La loi de transition
énergétique, déjà idiote, scandaleuse, a été encore aggravée par les
déclarations récentes du ministre Hulot précisant la PPE (Programmations
pluriannuelles de l’énergie), envisageant la mise à l’arrêt de 17
tranches de 900 MW d’ici 2025, ce qui conduirait à effacer environ 16 GW
de puissance nucléaire. C’est véritablement suicidaire pour plusieurs
raisons : la sécurité d’approvisionnement, l’effet sur le réchauffement
climatique, l’effet sur le prix de l’énergie
pour les consommateurs et la compétitivité de la France, l‘effet sur l’emploi.
Effet de l’arrêt de
17 tranches nucléaires sur la sécurité d’alimentation-hiver comme été
Compte tenu de l’incapacité de l’électricité
intermittente à fournir une puissance garantie lors de ces périodes critiques,
l’arrêt de 16 GW de nucléaire serait d’autant plus problématique que
l’attrition du parc thermique à combustibles fossiles fera perdre 8 GW d’ici
2022 par rapport à la situation des derniers hivers (5 GW de centrales au
fioul, dont il ne reste que 0,7 GW jusqu’en avril 2018, puis 3 GW de centrales
au charbon d’ici 2022).
Il faudrait
donc construire en urgence 20 GW de moyens de secours au gaz pour éviter de
mettre une partie de la France dans le noir 3 à 4 fois par hiver, perspective
à l’évidence totalement inacceptable. C’est un sujet majeur : fermer
inconsidérément des capacités nucléaires dans les années à venir ferait courir
des risques extrêmement importants à la sécurité d’alimentation du pays.
Et il n’ y a pas que l’hiver ! En fait, en été
aussi, mais pour des raisons différentes
: les risques d’instabilité
instantanée du réseau lors des périodes de très faible consommation d’été. Les réseaux sont d’autant plus sensibles aux
déséquilibres introduits par l’électricité intermittente (éolienne et
photovoltaïque) que la consommation est faible, la cause profonde étant
une réduction de l’inertie mécanique des machines qui y sont raccordées.
Cette étude montre notamment que les réseaux deviennent instables dans ces
circonstances dès que le taux de pénétration instantané d’électricité
intermittente atteint environ 25 %.
Pour la stabilité du réseau, nous avons besoin de moyens pilotables,
de préférence pas (ou peu) émetteurs de
CO2. L’hydraulique y participe, mais La
seule autre énergie pilotable non émettrice ET non limitée en puissance est
le nucléaire.
Effet de l’arrêt de
17 tranches nucléaires sur nos engagements climatiques : carbone en hausse
Grâce à la
combinaison de nucléaire (77 % du mix en énergie) +
d’hydraulique (12 % du
mix, les autres énergies renouvelables comptant pour environ 6 %), les émissions de CO2 du secteur électrique français sont très faibles en
année normale (21 Mt pour
la moyenne 2014 - 2015, ce qui qualifie la France comme le grand pays développé
le moins émetteur par MWh produit). C’ est un énorme avantage pour
nous ; du point de vue climatique nous sommes exemplaires.
Le remplacement de 17 tranches de 900 MW nucléaire par du gaz
augmentera considérablement notre bilan carbone- sur le modèle de l’ «
Energiewende » allemand, avec son arrêt
criminel du nucléaire.
Effet de l’arrêt de
17 tranches nucléaires sur le prix de l’électricité. Pharamineux !
Il faudrait donc
construire en urgence 20 GW. Des investissements supplémentaires extrêmement
lourds (de 52 à 63 Mds € selon les
options de la PPE) devraient être consentis
En dépit de leur importance, ces investissements ne
permettraient pas de retrouver la production de 16 GW de nucléaire : il y
manquerait entre 9 et 12 % (selon option PPE) de production annuelle. Ce qui
mettrait fin aux exportations annuelles nettes d’électricité (10 % de la
production annuelle environ). D’où une perte de rentrées pour le commerce
extérieur de l’ordre de 1 à 1,5 Md €/an.
Mais nous avons un commerce extérieur tellement florissant que l’on peut s’en
passer…
Si l’on y ajoute
l’importation des parties « nobles » des éoliennes terrestres et du
photovoltaïque, toutes construites à l’étranger par absence de base
industrielle nationale, et les importations supplémentaires de gaz pour
alimenter les moyens d’appoint/secours,
le déséquilibre global de la balance commerciale du pays serait aggravé
d’environ 5 Mds €/an.
Les investissements très importants cités ci-dessus se
traduiraient par une production d’électricité très chère, dépassant les 100 €/MWh (coûts d’appoint/secours inclus) à comparer
aux 33 €/MWh du nucléaire prolongé.
