Pourquoi Pacta sunt servanda ? Parce que
ça fait deux fois en moins d’un mois qu’on nous fait le coup, avec le Traité
franco-allemand d’Aix la Chapelle, objet de ce blog, et avec le traité de Marrakech sur les
migrations- tiens, un sujet pour un autre blog. Quel coup ? Et bien
celui-ci : C’est un traité que nous signons, bon d’accord, il n’a pas été
vraiment discuté, ni au Parlement, ni devant l’opinion publique, mais c’est pas
bien grave, c’est un traité pour rien, un traité qui ne change rien, un traité
qui n’engage à rien ! Vraiment ? Pacta sunt servanda, c’est l’ adage
universel des relations internationales, les traités doivent être respectés.
Alors, il est peut-être bon d’aller un peu voir ce qui se cache derrière – et
rappeler qu’en tout état de cause, il est inadmissible de signer ainsi des
traités engageant le pays en catimini- même Jupiter n’avait pas ce
pouvoir !
Et il y a quand même des points assez
inquiétants…
La défense européenne et l’armement nucléaire français… sous autorité de
l’Otan.
« La «coopération» en matière de défense et le
renforcement «de la capacité d'action autonome de l'Europe» sont cités comme
objectif des relations franco-allemandes. Pour y parvenir, les deux pays
réaffirment, dans le prolongement des accords de l'Alliance atlantique et du
traité de l'Union européenne, leur clause d'assistance réciproque «par tous
les moyens, y compris la force armée, en cas d'agression armée contre leurs
territoires». Les deux pays « s’engagent à renforcer la capacité d’action
de l’Europe et à investir conjointement pour combler ses lacunes capacitaires, renforçant
ainsi l’Union européenne et l’Alliance nord-atlantique ». La France et
l'Allemagne s'engagent aussi à «instaurer une culture commune» entre leurs
forces armées. Elles se fixent comme objectif de surmonter l'une de leurs
divergences majeures: leur approche «en matière d'exportation d'armements».
Pour piloter leurs engagements, le traité institue «un conseil franco-allemand
de défense et de sécurité».
Commentaire : Revenons au précédent
traité, le traité de l’Elysée signé entre le Général de Gaulle et Konrad
Adenauer. En 1963, après le refus des États Unis de former un directoire
occidental avec la France et le Royaume-Uni, le général de Gaulle tenta de détacher
l'Allemagne de l'OTAN pour la ramener à elle et sortir ensemble de l'orbite
américaine. La bombe nucléaire française permettait d’acquérir un nouveau
statut militaire et d'en finir avec les seconds rôles joués sous la IVe
République. Konrad Adenauer accepta de signer le traité, à l'Élysée, et ce
traité, conformément aux intentions de De Gaulle, ne mentionne nulle part les
États-Unis, ni la Grande-Bretagne, ni l'OTAN, ni le GATT…
Las, à Berlin, le Bundestag refuse de ratifier le traité de
l'Élysée en l’état et impose un préambule après avoir voté un préambule comprenant
notamment les mentions suivantes : étroite
association entre l’Europe et les États-Unis d’Amérique »,« admission de la
Grande Bretagne ( c’était bien la peine !) »,« défense commune dans le cadre de
l’Alliance de l’Atlantique nord », «
abaissement des barrières douanières avec la Grande-Bretagne et les États-Unis
d’Amérique, ainsi que d’autres États, dans le cadre du GATT.
De Gaulle qualifia ce préambule d’ »horrible chapeau et
réagit ainsi : « Les Américains
essaient de vider notre traité de son contenu. Ils veulent en faire une
coquille vide. Tout ça, pourquoi ? Parce que les politiciens allemands ont peur
de ne pas s’aplatir suffisamment devant les Anglo-Saxons !... Déçu par le préambule qu’à imposé le Bundestag. Déçu par la mécanique de la coopération
franco-allemande… Si le traité allemand n’était pas appliqué, ce ne serait pas
le premier dans l’Histoire.. »
Et voilà maintenant que le traité d’Aix La Chapelle reprend dans le
corps même du traité la dépendance de l’alliance franco-allemande à
l’Otan ! C’est une trahison de la position constante de la France, c’est
l’enterrement de toute défense européenne autonome. Et ceci alors que l’Otan
n’a plus la justification qu’elle pouvait avoir lorsque l’URSS occupait la
moitié de l’Europe, et que le désintérêt américain pour l’Europe, qui ne date
pas de cette présidence mais a pris un tour plus évident et baroque avec Trump,
lequel, en gros, tous les jours nous explique que nous ne pouvons pas avoir confiance
en lui, ni en les USA.. Eh bien, prenons le au mot, et organisons-nous notre
défense sans lui !.
Mais non, on signe le Aix La Chapelle, qui en est l’exact
contraire !
