Astra Zeneca après Fournier, Novexel, Endotis
Après les biotech Endotis et Novexel (fermé après le rachat de son projet phare par Abbot) sur le site de Romainville, après Fournier à Dijon (300 personnes concernées), c’est le groupe Astrazeneca qui poursuit la litanie des centres de recherches pharmaceutiques sacrifiés en fermant son centre de Reims (40 personnes).
Selon Astra Zeneca, ce centre créé en 1975 et d’abord spécialisé dans les maladies infectieuses et inflammatoires se consacre depuis 1995 à la recherche contre le cancer et compte à son actif plus de 180 brevets originaux déposés et plusieurs molécules en cours de développement pré-clinique et clinique.
C’est morceau par morceau l’industrie pharmaceutique française, des emplois hautement qualifiés et d’immenses possibilités de progrès et de croissance qui disparaissent ; disparus UPSA, Jouveinal, Laffont et leurs recherches, pendant que leurs découvertes sont exploitées par des laboratoires étrangers.
En cinquante ans ont été inventés les beta-bloqueurs, les anti-ulcères, l’insuline et l’interféron recombinants, les anti-hypertenseur, d’abord inhibiteur de l’enzyme de conversion puis antagonistes de l’angiotensine, les anti-rejets qui ont permis l’extraordinaire développement des greffes, les nouveaux inhibiteurs de cyclooxygènase plus sûrs que l’aspirine et les AINS classiques, les différentes classes d’antiviraux contre le sida, les anticorps contre l’artgrite rhumatoïde et maintenant les anti-cancéreux ciblant les mécanismes de cancérogénèse ( inhibiteurs de kinase) ont représenté d’immense progrès thérapeutiques.
Et il reste beaucoup à faire dans de nombreux domaines : maladies neurodégénératives, diabète, asthme, maladies infectieuses réémergentes…
Des rapports, et pas de politique du médicament
Les difficultés de la recherche pharmaceutiques en France étaient parfaitement prévisibles et avaient fait l’objet notamment du rapport Marmot (2004) et de plusieurs rapports de l’institut Rexecode (2005). Or la plupart des atouts et pistes recensés ont été systématiquement ignorés ou sabotés : l’Agence pour l’Innovation Industrielle, qui devait favoriser le financement des innovations fondamentales et éviter le saupoudrage caractéristique d’Oseo a été… des(intégrée) dans Oseo ; le champion français Sanofi, qui doit tant à l’action des pouvoirs publics ne joue pas son rôle de moteur ; l’abandon des baisses de prix et déremboursements brutaux et leur remplacement pas des accords prix-volumes permettant une meilleure visibilité et favorisant le bon usage du médicament n’est toujours pas d’actualité ; la réforme du fonctionnement des agences sanitaires pour obtenir un environnement réglementaire de qualité reste entièrement à faire ; enfin, l’Etat français a fait preuve d’une naïveté et d’une démission coupables en acceptant sans contrepartie la reprise de laboratoires français et de leurs découvertes et tolère dans l’indifférence que les entreprises étrangères réalisent en France 63 % des ventes, mais seulement 31 % de la R &D. Le financement pathologique du capital-risque ne permet toujours pas le développement d’une industrie française des biotechs et des start-up (jeunes pousses)
L’industrie pharmaceutique représente environ 52 milliards de chiffre d’affaires, plus de cent mille emplois directs, souvent qualifiés, et quatre fois plus d’emplois induits, cinq milliards en recherche (12,5% du chiffre d’affaire, le secteur qui investit le plus en recherche). Elle représente aussi un fort potentiel de croissance : dans les pays riches en raison du vieillissement de la population, dans les pays émergents par le développement des classes moyennes. Et elle est source d’économie en évitant des hospitalisations coûteuses.
Si l’industrie pharmaceutique disparaît de France, il faudra soit se passer des nouveaux médicaments, soit les payer très chers à des firmes étrangères. D’importantes mutations sont en cours ; partout les firmes pharmaceutiques tendent à abandonner et externaliser la recherche préclinique, plus risquée ; partout, sauf en France, naissent des entreprises de service qui prennent cette recherche en charge, en bénéficiant de contrats favorisés avec les entreprises pharmaceutiques.
Parce qu’en France, il n’y a pas de politique du médicament, à part celle qui consiste à baisser les remboursements des prestations de santé… Un grand et noble défi pour le ministère du redressement productif !
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