur le plan juridique, un accord bilatéral avec le pays d’importation. Le coût de transport d’une tonne de CO2 par navire vers les Pays-Bas est estimé par Total autour de 20 €. Elle serait limitée à l’hydrogène produit à proximité d’un port pour des raisons logistiques.

Commentaire : le stockage du carbone ne pose pas de barrières techniques insurmontables, il suffit de lancer des campagnes d’exploration. En Europe, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni , des mélanges de taxes sur le CO2 et de subventions permettent d’inviter au développement de cette technique identifiée par l’AIE comme un moyen très prometteur de combattre le réchauffement climatique (cf par exemple https://www.connaissancedesenergies.org/la-capture-du-co2-essentielle-dans-le-cadre-de-la-transition-energetique-selon-laie-200930). Si effectivement il n’y a que peu d’intérêt à développer ces techniques pour la seule production d’hydrogène, elle peuvent devenir un atout majeur dans la transition énergétique. Et pour l’hydrogène

Des modes prometteurs de productions 2)– SMR et électrolyse à haute température

 Le CEA travaille actuellement à un couplage entre un électrolyseur SOEC (solid oxide electrolysis cell) à haute température pouvant fonctionner en mode électrolyse ou PAC et des petits réacteurs nucléaires modulables, dits « SMR » (Small Modular Reactors). Le premier avantage du modèle est d’utiliser la chaleur de la centrale pour augmenter le rendement de l’électrolyse à haute température de 10 points, soit un rendement total de 85 % contre 65 à 70 % maximum pour les électrolyseurs PEM et Alcalins. Un apport de chaleur à 150 degrés sous forme de vapeur surchauffée est suffisant pour entretenir le système. Le modèle permet également d’optimiser la production d’hydrogène en fonction des prix de marché de l’électricité. Lorsque les prix sont élevés, l’électrolyseur serait à l’arrêt ou fonctionnerait en mode réversible (PAC) pour soutenir le réseau. En cas de prix bas, le réacteur nucléaire serait modulé à la baisse pour capter les prix du réseau et produire l’hydrogène à moindre coût. Ce couplage permettrait enfin de produire un hydrogène localement, au plus près des usages, pour éviter les coûts de logistique avale. Le prix cible à long terme est de 2 à 3 € le kilo d’hydrogène. Le Royaume-Uni, l’Allemagne (avec Sunfire), les États-Unis (avec Fuel Cell Energy)expérimentent également cette technique, avec des démonstrateurs jusqu’à 2 MW. Le développement du SMR soulève néanmoins la question de l’acceptabilité sociétale d’une dissémination de réacteurs nucléaires en France, chacun ayant malgré tout une puissance de l’ordre de 250 MW.

Des modes prometteurs de productions –  3) la torche à plasma

Le rapport constate que « la technologie plasma, qui permet de produire de l’hydrogène à partir de méthane sans dégager de CO2, mais seulement du carbone solide, est prometteuse en raison de la faible quantité d’énergie requise et de l’utilisation du carbone produit, bien que les débouchés soient réduits. Elle souffre néanmoins, selon l’Académie des technologies, d’un manque d’intérêt à ce stade de la part des industriels et des pouvoirs publics français »

Commentaire : il s’agit de la décomposition thermique du méthane par torche à plasma qui produit du carbone (valorisable) et non du CO2. Le procédé est généralement considéré encore comme expérimental, mais la Russie y croit beaucoup, avec un programme extrêmement ambitieux. La Russie, premier fournisseur de gaz naturel de l’Allemagne et de l’Europe se prépare à la décarbonisation de l’Union européenne.

