EPR et EDF :
inquiétude et vérité des chiffres. Ce n’est pas l’EPR qui met EDF en péril !
On entend beaucoup de chose sur le coût exorbitant de l’EPR, et même à
l’intérieur de l’entreprise, certains s’inquiètent et voient déjà EDF en
faillite à cause du coût de l’EPR et du nouveau nucléaire. Il n’est pas
difficile d’ailleurs, comme dans beaucoup d’entreprises, d’y voir la marque de
la prise du pouvoir des hommes gris de la finances et de leurs tableurs excel,
peu au fait de ce qui gouverne vraiment la réalité (les lois physiques plutôt
que les hasardeuses prévisions financières), au détriment des ingénieurs et
entrepreneurs. Ces hommes qui toujours gèrent le déclin jusqu’à ce qu’il ne
reste plus rien à gérer et jamais
n’inventent l’avenir ; avec eux, jamais le nucléaire français ne serait
advenu. Bon, ce petit compte réglé, je me calme et j‘essaie de donner quelques
éléments.
D’abord, l’EPR est un réacteur qui
correspond aux besoins énergétiques futurs. Si l’on veut répondre au défi climatique
sans provoquer l’effondrement de nos sociétés, c’est au niveau européen et
mondial Il est plus puissant, plus sûr, utilise mieux le carburant nucléaire,
c’est la source d’énergie la plus intensive, qui occupe le moins d’espace (
allez, approximativement, un seul EPR ça vous fait une double rangée d’éolienne
tout le long de la côte méditerranéenne – et envore, à supposer qu(elles
puissent fonctionner de manière optimale dans ces conditions)
Ensuite, L’EPR
fonctionne. Deux EPR en Chine, à Taishan, construits en collaboration avec EDF
crachent vaillamment tous leurs électrons depuis décembre 2018 et juin 2019. Le réacteur finlandais d’
Olkiluoto a été
achevé, il est en train de charger son combustible. Deux autres sont en
cosntruction à Hinkley Point en Angleterre.
Ensuite,
ensuite l’EPR est rentable, beaucoup plus que toutes les ENR ! L’EPR de Flamanville
coutera 13 milliards d’euros. C’est beaucoup trop cher, et cela résulte du fait
que 1) c’est le premier prototype ; 2) il a souffert de la désorganisation
de la filière nucléaire française ( Areva et EDF séparés et concurrents !)
et d’une certaine perte de compétence de la capacité d’équipementier d’EDF qui,
grâce aux manœuvres des étrangleurs ottomans du nucléaire, antinucléaire par
idéologie, décisionnaires lâches ou incompétents) n’a pas construit de
réacteurs depuis près de 20 ans (Chooz, 2000)
Mais l’EPR sur sa durée
de vie de 60 ans rapportera au moins déjà le triple de son coût, assuré. Et
sans doute beaucoup plus. Parce que si l’on
veut parler d’actualisation, qu’on me dise ce que vaudra une électricité
abondante, décarbonée et surtout pilotable dans trente ou quarante ans, si,
comme il est important si l’on veut combattre efficacement le dérèglement
climatique, la taxe carbone explose et si grâce aux pitreries des Allemands et
de leur Energiewende, l’électricité devient rare et les black out se
multiplient.
Petit rappel : coûts
actuels de l’électricité (cf. rapport de
la Cour des Comptes, https://www.contrepoints.org/2019/10/24/356359-parc-nucleaire-francais-le-veritable-cout-de-production;
https://twitter.com/Claude_II_lul/status/1190328126200520704?s=19)
Nucléaire
historique :33-40€/MWh
Photovoltaïque
: 62-99€/MWh
Eolien : 60-65€/MWh
Eolien
marin : 200-220/MWh
EPR:70-110€/MWh
Ajoutons
les subventions publiques: Eh oui, les producteurs « alternatifs »
les oublient souvent !
