Europe et Eurokom
Dans
un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal
sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui
sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et
la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission
européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme
d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle
des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté
Européenne.
Florilège de l’arrogance :
S’il
y a un mot qui vient spontanément à ceux qui ont fréquentés de près ou de loin
petits ou très grands fonctionnaires européens, c’est celui d’arrogance.
Florilège public :
Un
récidiviste : Günther Oettinger, actuel commissaire européen au budget, à
propos du vote en Italie ayant conduit au pouvoir une coalition
« populiste » Ligue du Nord, Cinque stella rejetant le corset
d’austérité : « Les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter. »
Le
même, parlant du refus de la Wallonie d'avaliser la signature du CETA (accord
de libre échange avec le Canada) sans clarification, « il est inacceptable qu' une
micro-Région gérée par des communistes bloque toute l'Europe ».
Janusz
Lewandowski, Commissaire au budget : « Les Etats membres sont par
conséquent de plus en plus otages des réflexes xénophobes de l'extrême droite.
Les partis d'extrême droite sont actuellement « les plus véhéments au Parlement
européen où ils commençent à imposer leurs lubies à l'ensemble de l’Europe
». (Quel élégant moyen de disqualifier toute opposition à la politique
européenne !)
Pierre
Moscovici, Commissaire aux Affaires économiques et financières, fiscalité et
douanes, également à propos du Ceta : « si un État ne ratifie pas le Ceta,
le traité s'appliquera quand même puisqu’il est déjà en vigueur de façon
provisoire »
Le
même Pierre Moscovici a été qualifié par le journal danois Handelsblatt de
« Champion européen de la paresse». C’est ne fait peut-être même pire,
comme l’illustre ce fait rapporté par Handelsblatt :
« Le
président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem aurait d'abord «lutté» pour se
faire entendre. «Pierre, pouvez-vous dire quelque chose à ce sujet ?», a-t-il
demandé au commissaire aux Affaires économiques de l'Union européenne, dans des
propos relayés par Handelsblatt. Le sujet en question était l'approbation ou non de la prochaine
tranche de crédit pour la Grèce. A trois
reprises, Jeroen Dijsselbloem s'adressera en vain à Pierre Moscovici,
d'après le quotidien. Enfin, Declan Costello, représentant de la Commission
européenne dans les négociations entre les créanciers et la Grèce, a envoyé une
«antisèche» au Français. Pierre Moscovici «apparemment sans méfiance», lisait
tout ce qui était écrit dessus : la question de Jeroen Dijsselbloem et la
réponse à apporter. Le malaise s'installant, le reste de l'Eurogroupe serait
resté silencieux. »
Michel
Barnier, Vice-Président de la Commission, à propos du Brexit : « il
serait nécessaire d’expliquer aux citoyens britanniques les conséquences
extrêmement sérieuses d’une sortie du marché unique. Nous devons leur enseigner
cela ».
Viviane
Reding, Commissaire à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté,
également à propos du Brexit : « Les britanniques sont trop ignorants au sujet de l’Europe pour que l’on organise un
référendum sur le sujet »
La
même, à propos des expulsions de Roms décidés par le président Sarkozy :
« nous avons de sinistre mémoire les déportations pendant la Deuxième
Guerre mondiale, alors recommencer cela. Ce serait la fin de l’Europe. Je dis
non et en tant que gardienne des traités, je m’y oppose! ». Réponse de Pierre
Lellouche, alors secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, Pierre
Lellouche ! « Ce n'est pas comme cela que l'on s'adresse à un grand
Etat ». Ben si !
Tiens,
un autre récidiviste, assez gratiné, Karel De Gucht, Commissaire européen au
Commerce, à propos du probable rejet massif du traité d'Accord commercial
anti-contrefaçon (ACTA) par le Parlement européen : « Si vous décidez d’un vote
négatif avant que La Cour européenne ne statue, laissez-moi vous dire que la
Commission continuera cependant à poursuivre la procédure actuelle devant la
Cour de Justice, comme nous y sommes engagés. Un vote négatif ne stoppera pas
la procédure devant la Cour de Justice. »
Le
même fut à l'origine d'un incident diplomatique avec les Pays-Bas, lorsqu'il
décrivit le Premier ministre Jan Peter Balkenende comme « un mélange entre
Harry Potter et un bourgeois rigide sans charisme »
Et
encore ceci : « le lobby juif au Capitole ne doit pas être
sous-estimé… Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël
», chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », « Il n’est pas facile,
même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle ». Face au
tollé, le Président de la Commission Européenne (Barroso)…refusa toute
sanction.
Ou
quand l’arrogance le dispute au cynisme…
Pratique de
l’arrogance : le Selmayr-gate
En février
2018, Juncker décide de
promouvoir Martin Selmayr, son chef de cabinet, au poste de secrétaire général (SG), le poste administratif le
plus important de l’Europe. Simple
conseiller principal, sa fonction dans l’administration, il s’est d’abord porté
candidat à un poste de secrétaire général adjoint (SGA), qu’il a fait
opportunément libérer fin janvier en promouvant sa titulaire. Une procédure
taillée sur mesure pour lui. Puis Juncker annonce que le secrétaire général
sortant, le Néerlandais Italianer prend sa retraite (à 61 ans), après trois ans
seulement à son poste. Dans le même mouvement, il nomme Selmayr à sa place,
sans qu’aucun des 27 commissaires ne proteste. Deux promotions en une minute, une procédure de recrutement bidonnée,
le passage par l’étape SGA étant nécessaire pour être nommé SG, aucun appel à
candidatures pour le poste de SG afin d’éviter la concurrence….
