Contrat Orano pour
le retraitement des déchets en bonne voie avec la Chine !
Dans l’avenir du nucléaire, les jours se suivent et ne se
ressemblent pas. La semaine dernière,
Reuters annonçait de grands progrès dans la conclusion du giga contrat Orano
avec la Chine pour une usine de retraitement de déchets nucléaires.
Citation : « La Chine continue de travailler
activement à un projet d'usine de traitement de combustibles usés avec le
français Orano (ex-Areva), a déclaré mardi le chef de l'administration chinoise
de la sûreté nucléaire.
Les négociations commerciales avec Orano sont
"quasiment bouclées", a dit Liu Hua, également vice-ministre de l'Ecologie, lors d'une conférence de présentation
du premier "livre blanc" de la Chine sur la sécurité nucléaire. En
plus des négociations commerciales, ce qui se passe, c'est que les deux pays
ont entrepris d'harmoniser les normes de sécurité (...) et de renforcer la
coopération réglementaire. Donc sur ce projet précis, d'après ce que je sais,
il se poursuit sans heurts. Il est en cours et je crois que bientôt (...) il y
aura des progrès", a dit Liu Hua.
Orano travaille sur ce projet, estimé à environ 12 milliards de dollars (11
milliards d'euros), depuis plus de 10 ans.
Pour un blog précédent sur ce sujet, voir https://vivrelarecherche.blogspot.com/search?q=orano
« Ce contrat chinois
d’Orano, il faut le faire ! S’il ne se fait pas, c’est que l’on aura
subrepticement décidé de tuer le nucléaire en France ; ou cédé à des
pressions américaines qui poursuivent aussi ce but, en même temps que leur
intérêt propre. »
Et d’ailleurs, les
pressions américaines se sont renforcées, puisque l’administration Trump vient
de placer le groupe CGN, partenaire d’EDF, notamment dans la construction d’EPR
sur liste noire. Clairement les USA, qui relancent un programme nucléaire civil
tentent d’entraver la montée (pour moi inexorable) de la Chine comme champion
et leader du nucléaire civil. Et si en passant, ils peuvent affaiblir le
nucléaire, français, nul doute que ce ne soit un bonus.
Selon les prévisions du
China Electric Council, la puissance installée du parc nucléaire chinois
devrait atteindre 200 GW à l’horizon 2030. Cela conduirait à construire 100 à
140 GW de nouvelles capacités entre 2020 et 2030, soit une douzaine de
réacteurs par an. Une récente analyse du China’s Energy Research Institute
(CERI) conclut par ailleurs que, pour
atteindre les objectifs de la COP21, la Chine devra disposer de 554 GW de
capacités nucléaires à l’horizon 2050 (ce qui implique la mise en service d’une
quinzaine d’unités supplémentaires par an entre 2030 et 2050.
La Chine a donc un programme
nucléaire géant, et cerise sur le gâteau, saluons aujourd’hui samedi 7 septembre,
l’entrée du deuxième EPR chinois Taishan
2 en exploitation commerciale. Et, comme la France, enfin comme la France naguère,
la Chine estime - comme la France - que le
recyclage des combustibles usés nucléaires est une nécessité stratégique,
économique et écologique.
Au moment même – la semaine précédente, où nous abandons
le programme Astrid !
Abandon d’Astrid
un scandale économique, stratégique, climatique, écologique.
Conséquences de l’abandon d’Astrid : Nous nous privons :
- d’un réacteur qui, à pleine efficience, peut produire
jusqu’à 100 fois plus d’électricité que dans les réacteurs actuels
- d’un réacteur capable d’utiliser les stocks d’uranium appauvri disponibles, en
combinaison avec les combustibles usés contenant du plutonium, et permettant, à partir du siècle prochain, de
s’affranchir totalement des mines d’uranium, et ce pendant plusieurs
millénaires : on valoriserait, dès lors, les 99% de l’uranium extrait mis
actuellement de côté.
- d’un réacteur assurant
donc un nucléaire durable et une totale autonomie énergétique à la
France, capable de générer de l’électricité en quantité et en puissance
suffisante pour couvrir tous les usages futurs
- D’un réacteur
capable de produire plus de matière fissile qu’il n’en consomme. C’est
l’énergie abondante pour toujours du
surgénérateur!
- D’un réacteur permettant de réduire considérablement
les déchets nucléaires ; les déchets ultimes se limiteraient alors aux produits
de fission de ces actinides mineurs de durée de de vie de 300 ans environ.
Cf blog précédent https://vivrelarecherche.blogspot.com/2019/09/arret-dastrid-vers-letranglement-du.html
Rappelons aussi que les Russes ont deux réacteurs type
Astrid (surgénérateurs au sodium) en exploitation commerciale, à Benoïarsk (BN 600
et BN-800) ; que les Chinois et les
Indiens ont réussi des démonstrateurs expérimentaux et sont décidés à continuer ;
et que la France a été pionnière en ce domine ave Phenix et Super Phenix arrêtés
pour des raisons bassement politiques de compromis avec Les Verts.
Abandon d’Astrid
réactions syndicales et politiques.