Nucléaire
: 25€/MWh
éolien:
476 €/MWh
photovoltaïque :+500 €/MWh
Bon,
par gentillesse, on a laissé l’éolien off shore qui enfonce tout ( voir qd même
ci- après)
Rapport
de la Cour des comptes 2018 :
Solaire : l'État doit ainsi payer chaque année 2 milliards d'euros
pour produire par le solaire... 0,7 % du mix électrique français !!!.
Soit, d'ici à 2030, la bagatelle de 38,4 milliards d'euros, pour une goutte d'eau énergétique.
Soit déjà 3 EPR tarifs Flamanville ( et on peut faire beaucoup moins !)
Eolien off shore !:Les six parcs d'ores et déjà
attribués au large des côtes françaises devraient coûter 2 milliards d'euros
par an sur 20 ans, soit un montant total de 40,7 milliards, pour une part de 2%
du mix énergétique !!!
Soit
encore 3 EPR tarifs Flamanville (allez, même 4 tarif normal) !
Et l’on parle là de sommes déjà engagées, pas des derniers délires
de promotion de l’éolien terrestre et surtout off shore !
C’est pas de l’EPR qu’EDF risque de mourir, mais de l’éolien !
En France, l’Iddri et Agora Energiewende
estiment les financements publics en
faveur des EnR électriques à près de 5 milliards d’euros par an pour les années
2018 à 2020 ( déjà engagés) et si l’ons uit la démente PPE, ce la va augmenter.
l’Iddri et Agora Energiewende prévoient un pic entre 6,5 et 8,5 milliards d’euros par an à l’horizon 2025-2030 !!!
Donc, même à coût explosé ( et c’est vrai ça a pas été
top top !), l’EPR de Flamanville équivaut à environ 2 ans et demi de subventions aux
énergies renouvelables (actuellement
et un an et demi dans la prochaine décennie)
Donc : 10 milliards
d'euros, c'est la somme que nous payons tous, en deux ans et demi, sur nos
factures d'électricité, en subvention aux énergies photovoltaïque et éolienne.
Pour vous en convaincre, consultez donc sur votre dernière
facture EDF la ligne « Contribution au service public de l'électricité », ou
CSPE. Cette contribution était jadis consacrée à la solidarité, solidarité
sociale avec ceux qui ne peuvent pas payer leur facture, et solidarité
géographique avec les territoires où la production d'électricité coûte beaucoup
plus cher (Corse, DOM-TOM, etc.). En 2003,
par exemple, la CSPE presque totalement consacrée à la solidarité a coûté 1,5
milliards d'euros. En 2015, la CSPE
coûtera 7 milliards, dont seulement 29 % iront à la solidarité : tout le reste,
ce sont des subventions à l'électricité d'origine renouvelable et à la
cogénération.
La CSPE
n’aide plus la précarité électrique, elle subventionne grtassement les
nécessiteux producteurs d’ENR.
Donc
CQFD, ce qui met en péril EDF, ce n’est pas le coût du nucléaire, mais celui
des ENR !
La politique
aberrante de pillage d’EDF :
Plusieurs de ces thèmes ont déjà été abondamment traités dans ce
blog, je n’y reviens ici qu’en résumé (cf. aussi une enquête intéressante de Marianne, magazine numéro 1178,
"EDF : le démantèlement a commencé" ,)
Loi NOME et ARENH: En 2010, la loi NOME met
en place l’Arenh (accès régulé à l’énergie nucléaire historique). Ce mécanisme
permet aux nouveaux arrivants de s’approvisionner en électricité dans des
conditions économiques équivalentes à celles supportées par EDF. Le prix de
l’Arenh fixé par l’État à 42 € n’a pas évolué depuis 2012. En 2018, les opérateurs alternatifs ont demandé plus de 100 TWh, soit
le quart de la production nucléaire d’EDF… En 2007, lors de l’ouverture du
marché à la concurrence, Force
Ouvrière avait dénoncé le manque d’incitation à investir dans la production par
les défenseurs de la concurrence à outrance. Elle avait alerté en disant que
tout ceci aura des conséquences graves au regard de la sécurité
d’approvisionnement qui est déjà fragilisée par le manque d’investissement…
EDF est obligé de subventionner des opérateurs alternatifs soi-disant vert,
qui se gavent surtout de nucléaire historique (aux dépends du patrimoine des
Français).
