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dimanche 20 septembre 2020

Allemagne :une hirondelle pro-nucléaire fait-elle le printemps ?

Allemagne :une hirondelle pro-nucléaire fait-elle le printemps ?

Pas sûr, mais c’est toujours bon à prendre !

Rainer Moormann et Anna Veronika Wendland, deux Verts historiques auteurs d’une trinube pro-nucléaire.

Deux militants écologistes Allemands dont un anti-nucléaire historique (Dr. Rainer Moormann) ont plaidé dans une tribune du Zeit pour une sortie du charbon et du gaz avant que ne soient fermées les six centrales restantes…et même éventuellement, selon l’état des techniques de stockage pour la construction de nouveau nucléaire !

Rainer Moormann, physicien, né en 1950, s’est notamment fait connaitre dans les années 2008 par une campagne bien argumentée sur les dangers des « réacteurs à lit de galets ». Il s’agissait de réacteurs nucléaires haute température, avec par exemple le thorium high-temperature nuclear reactor (THTR-300) construit en 1983 à Hamm-Uentrop (Allemagne) et définitivement arrêté en 1989. Pour modérer la réaction en chaîne, il utilise du graphite pyrolitique, ce qui, comme l’as souligné Rainer Moormann, en raison du caractère inflammable du graphite, présentait des dangers non négligeables d’incendie. De plus, comme le combustible est contenu dans du graphite, le volume des déchets nucléaires est plus important.

 Une mauvaise filière dont Moormann a obtenu l’arrêt. Pour cela, il a reçu le prix des lanceurs d’alerte de de la Fédération des scientifiques allemands.

 Anna Veronika Wendland (née en 1966) est une historienne de la technologie allemande et de l'Europe de l'Est. Après avoir participé dans sa jeunesse au mouvement antinucléaire allemand (mais surtout en lutte contre le nucléaire militaire), elle est devenue une avocate de l'énergie nucléaire civile et est maintenant l'une des figures les plus en vue du mouvement pro-nucléaire allemand, impliquée dans les associations Nuklearia et Ökomoderne (Nuklearia est issu du Parti Pirate allemand, dont une partie des membres a affirmé son soutien au nucléaire civil). Le mieux est qu’après avoir longtemps polémiqué entre eux, Moormann et Wendland se sont mis d’accord pour publier l’article du Zeit , qui a fait un certain bruit.

 L’article du Zeit : Arrêtez l'élimination du nucléaire ! (Stoppt den Atomausstieg! )

 https://www.zeit.de/2020/30/deutsche-klimastrategie-atomausstieg-co2-emissionen-bundesregierung

L’article est assez long. Par ailleurs, il est basé sur mémorandum des deux écologistes historiques encore plus documenté

 Extraits : critique de l’energiewende :

 « Il n'est pas exagéré de parler d'une urgence climatique. Le réchauffement climatique affecte également nos latitudes tempérées, auparavant favorisées par les conditions climatiques. Il est donc indispensable de passer de la production d'électricité à partir de combustibles fossiles à une production d'électricité neutre en CO₂ le plus rapidement possible. Après la décision d'élimination du nucléaire en 2011, l'Allemagne s'est donc concentrée sur l'expansion des énergies renouvelables, en particulier les centrales éoliennes et solaires.

 Néanmoins, notre pays manque toujours ses objectifs d'économie de CO₂. En 2020, seule la crise de la Covid19 , qui a provoqué l'effondrement des émissions de CO₂, a sauvé la République fédérale, qui aime à se considérer comme un pionnier de la protection du climat, de l'embarras. Et cela ne semble pas mieux pour les prochaines années: l' élimination du nucléaire réduira à zéro la production d'énergie nucléaire à faible émission de CO₂ d'ici 2023. Les énergies renouvelables ont été considérablement développées, mais sans stockage, elles ne peuvent pas remplacer les centrales nucléaires car elles s'alimentent en fonction de la météo et de l'heure de la journée. Contrairement aux centrales nucléaires, l'énergie éolienne et solaire ne fournit pas de «performances sûres (pilotables)», comme on l'appelle en termes techniques. Au lieu de cela, les centrales électriques au charbon et au gaz, nuisibles au climat, comblent le vide. »

 Une attitude logique : sortir du fossile avant de sortir du nucléaire, garder le nucléaire pour assurer la sécurité énergétique

