Pourquoi les producteurs de gaz adorent les éoliennes
Dans mon dernier blog (Halte au
nucléaire bashing), j’écrivais « il y a contre le
nucléaire à l’œuvre une véritable campagne de désinformation, continue,
acharnée, durable. En maitre d’œuvre, les tenants de la secte libérale dominant
à Bruxelles, allergiques à toute forme de
service public et qui en ont juré la destruction et la privatisation, en
particulier de l’énergie ; c’est que l’électricité nucléaire, en raison de son
intensité capitalistique, des problèmes de sécurité, de ses liens historiques
avec l’Etat rend impossible toute privatisation du secteur nucléaire- surtout
après Fukushima ; et c’est très embêtant, pour les fanatiques de la
libéralisation de l’énergie ; en complices, les opportunistes très intéressés,
les concurrents gaziers d’EDF, magouilleurs qui au prétexte d’énergies
renouvelables veulent en réalité développer leur activité gazière, en imbéciles complices, certains écologistes
rétrogrades et scientifiquement incultes et les manipulateurs et profiteurs de
peurs.
Développons :
les producteurs d’électricité gazière se livrent à un lobbying intensif,
indécent, éhonté…pour les éoliennes. Etrange non ! Ben non ! Car pour
chaque électron produit par une éolienne, il faudra ajouter au moins quatre
électrons produits par une centrale à gaz (appel à contributions : quelqu’un
aurait une valeur exacte et certifiée) simplement pour pouvoir assurer la
sécurité d’approvisionnement et la stabilité du réseau ( cf le blog sur la
situation en Australie). Tous ceux qui veulent prendre la peine de se
renseigner sur le sujet peuvent le faire et éviter la propagande très
intéressées des gaziers. Sur le ton et sur le fond, un des textes les plus
intéressants me parait un blog Médiapart
de Pierre Yves Morvan :intitulé le solaire et l’éolien marchent au charbon
(https://blogs.mediapart.fr/pierre-yves-morvan/blog/300814/le-solaire-et-l-eolien-marchent-au-charbon).
Extraits :
Imaginons un mode
merveilleux
« Lorsque les militants et la presse
annoncent la construction d'un parc d'éoliennes de tant de MW, capable
d'alimenter une ville de vingt mille habitants, il faut comprendre que ces
éoliennes alimenteront une ville de vingt mille habitants, seulement les
quelques rares heures où le vent aura la force exacte permettant la production
nominale des éoliennes. Une éolienne de 2 MW est capable de fournir 2 MW...
quand il y a du vent, le bon vent, pas trop faible, pas trop fort. Le reste du
temps, elle produit moins de 2 MW, et même rien du tout. Compte tenu des
fluctuations du vent, qui est brise, zéphyr, ou ouragan, tout se passe comme si
une éolienne fonctionnait un quart ou un cinquième du temps à plein régime, son
régime nominal... et était à l'arrêt le reste du temps 1. C'est-à-dire que ce
nouveau parc d'éoliennes alimentera la ville pour l'équivalent d'un trimestre
seulement. Le reste du temps, il faut trouver d'autres énergies ; lorsque l'on
construit une éolienne, il faut construire aussi, ou maintenir en service, des
centrales-béquilles de puissance équivalente, pour garantir la fourniture
d'électricité lorsqu'il n'y a pas, ou pas assez, de vent… »
"Imaginons un monde merveilleux, avec profusion
d'éoliennes, partout, et de panneaux photovoltaïques, sans aucune centrale à
combustibles fossiles... Imaginons maintenant une belle nuit étoilée sans vent,
de celles qui font le bonheur des amoureux et des poètes… Ce serait une belle
nuit sans électricité ; l’obscure clarté qui tombe des étoiles ne produit
pas d’électrons.
Cela met en évidence un gros problème de la
nouvelle électricité renouvelable, celle que produisent éoliennes et panneaux
photovoltaïques : elle est inconstante, instable, changeante, volage, on
ne peut pas compter sur elle ; il suffit d’une saute de vent, d’un nuage
qui passe... et il n'y a plus d'image à la télévision, et le TGV s'arrête en
rase campagne. C'est bête à rappeler : il y a aussi des jours sans vent et
des nuits sans soleil.
S'il n'y avait que les éoliennes, le TGV
avancerait au rythme des tourbillons et des soupirs du vent, pouvant même
rester des jours entiers en rase campagne ; pour les rendez-vous, c'est
stressant. Dans ces conditions le char à voile est aussi rapide, et bien
plus fun. Pour ceux qui ont le mal de mer en char à voile, il est
donc nécessaire que la nouvelle électricité renouvelable soit doublée par
d'autres centrales moins volages, sur lesquelles on puisse vraiment compter"
« L'énergie éolienne n'est pas vraiment une
énergie renouvelable ; aux trois quarts, c'est une énergie fossile… Les arbres d'acier des éoliennes cachent la
forêt fossile. »
« C'est pourquoi, pendant que l’Espagne développait
sa capacité éolienne ces dernières années, elle construisait aussi des
centrales à gaz pour une capacité de 15 GW. C’est pourquoi l’Allemagne, qui
prétend sortir du nucléaire, entre autres en construisant des éoliennes, est
obligée de construire aussi, ou de maintenir en service, des
centrales à combustible fossile pour les jours sans vent – il y en a. La
construction ou la modernisation de 29 centrales au gaz et 17 au charbon est
planifiée… Compte tenu de la durée de vie de ces
centrales, leurs cheminées fumeront encore dans 40 ans. Les Grünen français se
pâment d'admiration. »
« C'est pourquoi dans un pays comme la France, où il
n'y a pas un parc suffisant de centrales à combustibles fossiles que l'on pourrait
maintenir en service, la
construction massive d’éoliennes nécessiterait la construction de nouvelles
centrales thermiques, et entraînerait des émissions accrues de CO2.
