Grève intersyndicale contre le projet Hercule de démantèlement d’EDF
(CFE-CGC, CGT, FO, Sud)- 19 Septembre 2019
Communiqué intersyndical - extraits
La casse du Groupe EDF est une véritable menace qui vise le
service public de l’électricité, les salariés et les citoyens français.
Le projet de réorganisation au nom de code « Hercule » ne
résoudra pas les problèmes d’EDF générés par l’État français et la dérégulation
du marché européen de l’électricité. Par contre, ce sont bien les citoyens
français et les salariés du groupe EDF qui tôt ou tard, paieront la facture.
Un dispositif scélérat, l’ARENH (Accès Régulé à
l’électricité Nucléaire Historique), créé par la loi NOME de 2010 pour le plus
grand bonheur des concurrents d’EDF et des fortunes privées ainsi créées n’a
fait que fragiliser EDF et le service public !
Ainsi aujourd’hui, le Groupe EDF est menacé par une régulation défaillante
et une réforme de son organisation alors qu’elle produit, transporte, distribue
et commercialise un bien de première nécessité et assure, depuis plus de 70
ans, une mission de service public.
Il y a urgence de redonner au Groupe EDF les moyens d’investir pour
garantir un service public de l’électricité de qualité, au meilleur coût, pour
tous, partout et toute l’année. C’est d’autant plus essentiel que l’électricité
doit répondre aux défis de la transition énergétique
Ce n’est pas le projet Hercule qui apportera la solution
à ce problème de fond du Groupe EDF ; au contraire, celui-ci fragiliserait
l’entreprise, détériorerait le service public et les citoyens comme les
salariés en subiraient les conséquences. Cette menace est une étape
supplémentaire dans la libéralisation du marché de l’électricité et la
financiarisation de l’entreprise intégrée EDF dont les réussites sont pourtant
indéniables. EDF est un modèle d’entreprise du service public qui a su
démontrer à travers ses agents un professionnalisme salué par les citoyens, y
compris en cas de coups durs… et ce,
malgré les errements et gabegies d’acquisitions hasardeuses à l’international
et les dividendes démesurés versés à l’État !
Avec la fragilisation du service public, le risque est grand pour les
citoyens de connaître des coupures longues et une augmentation importante des
factures d’électricité dans les années à venir. Indirectement se jouera aussi
l’avenir du statut national du personnel des Industries Électriques et Gazières
pointé du doigt par le Gouvernement.
Cf sur ce sujet, blog précédent
Un exemple de désoptimisation : SNCF Gares et
Connexion
Si l’on veut avoir une idée de ce que cela signifie de
découper une entreprise publique en morceaux et de la désoptimiser, on peut
prendre l’exemple inquiétant de la SNCF et la la fin du monopole de la SNCF sur
le transport de voyageurs, réforme imposée au nom du sacro saint principe de la
concurrence par la Commission de Bruxelles. Une des conséquences en est la
séparation de SNCF mobilité (le transport), de Réseau Ferré de France, et des
gares (nouvelle entreprise SNCF, Gares & Connexions). Conséquences :
-Un recours accru
à une sous-traitance peu qualifiée et mal payée mettant en jeu la sécurité :
Le rêve de tout ultra libéral, supprimer les cheminots et leur statut (qui a
ses contreparties – l’obligation de service public, qu’il pleuve, vente, neige,
glace, et l’égalité territoriale). Ainsi, le nombre de cheminots n’a cessé de
baisser depuis quinze ans, passant de 178 000 en 2003 à 148 000 en 2016 ;
en parallèle, la SNCF filialise massivement des activités, notamment avec
Sferis pour l’entretien du réseau ferré (travaux et maintenance des voies)..
Est-il raisonnable de soumettre à la loi de la maximisation du profit la
sécurité des voies ferrées ? Le déraillement de Brétigny sur Orge (7
morts, trente blessés) n’ pas servie de leçon ?