 « Il est donc temps de changer de cap en matière de politique énergétique. Les six centrales nucléaires allemandes restantes devraient rester sur le réseau pendant une période limitée. Ces systèmes sont parmi les plus matures techniquement de leur génération dans le monde. Les licences d'exploitation expireront à la fin de 2021 et à la fin de 2022. Un arrêt serait irréversible. Ce serait l'approvisionnement énergétique nettement plus respectueux du climat que le charbon. Les six dernières centrales nucléaires allemandes, avec leur puissance nominale brute totale d'environ 8 500 mégawatts, génèrent autant d'électricité que l'ensemble du parc de centrales au lignite en Rhénanie du Nord-Westphalie. Cela n'a aucun sens de maintenir en fonctionnement les centrales électriques au lignite particulièrement dommageables pour le climat et de fermer les centrales nucléaires. Ce serait l'inverse: revenir sur la fermeture du nucléaire pour le moment réduirait considérablement les émissions totales de CO₂ allemandes…

 Jusqu'à présent, la stratégie climatique allemande dans le secteur de l'énergie s'est articulée autour de trois axes: une élimination rapide de l'énergie nucléaire, une expansion des énergies renouvelables et une lente élimination des combustibles fossiles. Toutes les centrales électriques au lignite et au charbon en Allemagne ne seraient pas être fermées avant 2038. La meilleure solution serait  une lente élimination du nucléaire, une expansion des énergies renouvelables et une élimination rapide des fossiles. Outre la protection du climat, il y a une autre raison importante à cela: la sécurité énergétique du pays.

Si le vent et le soleil ne délivrent que partiellement ou pas du tout d’électricité, souvent pendant des jours, le stockage à court terme par batterie ne suffit pas. Il n'y a alors que deux remèdes: le stockage d'électricité à long terme ou un réseau de sécurité des centrales conventionnelles. »

Sans stockage de l’électricité à long terme, il n’y a comme solution que le gaz qui n’est pas climatiquement acceptable et implique une trop forte dépendance vis-à-vis de la Russie

 « Les systèmes de stockage d'électricité à long terme n'ont jusqu'à présent existé que sous forme de petits systèmes pilotes. La méthode préférée consiste à générer de l'hydrogène avec de l'électricité verte et à la convertir à son tour en méthane gazeux («power-to-gas»). Il faudrait construire une énorme infrastructure de parcs éoliens, d'électrolyseurs et d'usines de biogaz comme source de carbone pour la méthanisation. Cela reste très coûteux, c'est pourquoi aucun investisseur ne veut l'aborder sans l'aide du gouvernement.

 Mais selon les normes industrielles, les 18 ans avant la fermeture de la dernière centrale au charbon ne sont pas très longs. Nous craignons que d'ici là, il n'y ait  pas de systèmes de stockage d'électricité à une échelle suffisante.

 On ne peut compter sur les systèmes de stockage d'électricité qui arriveront trop tard . Tout se résume donc actuellement à la création d'un parc de centrales à gaz comme filet de sécurité pour les énergies renouvelables. Personne ne le dit ouvertement, mais c'est dans les recommandations de la Commission Charbon et dans les études de faisabilité de la transition énergétique. C'est ce qu'il ressort des lois et des propositions législatives sur la production combinée de chaleur et d'électricité et le renforcement structurel. C'est l'une des raisons pour lesquelles Angela Merkel défend avec tant de ténacité le gazoduc Nord Stream, à travers lequel le gaz circule directement de la Russie vers l'Allemagne. En juin 2019, le co-auteur de cet article était assis dans la salle du Dialogue de Pétersbourg à Bonn, lorsque le Premier ministre de Rhénanie du Nord-Westphalie, Armin Laschet parlait de son optimisme à propos de la Russie en tant que partenaire de la transition énergétique allemande. Selon le Comité oriental des affaires allemandes, la partie russe a évoqué le "rôle clé" du gaz naturel dans un "futur système énergétique". Le fournisseur de gaz Vladimir Poutine profite donc de la sortie du nucléaire allemand.

