Transition énergétique et charbon :
l’Allemagne nous enfume !
Ah oui, et au sens figuré et,
au sens propre.
Résumé des faits : La
commission allemande sur la sortie du charbon a proposé un plan censé permettre
à l’Allemagne de se débarrasser de cette source d’énergie, la pire pour le climat et la pollution…. en 2038 !!!
En 2018, le charbon (lignite- le pire du pire en matière
de pollution- et houille réunis) a compté pour près de 38% de la production allemande d’électricité. L’Allemagne est le
pays de l’Unuion Européenne qui consomme le plus de charbon (71 mtep par an) –
contre 48.7 pour la Pologne …et 9.1 pour la France. L’Allemagne s’est même
permis ces dernières années d’ouvrir de nouvelles mines (cf ll)a mine géante de charbon de
Garzweiler, voir mon blog du 14 juillet 2018 Raisons de détester l’Eurokom 8 :
A la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne). Malin, comme ça les Allemands
pourront afficher une baisse plus rapide leur charbon….
En fait, les Allemands, en matière de transition
énergétique, ont remplacé le nucléaire…par du gaz et du charbon. ( ben oui, on
a beau mettre du solaire et de l’éoline, de toute façon, il faut les compléter
par des énergies pilotables. Et ça se
voit : France : 5.80 tonnes CO2 par habitant, Allemagne :
8.8 tonnes CO2 par habitant. Ça se
voit et ça se respire aussi, lors des épisodes de pollution à répétition….Et
merde pour la pollution et merde pour le climat
Voyons le plan allemand : L’Allemagne
prévoit donc d’abandonner le nucléaire d’ici 2022 et, peut-être, le charbon
en 2038. Cela suppose qu’en l’absence de vent et de soleil,
l’approvisionnement électrique sera assuré par du gaz naturel et du stockage
d’électricité.
L’Allemagne pourra-t-elle
accroître ses importations de gaz, alors qu’en Europe les réserves de cette
ressource fossile s’épuisent et que la production décline? En tout état de cause, cela suppose une
dépendance de plus en plus étrite vis-à-vis de la Russie. Concernant le stockage d’électricité, aucune
technologie n’est actuellement mature à grande échelle et cela implique
d’importantes pertes énergétiques, à compenser par une surproduction
conséquente.
Sachant que le climat est en
jeu (donc l’avenir de la planète et, incidemment, le nôtre), le pari allemand
est plus que risqué. S’il fonctionne, l’Allemagne aura mis très longtemps à
sortir du charbon, émis beaucoup de gaz à effet de serre, et restera dépendante
du gaz naturel (ressource fossile et russe). S’il échoue, ce qui semble
probable, tant ce plan fait peu de cas de la physique la plus élémentaire, l’Allemagne continuera à brûler du charbon et
nous en paierons tous l’addition.
Il est vrai que compte-tenu de
sa durée, ses auteurs ne seront plus en poste au moment d’en dresser le
bilan… dans 19 ans. Bravo pour l’irresponsabilité !
Allemagne 19 ans, Royaume-Uni 4
ans !
Et là où l’Allemagne nous
enfume encore en plus, pour ne pas dire se fiche de nous, c’est sur la durée de
sa sortie du charbon 19 ans !!!
Prenins l’exemple du Royaume-Uni : en
résumé, alors que l’Allemagne prévoit de sortir de ses 38% de charbon en 19
ans, le Royaume-Uni a presque fini de le faire en 4 ans…
Comment ont-ils fait ? Au Royaume-Uni, l’électricité
provenait, en 2013, à 37% du charbon. Quatre ans plus tard, en 2017, cette part
était tombée à 6,7 %. Ce repli impressionnant s’explique par l’instauration en
2013 d’un prix plancher de 18£ par tonne de carbone émise. Cela signifie
qu’indépendamment des fluctuations du marché européen des quotas d’émission de CO2, les
énergéticiens britanniques savaient qu’ils paieraient au minimum 18£/tonne de
CO2, et que ce prix minimal augmenterait avec le temps. Cette mesure a ôté au
charbon sa compétitivité économique. Il a ainsi été remplacé par du gaz
naturel, également une source d’énergie fossile, mais qui émet deux fois moins
de CO2 par unité d’énergie produite, une diminution de la consommation
électrique et des énergies renouvelables (éoliennes principalement).