En tous cas, ce n’est ce que pense la justice. Une
ordonnance de référé du 01 aout 2019 du
Tribunal de Bobigny, demande l’arrêt
immédiat de toutes les opérations de sous-traitance, tant en maintenance qu’en
travaux pour Réseau Ferré de France. A suivre
Dans le domaine de la sécurité, Gares & Connexions
par exemple, remplace de plus en plus le service de sécurité de la SNCF (SUGE)
par des vigiles privés. Cette Balkanisation de la sûreté est inquiétante !
- Moins de gares :
c’est maintenant non seulement la ligne qui devra être rentable, mais aussi les
gares. En Auvergne-Rhône-Alpes, la grogne a poussé le pourtant très droitier Laurent
Wauquiez, à exiger un moratoire sur les fermetures de 17 guichets …
- Moins ou plus du
tout de billets dans les gares : 1 h 40 pour acheter un billet en gare
de Nantes, 2 h en gare de Montparnasse à Paris, en plein départ de vacances
avec des trains retardés ou annulés. Eh bien, ce n’est pas fini. Tout le monde
a pu noter la disparition à grande vitesse de la vente de billets dans les
banques. En gros, Gares & Connexions a commencé à faire savoir qu’après
tout, il n’avait plus de raison de permettre à SNCF mobilité de vendre des
billets dans ses gares à lui, ou pas plus que ses concurrents. Donc, si SNCF
mobilité veut vendre des billets dans les gares de SCNF Gares & Connexions,
il faudra qu’elle paie une redevance. Il semblerait que SNCF mobilité soit très
tenté par un doigt dit d’honneur.
- Des gares
transformées en centre commerciaux : des chantiers de grande ampleur,
pour augmenter le nombre de commerces, ont été lancés à Austerlitz, à la Gare
du Nord, ou encore à Rennes et Nantes. Le comble est atteint pour le chantier
de la gare du Nord, qui a fait réagir Un collectif, dont les architectes Jean
Nouvel, Dominique Perrault et Roland Castro, qui l’ont juge « inacceptable » un projet de centre
commercial et de bureaux à la gare du Nord à Parisdans une tribune publiée
mardi par Le Monde. Extrait : « Les signataires estiment « indécent »
d'« obliger des centaines de milliers de
personnes à traverser des espaces commerciaux » via « des parcours allongés et
inutilement compliqués ».
Oui, vous avez bien compris. Les très usés usagers de la Gare du Nord, et des autres gares
parisiennes comme s’ils ne galéraient pas assez, devront subir des trajets de
connexions rallongés pour passer dans les galeries marchandes. Merci, Gares
& Connexions !
Mais il faut dire que les redevances perçues au titre de
ces concessions devraient rapporter à Gares & Connexions 210 millions
d'euros cette année.
- des galères
quotidiennes pour les cheminots et pour les voyageurs ; ça vaut le
coût de lire les sms et tweets des cheminots pour comprendre ce que signifie
cette absurdité et cette désoptimisation au quotidien. Il y a là de beaux
exemples de perversité libérale. Par exemple
- Gares & Connexions a ses propres systèmes de
sécurité à code variable…et n’informe pas toujours en temps réel les cheminots
de la SNCF…qui viennent le matin pour former leur train et ne peuvent pas
entrer. Ne vous étonnez pas si les
trains ont de plus en plus retard
- Tiens aussi, celle-là. Gares & Connexions, à la
recherche du moindre gain, veut réduire les horaires d’ouvertures des gares au
strict minimum. Ben oui, mais les cheminots, pour former leur train, ont besoin
d’arriver en avance. En gros, Gares & Connexions répond qu’ils n’en ont
rien à battre et que dans ce cas, la
SNCF mobilité n’a qu’à payer. D’où, là encore, trains retardés ou supprimés
Bref, Gares et Connexions hérité d’un patrimoine ferroviaire payé par
les citoyens français pour leurs besoins, qu’il compte exploiter en
construisant une véritable « usine à
cash » qui ne s’encombre ni des usagers, ni des cheminots.
Voilà ce
que signifie démanteler un service public au nom de la concurrence, et à quel
genre d’absurdité cela mène ; une brutale désoptimisation de tant d’années
d’expérience, un gaspillage du patrimoine public.
Ce sera la
même chose pour EDF et le projet Hercule. Est-cela que nous voulons ?
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