POEM, un avant goût des Documents Stratégiques de façade ?
Il se trouve que l’Espagne,
qui n’a pour instant aucun parc éolien off-shore, nous a précédé sur cette
voie, avec des Plans de gestion de l’espace maritime (POEM Planes de Ordenación
del Espacio Marítimo). Présentés par le ministère de la Transition écologique
et du défi démographique, ils désignent, sur chaque façade, les zones
susceptibles d’accueillir de futurs parcs éoliens.
Et ça ne se passe pas très
bien ! Pourtant on ne parle que de 19 parcs !
Concrètement, 19 parcs éoliens ont été planifiés
dans quatre régions espagnoles, où il sera possible de développer cette
nouvelle forme d'énergie renouvelable, principalement flottante. Dans la région
de l'Atlantique Nord (Galice et Asturies), cette technologie pourra être
développée sur des zones d'une superficie totale de 2.688 km2. Au large de la
côte andalouse, entre Malaga et Almeria, elle occupe une superficie de 1.222
km2; et dans les îles Canaries (avec des sites à Gran Canaria, Tenerife,
Lanzarote et Fuerteventura), 561,9 km2 et à une distance plus proche de la
côte, d'à peine 2 km.
Dans la zone du Golfe de Roses, en Catalogne, un
espace de 250 km2 est réservé, à une distance de 12 kilomètres de la côte à son
point le plus proche, et à une profondeur comprise entre 100 et 500 mètres,
tandis que sur la côte nord de Minorque, il y aurait deux parcs éoliens d'une
superficie totale de 147 km2 et à une distance de 5 kilomètres de la côte.
Dans les îles Canaries, des zones initialement
sélectionnées ont été exclues en raison de leur proximité avec des zones
touristiques (Maspalomas à Gran Canaria, par exemple). Il en est de même pour
la zone de Cabo de Gata, en Andalousie, écartée en raison de sa proximité avec
une réserve, tandis que les zones prévues au large de la côte de Cadix ont été
"abandonnées" pour des raisons d'impact sur la pêche et le tourisme.
Forte opposition dans les Asturies :
l’installation de parcs éoliens offshore menace de mettre fin à l’activité
d’une dizaine de zones de pêche dans les Asturies
Les protestations des
pêcheurs asturiens se poursuivent en raison du Plan de gestion de l’espace
maritime (POEM) pour l’installation de parcs éoliens offshore. Jusqu’à onze
zones de pêche du littoral de la Principauté pourraient être touchées par ces
aérogénérateurs qui ont provoqué une véritable indignation et révolution dans
le secteur de la pêche au point de demander la démission de la ministre de la
Transition écologique, Teresa Ribera.
De la zone la plus
occidentale à la plus orientale, les
zones de pêche asturiennes les plus touchées seraient Calvario del Oeste, El
Puntal, Los Tombones ou Cero Señales, El Calvario del Este, El Carreiro de
Fuera, La Playa de La Vaguada, Rampla del Sureste del Calvario, Playón, Erbosa,
Les Fanguines et Canto Playa.
Au total, onze zones qui ont
été réservées à l’exploitation éolienne offshore et qui ont mis les pêcheurs
sur le pied de guerre. Et cela se comprend : cette délimitation qui a été
approuvée par le gouvernement espagnol à l’initiative du ministère de la Transition
écologique et qui est incluse dans le Plan de gestion de l’espace maritime
(POEM), affecte les espèces marines à haute valeur commerciale telles que la
dorade, la dorade rose, la barbue, le congre, le merlu, le lieu noir, le
sébaste, le mérou, le merlan, la langoustine, le maquereau, la cardine franche
dont beaucoup sont très demandés par l’industrie hôtelière. Pêche à la drague, palangriers,
chaluts pélagique et chalut de fond, c’est la quasi-totalité de la flotte des
Asturies qui serait concernée.