Dans son rapport cité précédemment, l’Académie des technologies regrettait  : « Malheureusement, les technologies plus disruptives comme la technologie plasma de production d’hydrogène à partir de méthane sans générer de CO2, les travaux sur la génération microbienne d’hydrogène ou l’exploration de l’hydrogène natif restent des niches délaissées en France par les pouvoirs publics qui financent la recherche. Les TRL plus bas de ces technologies devraient pourtant justifier un plus grand soutien public »

https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/09/les-enjeux-de-lhydrogene-le-rapport-de.html

Propositions du groupe de travail concernant la production

- adopter une approche de neutralité technologique quant aux différentes formes d’hydrogène décarboné (« vert », « jaune », voire « bleu ») pour atteindre rapidement les coûts de production les plus bas et minimiser le coût du soutien public ;

- dans le cas d’une production de l’hydrogène à partir d’électricité, favoriser la configuration d’électrolyse la plus économique, compte tenu du mix-électrique français :

- connecter en priorité les électrolyseurs au réseau d’électricité compte tenu de la variabilité des énergies renouvelables qui diminue leur taux de charge. En cas de baisse plus forte qu’anticipée des coûts du photovoltaïque et de l’éolien, favoriser le raccordement à un site d’énergie renouvelable dédié ;

- favoriser le raccordement indirect au réseau public de transport ou la mise en place d’électrolyseurs de plus de 40 MW dans une logique de hubs pour 7 bénéficier de moindres coûts d’accès au réseau ou de synergies dans l’emploi et la logistique de l’hydrogène ;

- recourir à des contrats de long terme entre les producteurs d’électrolyse et les producteurs d’électricité décarbonée pour éviter l’impact de la hausse du prix du CO2 sur le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (EU ETS) sur le prix de l’électricité, et maîtriser le risque-marché.

 - poursuivre les soutiens à la recherche et au développement sur les technologies de production de rupture (électrolyse à haute température et SMR, torche à plasma)

Propositions du groupe de travail  concernant les usages les plus pertinents sur le plan économique de l’hydrogène à l’échéance 2030

- concentrer les aides publiques sur les usages les plus mûrs : la substitution à l’hydrogène « gris » actuellement consommé dans l’industrie, puis les transports lourds, dans une perspective de création d’une filière industrielle ;

- créer un comité indépendant sous l’égide de la Commission de régulation de l’énergie pour suivre le développement des usages de l’hydrogène et identifier l’évolution des besoins de construction d’infrastructures ;

- adapter le cadre régulatoire et de soutien en fonction du développement du marché, notamment afin d’éviter les coûts échoués dans des infrastructures de transport d’hydrogène surdimensionnées, sans préjudice de la poursuite des études sur la faisabilité technique de la conversion des réseaux de gaz naturel.

- Commentaires :

Un espace économique potentiel pour le ferroviaire, les poids lourds voire le transport maritime

Trains : oui, mais effet faible :  La moitié du réseau français est actuellement électrifiée : mais si les trains électriques représentent 80 % du trafic, les autres utilisent des moteurs thermiques, lesquels émettent 3 millions de tonnes de CO2 par an.

Poids lourds peu convaincant :  Un camion hydrogène coûte aujourd’hui 450 000 € contre 90 000 € pour un camion diesel et 120 000 € pour le gaz naturel, un surcoût qui s’explique notamment par le prix de la pile à combustible. Les économies d’échelle entraînées par une hausse de la production seront donc indispensables. Le coût des infrastructures demeure également très élevé, autour de 1 M€ pour une station à 350 bars et une capacité d’avitaillement de 200 kg par jour. Afin d’économiser les ressources publiques, les stations devront donc être déployées à proximité des principaux corridors routiers et des principales flottes captives. L’’utilisation de l’hydrogène dans les transports lourds à horizon 2030 conservera donc un surcoût important par rapport au diesel, qui sera délicat à répartir. Le secteur du transport routier ne dégage par exemple que de faibles marges, de sorte que la capacité des acteurs à payer un premium restera limitée

Transport maritime : limité  Il est vraisemblable que le transport maritime ne constituera pas un secteur d’application pour l’hydrogène à l’horizon 2030. Le transport maritime émet chaque année 900 millions de tonnes de CO2, soit 2,6 % des émissions mondiales, susceptibles de croître jusqu’à 1,7 milliards de tonnes à horizon 2050 selon l’Organisation Maritime Internationale. Si l’hydrogène peut être utilisé pour des navires de faible puissance – tels que des ferries ou des navettes fluviales grâce à des piles à combustible – l’hydrogène liquide ou ses dérivés (ammoniac, méthanol) seront néanmoins encore très chers à horizon 2030 pour le transport maritime de longue distance.

