Résumé : Les avis très critiques de la CSSPP, de la CNPN et de Sea Shepherd sur les effets nocifs d’un développement massif de l’éolien off shore sur la préservation des paysages et de la biodiversité. Comment les débats sont nourris par les promoteurs de simulacres d’études d’insertion dans les paysages et des désillusions et de la colère qui s’ensuit lorsqu’apparaissent en plein champs des éoliennes censées rester invisible. « Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé »
1) Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages : le développement des projets éoliens offshore est disproportionné eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager
« La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages s’inquiète du développement des projets éoliens offshore tels que proposés par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, et du potentiel jusqu’à 57 GW suite aux propositions de la Commission Européenne pour 2050, qu’elle juge disproportionnés eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager….
La Commission estime que la transition énergétique ne doit pas conduire à porter gravement atteinte au littoral français dont la valeur paysagère, artistique, mémorielle et touristique est au premier plan en Europe, sous peine de remettre en cause plus d’un siècle d’efforts constants de protection du littoral par l’Etat…
La Commission estime que les paysages littoraux se caractérisent par un rapport unique entre un trait de côte fini et un horizon marin infini, une harmonie du mariage entre la terre et la mer. En s’imposant entre les deux, les éoliennes en mer modifient radicalement la nature et la valeur de ces paysages maritimes, jusqu’alors non industrialisés. Visibles depuis la côte, nos eaux territoriales participent pleinement à la qualité de nos paysages terrestres côtiers. Les paysages marins et leur littoral, peints par les plus grands artistes tels Monet, Maufra, Moret, Gauguin, Turner, ont une valeur artistique, touristique et mémorielle inestimable…
La Commission considère que le développement de l’éolien en mer a un impact important sur le paysage, en raison de la taille des éoliennes, de leur mouvement et de l’absence d’écrans végétaux ou de reliefs contrairement aux paysages terrestres, qui les rendent visibles parfois jusqu’à 70 km… L’ensemble de ces éléments, le clignotement des éoliennes et, dans certains cas, les effets de reflets sur l’eau, peuvent entrainer une pollution visuelle et lumineuse, notamment nocturne. »
2) Académie des sciences, Académie des Beaux-Arts, Académie des Sciences Morales et Politiques : des simulacres d’intégration plastique
« Pour obtenir le permis de construire, les entreprises responsables de l'implantation des éoliennes terrestres et littorales sur une commune sont pourtant tenues de présenter une étude paysagère. Cette dernière n'est qu'un simulacre d'intégration plastique. Par conséquent, il n'est pas étonnant que se développe, chez les populations concernées, le sentiment de vivre dans un territoire sacrifié par une politique autoritaire dont le ressort leur apparaît avant tout idéologique. L'apparition de nombreuses associations de défense du paysage et l'intensité des débats en leur sein témoignent de cette résistance grandissante à l'implantation des éoliennes »
« L'implantation des éoliennes suppose un sacrifice considérable et généralisé à toute la population. Au vu des conséquences, la décision de leur implantation est d’une responsabilité énorme et ne peut être prise qu’avec la certitude absolue de son bien-fondé. Face au sacrifice consenti ce serait une faute impardonnable de la part de nos décideurs que de nous obliger dans quelques années à assister partout en France aux spectacles désolant de champs d’éoliennes abandonnés parce qu’inutiles ou non rentables. Tel risque d'être le paysage que nous laisserons aux générations futures. »
De nombreuses associations ont appris à se méfier et travaillent sur cette question des « simulacres » d’intégration plastique, soit des photomontages trafiqués de manière à minimiser l’empreinte des éoliennes. Ainsi, l’association Les Gardiens du Large a fait un travail remarquable sur les côtes de Belle-Île, Quiberon et Groix qui peut être retrouvé sur le site des Gardiens du Large (https://www.gardiensdularge.org/page-vierge)
Mais lorsque les gens ont été trompés, et qu’ils le découvrent, c’est trop tard !