Dans ce blog, je faisais part de quelques réactions
politiques bien trop peu nombreuses, scandaleusement trop peu nombreuses. En
fait, l’abandon d’Astrid avait été déjà fait l’objet d’un communiqué critique
de la CGT ( UFICT- Cadres et techniciens-
Mines Energies) qui a sans doutée été la première à réagir/ Extrait :
« L’abandon
de la filière des réacteurs de 4ième génération aurait des conséquences graves
au niveau écologique et économique. Quelle responsabilité devrions nous assumer
vis-à-vis des générations à venir ? Elles auraient à supporter et gérer des
quantités importantes de combustibles usés dont on aura prévu de ne rien faire
de plus que de les stocker pendant plusieurs générations. Quelles conséquences
économiques devrions nous redouter ? Les stocks de combustibles usés
passeraient de l’état de matière réutilisable à
l’état de déchet déstabilisant fortement les comptes d’EDF et le prix du
kWh. » (Juillet 2018)
« Cette fois le projet de construction du réacteur
ASTRID est bien fini. Sans faire du bruit, le projet est reporté sine die,
pardon vers la fin du siècle. Et dans l’immédiat on arrête tout investissement
dans les installations expérimentales nécessaires pour valider le projet ; la cellule projet ASTRID dont le but était
d’aller rapidement vers une construction du réacteur et sa mise en service,
sera démantelée avant la fin 2019. Dans les départements de recherche de la
Direction de l’Energie Nucléaire du CEA la fin des perspectives budgétaires
dédiées à la recherche sur les réacteurs à neutrons rapides, ou réacteurs du
futur… La transition à l’allemande qui consiste en une progression forcée des
renouvelables et en même temps au remplacement cadencé du parc nucléaire par
les énergies fossiles, est considéré comme une bérézina verte, en termes de
coûts d’investissements, de coûts de production et en termes d’émissions de CO2
qui ne baissent pas, bien au contraire.
Quelle est donc la réponse de la France, pays pionnier de
l’atome en Europe, à cet échec patent de nos voisins souvent donneurs de leçons
en matière d’écologie, et à ce renouveau amorcé du nucléaire considéré comme un
contributeur significatif de la réduction des émissions de CO2 ?
Renoncer tout simplement à la fermeture du cycle nucléaire par l’abandon de
la construction du prototype ASTRID. Car la future
génération des réacteurs à neutrons rapides, dont ASTRID devait être le
prototype de la filière, sera la seule capable d’optimiser l’utilisation du
combustible (multi-recyclage quasiment à l’infini des combustibles usés), à
donner un véritable sens au plan national de la maîtrise des déchets nucléaires
en réduisant au minimum la quantité des déchets ultimes qui seront à terme
enfouis en couche géologique. Cette vertu repose sur leur capacité à brûler
l’ensemble des isotopes de la matière fissile » (17 juillet 2019 - https://ufictfnme.fr/astrid-ou-vas-tu-nucleaire-du-futur/
Bravo les gars, pas
mieux et on attend un peu les autres syndicats !
Et un député LREM qui se fiche du monde !
Déclaration Anthony
Cellier (député LREM du Gard ) : « Le
projet Astrid n’est pas abandonné… Il y a une notion, celle de multi-recyclage, sur laquelle
Orano Melox (à Marcoule) aura un rôle important à jouer, et le CEA aussi.
L’objectif est d’avoir des tests sur le MOX2 d’ici 2025, et c’est ici que cette
matière va se fabriquer, même si elle nécessitera une révision en profondeur de
Melox. L’objectif est de multi-recycler les combustibles pour les repasser
notamment dans le parc des réacteurs à eau pressurisée, notamment les 1 300
Mégawatts. Nous faisions du mono-recyclage, nous ferons du multi-recyclage,
avec l’objectif de la fermeture du cycle »
C’est une stratégie dite
de « stabilisation de l’inventaire du plutonium et non de destruction,
considérée jusqu‘ à présent comme peu efficace et inintéressante. Le député LREM
Cellier, membre de la Commission des affaires économiques et spécialiste de l’énergie,
à mon avis, soit il se fiche du monde, soit il ne sait pas trop de quoi il
parle.
Espérons qu’il y aura une commission d’enquête
parlementaire sur l’abandon d’Astrid et que les experts pourront donner leur
avis sur cette question.
Le débat se joue entre la tradition rationaliste du
progrès et des Lumière et la tentation de l’irrationnel sur fonds de panique.
Si nous voulons avoir une chance, une seule de rester en-dessous d’un
réchauffement de 2°C, alors il faut un développement massif de l’électrique et
du nucléaire. La Chine, le monde a
besoin de nucléaire, le nucléaire a besoin de retraitement des déchets, donc
nous avons besoin d’Orano qui a une capacité et une expérience uniques en ce
domaine, et nous avons besoin d’Astrid et des surgénérateurs pour boucler le
cycle du combustible.
Alors ce contrat Orano est-il une chance ? Oui
évidemment, dans l’immédiat. Dans l’avenir, cela dépend de nous, si nous
continuons dans la recherche et le développement du nucléaire du futur – l’EPR,
Astrid, le retraitement et le stockage, mais aussi les petits réacteurs. Sinon,
c’est clair, nous ferons comme les Anglais, qui après avoir été des pionniers
européens du nucléaire civil, ont perdu toute compétence en ce domaine. Ça peut
aller très vite. Et, lorsque nous nous rendrons compte que nous avons besoin de
nucléaire, nous devrons demander aux Chinois de nous construire nos centrales. Ce
sera un cruel mais mérité retournement d’une histoire où nous ne compterons
plus pour beaucoup…
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