Luis Antonio García
Martínez, capitaine de corvette et ancien commandant en second de la marine de
Gijón et Santander, a fait un rapport dans lequel il analyse l’impact de
l’installation de parcs éoliens offshore dans ces zones de pêche et confirme
que l’inquiétude des pêcheurs est parfaitement justifiée car avec l’installation
des éoliennes, où qu’elle soient, une partie ou la totalité d’une ou plusieurs
zones de pêche traditionnelles seraient touchées. Pour nous donner une idée de
ce que représente la surface de ces polygones (335 kilomètres carrés entre les
trois), on pourrait dire qu’ils occupent l’espace de 47 269 terrains de
football comme le Sporting ou Oviedo », explique-t-il. Pour ceteexpert, « les parcs éoliens offshore sont totalement
incompatibles avec l’activité de pêche. Leur mise en œuvre aurait des effets fortement
négatifs sur les emplois dans le secteur de la pêche, à la fois directs et
indirects.
Forte opposition
en Catalogne : atteintes à un environnement unique et fragile
Le Golfe de Roses, en
Catalogne, a également fait l'objet de nombreuses protestations. La plateforme
SOS Costa Brava a réitéré son rejet de la zone éolienne, estimant que "ses
valeurs naturelles exceptionnelles" sont aujourd'hui laissées sans
protection. L'aire marine affectée est située "en plein milieu de zones
protégées", et produira, selon la plateforme "de graves impacts
terrestres sur trois parcs naturels.
De fait, la zone du golfe de Roses et de la baie de
Pals est l'une des plus fragiles de la Méditerranée d'un point de vue
écologique. Elle constitue, selon les scientifiques, le plus grand patrimoine
naturel marin de Catalogne. C'est un espace proche de zones qui comptent une
douzaine de zones de protection de l'environnement, dont certaines labellisées
Natura 2000, à proximité de deux réserves marines, entourées de trois parcs
naturels (le PN de Cabo de Creus, le PN de Montgrí-Les Medes-El Baix Ter et les
Aiguamolls del Empordà NP). Ces arguments sont rappelés dans un manifeste
publié il y a quelques mois par un groupe de scientifiques, soutenu par plus de
100 chercheurs appartenant à plus de 20 centres de recherche, universités et
autres institutions :
(https://drive.google.com/file/d/19ivxq-o5Hlx4gwrBw9jHxumVvPgdMwqd/view?usp=sharing)
De plus, une récente étude scientifique publiée dans
la revue Science of the Total Environment a mis en garde la population contre
les graves impacts que les parcs éoliens offshore peuvent avoir sur la
biodiversité marine, le paysage, la pêche et le tourisme. Cette étude
recommandait d'éloigner ces installations des zones comme celles-ci, protégées
en Méditerranée
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722008956?via%3Dihub
Le gouvernement espagnol a récemment publié le
document de déclaration environnementale stratégique POEM qui maintient le
golfe de Roses comme une zone à fort potentiel pour l'énergie éolienne
offshore. Il convient de noter également que ce document n'a pas pris en compte
les arguments valables pour exclure les projets proposés à Cabo de Gata, en
Andalousie et aux îles Baléares. Cependant, la réglementation précédente de
2007 prévoyait que ces zones devaient être exclues pour ce type d'énergie.
Ça promet de beaux matchs entre le gouvernement
central espagnol et ses régions !
Simulation de la plage de Cadaqués avec le macro
parc éolien réalisée par la biologiste et paysagiste Anna Zahonero.
Hostilité en Galice : Les parcs éoliens offshore
occupent les zones de pêche de la flotte galicienne
Le secteur de
la pêche de Galice a été mis en alerte après l’approbation par le ministère de
la Transition écologique du Plan de gestion des espaces marins (POEM), qui
réglemente les emplacements des parcs éoliens offshore.
Le secteur de la pêche met en garde contre des
effets très négatifs sur les ressources qu’il exploite. L’une des zones les
plus fréquentées pour les bateaux de pêche est celle au large de Ferrolterra,
où les chalutiers de toute la côte galicienne se rendent habituellement. La
zone nord est également un lieu de pêche commun pour les bateaux.