Des éoliennes à 20km des côtes, on les voit… et c’est trop tard
La construction du parc de dit de Saint-Nazaire a
constitué de ce point de vue un électrochoc pédagogique. Le parc dit de Saint-Nazaire » (mais en fait plus
proche du Croisic et de Hoëdic que de Saint Nazaire !) comprendra 80 éoliennes
hautes de 180 m, entre 12 et 20 km des côtes du Morbihan. La zone occupée
(accès interdit) correspond en gros à la surface de Belle-Île. Pour mémoire, le
point culminant de Belle-Île s'élève à 70 mètres !
Le 26 juillet,
alors que les trois quarts des éoliennes étaient en place, L’Echo
de la Presqu’île et de Saint- Nazaire titrait : Eoliennes en Mer, le choc
visuel !
Les déclarations des maires interrogés témoignaient d’une sorte de sidération et d’indignation :
Michelle Quellard, maire du Croisic: « Notre côte n’a plus rien de sauvage...La vue que l’on en a a bien changé… L’horizon face mer est "obstrué" par un site de 78 km2, alors que Le Croisic ne représente un territoire que de 4,5 km2 et celui du Pouliguen de 22 km2. Marie-Catherine Lehuede, maire de Batz-sur-Mer: « Il y a un sujet qui me met en colère, celui du parc éolien... Les éoliennes qui ne devaient être à peine perceptibles sont aujourd’hui trop visibles de la côte. En tant que citoyens batziens, nous sommes tristes de voir la ligne d’horizon dénaturée sur l’ensemble de notre littorale »
Jean-Claude Pelleteur, maire de Pornichet: « À l’époque, on m’a toujours dit qu’elles seraient de la taille d’une allumette. Il y a un phénomène qui est dingue : comme pour le phare de la Banche, il y a des jours où on ne les voit pas même quand il fait beau et d’autres jours, on a l’impression qu’elles sont juste en face de nous »
Lorsque la tromperie a été érigée en système et
appuyée par le autorités officielles, il sera vain ensuite de déplorer la
colère qu’elle aura engendré !
3) Commission Nationale de Protection de la Nature : L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité paraît difficile voire impossible à atteindre
« La CNPN s’est interrogée sur les conséquences sur la biodiversité et les paysages que pourrait représenter le fort développement de l’énergie offshore souhaité par la Commission Européenne dans sa Stratégie de l’Union Européenne sur les énergies renouvelables en mer annoncée le 19 novembre 2020. En effet, son objectif vise à multiplier considérablement l’énergie offshore dans la Communauté Européenne d’ici 2050 pour atteindre 300 GW en éolien (contre 12 GW actuellement) et 40 GW d’énergie océanique (ex. marémotrices, houle), soit une multiplication par cinq du parc éolien offshore européen actuel d’ici 2030 et par 25 d’ici 2050.
Ces projections vont bien au-delà de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) française révisée le 21 avril 2020. Celle-ci n’envisageait d’ici 2028 qu’environ 15 GW, soit au moins une trentaine de parcs éoliens offshore équivalant à celui de St-Brieuc..
