Remarquable article de Bertille Bayart dans le Figaro_ excellent article de synthèse sur les défis et les atouts de la France pour son système électrique.
https://www.lefigaro.fr/vox/economie/bertille-bayart-ce-ne-sont-pas-l-eolien-et-le-solaire-qui-nous-feront-passer-le-mur-de-2030-20230726
Extraits
:
Quand la banque Lazard désinforme et se fait reprendre par JP Morgan
"En
campagne pour la présidentielle de 2022, Yannick Jadot agitait un graphique dont les courbes en pente raide attestaient de
la chute des coûts des énergies renouvelables tandis que ceux du nouveau
nucléaire explosaient. Il tenait sa preuve, avec des calculs signés Lazard.
Mais Lazard le menait droit dans le mur.
Depuis 2007, la banque produit une analyse comparée des coûts des
différentes sources d’énergie (LCOE, Levelized Cost of Energy) à destination
des investisseurs financiers. Mais ce travail qui fait référence ne reflète ni
les besoins de stockage, ni les variations de prix à l’intérieur d’une journée
ou d’une année, ni le besoin de surdimensionner la capacité installée d’un
système renouvelable par rapport à un système électrique fossile ou nucléaire.
Il a fallu attendre
avril 2023 pour que Lazard, conscient que trop de monde faisait dire à son
étude ce qu’elle ne prouvait pas, y ajoute une page dédiée à la gestion de
l’intermittence. «Je suis fasciné de voir combien de personnes ne réalisent
toujours pas que le LCOE est une base fallacieuse pour estimer les coûts
complets d’un système pour les gouvernements, les consommateurs, et les
contribuables», écrivait au printemps Michael Cembalest,
stratégiste de JP Morgan."
Les renouvelables coûtent très cher en réseau : l'aveu de la ministre !
Une partie du mythe
du renouvelable pas cher est tombée. Une partie du mythe du nucléaire hors de
prix aussi. En France, EDF et l’exécutif planchent sur le financement des six premiers EPR2 du nouveau programme, évalué
entre 52 et 57 milliards hors coût du capital. Ruineux? C’est moitié moins que
ce qui sera dépensé d’ici à 2040 dans le réseau. «L’investissement de 100 milliards d’euros
dans celui-ci n’est pas fait pour le nucléaire, mais bien pour connecter les
dizaines de milliers d’installations d’énergies renouvelables que nous sommes
en train de déployer», a constaté la ministre Agnès
Pannier-Runacher au Sénat le 12 juillet...
«1 GW de nucléaire vaut 8 GW de
solaire», a aussi rappelé Agnès Pannier-Runacher. Aux
États-Unis, JP Morgan estime que le raccordement de 100 MW d’éolien ou de
solaire ne permet de débrancher que 10 MW à 30 MW de thermique."
Le renouveau du nucléaire, s'il est réussi, change la donne, assure mieux
la décarbonation et permet en grande partie de se passer de l'éolien off
shore
Comment franchir le «mur» que l’exécutif et les parlementaires de la
commission d’enquête sur la perte de souveraineté énergétique redoutent dès
2030? À cette échéance, la consommation d’électricité en France devrait déjà
atteindre jusqu’à 550 TWh contre 459 TWh en 2022. Ce chiffrage
tient compte de la première des solutions, évidente: la sobriété.
Mais quid de la production d’électricité? À l’horizon 2035, RTE, le
gestionnaire du réseau, fait des renouvelables le principal levier pour faire
décoller la production. Mais d’ici à 2030, il n’y a rien à attendre de
l’éolien offshore. Il faut tabler sur 35 TWh à 60 TWh de plus en
solaire, et 25 TWh à 35 TWh d’éolien terrestre.
"En réalité, ce qui assurera, ou non, notre tranquillité énergétique à
cette échéance existe déjà: il s’agit du parc nucléaire historique d’EDF et des
barrages. Devant les députés le 19 juillet, le PDG d’EDF Luc Rémont a affiché
ses objectifs. Après l’année 2022 catastrophique à 279 TWh de
production nucléaire, il table sur 300 TWh à 330 TWh en 2023, 350 TWh en 2025.
Puis, il
veut être «le plus proche possible de 400
TWh». Ramener d’ici à 2030, avec l’EPR de Flamanville, mais sans
Fessenheim, le parc près de ses meilleures performances historiques (le record
est à 420 TWh), est-ce possible? Une partie de la rémunération variable
des dirigeants d’EDF y sera liée. Si cela marche, cela changerait la donne des
scénarios officiels qui tablent sur 360 TWh de production nucléaire jusqu’en
2035.
Un autre levier s’appuie sur l’infrastructure hydroélectrique
existante. L’exécutif veut clore cette année la bataille antédiluvienne
avec Bruxelles sur le régime des concessions et relancer l’investissement.
Selon EDF, il y a 2 GW de capacité supplémentaire à dégager d’ici à dix ans (et
encore 2 GW de plus la décennie suivante) sur ce mode de production
renouvelable, à la fois pilotable, compétitif et décarboné.
La sécurité d’approvisionnement électrique du pays dans la décennie qui
vient dépend moins du développement de l’éolien et du solaire que de la
capacité d’EDF à retrouver l’excellence opérationnelle"
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