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lundi 9 janvier 2012

L’Innovation en France selon Thomson Reuters : pas si mal !

L’Innovation en France selon Thomson Reuters : pas si mal !
La mesure de l”innovation
La société Thomson Reuters a publié une étude sur les cent institutions, publiques ou privées, les plus innovantes au plan mondial. Il est intéressant, alors que la mesure de l’innovation dans le système public français réussit à cumuler bureaucratie effrénée et arbitraire, sur les critères retenus :
 - le rapport du nombre de brevets déposés au nombre de brevets accordés
- le nombre de brevets généralisés dans quatre régions : US, Europe, Japon, Chine
- le nombre de citations de ces brevets (en excluant les citations par le auteurs…)
- Seules les brevets réellement innovant sont considérés (basic patent), et non les différentes extensions
Sur ces critères assez simples, Thomson Reuters signale que figurer parme les 100 premières institutions innovantes  est un véritable exploit, et la marque d’une recherche de qualité. A noter que Thomson Reuters, au moins dans la version publique du rapport, donne les noms des cent entreprises ou institutions  sans  classement interne.
A noter que ces cent sociétés les plus innovantes ont créé plus de 400.000 nouveaux emplois en 2010, soir, par société, beaucoup plus que les autres sociétés cotées en bourse, et ont vu leur capitalisation boursière progresser de 13%, un score supérieur de cinq points aux autres sociétés ( 2010)

Et le classement est …

 - les USA dominent nettement dans le domaine des semi-conducteurs et composants électroniques, puis de la chimie
-     l’Asie domine dans les domaines de la construction d’ordinateurs et d’automobiles
-    l’Europe domine dans le domaine des machines outils, plus de la moitié de ses innovateurs en ce domaine étant en Suède, et en chimie.
Cette place exceptionnelle de la Suède s’explique assez simplement : par le niveau également exceptionnel de l’investissement en R et D en Suède : 3.6% du PIB contre 2.5 en France
-     Dans le domaine des institutions scientifiques, la France est leader mondial
-    La France est le leader européen par le nombre de compagnies innovantes figurant dans le classement avec onze sociétés
Pour les institutions scientifiques, c’est simple, la France est le seul pays à voir figurer des institutions scientifiques dans le classement des cent entreprises innovantes. Ce sont l’IFP énergie nouvelles, le CNRS, le CEA.
Cette performance est qualifiée d’impressionnante par Thomson- Reuters
En ce qui concerne les firmes françaises, sont présentes dans le classement Airbus, Alcatel-Lucent, Arkema, L’Oréal, Rhodia Operation, Saint-Gobain, la Snecma, Michelin.

Et l’avenir ?
Le tableau est plutôt flatteur pour l’innovation en France, mais il mérité d’être mitigé par quelques considérations.
La recherche fondamentale et l’innovation : En ce qui concerne l’excellent classement des institutions publiques française, il reflète certes l’insistance mise sur la valorisation depuis quelques années - notamment le ministère Jospin et les lois Allégre ;  il est aussi et surtout  la conséquence d’un effet de masse et de synergie lié aux grands organismes de recherche. Depuis plus de cinquante ans maintenant, la France a fait le choix heureux et adapté au pays de développer un système de recherche basé sur l’existence de grands organismes de recherche, plutôt que sur un pilotage universitaire. C’est cette stratégie qui est validée,  au moment même où elle est de plus en plus remise en question, à travers les pertes de pouvoir et d’indépendance des grands organismes de recherche, au profit par exemple de la très bureaucratique ANR, voire le menaces de démantèlements partiels ou complet au profit des Universités.
Le manque de PME innovantes . Dans tous les pays, une grande partie de l’innovation se fait maintenant dans des PME, qui deviendront éventuellement les grandes entreprises (Apple, Microfost, Google, Amgen). Le classement de Thomson favorise par effet de masse les très grandes entreprises, il rend compte du présent davantage que du futur, lequel est beaucoup plus inquiétant.  La France manque tragiquement de start-up devenant des PME, de PME innovantes devenant de grandes entreprises. Pour garder son rang, la France a un besoin immédiat d’un « small-business act »
L’absence totale de l’industrie pharmaceutique française : Pour le pays de Pasteur, de Claude Bernard, de Monod, de Montagnier, c’est pas fort. Ceci provient aussi du fait que le champion national français Sanofi-Investis, créé grâce à l’énergie et au caractère visionnaire  de Jean-François Dehecq, mais aussi voulu par l’Etat  et gavé d’aides publiques ne joue pas son rôle, et n’irrigue pas, ne profite pas de la recherche publique française, n’aide pas à la constitution de PME innovantes qui pourraient devenir d’intéressante sources d’innovation extérieure. Son rôle est bien faible dans les pôles de compétitivité.
Ce qui est frai en pharmacie l’est aussi en d’autres domaines ; la politique de champions nationaux n’apporte pas suffisamment en terme de recherche et d’innovation, parce que ceux-ci en général ne jouent pas, ou pas suffisamment, le rôle de moteur et d’entraînement qu’ils devraient  avoir pour l’innovation en France. Il faudra sans doute un peu leur rappeler cette obligation bien justifiée. Là encore, des dispositions plus contraignantes ( par exemple en terme de crédit d’impôt-recherche) devraient être adoptées dans le cadre d’un small business act à la française

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