L’adéquation des objectifs éoliens offshore avec l’objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l’environnement paraît difficile voire impossible à atteindre au regard de la connaissance actuelle des incidences et surtout des moyens techniques d’expertise et de pilotage permettant d’y remédier efficacement, ainsi que l’objectif de préservation du paysage marin. »
Les impacts potentiels sur
la biodiversité représentés par le développement de l’éolien offshore en
France, tel que prévu par la PPE de 2020 (révisable en 2023) et de l’objectif
fixé par la C.E. en 2020 pour l’horizon 2030 et 2050 pouvant aller jusqu’à 57
GW ou 62 GW, peuvent être très importants sur la biodiversité marine,
en premier lieu sur l’avifaune reproductrice, migratrice et hivernante
provenant de l’Europe entière ainsi que les chauves-souris migratrices
ou locales par mortalité ou perte d’habitat (par évitement des parcs), sur
les mammifères marins par perte partielle d’habitats, et sur
les habitats marins et espèces les composant, notamment les
poissons, crustacés et mollusques par modifications physiques, hydrologiques et
chimiques… Nos connaissances des
impacts potentiels restent très partielles et un volet d’études important est
nécessaire pour mieux appréhender les particularités des trois façades
maritimes françaises…
La description et l’évaluation de la démarche
administrative de planification de l’éolien offshore jusqu’ici conduite en
France… ont privilégié les activités socio-économiques sans prendre
réellement en compte la biodiversité, pourtant prioritaire au titre des
Directives Oiseaux et Habitats, et de la Loi pour la reconquête de la
biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 renforçant la
démarche « Eviter, Réduire, Compenser » (ERC) dans l’objectif,
notamment, de zéro perte de biodiversité, que le CNPN est tenu d’apprécier dans
ses avis sur les dossiers d’aménagement qui lui sont soumis….
Le développement des EMR (Energies Marines Renouvelables) a jusqu'ici échoué à intégrer développement économique, transition énergétique et préservation de l'environnement dans une démarche vertueuse…
Contrairement à certains pays européens où la biodiversité est prise en compte en amont dans le choix des localisations de parcs, comme l’Allemagne, ce n’est pas le cas jusqu’à présent en France où ce choix s’est fait en fonction des contraintes socio-économiques ou militaires, la démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser) ne s’effectuant que trop tardivement lors des études d’impacts et de demande de dérogations espèces protégées intervenant in fine par les porteurs de projets éoliens privés. La possibilité de trouver les zones les moins impactantes se trouve fortement réduite au sein des macro-zones qui leur sont imposées, et la réduction des impacts sur la biodiversité n’est pas leur priorité. »
4) Le caractère tardif et quelque peu subsidiaire des études de biodiversité a notamment été bien mis en évidence lors du débat EOS (Eoliennes Flottantes en Méditerranée) :
« La Camargue est un haut lieu à la fois
de l’hivernage, de la reproduction et de la migration des oiseaux . Conscient
de la fragilité des données à sa disposition, l’État a initié en 2021 un
programme de recherche baptisé MIGRALION, dont l’objectif est la «
caractérisation de l’utilisation du golfe du Lion par les migrateurs terrestres
et l’avifaune marine. »
Ce programme est porté par l’Office Français de la
Biodiversité et dix partenaires scientifiques et industriels. Un seul
problème : les résultats sont attendus en 2024-2025, et le choix de la
localisation doit avoir lieu en 2023, le gouvernement ayant refusé toute idée
de moratoire pourtant nettement plébiscitée par le débat.
https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf
S’il fallait une preuve supplémentaire de la prise en compte de plus en plus légère de la biodiversité, on pourra le trouver dans l’article 24 des recommandations de la Commission Européenne relatives à l’accélération des procédures d’octroi de permis pour les projets dans le domaine des énergies renouvelables. La rédaction particulièrement alambiquée laisse peu de doute : tant pis pour les dégâts sur des espèces protégées, on compense autant que possible
« Les États membres devraient veiller à ce que
la mise à mort ou la perturbation d’espèces données d’oiseaux sauvages et
d’espèces protégées au titre de la directive 92/43/CEE du Conseil 12 ne fasse pas obstacle au développement de
projets dans le domaine des énergies renouvelables, en exigeant que ces projets
intègrent, le cas échéant, des mesures d’atténuation visant à prévenir
efficacement et autant que possible la mise à mort ou la perturbation, en
assurant le suivi de leur efficacité et, à la lumière des informations obtenues
dans le cadre du suivi, en prenant les mesures supplémentaires qui s’imposent
pour éviter toute incidence négative significative sur la population des
espèces concernées. »
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=PI_COM:C(2022)3219&from=EN
5) Le cas des Zones Natura 2000 : une exception française !
