Les tarifs réglementés validés par le Conseil d’Etat :
Le
18 mai 2018, le Conseil d’Etat français validait le principe des tarifs
réglementés de l’électricité. Ces tarifs étaient attaqués par Engie et d’autres
fournisseurs d’électricité au motif qu’ils allaient à l’encontre des Directives
européennes sur la libéralisation du marché de l’électricité et la libre
concurrence. Les raisons invoquées par le Conseil d4Eta sont les suivantes :
Le
Conseil d’Etat « estime que l’entrave que constitue la réglementation des
prix de vente de l’électricité est justifiée, dans un contexte de forte
volatilité et s’agissant d’une énergie
non substituable constituant un bien de première nécessité, par la poursuite de
l’objectif de garantir aux consommateurs un prix de l’électricité plus stable
que les prix de marché. Ce seul objectif suffisant à justifier une entrave
à la concurrence au regard du droit de l’Union européenne ». Le Conseil
d’État « juge ensuite que cet objectif de stabilité des prix ne pourrait
être atteint par une intervention étatique moins contraignante qu’une
régulation générale du prix de vente au détail de l’électricité. La forte
volatilité qui caractérise le marché de l’électricité est en effet due à des
facteurs multiples et difficiles à anticiper, et elle est susceptible de se
répercuter à tout moment sur les prix du marché de détail. En outre, les offres
à prix fixe sur deux ou trois ans qui sont proposées aux consommateurs sont le
plus souvent indexées sur les tarifs réglementés, qui permettent d’offrir une visibilité de long terme. Dans ces
conditions, la suppression des tarifs réglementés risquerait d’entraîner une volatilité des prix qui ne
pourrait être encadrée de manière appropriée par des mesures temporaires.
Autrement
dit, il s‘agit, concernant un bien essentiel non substituable, de protéger les
consommateurs contre des offres de margoulins proposant de l’électricité pas
chère lorsqu’on en a pas besoin, et des prix qui s’envolent…lorsque vous en
avez vraiment besoin.
Merci
au Conseil d’Etat qui ne nous avait pas habitué à contrer ainsi la doxa libérale et européenne.
Les
fédérations syndicales de l’énergie, toutes unies, CFE-CGC et même CFDT compris,
CGT, FO ont salué cet arrêt et rappelé la nécessité « de tirer les leçons
de 20 années d'ouverture des marchés de l'énergie, bien de première nécessité ».
Et ils ont appelé à la plus grande vigilance vis-à-vis du paquet énergie propre
que la Commission Européenne veut imposer : « Il est nécessaire que
le paquet "énergie propre" actuellement en discussion "ne perde
pas de vue les questions de service public, de long terme, de sécurité
énergétique et d'intérêt général qui sont trop souvent occultées par les logiques
de concurrence et de marché ».
Le gros mensonge
statistique : prix de l’électricité et coût du nucléaire
Cet
arrêt du Conseil d’Etat a rendu fou furieux les idéologues de la libéralisation
et ceux qui voudraient bien démanteler les services publics pour leur plus
grand intérêt. Et ils se sont lancés dans le gros mensonge, le mensonge statistique.
Ainsi,
la plupart des media ont en août fait des gros titres sur « le prix de l’électricité
pour les ménages français est plus élevé que dans quinze pays de l'Union
Européenne ». Mensonge ! Manipulation !
En
fait, ce sont les familles de seize pays de l'UE, et non quinze, payent leur
kWh moins chère qu'en France. Il s'agit pour la plupart des pays de l'Est
européen additionnés de la Grèce. Les factures d'électricité conviennent à un
niveau de vie nettement plus bas que chez nous. Une augmentation du prix du
courant, il y a quelques années en Bulgarie a provoqué des émeutes et la chute
du gouvernement.
Ces
seize pays représentent moins de 140 millions d'habitants sur les 510
millions de l'UE. Presque les 3/4 des Européens payent donc leur courant plus cher qu'en France.
En
particulier, l'Allemagne est désormais le
pays de l'Union Européenne où le kWh pour les ménages est le plus cher.: 30,48
centimes d'euros (le double du prix français !!!) suivi par le Danemark (30,10).
L'Allemagne,
le Danemark et l'Australie du Sud, ont les prix les plus élevés de
l'électricité au monde, pour les nations avancées. Les parts des renouvelables
intermittents (solaire et éolien) y sont aussi les plus élevées. Comme dit le
média financier Forbes « Pourquoi
les renouvelables si bon marché donnent-elles de l'électricité si chère? »
Ce
qui nous conduit à la deuxième manipulation : l’attaque contre le nucléaire,
cœur de la production française et du service public de l’électricité
En
2017, les ménages français payaient leur
kWh de 16 à 17% moins cher que la
moyenne européenne. Mais en 2010, ils le payaient 31% moins cher. Que
s'est-il passé ? Les taxes ont bondi, surtout du fait des aides aux renouvelables
et représentent désormais 35% des
factures. L'acheminement (transport et distribution, 30% des factures) a augmenté aussi. Désormais près du tiers des
investissements du transport sont dus, comme le dit excellemment notre
Réseau de Transport d'Electricité (RTE) "à l'adaptation à la transition
énergétique", bref en grande partie liée aux renouvelables.
Il est exact que
la France perd progressivement ses prix attractifs dus au nucléaire. La raison
n'est pas une perte de compétitivité de ce dernier, mais les aides aux
renouvelables.
Et
voilà brillamment démontré comment les media manipulent l’information.
Et
cela s’explique très bien ; c’est que, au moins en Europe, même les
libéraux les plus fous ne proposent pas de privatiser la production nucléaire,
qui devient un vrai caillou dans leurs gros sabots ; d’où cette curieuse
alliance des lobby libéraux et des bigots rétrogrades écolo et ces campagnes de
presse incessantes.
Merci à Lionel
Taccoen et à la Lettre "Géopolitique de l'Electricité" d’où est
repris ce décodage indispensable. (sur www.geopolitique-electricite.com)
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