La
dissuasion nucléaire. Pas un mot clair là-dessus, mais de multiples stipulations
inquiétantes ( par exemple « Les deux États s’engagent à renforcer encore
la coopération entre leurs forces armées en vue d’instaurer une culture commune
et d’opérer des déploiements conjoints…Ils se consultent afin de définir des
positions communes sur toute décision importante touchant leurs intérêts
communs et d’agir conjointement dans tous les cas où ce sera possible…Ils instituent
le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité comme organe politique de
pilotage de ces engagements réciproques » qu’il faudrait urgemment
préciser. La France garde-t-elle oui ou
non une dissuasion nucléaire autonome ? Parce que, si l’interprétation
du Traité est qu’il faudrait l’autorisation de l’Allemagne avant toute
utilisation de l’arme atomique, alors, c’est a fin de la dissuasion française.
Une dissuasion à deux boutons, ça n’existe pas !
La question se pose de façon suffisamment sérieuse pour que des experts
tels Olivier Gohin, agrégé de droit public à l'université Paris II et membre du
conseil d'administration de l'Association française de droit constitutionnel
rappelle que la Constitution institue le Président comme « garant de l'indépendance nationale » et
s’inquiète des contradictions éventuelles avec la signature du Traité d’Aix La
Chapelle. Il a appelé à ce que le Traité
fasse l'objet d'une saisine du Conseil
constitutionnel «après sa signature, au plus tôt, et l'autorisation de sa
ratification, au plus tard». Ce serait en effet de bonne précaution.
La politique
économique et énergétique sous la coupe de l’Allemagne !
Les deux États se fixent comme objectif «d'instituer une zone
économique franco-allemande dotée de règles communes». Pour y parvenir,
«l'harmonisation du droit des affaires» est citée comme une priorité ».
Bon sang, l’Allemagne ne nous impose pas encore assez ses vues, pour la
défense de ses intérêts en matière économique, à nous et à toute la zone
euro ! Pas assez de politique austéritaire, de restriction monétaire, pas
assez de 3% ( une politique qui convient très bien à ce pays en rapide déclin
démographique) ?
Les deux pays veulent «des
projets conjoints» en matière de transition énergétique. Le traité prévoit
l'adoption d'un «programme pluriannuel de projets» communs. Une première liste
sera présentée mardi avec la reconversion de la centrale nucléaire de Fessenheim…
Merde ! L’Allemagne émet 10 fois plus de CO2 par kwh que la France
(50g contre 500g), parce qu’elle a arrêté son nucléaire et qu’elle l’a remplacé par du
charbon, l’Allemagne qui pollue toute l’Europe avec son lignite ( dont elle a
encore augmenté l’exploitation cette année), l’Allemagne va nous aider
gentiment à abandonner l’un de nos rares atouts compétitifs, l’énergie
nucléaire, au surplus le plus écologique qui soit, et le seul à permettre de
répondre au défi climatique. Traité de merde !
Le siège permanent de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU. Marine
Le Pen a raison !
Lorsque Marine Le Pen a affirmé que le Traité
d’Aix La Chapelle pouvait remettre en question le siège permanent de la France
au Conseil de Sécurité et imposer un partage de ce siège avec l’Allemagne, les
beaux esprits (par exemple le Desintox d’Arte) ont hurlé, au choix, à la folie,
au fake news, à la manipulation…
Ils se fichent vraiment de nous, et la colère
contre ces media menteurs se comprend. Tout d’abord, un ministre allemand, et
pas le moindre, le ministre des Finances Olaf Scholz, a suggéré que la France cède son
siège permanent à l'Europe… L’idée leur trotte bien dans la tête.
Ensuite, le Traité précise que la diplomatie
franco-allemande «fait de l'admission de l'Allemagne comme membre permanent
une priorité» politique. Les deux pays se promettent «de coordonner
étroitement leurs positions» au Conseil de sécurité. (Ca commence à
ressembler à un partage, non)
Et puis ? Donc, notre représentant va
aller voir les trois vrais grands, Trump, Xi Jinping et Poutine et leur
expliquera que « la France fait de l'admission de l'Allemagne comme
membre permanent une priorité politique ». Bon courage ! Je vous fais
la réponse de Xi Jinping, c’est le plus prédictible : « Zêtes
cinglés, non. Le prochain, c‘est le Japon ?). Pour Trump, c’est aussi non
de toute façon, mais le détail est un peu plus difficile à prédire (No, et
l’Allemagne, c’était bien mieux quand il y avait un mur, ils devraient le
reconstruire !). Poutine ? (Niet, ou je veux aussi un siège permanent
pour ma Crimée ?)
Et si on insiste, je suppose au la réponse
pourrait être : Bof, si vous y tenez vraiment, vous avez cas partagez
votre siège à vous avec l’Allemagne ?
Décidément ce Traité combine le ridicule, le
très dangereux et frôle la trahison. (et quant aux commentaires des media
officiels, ils ne font rien pour renforcer leur crédibilité !)
Et pourtant, il ne faut pas le prendre à la
légère. Pacta sunt servanda
Bon maintenant, il y a quelques trucs intéressants qui ont été
discuté lors de la signature du pacte, comme comme la liaison ferroviaire Colmar-Fribourg…
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