La pression politique
sur les prix : EDF s’est vu imposer une évolution
irréaliste des prix, même une baisse à partir de 1996 et une quasi-stabilité jusqu’en 2010EDF
s’est vu imposer une évolution irréaliste des prix, même une baisse à partir de
1996 et une quasi-stabilité jusqu’en 2010. De 1983 à 2014, l’indice général des
prix a augmenté de 116 %, le salaire moyen des Français de 160 % mais
le tarif de l’électricité de seulement 42 %.
Prix d’achat des ENR :
j‘ai mentionné plus
haut le coût réel des ENR plus subventions comparé au nucléaire plus
subventions. Le fait est qu’une bonne partie de ces subventions a été effectué
au détriment direct d’EDF. En plus des
manipulations de ses prix de vente, EDF a été contraint d’acheter aux
producteurs, notamment solaires et éoliens, toute leur production à des prix administrés très supérieurs à ses
propres coûts de production. Pour le solaire sur les toits des bâtiments, les
prix imposés étaient de huit fois supérieurs au coût de revient EDF
(420 euros/MWh contre 50). Et comme leur production est aléatoire et
intermittente, toujours hors pics de consommation, elle est deux à trois fois
moins utile que celle des centrales produisant à la demande, soit un coût réel de 16 à 24 fois supérieur aux prix de
marché. Ce soi-disant « investissement » ne s’est traduit par la
création d’aucune entreprise française du secteur, tous les panneaux
photovoltaïques étant importés de Chine. Pour
les éoliennes marines, les prix seront, à leur démarrage en 2022 et pour une
durée de vingt ans, 4 à 5 fois supérieure aux prix actuels de marché
(200-220 euros/MWh). Ces projets ont été lancés par les gouvernements
français de façon improvisée et prématurée, sans tenir compte des réalités
techniques et économiques.
Ponction sur les
bénéfices : EDF verse chaque année
environ 2 milliards d’euros de dividendes, principalement à l’État. Un
montant exigé pour rapprocher le déficit public de l’engagement pris à
Bruxelles par le gouvernement. En fin, celui-ci s’est rendu compte en 2016 qu’il
avait quelque peu abusé et a recapitalisé EDF pour 4 milliards d’euros. De
toute façon, largement insuffisant compte-tenu de la reprise de la Cogema. Où
est la cohérence ? à part une politique de très court terme, ceci depuis
des années…
Perturbations du
marché de l’électricité : Les subventions massives aux énergies renouvelables et l’obligation d’achat
mise en œuvre par les gouvernements français et étrangers ont bouleversé le
marché européen de l’électricité : plus l’électricité est coûteuse à produire,
plus son prix baisse sur le marché libre. Un paradoxe difficile pour EDF qui
dispose d’une base de production efficace mais à coût fixe. Une situation qui
n’a pas été anticipée par le gouvernement dans ses négociations à Bruxelles,
une grande partie des perturbations provenant des productions aléatoires de
pays voisins (Allemagne, Espagne). Autrement
dit, le fait d’assurer une production
pilotable permettant de suivre la consommation n’est plus rémunéré à son juste
coût…d’autant que plus il y a de renouvelables intermittentes, plus ce coût
augmente en même temps qu’il est de plus en plus nécessaire.(puisqu’il faut
bien garder les productions pilotables à un niveau équivalent à celui des
intermittents)
C’est toute l’imbécillité
de la PPE en France ! remplacer du nucléaire pilotable par de l’éolien non
pilotable (plus du gaz) , c’est mauvais climatiquement, économiquement,
socialement, écologiquemen
Bon, l’EPR sera le
moindre des soucis d’EDF, une fois que les dirigeants politiques auront eu le
courage de prendre la décision qui s’impose rationnellement… 6, 8, 10 EPR…. Maintenant !
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