L’extraction de gaz au Royaume-Uni s’effondrant
depuis le passage de leur pic de production en 2000, le recours à cette source
d’énergie pour remplacer rapidement le charbon est transitoire. À plus long
terme, le gaz devrait être remplacé par de l’énergie
nucléaire (bas carbone), renouvelable (éolienne) et des importations
d’électricité depuis le continent. De fait, l’Angleterre a un ambitieux
programme de construction de nouveaux nucléaire, comportant au moins deux EPR.
Donc la
recette : la volonté de sortir du charbon rapidement par la fixation d’un
prix véritablement incitatif du CO2, du gaz, du nucléaire, et, à plus long
terme, du nouveau nucléaire.
L’Allemagne fait exactement le contraire :
sortie en priorité du charbon, puis du nucléaire. Petit calcul : combien l’Allemagne aurait pu éviter
d’émissions de CO2 en décidant de sortir en priorité du charbon plutôt que du
nucléaire.
En 2010, avant le début des fermetures de
réacteurs, l’Allemagne a produit 133 TWh d’électricité d’origine nucléaire sur
l’année. En 2018, après avoir fermé plus de la moitié de ses capacités, elle en
a produit 72,1 TWh. Sur son cycle de vie (exploitation, infrastructures, chaîne
d’approvisionnement…) le nucléaire émet 12 gCO2éq/kWh et le charbon environ
1000 gCO2éq/kWh.
Ainsi eut-elle fait le choix de sortir du charbon
plutôt que du nucléaire, l’Allemagne aurait pu aujourd’hui éviter chaque année l’émission de 60,2 millions de
tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre. Lorsqu’elle sera
complètement sortie du nucléaire en 2022, cette valeur s’élèvera à 131 MtCO2éq/an (soit environ 14% de la
totalité des émissions domestiques allemandes, tous secteurs confondus:
électricité, transports, chauffage, industrie, agriculture…).
Une proposition plus sage aurait donc été de geler
la sortie du nucléaire (voire de décider la construction de nouvelles
centrales) et de sortir le plus vite possible du charbon puis du gaz.
Mais l’Allemagne se fiche de tout, du climat, de la
pollution de l’Europe, du monde, sauf des intérêts électoraux des politiciens
allemands
Pour plus de précision, cvf. (Maxence Cordiez, https://twitter.com/maxcordiez?lang=frLe plan de
sortie du charbon en Allemagne est-il réaliste)
La « plaque de cuivre »
n‘est pas pour demain. Le quasi black out du 10 janvier
La « plaque de cuivre »,
c’est le fantasme d’une interconnexion parfaite des réseaux électriques
européens… sachant que les distances et les pertes sont quand même assez fixées
par les lois élémentaires de la physique.
Eh ben, c’est pas pour demain,
et à vrai dire la fragilité du réseau européen devient inquiétante. Si ça
continue, les autorités nationales exigeront bientôt un retour à davantage d’autonomie,
des protections et des déconnexions.