 Cependant, le gaz naturel n'est pas une solution à long terme pour plusieurs raisons: en raison des fuites de méthane qui se produisent dans la chaîne de production et de transport, il est aussi dommageable pour le climat que le charbon dans le bilan global, (NB tout de même moins polluant !) comme l'a récemment montré une étude d'Energy Watch Group. En conjonction avec les énergies renouvelables, les centrales au gaz naturel fonctionneraient généralement à charge partielle, ce qui augmente leurs émissions et les rend plus coûteuses à exploiter. Enfin, la dépendance énergétique croissante à l'égard d'une Russie de plus en plus autoritaire est politiquement risquée.

De plus, l'expansion des énergies renouvelables est également problématique d'un point de vue écologique. L'association de protection de la nature Nabu et le centre de recherche environnementale de Leipzig soulignent déjà les dangers des monocultures de biogaz et des parcs éoliens pour la biodiversité. Et à l'avenir, nous aurions besoin de systèmes de dimensions complètement différentes de ce que les gens voient aujourd'hui. Afin de rendre notre industrie neutre en CO₂, nous devrions générer et stocker partiellement plusieurs fois l’équivalent de la consommation électrique actuelle. »

 Prolonger le nucléaire existant, lancer le nucléaire futur !

 « Il faut donc arrêter l’élimination du nucléaire et permettre aux centrales nucléaires restantes de continuer à fonctionner pendant une dizaine d’années. Cela se justifie à la fois en termes de sûreté et au regard du faible volume supplémentaire de déchets nucléaires. Si nécessaire, cela doit être fait par l'État, car les groupes opérationnels ne devraient plus être disposés à le faire après des années de va-et-vient pour prolonger la durée…Parallèlement à l'extension du nucléaire, des négociations pour une sortie plus rapide du charbon seraient nécessaires.

 Bien entendu, les énergies renouvelables devraient être développées en même temps et des investissements devraient être faits dans le développement de systèmes de stockage d'électricité. Mais si les progrès essentiels nécessaires sur la voie des grands stockages n'avaient pas été réalisés à l'horizon 2030, la construction de nouvelles centrales nucléaires devrait également être envisagées. Rien de tout cela ne concerne une relance à grande échelle de l'énergie nucléaire. Le but est de l'utiliser comme une technologie respectueuse du climat jusqu'à ce que le pays ait mis en place un approvisionnement alternatif vraiment sûr.

 Il y a maintenant beaucoup de politiciens et de scientifiques, quelques-uns même dans le camp vert, qui pensent au moins ce que nous écrivons. Nous savons cela grâce à de nombreuses conversations. Mais presque personne n'ose contester ouvertement le consensus sur l'élimination du nucléaire en 2011 - la crainte d'une nouvelle controverse nucléaire est trop grande. C'est une mauvaise peur. Nous nous plaçons dans le spectre progressif et écologique. De l’expérience de nos propres recherches, nous sommes conscients que l’énergie nucléaire n’apporte pas de solution sans risque. Mais cela peut donner à notre pays la marge de manœuvre dont nous avons un besoin urgent. »

 Quelques réactions : calme plat pour l’instant !

 Comme chaque fois qu’un tabou important est bousculé, les réactions, surtout dans le monde politique, mettent du temps à apparaître. Tout se passe comme si la tribune du Zeit avait déclenché une période de sidération, durant laquelle les politiques se taisent prudemment en attendant de voir comment tournera l’opinion publique. Signalons du côté Vert des déclarations de responsables anonymes (prudents, lâches ?) qui confirment les propos des auteurs de la tribune sur le thème « en sortant du nucléaire avant de sortir de charbon, nous avons étranglé le mauvais cochon ». Par contre, la réacrion officielle du Parti Vert a été sans appel et toujours aussi absurde « J. Trittin a souligné que l'énergie nucléaire est dangereuse, coûteuse et impropre à la protection du climat. Avec une part de cinq pour cent de l'énergie mondiale, c'est tout simplement trop insignifiant »

 De même la réaction d’EON est assez désespérante : Guido Knott, chef de la filiale atomique d'Eon, Preussen Elektra : « Nous nous concentrons sur l'exploitation sûre de nos trois centrales électriques Brokdorf, Grohnde et Isar 2 encore en fonctionnement jusqu'aux dates légalement stipulées et nous les démonterons ensuite en toute sécurité, rapidement et de manière techniquement innovante… Cinq autres usines sont déjà en cours de démantèlement…Continuer à exploiter les centrales électriques», ce n'est pas une option pour nous ». De quoi donner raison à Moormann : ce sera à l’Etat de décider et de mettre en œuvre la décision.