« Si NATURA 2000
n’interdit pas les éoliennes et autres utilisations d’énergies renouvelables
par principe, comme aucune activité socio-économique au demeurant, l’examen au cas par cas des projets
d’éoliennes dans les zones NATURA 2000 doit prouver qu’elles n’ont pas d’effets
contraires au principe de protection de la biodiversité qui a justifié leur
classement…
La transgression de ce
principe de non installation de parcs éoliens en zones NATURA 2000 par la
France (à notre
connaissance il n’y a qu’un seul parc éolien dans une ZPS en Europe, en
Allemagne) et d’absence d’étude d’incidence préalable au niveau des
macro-zones, contredisent toutes les positions ministérielles antérieures au ministère Ségolène Royal. Trois projets de parcs sont en infraction à
ce principe, Dunkerque, Port-Saint Louis du Rhône (face à la Camargue) et le
projet d’Oléron »
6) Méconnaissance des effets environnementaux des grands parcs éoliens, en particulier off shore
Effets sur les courants, les vents, la composition des eaux et le climat
« Il est nécessaire d’élaborer des programmes
de grande ampleur, faisant appel aux nouvelles méthodes de suivi des
déplacements des animaux aériens comme marins afin de mieux comprendre l’impact
possible des parcs éoliens, en fonction de leur localisation, de leur envergure
et des conditions environnementales. Une attention particulière devra
être apportée aux modifications des courants marins et des mouvements d’air
générées par l’implantation de parcs éoliens de grande envergure….
La modification de la force des vents en aval des éoliennes peut avoir des effets insoupçonnés sur les équilibres atmosphériques (en induisant des sécheresse locales) ou des modifications des courants marins sur plusieurs dizaines de kilomètres. »
https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/22_02_24_eoliennes.pdf
« D’ores et déjà, la
production d’énergie renouvelable en mer du Nord a des impacts substantiels sur
les conditions atmosphériques locales , et ces effets continueront d’augmenter
à l’avenir. Les données indiquent
que les parcs offshore peuvent avoir un impact sur les animaux marins et
peuvent soulever des préoccupations environnementales et climatiques. Étant
donné que l’énergie éolienne est l’un des principaux facteurs modulant la
productivité et la structure de l’écosystème, les parcs éoliens ont le potentiel
de devenir des facteurs écosystémiques dominants et doivent être pris
en compte pour la gestion de l’écosystème et l’évaluation des pêches….En
outre, les sillages atmosphériques peuvent induire des réponses océaniques en
modifiant la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique et
les flux de chaleur, et ont donc un potentiel d’impact sur le climat
local qui nécessite des recherches plus approfondies »
Accelerating deployment of offshore wind energy alter wind climate and
reduce future power generation potentials, Helmholtz-Zentrum
Hereon
https://www.nature.com/articles/s41598-021-91283-3, Naveed Akhtar et al.
« Un trop grand
nombre de turbines placées trop près les unes des autres peut perturber de
manière importante la marche naturelle du vent en l'affaiblissant de manière
très sensible. Cet effet de freinage pourrait se faire ressentir
jusqu'à 35 ou 40 kilomètres autour d'une ferme éolienne offshore –voire jusqu'à
100 kilomètres dans certaines configurations. »
(https://www.sciencedaily.com/releases/2021/06/210603171247.htm)
Norcowe (Norwegian Centre
for Offshore Wind Energy) s’est particulièrement
intéressé à l’effet de sillage dans les parcs éoliens offshore et la disposition
des machines en mer. Selon l’étude menée
par Unicomputing, les méga parcs éoliens auraient la même influence sur
l’environnement et la trajectoire des vents que de petites montagnes. »
Effets électromagnétiques :
« Les interférences électromagnétiques et
l’augmentation de la température des parcs éoliens
offshore dépendent d’un réseau intensif de câbles électriques pour
transférer l’énergie entre les appareils, aux transformateurs et au continent.
