Résume : La Cour des Comptes allemande très sévère contre l'Energiewende : sérieux risques pour la sécurité d’approvisionnement et besoin de davantage de centrales à gaz, gigantesque retard dans le déploiement du réseau et explosion des coûts, prix de l’électricité non soutenable et une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique¸ sérieux risques pour les objectifs climatiques
1) Sécurité d’approvisionnement en électricité en danger : il faut du gaz !
L’approvisionnement en énergies
renouvelables variables nécessite un effort particulier, car, contrairement aux
centrales conventionnelles, elles sont soumises à des variations journalières
et saisonnières ainsi qu’aux conditions météorologiques. Elles ne fournissent
pas de puissance garantie (photovoltaïque) ou seulement dans une faible mesure
(éolien), cf. figure 2.
La
puissance installée des énergies renouvelables n’a cessé d’augmenter, tandis
que la puissance des centrales conventionnelles pilotables a diminué.
Toutefois, un approvisionnement sûr en électricité avec un système électrique
reposant en majorité sur des énergies renouvelables variables exige en
parallèle des moyens de production fournissant une puissance garantie et
pilotable.
La
Cour des Comptes a constaté que le calendrier de construction de moyens
pilotables en backup ne pourra probablement pas être respecté. De plus, la Cour
fédérale des comptes Allemande alerte sur le fait que les dix centrales
électriques au gaz prévues ne suffiront pas à garantir la sécurité
d’approvisionnement.
La Cour des Comptes se montre extrêmement sévère envers le régulateur (l’équivalent de RTE). Elle estime que « les hypothèses utilisées pour évaluer la sécurité d’approvisionnement sont irréalistes car le régulateur se base sur un « best case » improbable. Les auditeurs reprochent au Ministère Fédéral de l’Économie et au régulateur (l’Agence Fédérale des Réseaux) de faire preuve d’une irresponsabilité sans précédent. Selon la Cour des Comptes, le ministère accepterait que les risques pour la sécurité d’approvisionnement ne soient pas détectés à temps ».
2) Les objectifs éolien terrestres non atteints…de moitié
Il
a toutefois été constaté que la trajectoire de développement de l´éolien
terrestre, en particulier, n’est pas conforme à la Loi sur les énergies
renouvelables. La Loi a stipulé pour 2023 la mise en adjudication d’un volume
de 12.840 MW mais seule environ la moitié de ce volume a été attribuée.
En outre, l’objectif intermédiaire de 2023 pour la production d’électricité à partir des énergies renouvelables n’a pas été atteint, soit 272 TWh bruts au lieu de l’objectif de 287 TWh visés par la Loi .
3) Développement du réseau de transport : retard catastrophique et explosion des coûts
Sept
ans et 7000 km de retard. Le besoin en réseau de
transport (nouvelles lignes, renforcement des lignes existantes) nécessité en
particulier par le développement des ENR a été évalué à environ 14.000 km à
l´horizon de 2035. À la fin du troisième trimestre 2023, 2.695 km de lignes,
soit seulement 19,3%, avaient été réalisés.
Selon la Cour des Comptes, le développement du réseau de transport accuse donc un retard considérable par rapport à la planification, soit environ sept ans et presque 6.000 km de lignes,
Les
coûts de développement des réseaux seront encore plus élevés à l’avenir :
« De
plus, d’autres coûts du système électrique sont à prendre en compte à l’avenir.
Ainsi, des investissements massifs de plus de 460 Mds€ seront nécessaires d’ici
2045 pour le développement des réseaux électriques, cf. figure 5. Selon les
estimations des acteurs du marché, les coûts pourraient être encore plus
élevés. S’y ajoutent les coûts d´intervention pour éviter la congestion du
réseau de transport. En 2022 ces coûts ont dépassé les 4,2 Mds€, soit
presque deux fois plus qu’en 2021, Selon la Cour des Comptes, les coûts
d´équilibrage du réseau de transport pourraient atteindre 6,5 Mds€/an jusqu’à
2026."
4)
Abordabilité financière (prix de l’électricité) : une image erronée des
coûts réels de la transformation énergétique.
Un
autre objectif du Code de l’énergie est d’assurer un approvisionnement en
électricité abordable pour tout le monde. Des prix élevés de l’électricité
constituent un risque considérable pour l’économie allemande et l’acceptation
sociétale du tournant énergétique.
Aujourd’hui
déjà, l’abordabilité du prix de l’électricité est remise en question... Les
prix de l’électricité en Allemagne ont continuellement augmenté au cours des
dernières années et comptent aujourd’hui parmi les plus élevés de l’Union
Européenne : les clients résidentiels ont payé en moyenne 45,19 ct/kWh au
premier semestre 2023.
Les
tarifs de l’électricité ont déjà augmenté de 43 % pour les clients résidentiels,
de plus de 32 % pour les clients
commerciaux et 80 % pour les clients industriels
Le Ministre allemand de l’Économie et de la Protection du Climat, Robert Habeck, a récemment affirmé que le développement de l’éolien et du solaire permettrait bientôt de faire baisser les prix de l’électricité. Par le passé, la Cour des Comptes avait déjà critiqué le fait que le ministère ne tienne pas compte d’autres coûts considérables liés à la transition énergétique. Il s’agit par exemple des coûts de distribution de l’électricité (y compris le développement des réseaux et les services système) et la construction de moyens pilotables supplémentaires. Il en résulte, en dehors du public spécialisé, une image erronée des coûts réels de la transformation énergétique.
Sources : https://atlantico.fr/article/rdv/la-cour-des-comptes-allemande-dresse-un-tableau-apocalyptique-de-la-transition-energetique-deployee-par-berlin-samuel-furfari?s=09
; https://allemagne-energies.com/tag/rapport-de-la-cour-des-comptes/;
https://www.bundesrechnungshof.de/SharedDocs/Kurzmeldungen/DE/2024/energiewende/kurzmeldung.html
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