Le scénario serait le suivant, cas d'école avec des éoliennes : - - On
ferme une centrale nucléaire de 1 000 MW qui n'émet pratiquement pas
de CO2.
- On construit des éoliennes pour une capacité nominale de 1 000 MW.
- On construit une centrale au gaz, russe ou autre, de 1 000 MW, pour les jours sans vent, plus largement pour toutes les conditions pendant lesquelles les éoliennes n'atteignent pas leur puissance nominale.
- Compte tenu du facteur de charge des éoliennes (environ un quart), le résultat sera équivalent à des éoliennes fournissant 1 000 MW un quart du temps, et une centrale au gaz de 1 000 MW fonctionnant les trois quarts du temps, avec émission de CO2.
- On construit des éoliennes pour une capacité nominale de 1 000 MW.
- On construit une centrale au gaz, russe ou autre, de 1 000 MW, pour les jours sans vent, plus largement pour toutes les conditions pendant lesquelles les éoliennes n'atteignent pas leur puissance nominale.
- Compte tenu du facteur de charge des éoliennes (environ un quart), le résultat sera équivalent à des éoliennes fournissant 1 000 MW un quart du temps, et une centrale au gaz de 1 000 MW fonctionnant les trois quarts du temps, avec émission de CO2.
Tenter de
remplacer une centrale nucléaire par des énergies renouvelables en France, ce
n'est pas seulement se tirer une balle dans le pied, c'est carrément se tirer
une balle dans le ventre. Très
douloureux. »
En passant, Pierre Yves Morvan démonte la
manipulation de certains chiffres, comme ceux du Danemark : « On cite le cas danois pour démontrer que
c’est un faux problème ; mais c’est une fausse démonstration. Il est vrai
que les Danois réussissent à injecter 20% d'électricité éolienne, par rapport à
la consommation strictement danoise, sur le réseau. Mais ce résultat n'est obtenu que parce que
le réseau danois fait en réalité partie d’un plus vaste réseau, incluant la
Norvège et son abondante production hydraulique, laquelle est contrôlable. Dans
cet ensemble la part de l’éolien danois est largement inférieure à 20% »
Alors on comprend pourquoi les gaziers
plaident pour le développement des éoliennes et même la fermeture de centrales
nucléaires : c’est la promesse d’immenses profits pour eux, au détriment de
la lutte contre le dérèglement climatique, du coût de l’électricité, de l’indépendance
énergétique nationale et de l’emploi en France.
Eurogas,
un lobby gazier très efficace
La propagande des gaziers est tellement
outrancière qu’elle a commencé à faire réagir certains écologistes plus
intelligents et mieux informés. « Le gaz est une énergie propre » ose
Mestrallet, PDG de Suez Ben ça dépend par rapport à quoi (au charbon et au fuel
oui, au nucléaire non !). Et ça dépend d’où il provient : cela n’est valable, ecxplisque Alain Grandjean, conseiller
de Hulot, que si celui-ci est «produit et transporté sans fuite, ce qui n’est pas le cas du gaz
de schiste». Car la fracturation hydraulique, seule technique
permettant aujourd’hui d’extraire les gaz et pétroles de schiste, entraîne
d’importantes fuites de méthane, qui s’ajoutent à celles qui ont lieu lors du
transport, du traitement et de la distribution du gaz. Or le méthane est un gaz
très réchauffant, 25 fois plus que le dioxyde de carbone (CO2). Le gaz issu du gaz de schiste est beaucoup plus
néfaste pour le climat que le charbon et le fuel. Or, tous les pays européens n’ont
pas interdit le gaz de schiste ! Shell a réussi à imposer au niveau
européen un slogan scandaleux : « Gaz is good for Europe and Europe
is good at gaz ».
Pour mémoire, Shell est l’un des lobbyistes les plus actifs
auprès de la Commission Européenne- 4.5
millions d’euros de dépenses annuelles, révèle un article du Guardian du 21 sep 2015, lequel écrit
aussi que le Directeur Général de l’énergie auprès de la Commission Européenne,
M. Dominique Ristori, a envoyé un mel au très puissant lobby Eurogas, instrument de Shell, BP, Suez…dans
lequel il le félicitait de partager complètement les vues de la Commission.
On pourrait souhaiter politique plus avisée et s’inquiéter
de ces vues complètement partagées
Et donc, demandez
le contrat nucléaire !
En
attendant tiens, pourquoi pas une petite lettre à votre fournisseur favori,
pour un nouveau type de contrat, un contrat
nucléaire :
Parce
que je suis un citoyen vraiment concerné par le dérèglement climatique et que
je veux une électricité décarbonée, parce que je veux lutter contre la
précarité énergétique et pour la compétitivité de l’industrie française avec
une énergie bon marché, parce que je veux la sureté et l’égalité
d’approvisionnement sur tout le territoire et un réseau qui ne s‘effondre pas
en hiver, ni d’ailleurs en été, je demande un contrat me garantissant une
énergie électrique à 80% nucléaire
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