Les champs électromagnétiques (CEM) qui en résulteront seront d’une intensité
similaire à celle de la Terre à proximité des câbles, et pourraient donc
affecter des espèces magnétosensibles telles que les poissons osseux, les
élasmobranches, les mammifères marins et les tortues de mer ;
Les CEM (champs électromagnétiques) pourraient
également affecter les animaux qui utilisent des indices géomagnétiques pendant
la migration. Par exemple, on a vu des anguilles réagir aux CEM en se
détournant de leur route de migration . Les élasmobranches benthiques répondent
également aux CEM émis par les câbles sous-marins. En ce qui concerne l’impact
direct des CEM sur la santé animale, on sait peu de choses avec certitude à
l’heure actuelle. Comme l’ont souligné Lovich et Ennen, les perceptions des
différents évaluateurs vont de « mineur » à majeur »
De plus, on prévoit que la production d’électricité
par les parcs éoliens offshore augmentera la température dans les
sédiments et l’eau environnants. Cet effet thermique se limitera peut-être à
une augmentation de la température à quelques centimètres du câble et peut, en
soi, ne pas être un facteur de stress majeur pour les communautés benthiques,
mais en combinaison d’autres facteurs de stress pourrait prendre de
l’importance »
Wind energy: Increasing deployment, rising environmental concerns.Renew. Sustain. Energy Rev. 31, 270–288 (2014). (Tabassum, A et al, Pondicherry University)
Enfin, rappelons que lorsque mi aout 2022, un beluga a été retrouvé piégé dans la Seine dans une écluse à 70 km de Paris, des scientifiques ont pointé la responsabilité possible de l’insdustrialisation de la mer et des éoliennes :
« Le trafic maritime ainsi que la construction
d’un champ d’éoliennes offshore au large des côtes normandes ont été pointés du
doigt par les associations. Ces activités provoquent une pollution sonore
importante qui peut désorienter ces animaux se repérant beaucoup grâce à leur
sonar. «C’est une hypothèse plausible, juge Fabrice Schnoller. Mais elle ne
suffit pas. Car la première des questions est de savoir pourquoi il s’est
retrouvé au large du Havre, loin des eaux du cercle arctique, dans lesquelles
il a l’habitude d’évoluer.» «Ce béluga s’est perdu une première fois quand il
est entré dans les eaux du nord de l’Europe, aux alentours du Danemark et de la
Norvège, analyse Hervé Glotin, chercheur en bioacoustique marine à l’université
de Toulon. C’est une zone où l’on trouve une forte activité sous-marine liée à
l’extraction du gaz, et avec de nombreuses éoliennes offshore. Il est possible
que le béluga ait subi une perte d’audition qui l’aurait désorienté »
7) Sea Shepherd- Vent de Colère : il est urgent d’établir un moratoire
« La France est le deuxième plus grand espace maritime mondial. Seul pays présent sur tous les océans de la planète, elle a en matière de protection de la biodiversité marine une responsabilité planétaire qui devrait l’inciter à être exemplaire. Déjà loin de l’être…, elle est sur le point de franchir un cap supplémentaire avec les 7 projets de centrales éoliennes autorisés le long de la façade Atlantique et Manche Mer du Nord. S’estimant en retard dans la course à l’armement éolien maritime, le gouvernement français a accordé à des promoteurs éoliens et des fonds de pension étrangers les plus beaux sites naturels de son littoral et a autorisé des projets d’usines dont l’impact va être colossal, impossible à compenser et irréversible pour la biodiversité marine, première régulatrice du climat, première productrice d’oxygène et premier puits de carbone de la planète….