Donc, jeudi 10 janvier, à 21h02
précisément (il faisait pourtant pas un froid polaire !) RTE a demandé aux
industriels « électrointensifs » les aciéries, les raffineries, les
cimenteries, de réduire immédiatement leur consommation. Sinon, il aurait fallu
demander aux Français d’économiser l’électricité ou planifier une baisse
générale de tension générale. Au pire, c’est-à-dire en cas de risque de
black-out, on passerait au plan d’urgence, à savoir des coupures massives avec
des régions entières plongées à tour de rôle dans le noir…
Plus de 1500 Megawatt ont été
ainsi économisés, ce qui correspond à
l'équivalent de la production de deux réacteurs de Fessenheim. Cette
interruption a duré de 20 à 45 minutes selon les entreprises, de quoi sécuriser
le réseau. C'est la première fois que ce levier d'urgence est activé depuis
sa création il y a 4 ans.
Que s‘est-il passé ? la
fréquence du système électrique français et européen (les réseaux sont
interconnectés) est passée très en dessous de 50 Hz, Or, quand la
fréquence s'écarte trop de ce niveau, le système électrique pourrait connaître
des coupures importantes, voire un black out ».
Pourquoi ? Ben, le pire est
peut-être que l’on ne sait pas, et que, un mois après, on ne sait toujours pas.
À l'origine, un problème dans nos importations. En clair : l'un de nos voisins
n'a pas fourni ce qu'il s'était engagé à fournir. À 21 heures, la France
importait de l'électricité à l'Allemagne et à la Belgique. Mais il n'est pas
sûr que le problème vienne de chez eux, car le réseau européen est entièrement
connecté. Les réseaux d'électricité européens sont interdépendants et un manque
de production dans un pays, même temporaire, peut se traduire par une coupure
chez ses voisins.
Une enquête a été ouverte pour
identifier les raisons de cet événement, menée auprès du Réseau européen qui
regroupe 41 gestionnaires européens de réseau d'énergie. L’hypothèse actuelle ?
Le gestionnaire français du réseau électrique explique notamment cette baisse
de fréquence par des problèmes récurrents entre le Kosovo et la Serbie (Eh oui,
le Kosovo a le pouvoir de mettre à genou le réseau électrique européen !)
et par « un problème technique sur les moyens de mesure du gestionnaire
allemand sur l'interconnexion entre l'Allemagne et l'Autriche » ( ça
devient une habitude, en Allemagne, de truander toutes leurs mesures ?)
Plutôt inquiétant, non ?
Pour rappel, en décembre 1978,
l’hiver était particulièrement rigoureux, et une grande partie du nord de la
France a été privée d’électricité pendant des heures: trains, métros,
ascenseurs, tout s’était arrêté. Exactement comme à New York, un an auparavant,
qui a connu deux jours de cauchemar avec des scènes de panique et de pillages.
Chez nous, les pannes les plus graves ont eu lieu fin 1999 avec la tempête qui
a détruit des milliers de pylônes et en novembre 2006. L’arrêt d’une ligne à
haute tension dans le nord de l’Allemagne avait alors fait s’écrouler le réseau
européen comme un château de carte, privant 15 millions de personnes de
courant.
Eh bien, la politique européenne
de l’énergie est un tel fiasco, un tel concours d’absurdité et de démagogie que
nous risquons bientôt de nouveaux épisodes de ce type à l’échelle continentale…
Première
leçon : le système électrique est fragile - et RTE a mis le réseau
français sous surveillance jusqu’à la fin février.. Deuxième leçon : pour
assurer l’alimentation de l’ouest de la France, il faut pour l’instant
maintenir en activité la centrale à charbon de Cordemais, près de Nantes eh
oui, on en est là. Troisième leçon : on a besoin de plus d’électricité
pilotable, et il est assez affolant d’entendre les différents pays européens
afficher des objectifs démagogiques et irréalistes de production d’électricité solaire
ou éolienne… tout en expliquant, qu’en cas de problème, ils importeront de
leurs voisins. Mais de qui exactement ? Il faut à la France rapidement
2,4, 6 EPR, à l’Europe 12, 14, 16 nouveaux EPR.
Pas de décarbonation,
pas de lutte contre le dérèglement climatique, pas de sureté d’approvisionnement
sans le nouveau nucléaire, sans les EPR !
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