 Quelques réactions typiques sur le site du Zeit sont intéressantes et donnent peut-être quelques indications sur le futur.

 Evidemment, un certain nombre sur le thème du lobby nucléaire. Mais pas la majorité !

 « La RFA n'a pas besoin d'une élimination "lente" du nucléaire, mais de la fin de l'entrave des énergies renouvelables. Les exploitants d'énergie nucléaire et leurs lobbies ont beaucoup fait pour ralentir ou empêcher l'expansion des énergies renouvelables… »

 Sur l’aspect politique :

 « Arrêter l'élimination du nucléaire - comment cela pourrait-il fonctionner? Il est difficile d'imaginer qu'une majorité au Bundestag voterait pour une prolongation du mandat. Nous n’en sommes pas encore là. Il y a cependant une autre possibilité: pour une motion de révision des normes de la loi sur l'énergie atomique, les voix d'un quart des députés sont suffisantes.

 Selon un avis du juge constitutionnel fédéral Udo Di Fabio de 1999, l'élimination du nucléaire viole le principe de proportionnalité de la Loi fondamentale. Il écrit que "l'augmentation excessive des exigences en matière de sécurité" est "un abus de droit et conduit à une violation de l'état de droit" (article 20.3 de la Loi fondamentale). Dans la perspective d'aujourd'hui, la décision de sortie du nucléaire de 2002 n'a évalué les conséquences sur la vie et l'intégrité physique qu'au regard des risques de l'énergie nucléaire. Les dommages causés par l'augmentation de la combustion du charbon (pollution de l'air et changement climatique) n'ont pas été pris en compte. Cependant, la protection de l'article 2 (2) de la Loi fondamentale s'applique également à ces conséquences.

Un quart des députés devrait être plus facile à trouver qu'une majorité.. »

 Les jeunes :

« Quand j'aborde le sujet de la production d'énergie en classe de technologie, mes étudiants reviennent sans cesse avec la question de savoir pourquoi nous abandonnons l'énergie nucléaire. D'autres pays agissent différemment et le problème avec les déchets peut être résolu plus tard. Il est émouvant de voir à quel point les jeunes peuvent être impartiaux et si honnêtement rationnels. »

 

La rationalité scientifique

 

« 60%! C'est la proportion de l'électricité lignite actuelle qui serait expulsée du réseau au début de 2023…L'élimination du nucléaire et  la mise au rebut virtuelle de TOUS les modules solaires actuellement installés et de plus d’une éolienne sur 10  produira aussi des effets immédiats. Avec une expansion de l'énergie solaire de 130%, nous resterions simplement sur place. Nous sacrifierions alors 2,5 ans de protection du climat pour éliminer l'énergie nucléaire. Il est illusoire que nous puissions éliminer le nucléaire tout en conservant une protection climatique efficace »

 

« Il y a une claire prise de conscience qu'avec les seules «énergies renouvelables», une atténuation du changement climatique et une amélioration du niveau de vie dans les pays du sud, tout en préservant les habitats naturels pour les humains et la faune ne peuvent de loin pas être réalisées. Je pense maintenant que le maintien et le développement de l’énergie nucléaire doivent être une contribution nécessaire à la résolution du problème. Aujourd'hui, un certain nombre de climatologues et d'écologistes éco-modernistes sont parvenus à des conclusions similaires, par exemple le Parti vert en Finlande. Cette évolution semble être plus difficile en Allemagne, peut-être aussi en raison des racines historiques du mouvement environnemental dans le mouvement antinucléaire. Je suis heureux que la rédaction conjointe de Mme Wendland et de M. Moormann contribue à dissoudre les positions figées durcis et à vraiment lancer une discussion orientée vers l'environnement et l'avenir. »

 

« Les centrales nucléaires sont la seule méthode de production d'électricité disponible 24/7, évolutive et à faible émission de CO2. Ceux qui passent aux voitures électriques ne peuvent pas sortir de l'énergie nucléaire. Augmenter la demande d'électricité et réduire l'offre en même temps ne fonctionne pas. »

 

« Le Zeit a osé, félicitations ! Ce que Biden veut faire: construire de petites centrales nucléaires à moitié prix par GW.