La France, dont les 3 façades maritimes représentent un
enjeu fondamental pour la survie des oiseaux et mammifères marins en Europe,
est à la traine et n’a pas pris les mesures mises en place dans d’autres pays,
pourtant d’importance moindre pour la biodiversité, afin de s’assurer que ses
ambitions énergétiques ne mettent pas en péril les populations marines. C’est
particulièrement inquiétant, car la politique gouvernementale est irresponsable
et indigne de notre rang de grande puissance maritime mondiale qui voudrait que
nous montrions l’exemple. Nous ne sommes
pas à la hauteur des responsabilités qui nous incombent et les conséquences
vont être cataclysmiques : elles vont s’étendre bien au-delà de nos frontières
et nous devrons en répondre devant les générations futures. Il est urgent
d’établir un moratoire sur tous ces projets mortifères pour leur imposer
les limites nécessaires, car la lutte contre le changement climatique ne peut
pas se faire au détriment de la protection de la biodiversité. »
8) S’ éloigner
des côtes
La difficulté
de l’éolien offshore en France a été reconnue par la Commission européenne qui a validé
les tarifs de rachat élevés accordés aux
parcs Française d’éolien posé (131- 155 MWh) les justifiant ainsi :
« Ce
soutien élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se
justifient par deux particularités des côtes françaises, des vents plus faibles
et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols
sableux ou argileux) ».
En fait, la
structure particulière des côtes françaises impose dans la plupart des cas le
passage à l’éolien off shore flottant, qui normalement permettrait de s’éloigner
davantage des côtes :
« On ne comprend pas pourquoi tous les parcs
actuellement décidés l’ont été dans la zone des 12 miles de la côte, à une
distance de 10 à 20 km de celles-ci. S’éloigner des côtes (notamment avec l’éolien
flottant) est une nécessité pour plusieurs raisons, dont l'impact majeur sur
les oiseaux et les chauves-souris, mais seulement jusqu’à une certaine distance
pour ne pas impacter les cétacés qui se trouvent surtout plus au large...la
grande majorité des éoliennes offshore actuellement déployées en Europe sont
dispersées sur de grandes surfaces en Mer du Nord avec une distance moyenne à
la côte de 41 km »
« Certains membres de la Commission remarquent
que malheureusement le choix final
de la « zone ministre » pour lancer l’appel d’offre notamment en Bretagne sud
est encore trop près des côtes, alors que la technologie de l’appel d’offre
concerne l’éolien flottant et que la macro-zone s’ouvrait bien plus au large. Pourtant dès les premiers débats publics,
l’enjeu paysager a été au cœur des échanges, et a cristallisé les oppositions
et les principaux recours juridiques. »
Lors du débat
EOS un expert de la société Technip Energies
expliquait ainsi :
« On a les
techniques pour relever le défi de la profondeur, il ne faut donc pas
s’interdire d’aller chercher les opportunités qu’offre l’éloignement de la
côte, en particulier une moindre interaction avec les nombreuses activités
maritimes davantage concentrées sur la frange littorale… Nous avons au Mexique
installé les fondations d’une ligne d’ancrage à plus de 2 900 mètres… L’enjeu
est avant tout la maîtrise de coûts et l’impact sur la densité des fermes que
l’on met en avant plus que la faisabilité technique elle-même que nous
considérons comme acquise » (Technip Energies)
https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-CR-2021_bd.pdf
Ce programme éolien massif est inutile à court terme car ne permettant pas de suppléer au manque d’électricité pilotable et de résoudre le problème des pointes électriques de consommations. Prétendre miser sur l’éolien à long terme pour décarboner l’électricité et sortir des fossiles est au niveau stratégique un peu l’équivalent de se jeter à l’eau pour éviter d’être mouillé, comme le prouve tragiquement l’Energiewende. Ce programme éolien off shore dégraderait définitivement les plus beaux sites naturels de notre littoral, avec des effets irréversibles, impossibles à compenser sur l’environnement marin et sa biodiversité.
Et, en ce qui concerne plus spécifiquement Bretagne
Sud, rappelons cet avis exprimé par M. François Goulard, Président du
Conseil Général du Morbihan : «Il s’agirait d’un préjudice considérable
pour notre région ; pour les pêcheurs, qui perdraient l’accès à une ressource
très riche ; pour le tourisme, ne raison de la perte d’attractivité d’une
nature défigurée… Ce projet serait un crime contre une nature d’une beauté
insurpassable. Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout
bonnement insensé »
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