Pour la première fois dans l’histoire communautaire, la nomination
d’un fonctionnaire est mise en cause par le Parlement – la seule instance élue,
qui vote une résolution affirmant que cette
nomination a réussi l’exploit de «susciter l’irritation et la
désapprobation de vastes pans de l’opinion publique» jusqu’à entacher «la
réputation» de l’Union et demandant que la Commission reconnaisse
publiquement que le «Selmayrgate» a «été préjudiciable à sa
réputation».
Réponse du Commissaire
chargé de la fonction publique Oettinger : la « nomination du nouveau
secrétaire général de la Commission ne peut être révoquée et elle ne le sera
pas puisque la Commission a respecté tant l’esprit que la lettre de toutes les
règles» : les
eurodéputés n’ont pas examiné «les choses de manière sereine, objective et
lucide». Et Juncker menace de démissionner si Selmayr n’est pas confirmé.
On savait que Juncker a parfois besoin d’un tuteur pour ne pas se ramasser dans le
ruisseau et d’un ventriloque lorsqu’il a l’élocution par trop vaseuse. Mais
tout de même !
Pratique de l’arrogance : les
rémunérations des fonctionnaires européens.
Invité
sur France Info mercredi 28 janvier, Pierre Moscovici, récemment nommé
commissaire européen aux affaires économiques et financières, a montré une
certaine gêne au moment où sa rémunération a été abordée. Quand le chroniqueur
Guy Birenbaum évoque sa « très
confortable indemnité de commissaire européen, pas loin de 24 000 euros
mensuels », M. Moscovici botte en touche : « Je paye des impôts et beaucoup
d'impôts. Je ne m'en plains pas. J'ai un travail, un bon salaire, mais pas
celui que vous dites. (...) Vous êtes franchement dans une exagération, je
pourrai vous donner ma feuille de paye, elle est déjà très confortable. »
Toute
enquête faite, M. Moscovici perçoit une rémunération mensuelle brute de 24
565,15 euros. Le chroniqueur de France Info avait donc visé juste, quoi qu'en
dise l'ancien ministre socialiste. A ce total, on peut ajouter les
remboursements des frais de déplacement vers Bruxelles et quelques indemnités
exceptionnelles dont peut bénéficier chaque commissaire. Au moment de
l'installation dans la capitale belge, qui fait suite à la nomination en tant
que commissaire, une indemnité de deux mois de salaire de base est versée, soit
41 665 euros. . C'était alors largement
plus que François Hollande, qui gagne environ 15 000 euros mensuels (il a
diminué cette rémunération de 30 %, son prédécesseur émargeait à 21 300 euros).
Le
toujours excellent ( mais parfois partial…dans le sens pro-européen) Jean
Quatremer, a publié sur son blog un article détaillant les salaires des
fonctionnaires européens. Il y dénonce "des secrétaires mieux payées que
des profs de fac". "Les salaires vont de 2 600 à 4 400 euros brut
pour le personnel d’exécution (secrétaires, assistants) et de 4 400 à 18 400
euros brut pour les agents de «conception», les rémunérations les plus élevées
étant réservées à une poignée de hauts fonctionnaires (la moyenne salariale
tourne autour de 7 000 euros). Si l’on y ajoute une prime d’expatriation de 16%
et des allocations familiales de 365 euros par enfant, on comprend que beaucoup
de citoyens européens s’étranglent à l’heure des coupes sombres dans les pays
membres. Et pourtant, "les 56 000 «eurocrates» se sentent mal aimés"
en général et à Bruxelles en particulier.
Les
reproches adressés à l’eurocratie - arrogance, irresponsabilité - ne sont pas
infondés. « Depuis la crise de la zone euro, nous avons des pouvoirs importants
dans le domaine des politiques économiques et budgétaires nationales, raconte un
haut fonctionnaire belge de la Commission. J’ai
assisté à une rencontre entre nos agents et la direction du Trésor français.
C’était hallucinant : ils se comportaient comme un maître d’école expliquant à
un mauvais élève ce qu’il devait faire.
J’ai été très admiratif du
directeur du Trésor qui a gardé son calme. On ne parle pas ainsi à un
gouvernement démocratiquement élu : à force d’être irresponsables, nos
fonctionnaires ont perdu tout sens politique.» Il faut aussi voir comment se
comportent les représentants de l’institution bruxelloise dans les troïkas
(Commission, Banque centrale européenne et FMI) chargées de concocter des
programmes de rigueur dans les pays de la zone euro en difficulté : «Le FMI semble gauchiste à côté de nous
tellement nous sommes coupés des réalités», se désespère un fonctionnaire
roumain.
Et
savez-vous quoi : chez ces fonctionnaires européens, les cas d’alcoolisme
et de dépression, sans compter le harcélement moral (environ 150 agents portent
plainte chaque année !)
Un
début de culpabilité ?
Cette
phrase de l’ancien dissident soviétique
Vladimir Boukovski, à propos de la Communauté Européenne : « L’Union européenne, comme l’URSS, ne peut pas se
démocratiser. J’ai vécu dans votre futur et ça n’a pas marché »
Il faut sortir de cet Eurokom !
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