Conclusion : Pour toutes les raisons exposées ci-dessous, PIEBÎEM considère que nous n’avons nul besoin de cette ceinture de 50 zones industrielles proches de nos côtes (moins de 20 km en moyenne contre 40 km en Europe), qui annihile 100 ans de protection du littoral, constitue une menace d’une ampleur inégalée contre la biodiversité, en particulier dans le couloir atlantique, zone majeure de migrations d’oiseaux de cétacés et de poissons, met en péril la pêche côtière, le nautisme, le tourisme et remplace pour des dizaines de millions d’habitants et de visiteurs la vision apaisante du grand large par celle d’un horizon barré d’éoliennes.
Et tout cela pour une production électrique très coûteuse, décorrélée des besoins, d’une variabilité telle qu’elle menace la stabilité du système électrique et qui ne sera disponible, pour l’éolien flottant qu’à l’horizon 2040 où le nouveau nucléaire devrait commencer à prendre le relais. En sus, PIEBÎEM souligne que la méthode proposée par le ministère dans sa Stratégie française pour l’énergie et le climat est inacceptable à bien des égards et comporte de sérieux risques juridiques.
Extraits
1 - Remarque sur l’évolution de la consommation électrique : De façon générale, l’association PIEBÏEM qui a participé à plusieurs ateliers RTE sur les Futurs énergétiques 2050, appelle à la prudence devant les projections de demande électrique des scénarios RTE...
En 2021, RTE présentait une estimation de l’évolution de la demande d’électricité avec une hypothèse de référence à 645 TWh en 2050, critiquée comme sous-estimée par des institutions comme l’Académie des Sciences (700-900 TWh) et différentes parties prenante.
RTE considère aussi maintenant que les « perspectives d’électrification augurent d’une consommation d’électricité en très forte augmentation d’ici 2035 », avec une trajectoire moyenne à 450 TWh et une trajectoire haute vers 550 TW. Cette forte réévaluation de la demande, en particulier à l’horizon 2035 nous semble critiquable, et comme d’autres parties prenantes, notamment EDF et certains syndicats, nous pensons qu’il faut rester prudent sur la vitesse de cette croissance de la demande d’électricité.
De façon réaliste, en accord avec les parties prenantes mentionnées, nous privilégions l’hypothèse d’une croissance de la demande plus forte sur la période 2035- 2050 que sur la période 2023-2035, ce qui devrait conduire RTE à ne pas surestimer la « très forte augmentation d’ici 2035… et par conséquent les besoins de développement de l’éolien en mer.
Nous sommes donc en désaccord complet avec la conclusion suivante du document présenté par le ministère pour la consultation publique sur la Stratégie française pour l’Energie et le Climat- : « Au-delà de cette relance du nucléaire, la stratégie française repose sur le développement des énergies renouvelables qui sont désormais rentables et compétitives"
2 - Les raisons de notre opposition au programme éolien en mer
PIEBÎEM s’oppose de manière résolue au projet insensé de déploiement d'éolien offshore de 18 GW en 2035 et 40 voire maintenant 45 GW en 2050 (ce qui correspondrait à plus de 50 zones industrielles éoliennes off shore de la taille de 1,5 fois Belle-Ile et 4 fois sa hauteur) dont plus de 30 (25GW) pour la seule Bretagne) Ou encore à 90 équivalents Saint-Nazaire pour les côtes françaises, dont plus d’une cinquantaine pour la Bretagne.
Ce serait une transformation généralisée de la mer côtière en zone industrielle, une accaparation et une privatisation sans précédent d'un bien commun, pour une triple absurdité : climatique, électrique, écologique :
- Les côtes françaises se prêtent très mal au développement de l’éolien en mer...Le résultat, c'est l’annihilation de plus de 100 ans d'effort de la protection du littoral...
-Sur la côte atlantique, la position de ces parcs formant une véritable barrière de migration dans des couloirs de migration intercontinentaux d'importance majeure...
- L’intérêt climatique est nul : compte-tenu de l'intermittence et de la forte variabilité, qui exigent des back-up fossiles...
- L’intérêt électrique est nul : de nombreux scenarios (émis par les think-tanks Cérémé, Sauvons Le climat) montrent que l'on peut largement se passer de l'éolien offshore avec notamment prolongation du nucléaire existant à 60 ans pour la plupart des centrales existantes (voire à 80 comme aux USA, pour certaines) et à un développement accéléré mais réaliste du nouveau nucléaire entre 2035 et 2050 pour arriver à l’équivalent d’une vingtaine d’EPR2 en 2050
- La technologie éolienne nous impose une très forte consommation de matériaux, métaux critiques, terres rares et une très forte dépendance étrangère (en particulier chinoise). Les tensions sur le cuivre, les terres rares, l'aluminium, les câbles électriques... se manifestent déjà 3 par une explosion des coûts et des goulots d'étranglement.