La plateforme des pêcheurs professionnels s’est déclarée
opposée aux projets éoliens offshore et a appelé à la démission de la ministre
de la Transition écologique, Teresa Ribera. Ils considèrent les projets éoliens
comme un « tir au-dessous de la ligne de flottaison du secteur » et
leur porte-parole Torcuato Teixeira a décrit la planification éolienne offshore
comme « écocide et pescacide ».
Couramment, environ 60 ou 70
bateaux de la flotte galicienne pêchent dans les zones affectées par la
planification offshore. Le problème ne se limite pas aux polygones eux-mêmes,
mais concerne aussi les zones traversées par le câblage d’évacuation d’énergie.
Les limitations affecteront à la fois la pêche côtière, artisanale, mais aussi
les bateaux de haute mer qui, pour retourner au port, devront éviter les zones éoliennes.
Le Bloc nationaliste galicien
(BJP), la deuxième force politique du parlement régional parle de colonialisme
énergétique et s’oppose à la planification.
Aux
Canaries : forte opposition des autorités locale et des pêcheurs !
Le ministre de
la Transition écologique du gouvernement canarien, José Antonio Valbuena, a
exclu qu’il y ait des éoliennes offshore à Lanzarote et Fuerteventura malgré le
fait que les plans de planification de l’espace maritime (POEM) du gouvernement
espagnol y prévoient de telles zones.
Comme l’a
expliqué le conseiller dans des déclarations aux journalistes, le gouvernement
espagnol a dû délimiter ces zones conformément aux injonctions européennes,
mais cela ne signifie pas que des parcs éoliens offshore seront déployés dans toutes les zones du POEM.
Le PSOE
Canarien soutient que, bien que les plans de gestion des espaces maritimes
approuvés par le Conseil des ministres définissent des zones à fort potentiel
pour l’énergie éolienne offshore dans quatre îles de l’archipel, les règles
de la communauté autonome ne prévoient actuellement ce type de parcs que dans
le sud-est de Gran Canaria. Le PSOE canarien répond ainsi aux
critiques lancées par la Coalition canarienne et le PP contre la
possibilité d’installer des parcs éoliens au large de la côte orientale de
Fuerteventura, où les deux partis estiment qu’ils peuvent générer des dommages
pour les secteurs de la pêche et du tourisme.
Le président de la Fédération
provinciale des associations de pêcheurs de Santa Cruz de Tenerife, Víctor Juan
Díaz, a dénoncé ce vendredi le « danger » de l’installation de parcs éoliens
offshore sur le plateau continental de la côte de Tenerife car ils pourraient
causer des dommages « irréparables ». Les plans du gouvernement, qui
« prévoient d’occuper 75 km» de côtes, « affecteront gravement le secteur
de la pêche ainsi que la faune marine et les oiseaux qui coexistent dans
l’environnement…L’une des conséquences de ce projet sur le secteur sera
« la limitation de la navigation dans la zone », ce qui impliquera
que « tous les petits bateaux doivent manœuvrer pour éviter ces parcs »,
ce qui « met en danger la vie des marins et des équipages des
navires ». Par ailleurs, compte-tenu de la nature volcanique des fonds, il
faudra les dynamiter pour installer les éoliennes.
En fait, les pêcheurs se
trouveraient exclu du plateau continental. « Les habitants du Tajao vivent à
100 % de la pêche. Si les parcs rendent notre travail difficile, cela n’aura plus
aucun sens de parler de la préservation marine de la région et même de tourisme
», a déclaré Francisco Javier García, président de l’Association des pêcheurs
de Santa Cruz de Tenerife. La zone nord du port de Tajao, où sont prévues des
éoliennes, abrite des cymodocées et des requins-anges (en très
grand dangers de disparition), soit un écosystème marin que le secteur de la
pêche a préservé et que l’éolien risque de faire disparaitre.
« Nous avons appris ces projets par
la presse, ils ne nous ont pas demandé notre avis », a déclaré le
président de l’Association des pêcheurs de Santa Cruz de Tenerife ; nous ne
parlons pas de la mer Baltique, où il y a des zones de peu de trafic et de
vie » !
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