2022 s'annonce intense et critique pour le nucléaire !
La construction de 6 nouveaux réacteurs était actée dans la PPE de 2018,
mais n’avait reçu aucun début
d’exécution, aucun signal positif. Pour
fixer les idées, 6 EPR2 permettent d’atteindre 26% de production nucléaire en
2050 ; 14 EPR2 ne permettraient que
d’atteindre entre 36 et 50% de nucléaire en 2050 (selon que l’on ferme
les réacteurs existant comme prévu, ou au contraire sous des hypothèses
volontaristes de prolongation des
centrales existantes, y compris pour certaines au-delà de 60 ans). Et encore
sous des hypothèses très optimistes de demande énergétique, qui laissent peu de
place à la réindustrialisation.
Le nucléaire a trop souffert depuis trop longtemps des à-coups,
décisions contradictoires, procrastination des dirigeants politiques. Il a
besoin de décisions rapides, de continuité, de prévisibilité.
Je souhaite vous informer d'une initiative, d'une pétition que j'ai lancée en faveur de la reprise d'un programme nucléaire conséquent.
Elle s'appuie fortement sur l'avis de juin 2021 de l'Académie des
Sciences sur le rôle du nucléaire dans la transition énergétique et est plus
particulièrement destinée aux ingénieurs, techniciens scientifiques..
Pétition
https://www.change.org/ingénieurspourlenucléaire
Si vous en partagez les vues, n’hésitez pas à
signer et à faire circuler !
Texte de la pétition :
Les ingénieurs et élèves ingénieurs de France s’engagent pour le
nucléaire et le climat !
Nul ne peut plus ignorer que le réchauffement
climatique d’origine anthropique fait peser une menace existentielle sur nos
civilisations et sur l’existence même de l’humanité, ainsi d’ailleurs que la
surconsommation et l’épuisement des combustibles fossiles. Nos sociétés ne
survivront que par une transition énergétique climatiquement efficace,
économiquement soutenable et socialement acceptable permettant une diminution
drastique de nos émissions de gaz à effet de serre et de l’utilisation des
énergies fossiles.
En Europe même, certains choix énergétiques ne
vont pas du tout dans ce sens, notamment les politiques de sortie du nucléaire,
qui conduisent fatalement à une augmentation des émissions de CO2. Sur
fond d’ignorance scientifique, d’obscurantisme, de manipulation des peurs, des
initiatives voire des décisions néfastes pour le climat sont prises :
tentative au Parlement Européen d’imposer la sortie du nucléaire pour tous les
pays de l’U.E.[1],
exclusion en l’état du nucléaire de la
taxonomie financière européenne et de l’accès au financement via les green
bonds etc. D’autre part, la fermeture programmée dans toute l’Europe de
capacités pilotables, en particulier
nucléaires, et la dépendance accrue à des énergies variables
intermittentes mettent sérieusement en péril la sécurité d’approvisionnement,
en particulier lors des pointes hivernales, comme cela a été signalé par France
Stratégie[2].
Comme l’a souligné récemment le Président de
l’Autorité de Sureté Nucléaire devant le Senat,
« tous les sujets abordés sur l’énergie nucléaire en France ont un point
commun : ils ont tous fait l’objet d’études approfondies et l’heure a sonné
pour le gouvernement et les politiques, aujourd’hui, qui doivent prendre des
décisions. Autrement dit, l’absence de décision et d’anticipation en matière de
politique énergétique, l’absence de choix concernant l’énergie pilotable qui
intégrera le paysage français demain, l’indécision sur le nouveau nucléaire,
sur les solutions relatives aux déchets, l’absence de visibilité pour le tissu
industriel français, etc., auront très clairement des conséquences
irréversibles d’ici 2035/2040 »[3]
Le nucléaire sous ses différentes formes
actuelles (GEN III, EPR) et à venir ( GEN IV, petits réacteurs modulaires-SMR)
constitue la seule source d’électricité décarbonée pilotable, à part l’hydraulique,
capable de fournir par tous temps une électricité abondante et bon marché[4].
