M. Dupont,
passez au gaz !
Il y a écologistes et écologistes, et certains, parmi les
plus historiques et les plus sincères, tels Antoine Waechter et Brice Lalonde
sont loin d’être hostiles au nucléaire. Brice Lalonde anime une association
(équilibre des énergies- magnifique acronyme : EDEN) et un site où il
donne une série de précision assez techniques ( et qui le mettent assez en
colère) sur les manœuvres assez louches des marchands de Gaz ( disons Engie,
quoi)
Eléments de contexte : le chauffage est, avec les
transports routiers, l’une des principales
sources d’émission de carbone ; d’où grande bataille autour de la
rénovation thermique de l’habitat.
On commence simplement par une exemple assez
pédagogique et assez gratiné .. ; Citations du site internet de M. Lalonde :
M. Dupont possède une maison chauffée à l’électricité.
Elle est correctement isolée, combles étanches et doubles vitrages. Il a choisi
des radiateurs connectés de nouvelle génération. Il a souscrit des contrats de
fourniture d’électricité verte, d’origine renouvelable ! Soucieux de contribuer
à la transition énergétique, il a fait réaliser un diagnostic de performance
énergétique (DPE). Surprise, sa maison est classée F, c’est-à-dire que sa
performance est jugée médiocre. Comment l’améliorer ?
C’est simple lui répond-on : « Passez au gaz ».
Car la même
maison, chauffée au gaz, pourra sauter deux grades et être classée D !
Cette
opération du Saint Esprit ne doit rien à la logique, mais tout au lobby du gaz
dans sa guerre contre l’électricité !
Le résultat c’est que les émissions de CO2 du bâtiment ont dérapé de 11 %
par rapport à la trajectoire prévue dans la stratégie bas-carbone. Bien joué le
gaz !
Le résultat, c’est que 75 % des
logements collectifs neufs installent un chauffage au gaz. Bien joué le
gaz !
Tandis que… le Royaume Uni et les Pays Bas prévoient d’interdire
le gaz pour le chauffage des bâtiments neufs à partir de 2025. »
Bon, il s’énerve un peu, Brice Lalonde, mais avouons
qu’il y a de quoi !
Et maintenant, on rentre dans le truc un peu technique…
La faute au
facteur de conversion, à l’énergie primaire et à la RT 2012
L’Union européenne recommande de mesurer la
consommation d’électricité en la corrigeant d’un coefficient appelé « facteur de conversion de l’électricité en
énergie primaire ». Cette énergie dite « primaire » est
censée estimer celle qu’il faut dépenser pour produire l’électricité et
l’amener au lieu de son utilisation, où elle est alors consommée sous l’appellation
d’énergie « finale »….Il convient de noter ici deux
particularités : le facteur de conversion n’apparaît pas dans la réglementation
des véhicules électriques, mais uniquement dans celle des bâtiments, où les
énergies fossiles, elles, sont exonérées de tout correctif comme s’il ne
fallait pas dépenser d’énergie pour produire et livrer à destination le gaz, le
fioul ou le charbon ! Seule l’électricité est pénalisée.
Le calcul du facteur de conversion donne lieu à des
débats interminables très appréciés des experts. En fin de compte, il est
laissé à l’appréciation des Etats qui le déterminent en fonction de leur
politique énergétique à un niveau qu’ils doivent s’efforcer de justifier à
Bruxelles. Pour prendre l’exemple de la
Suède, le facteur retenu est de 1,6, signifiant qu’il faut multiplier la
consommation d’électricité d’un bâtiment par 1,6 pour obtenir son équivalence
en énergie primaire.
En France ?
En France il est de 2,58 !!!. Retenons ici le point important : le facteur de conversion est éminemment
politique »
Là c’est Brice qui
s’exprime, mais comme je commence à comprendre son truc, je complète : Bien joué le Gaz en France !). Car en
effet ce facteur de conversion est purement politique, entendre purement
influencé par les lobby, et pas du tout technique. Surtout en France, où l’énergie électrique
est, grâce au nucléaire, bien décarbonée, il n’y a aucune raison de pénaliser
l’électricité en lui appliquant un facteur de conversion de l’électricité en
énergie primaire !
Tiens, une autre remarque
intéressante de Brice Lalonde : « Si l’électricité est ainsi
pénalisée en France, ce n’est pas seulement parce que les amis du gaz ont
remarquablement fait valoir leur énergie, c’est aussi parce que les adversaires
de l’énergie nucléaire sont aussi les adversaires de l’électricité d’origine
nucléaire et, par voie de conséquence, les adversaires de l’électricité. «
Ainsi,
la réglementation thermique des bâtiments (RT2012) a été contreproductive du point
de vue des émissions de carbone puisqu’elle a entraîné une baisse des parts de marché de
l’électricité dans la construction neuve au profit du gaz… En 2016, le CO2 émis par
les bâtiments a compté pour 19 % des émissions totales soit un
« dérapage » de près de 11 % par rapport à la trajectoire
prévue. La cause ? Les ménages ont eu plus recours aux énergies carbonées
pour chauffer leurs logements et les baisses de consommation liées aux
rénovations énergétiques n’ont pas été suffisantes.
Conclusion : compter
en énergie primaire, c’est défavoriser indûment le gaz par rapport à l’électricité,
c’est augmenter les émissions de gaz à effet de serre, c’est au surplus importer
davantage et diminuer notre indépendance énergétique !
La réglementation thermique des bâtiments (RT 2012)
devrait donc être basée sur l’énergie finale consommée, non sur
l’énergie primaire, et sur les émissions
de CO2.
Grande bataille en cours !
Il se trouve que le gouvernement qui commence se rendre compte de sa fausse route, propose de revoir le handicap de l’électricité
à la baisse et d’édicter une nouvelle réglementation des bâtiments qui tienne compte
des émissions de CO2. Ah ben oui, au fait ! La RT (règlementation thermique
2012), ne tenait pas compte du CO2 dans la réglementation des bâtiments !
Je croyais qu’on luttait contre le dérèglement climatique.
Le lobby du gaz se déchaîne donc. Pas un jour sans la
dénonciation de l’électricité et la demande d’un sursis. Alors on va peut-être
surseoir. La bataille est en cours en ce moment. Parmi les refrains préférés du
lobby du gaz, réglons tout de suite le cas des radiateurs électriques : ils n’ont
plus rien à voir avec les anciens convecteurs surnommés grille-pain, mais sont des radiateurs modernes, connectés et pilotables…
Merci donc M. Brice Lalonde, pour votre intérêt
constant et ancien pour les problèmes
écologiques, y compris dans leurs problématiques les plus techniques et ardues,
merci pour vos explications. Chacun maintenant, citoyen, scientifique, et surtout législateur est conscient de ce qui
se joue dans le débat en cours sur la réglementation thermique ; la
soumission au lobby qui saura le mieux se faire entendre, le succès ou l’insuccès
de la politique climatique se joue sur le coefficient de conversion de la RT !
Compte-tenu des précédents, on peut craindre le pire. Je parle
là de l’affaire de la flopée d’amendements Total, affaire révélée » par le
Canard Enchaîné du Mercredi 19,juin
visant à imposer à EDF de vendre à ses concurrent dont Suez, plus d’électricité
nucléaire à prix coûtant…Document rédigé par un certain Antoine Alibert, chargé
des affaires institutionnelles de Direct Energie.. Et où travaillait-il avant ?
Auprès de la députée Europe Ecologie Les Verts Eva Sas dont il était le
collaborateur parlementaire !
Chacun pourra voir et juger !
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