Ce que fait la Chine: construire 6 à 8 centrales nucléaires par an et quadrupler la capacité d'ici 2035

Et qui dit maintenant que les centrales nucléaires sont trop lentes à construire ou trop chères. La question se pose de savoir pourquoi le Plan Messmer a pu convertir toute la France au nucléaire en 15 ans ou pourquoi tant de pays en construisent actuellement :Finlande, Chine, Russie, Pologne, Arabie Saoudite, France, Royaume-Uni, USA etc.

Et non. Nous ne sommes pas plus intelligents que ces pays. »

 Rappel sur le contexte allemand :

 https://www.sfen.org/rgn/allemagne-energiewende (Roger Seban)

 « Seules les statistiques annuelles permettent de faire des comparaisons scientifiques, car l’analyse pluriannuelle à périodicité annuelle de la production d’électricité

Il en découle une empreinte carbone de la production électrique du mix électrique en Allemagne (362 g CO2eq/kWh) qui est près de 9 fois supérieure à celle de la France (42 g CO2/kWh). A noter que l’empreinte carbone, évaluée sur une année pleine et comparée aux années précédentes, est le seul critère scientifique pour juger de l’efficience du mix électrique existant (ou à construire) d’un pays, au regard de la lutte contre le changement climatique…

 Pour l’année 2019, l’Allemagne a rejeté, pour sa production d’électricité, 208 millions de tonnes (Mt) CO2eq, à comparer aux 22,7 Mt de CO2 de la France soit un écart de plus de 185Mt, et ce malgré une production d’ENRi en Allemagne 5 fois supérieure à la France. Car l’Allemagne doit impérativement garder les énergies fossiles pour palier l’intermittence des ENRi éolien et solaire…

 En 2019, les ENRi ont produit 171 TWh (28,4 % de l’électricité totale). En y ajoutant l’hydraulique qui est une énergie renouvelable pilotable à hauteur de 20 TWh (3,3 %) et les « divers » à base de biomasse pour une bonne part également pilotables à hauteur de 50,5 TWh (8,4 %), on a un total d’ENR de 40,1%. C’est sur ce chiffre de 40 % d’ENR que l’Allemagne communique, en omettant de souligner qu’environ 70 % de cette énergie renouvelable est intermittente et non pilotable et nécessite un recours aux énergies fossiles pour assurer les besoins de consommations et de sécurité du réseau. L’Allemagne reste donc très prudente pour réduire ses capacités de production d’origine fossile, et insiste pour développer en Europe les capacités d’échanges transfrontaliers.

 A cet égard, il peut être rappelé que pendant que les deux réacteurs de Fessenheim s’arrêtaient, respectivement en février et juin 2020, s’ouvrait une nouvelle centrale à charbon de l’autre côté de la frontière, le 30 mai 2020, avec un investisseur et exploitant allemand Uniper fier d’annoncer le montant de ses investissements « plus de 1,5 milliard d’euros » pour cette centrale de 1 100 MW à Datteln 4 qui produit près de 1 000 g de CO2/kwh.

 La fermeture programmée et progressive du nucléaire allemand jusqu’à fin 2022 fera perdre 75 TWh, qui seront compensés par une augmentation substantielle d’ENRi selon des dernières annonces allemandes et probablement une croissance simultanée de moyens de la production à partir de combustibles fossiles (gaz ?) pour palier l’intermittence et garantir l’équilibre production-consommation du réseau.

 

« L’Allemagne a annoncé une fermeture progressive et programmée du fossile lignite + charbon d’ici 2038, soit donc dans 18 ans, qui ipso-facto sera remplacée par du gaz. Cette substitution (remplacement du charbon par du gaz) fera baisser mathématiquement les émissions de CO2 pour les fossiles mais l’empreinte carbone…

 

Plus de 5 ans après sa mise en œuvre, la transition énergétique allemande peine à baisser ses émissions de CO2. D’ailleurs, l'Allemagne reste de loin le 1er producteur de CO2 en Europe, devant la Pologne, qui, elle, semble vouloir adopter très sérieusement une politique d’arrêt de ses centrales à charbon pour les remplacer par un parc nucléaire qui produira pendant au moins 60 ans de l’électricité bas carbone. Le malaise devient prégnant en Allemagne et la place du nucléaire fait de plus en plus débat »

 

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