- Ces limites physiques du déploiement de l'éolien offshore conjuguées à un mensonge généralisé sur les coûts (des appels d'offres à 50 euros, moins chers que l'éolien terrestre !) se manifestent déjà par l'absence de réponse à l'appel d'offre éolien offshore en Grande Bretagne de septembre 2023, ainsi que par les difficultés très graves des industriels du secteurs....
Visiblement ces données récentes n’ont pas été prises en compte dans le document proposé par le ministère sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat car elles rendent difficilement compréhensibles l’assertion sur « le développement des énergies renouvelables désormais rentables et compétitives »
- L'éolien flottant, qui permettrait de s'éloigner des côtes n'est pas technologiquement mature.
- La préservation de la pêche durable est purement et simplement incompatible avec le développement de l'éolien offshore prévu le long des côtes françaises.
- le ministère reprend sans critique, ni même recul les promesses d’emplois des industriels du secteur ENR...Nous tenons à rappeler qu‘il y a dix ans, le gouvernement écossais proclamait qu’il visait à devenir” l’Arabie Saoudite des Energies renouvelables” et le leader de l’Europe et promettait la création de 28 000 emplois rien que dans l’éolien offshore. En réalité, dix ans après, l’éolien off-shore n’a fourni qu’un dixième des emplois alors promis par les dirigeants écossais
- Objectifs de moyens et objectifs réels de décarbonation: Rappelons enfin que la France se bat (maintenant, enfin !) au niveau européen pour que soient pris en compte des objectifs réels pertinents (pourcentage de décarbonation) et non des objectifs de moyens (pourcentage de renouvelables, en fait énergies variables intermittentes) dont le manque de pertinence quant au problème du dérèglement climatique est révélé jour après jour par la situation allemande et sa comparaison aux performances françaises en matière de décarbonation de l’électricité. Il serait pour le moins paradoxal que la France s’applique en interne des engagements de moyens (éolien en mer), aux surplus inopérants, qu’elle met à juste titre en question au niveau européen.
3 - Les raisons de notre opposition aux méthodes proposées pour le développement de l’éolien marin
Ne souscrivant pas à l’objectif de développement de l’éolien marin présenté par le ministère dans ce document sur la Stratégie française pour l’Energie et le Climat, PIEBÏEM s’oppose donc également très fortement à la méthode proposée...
Cette accélération du processus s’apparente, en ce qui concerne la protection de la biodiversité, à un saut dans un inconnu inquiétant en plaçant une telle chaine quasi-continue de parcs dans des couloirs de migrations transcontinentaux très fréquentés et très importants pour l’avifaune et les cétacés, alors que toutes les autorités environnementales soulignent que nous n‘avons aucun recul sur l‘effet cumulé de parcs. Il y a là un risque imminent d’une ampleur totalement inédite pour la vie et la biodiversité marine côtière qui justifie, au nom du principe de précaution, un moratoire et non une accélération,
Outre ce très grave enjeu de protection de la biodiversité, PIEBÏEM met en garde l’administration française contre un processus d’accélération qui, très clairement ne respecterait la démocratie locale et contreviendrait aux obligations de la convention d’Aarhus....
Par ailleurs, PIEBÏEM rappelle que les autorisations de dérogation « espèces protégées » (59 pour le seul parc de Saint-Brieuc !) doivent répondre à trois critères : absence de solution alternative satisfaisante,maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle et existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM)
Comme le note le juriste Laurent Bordereaux : « la notion de « raison impérative d’intérêt public majeur 5 » comporte une part évidente de subjectivité et nous emmène, concernant les Energies Marines Renouvelables, sur le terrain sensible et complexe de la juste proportion du nucléaire et des énergies renouvelables dans la production d’électricité, dans un contexte national et européen… Comment le juge pourrait-il échapper à cette « controverse sociétale ?
Pour la contribution complète, cf PIEBÏEM ( Préserver l'Identité Environnementale de la Bretagne Sud et des Îles contre l'Eolien en Mer )
https://piebiem.webnode.fr/consultations-et-courriers/
https://piebiem.webnode.fr/piebiem
https://6c235661d6.clvaw-cdnwnd.com/e49789b9b85d0e6024c00e24b0cd330c/200000545-4381243814/PIEBIEM_consultation_Strat%C3%A9gie%20fran%C3%A7aise%20Energie%20Climat_21dec2023.pdf?ph=6c235661d6
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