En attendant d’autres sanctions ?
En première instance, le Conseil de l’Ordre des
Médecins (Conseil régional) a condamné Debré et Even à une « interdiction d’exercer la médecine
pendant une durée d’un an, dont six mois avec sursis ». Les attendus
mentionnent de «nombreux manquement à la déontologie » : Debré et Even ont mis « gravement en cause la compétence et
l’honnêteté de médecins, notamment allergologues et cardiologues », juge
l’instance disciplinaire dans sa décision du 17 mars. Ils ont suscité chez les
patients « un sentiment de défiance à l’égard de leur médecin traitant » et ont
voulu donner à leur livre « un tour spectaculaire non dénué de visées
commerciales ». (Le Quotidien du Médecin,
18 mars 2014)
Concernant des médecins retraités, la sanction
n’est que symbolique, mais le symbole est tout de même important. Le problème
est que le Conseil de l’Ordre ne se prononce ( mais pouvait -il faire autrement ?) que sur la
déontologie et le défaut de confraternité, et non réellement sur le manque de
valeur scientifique de l’ouvrage et de ses auteurs et la mise en danger de
patients interrompant leurs traitements sous l’influence de ces marchands de
peur très intéressés ; ce qui peut laisser penser qu’après tout, c’est le
manque de confraternité et non le mensonge intéressé qui est condamné, et que
Debré et Even pouvaient avoir raison dans leurs dénonciations tous azimuth «
des médecins irresponsables, des patients inconscients, des agences de
surveillance incompétentes et de l'industrie pharmaceutique diabolique?"
‘(Elise Soli, Huffington Post). Cette condamnation de l’ordre devrait donc être
suivi d’un rappel ferme des diverses sociétés savantes de l’ineptie et de la
dangerosité de l’ouvrage ; et éventuellement de poursuites pénales pour mise en
danger de la vie d’autrui.
La plupart des réactions s’exprimant sur le site du
Quotidien du Médecin sont favorables à l’Ordre : « Quand on publie des
absurdités pareilles, on peut douter sérieusement de la qualité professionnelle
de ces deux confrères. Six mois d'interdiction est un minimum pour leur
apprendre à réfléchir à la portée de leurs actes et aux heures que nous perdons
grâce à eux à expliquer à nos patients coronaropathes la nécessité de ne pas
interrompre leurs traitements ». « Leur brûlot largement médiatisé nous a
obligé à essayer de reconvaincre nombre de patients sur l'utilité des
traitements que nous mêmes ou nos confrères notamment cardiologues pour ne
parler que des statines, prescrivons. Si ce n'est pas une attitude
anti-déontologiques comment la qualifier ? » «
Les professeurs Even et Debré nous ont traité comme des apprentis
sorciers ou encore comme des mauvais élèves alors que nous n'avons rien à
apprendre d'eux en dehors peut être dans le domaine de leur spécialité » . « Il
faudrait faire une enquête sur le nombre d'accidents cardio-vasculaires, voire
de décès, survenus chez des malades ayant arrêté leur traitement de statines,
paniqués par l'oeuvre, sans aucun doute rémunératrice, de ces deux messieurs
». Plusieurs internautes appellent Even
et Debré, s’ils ont encore un peu d’honnêteté et de conscience, à verser leurs
royalties à la recherche médicale.
La
responsabilité des media
Reste qu’une part du problème vient aussi du
traitement médiatique - un médecin mentionne que la plupart des patients n’ont
pas lu le livre, mais que beaucoup en ont entendu parler dans les media. Une parole prétendument iconoclaste et
pamphlétaire, fut-elle absurde, mensongère et intéressée, est privilégiée face
aux démonstrations argumentées et aux vérités nuancées d’experts reconnus et
d’officiels. Il y a bien aussi une responsabilité et une déontologie médiatique
qui doit interdire de donner le même poids au mensonge et à la diffamation,
même s’il fait vendre, qu’à l’honnêteté et au savoir ;
Est-il pourtant si difficile, même à un journaliste
non spécialiste, de comprendre et
d’expliquer que Debré et Even, et pour le diabète, et pour la contraception, et
pour l’hypertension, et pour la dépression, et pour le cholestérol, et pour les
antiinflammatoires, et pour les allergies ne peuvent avoir raison contre la
communauté des spécialistes de chacune de ces aires thérapeutiques, eux qui ne
sont spécialistes en rien, et, en tous cas, pas en ces domaines ?
Et pourquoi les journalistes ne rappellent-ils pas
comment Even, dès 1985, déjà affamé de gloire médiatique, s’est ridiculisé et a
compromis la recherche française en annonçant dans une conférence de presse la
découverte d’un traitement du sida, après avoir administré de la ciclosporine (
un médicament diminuant les défenses immunitaires) à deux patients, lesquels mourront rapidement,
essai mené dans un contexte de compétition internationale pour découvrir un
traitement du sida, et conduit sans respecter les règles :pas de consentement
éclairé des patients, pas de consultation de la
Commission nationale d’éthique pour approuver le protocole de cet essai.
(en fait, le nombre de lymphocytes T4
des patients augmentait du fait qu'ils sont neutralisés par la ciclosporine,
mais du fait même de cette neutralisation, cette augmentation n'était d'aucun secours). Ou encore ses déclarations
incendiaires contre les dangers du tabagisme passif, pourtant avérés ? Il
suffit pourtant de consulter Wikipedia…et quelques experts qui ont de la
mémoire.
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