Transport léger : non  Une absence très probable de modèle économique pour les véhicules légers à horizon 2030. Le coût du véhicule hydrogène est aujourd’hui quatre fois plus élevé que celui des véhicules thermiques et deux fois plus que celui les véhicules électriques, impactant fortement le coût complet d’usage. Les perspectives de réduction des coûts de motorisation demeurent incertaines »

Avion : non. À l’horizon 2030, l’avion à hydrogène ne devrait pas apparaître. Un Airbus A320 contient 23 tonnes de kérosène, soit l’équivalent énergétique de 9 tonnes d’hydrogène. Toutefois, cet hydrogène occuperait, sous forme comprimée, un volume huit fois plus important que le kérosène, et un volume encore quatre fois plus important sous forme liquéfiée – impliquant de repenser fondamentalement l’architecture des avions

L’utilisation d’hydrogène dans les aéroports implique de résoudre toute une série de difficultés logistiques en termes d’acheminement et de remplissage des avions…tout accident étant susceptible de remettre en cause ce type de technologie (Remember Zeppelin !)


Propositions concernant les enjeux de développement d’une filière industrielle française.

- soutenir les fabricants français et européens de composants essentiels (électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs) et élémentaires (plaques bipolaires, assemblage d’électrode à membrane) en favorisant leur collaboration avec les grands groupes et via les appels à projets et les marchés publics

 - accentuer les efforts en recherche et développement sur les matériaux critiques (nickel des électrolyseurs alcalins, iridium des électrolyseurs à membrane polymère échangeuse de protons, platine des piles à combustible) pour optimiser leur usage et favoriser leur substituabilité et les possibilités de recyclage

Propositions concernant la sécurité

- conduire un travail de fond sur la règlementation et l’usage de l’hydrogène, aussi bien dans le domaine du transport que dans celui de l’habitat

- intensifier la participation française dans les activités de normalisation et de coopération internationale sur les enjeux de sécurité.

Commentaires : les problèmes de sécurité ne sont pas à prendre à la légère et peuvent entrainer des revieremenrs rapides de l’opinion , Remember Hindenburg !

« L’hydrogène présente plusieurs caractéristiques qui induisent des risques en termes de sécurité :

 - sa plage d’explosivité se situe entre 4 et 75 % d’hydrogène dans l’air, un intervalle beaucoup plus large que pour le gaz naturel et qui peut être facilement atteint lors d’une fuite dans un milieu confiné.

 À l’air libre, la grande légèreté et la grande diffusion de l’hydrogène limitent ce risque, même s’il persiste une zone inflammable autour du point de fuite, qui peut s’étendre sur plusieurs dizaines de mètres et occasionner une explosion, comme en témoigne l’accident dans une station-service en Norvège en 2019 (accident qui a conduit à la suspension provisoire de la vente de véhicules à hydrogène par Toyota et Hyundai et la fermeture provisoire des autres stations.)

 - son énergie minimale d’inflammation est faible, ce qui, combiné à la plage d’explosivité large, facilite un risque d’inflammation ou d’explosion d’une fuite d’hydrogène ;

- l’hydrogène est une petite molécule qui se diffuse facilement et qui d’autre part présente une problématique de compatibilité avec certains matériaux, comme l’acier, ce qui peut augmenter les risques de fuite d’un tuyau ou d’un réservoir de véhicule

- la combustion de l’hydrogène crée une flamme très chaude, plus de 2 000 °C, mais celle-ci est peu visible, ce qui crée un risque lors des opérations de secours.

L’hydrogène présente néanmoins aussi des caractéristiques favorables en termes de sécurité, comme le souligne l’Académie des technologies. Le faible rayonnement de sa flamme limite fortement le risque de propagation en cas d’incendie ; il n’est pas toxique et, dans des zones convenablement ventilées, il se dilue quatre fois plus vite dans l’air que le gaz naturel et douze fois plus vite que les vapeurs d’essence, ce qui réduit les risques d’accumulations explosives.