Le temps n’est plus de la procrastination, de
l’irrationalité, de la démagogie, de la lâcheté. S’appuyant sur l’expertise de nombreuses sociétés savantes
(AIE, NEA-OCDE, UNSCEAR, Autorités de Sureté Nucléaire, SFEN, Centre Commun de
Recherche de la Commission européenne…), partageant l’avis de l’Académie
Française des Sciences de juin 2021[5] et reprenant
ses recommandations, les ingénieur.es et élèves ingénieur.es de France
demandent aux dirigeants politiques de ce pays un engagement ferme dans le
nucléaire, notamment sur les points suivants :
- conserver la capacité électronucléaire du
bouquet énergétique de la France par la prolongation des réacteurs en activité, quand leur
fonctionnement est assuré dans des conditions de sûreté optimale, et par la construction de réacteurs de troisième
génération, les EPR, dans l’immédiat ;
-
assurer au nucléaire un accès équitable aux financements publics et privé, basé
sur la neutralité technologique et économique, en tenant compte de l’ensemble
des coûts et bilan carbone associés à toutes les technologies ;
- initier
et soutenir un ambitieux programme de R&D sur le nucléaire du futur afin de
préparer l’émergence en France des réacteurs à neutrons rapides (RNR) innovants
de quatrième génération (Gen IV), qui constituent une solution d’avenir et dont
l’étude se poursuit activement à l’étranger ;
-
prendre en compte dans ce programme tous les aspects scientifiques du recyclage
du combustible associés aux réacteurs, incluant la gestion des déchets radioactifs,
en particulier, après plus de cinquante ans d’études, la reconnaissance par
toutes les autorités de sureté des pays concernés de l’enfouissement géologique
profond comme meilleure solution pour les déchets de haute activité et à vie
longue ;
- maintenir des filières de formation
permettant d’attirer les meilleurs jeunes talents dans tous les domaines de la
physique, la chimie, l’ingénierie et les technologies nucléaires pour
développer les compétences nationales au meilleur niveau ;
- informer le public en toute transparence sur
les contraintes des diverses sources d’énergie, l’analyse complète de leur
cycle de vie et l’apport de l’électronucléaire dans la transition énergétique
en cours ;
Confiants
dans la rationalité scientifique et technique qui constitue le cœur de leur
métier, confiants aussi dans la capacité de l’humanité à résoudre les problèmes
auxquels elle a à faire face, les ingénieur.es et élèves ingénieur.es de France
s’engagent pour le nucléaire et suivront de près les intentions, les discours
et les actes des différents candidats aux plus hautes responsabilités
politiques.
Eric
Sartori, ESPCI(97)
#IngenieursPourLeNucléaire
[1] Parlement Européen, Résolution sur la COP 25, amendement
56, présenté le 28 novembre 2019, par
le SPD allemand et adopté par la Commission ENVI
[2] Quelle sécurité d’approvisionnement
électrique en Europe à horizon 2030 ?, France Stratégie, 15 janvier 2021
[3] Audition
devant le Sénat du Président de l’ASN, Bernard Doroszczuk. le 7 avril
2021.
[4] 6g CO2/kWh en France, 12g CO2/kWh
(moyenne mondiale) contre 440 g CO2/kWh pour le gaz, 800 à 1000 g CO2/kWh pour
le charbon, 13 g CO2/kWh pour l’éolien terrestre, 14-17 g CO2/kWh pour l’éolien
maritime posé, 24-47 g CO2/kWh pour l’éolien flottant, 56 g CO2/kWh pour le
photovoltaïque,
[5] L’apport de l’énergie nucléaire dans la
transition énergétique, aujourd’hui et demain, Académie des Sciences, 8 mai
2021
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