Il ressort néanmoins que le développement de la filière hydrogène, notamment pour les nouveaux usages, doit systématiquement passer par un travail de prise en compte de ces risques, afin de prévenir des accidents qui pourraient mettre en danger des vies humaines et réduire fortement l’acceptation sociale de ce gaz. En mai 2019, l’explosion d’un réservoir de stockage à hydrogène d’un centre de recherche gouvernemental en Corée du Sud a causé la mort de deux personnes et blessé six autres, détruisant un complexe de la taille de la moitié d’un terrain de football. Cet accident a entraîné dans le pays des mouvements de protestation de résidents contre les usines d’hydrogène. L’explosion en juin 2019 d’une station-service en Norvège a conduit à la suspension provisoire de la vente de véhicules à hydrogène par Toyota et Hyundai et la fermeture provisoire des autres stations. »

Conclusion

« Au total, si les Européens disposent déjà d’atouts industriels, la construction d’une filière de l’hydrogène impliquera un effort sur le très long terme, avec des effets limités sur les objectifs environnementaux de l’Union européenne en 2030. Notre conviction est que l’hydrogène tiendra lieu de test, de la capacité d’une Union en quête de souveraineté industrielle, à s’inscrire avec constance dans le temps long.

Commentaire : une vision réaliste loin des enthousiasmes délirants, un rappel que l’économie de l’hydrogène est un projet de long terme qui n’apportera pas de solutions aux objectifs environnementaux dans un avenir proche, un rappel  aussi que les utilisations seront peut-être pas si nombreuses

Données complémentaires sur le transport et le stockage de l’hydrogène :

L’hydrogène doit d’abord être comprimé ou liquéfié pour répondre aux usages envisagés. Les réservoirs des véhicules nécessitent ainsi une compression de 350 à 700 bars, quand l’hydrogène produit par électrolyse se situe entre 10 et 50 bars. La compression d’hydrogène jusqu’à 700 bars coûte environ 0,1 €/kg selon l’Académie des technologies. La liquéfaction, qui nécessite plus d’énergie, car la température descend à - 253 °C, coûte environ 0,4 €/kg. Le coût du transport dépend quant à lui du mode qui varie selon la distance. Le transport de longue distance, supérieure à 3 000 km, nécessite un transport par navire, l’hydrogène étant liquéfié ou transformé en ammoniac. La stratégie allemande reposant largement sur l’importation d’hydrogène issu de pays ensoleillés, l’EWI de Cologne a estimé, dans une étude de décembre 2020, que les coûts de transport par bateau (liquéfaction, chargement, transport, regazéification) s’élèvent à 3,2 $/kg aujourd’hui et pourraient diminuer jusqu’à 1,2 $/kg en 2050. Un tel niveau, auquel il convient d’ajouter les coûts de production, rend l’importation d’hydrogène par navire plus chère à moyen terme que la production locale par électrolyse

Le transport sur des moyennes distances peut être réalisé par hydrogénoduc. En effet, le transport direct d’hydrogène par tuyau s’avère beaucoup moins onéreux que le transport par le réseau électrique de l’électricité produite dans une zone à bas prix vers les lieux de production d’hydrogène. Selon GRTgaz et Teréga, dans la configuration d’un besoin d’hydrogène à Lyon et une électricité renouvelable produite moins chère à Marseille, la solution consistant à transporter de l’hydrogène produit par électrolyse à Marseille par les infrastructures de gaz coûte deux à quatre fois moins cher que celle consistant à transporter l’électricité de Marseille vers Lyon et de réaliser l’électrolyse dans cette dernière ville.

Le coût d’une infrastructure de stockage en cavité saline, qui dépend de la taille de cette dernière, de la quantité à stocker et de la fréquence de cyclage de l’hydrogène, s’élève entre 0,2 0,6 €/kg selon Storengy. La technique de stockage d'hydrogène en cavité saline est mûre et est déjà utilisée au Royaume-Uni (site de Teeside) et aux États-Unis. Il convient d'adapter les pratiques pour un cyclage plus fréquent, en réponse aux besoins du marché. Des zones de stockage se situent en France au niveau d’Etrez, dans la région AURA, ou dans le Sud-Est du pays. Enfin, il importe d’ajouter les coûts de distribution en station-service pour les usages de mobilité. »