Effet de l’arrêt de
17 tranches nucléaires sur le prix payé par le consommateur
Les consommateurs
d’électricité subventionnent déjà massivement les énergies intermittentes au
titre des engagements déjà pris à ce jour, pour un montant total qui devrait
dépasser 100 Mds €. La mise en œuvre de la PPE renouvelables
2018-2023 (prolongée jusqu’en 2025) rajouterait à ce montant entre 36 et 62 Mds
€ environ, portant le total entre près de 140 et plus de 160 Mds €, en ordre de
grandeur. Ce qui apparait comme très difficilement soutenable à la fois pour
les consommateurs domestiques et professionnels et la compétitivité du pays.
Dans ce contexte, les pouvoirs publics ne pourront plus continuer à cacher
cette réalité aux consommateurs et devront les informer clairement de ce qui
les attend si on va jusqu’au bout des prévisions de la PPE actuelle
Ces chiffres sont validés par la situation allemande et la véritable catastrophe
qu’elle a provoqué. Les taxes sur les
renouvelables payées par les consommateurs allemands au titre de la loi EEG ont
atteint 125 Mds € pour la période 2000-2015 et devraient encore augmenter de
283 Mds € entre 2016 et 2025 ! Pour atteindre plus de… 400 Mds €, à rapporter à une puissance installée en éolien et
photovoltaïque d’environ 95 GW en 2017. C’est l’une des électricités les plus
chères au monde.
Résultat les consommateurs allemands payent leur électricité
deux fois plus cher que les français, et c’est cette voie qui nous attend avec
l’arrêt de 17 tranches. Ca, c’est lutter
contre la précarité énergétique !
Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires ; en plus
il va falloir indemniser
Suite à la publication de la loi LTECV, le Conseil constitutionnel a confirmé sans
ambiguïté la légitimité du gouvernement à décider de l’arrêt prématuré d’un ou
plusieurs réacteurs nucléaires. Mais a rappelé que tout arrêt non motivé par une raison de sûreté, par décision de
l’exploitant et/ou à la demande de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), ou
encore par une décision de l’exploitant pour des raisons de rentabilité, devait donner lieu à indemnisation.
En résumé : toutes ces
indemnisations seraient à la charge des contribuables… D’abord ceux des
générations actuelles pour l’indemnisation à court terme, ensuite ceux des
générations futures pour les indemnisations différées, entre 2041 et 2050
environ… Les pouvoirs publics devront là encore expliquer aux contribuables
français, qui possèdent de facto près de 85 % des centrales concernées, que
l’on va en arrêter le quart en leur demandant de payer pour cela près de 5 Mds
€ immédiatement et mettre à la charge de leurs enfants ou petits enfants des
sommes indéterminées qui pourraient atteindre plusieurs dizaines de milliards
d’euros dans les années 2040 ! Cet arrêt prématuré d’installations
en parfait état de marche ayant par ailleurs comme conséquence d’augmenter
fortement leurs factures d’électricité… L’incompréhension risque d’être
massive, d’autant plus que cela augmenterait la dette du pays à long terme de
montants inconnus mais potentiellement très élevés.
Effet de l’arrêt de 17 tranches nucléaires sur l’emploi
Des études approfondies ont
montré que l’arrêt prématuré de la centrale de Fessenheim détruirait 2 200
emplois locaux, directs, indirects et induits. Si l’on extrapole là encore ces
données à l’arrêt prématuré de 16 GW, ce sont près de 18 000 emplois locaux pérennes
(directs, indirects et induits) qui seraient ainsi supprimées, dont plus des
2/3 à haute qualification et haute contribution économique.
Les filières éolien et
photovoltaïque sont caractérisées par une absence de base industrielle en
France pour la fabrication des composants principaux, qui sont importés en
totalité. Il en résulte que les emplois créés le sont majoritairement dans le
développement amont, les montages sur site et l’exploitation-maintenance, qui
n’ont ni la qualification ni l’étendue d’emplois de développement et production
de composants principaux sophistiqués. De plus, les montages sur site étant
très rapides dans ces deux filières, les emplois associés sont nombreux mais
éphémères : ils sont détruits dès que les investissements d’une année baissent.
Quant aux emplois d’exploitation-maintenance, ils sont peu nombreux eu égard à
la relative simplicité technologique des installations. Sur la base des statistiques d’emploi
publiées notamment par l’ADEME, ils peuvent être estimés en moyenne à 0,25
emploi (direct et indirect) par MW exploité. Ce qui, pour 50 à 58 GW de mix
éolien + photovoltaïque, conduirait à la création d’environ 12 500 à 14 500
emplois pérennes. Qui sont donc à mettre en regard des 18 000 emplois pérennes
détruits dans le nucléaire en exploitation-maintenance.
Le bilan est donc
clairement négatif au détriment des énergies intermittentes renouvelables et ne
serait partiellement rééquilibré que très transitoirement par les emplois
éphémères créés lors des activités de montages sur site, très brefs.
En résumé : supprimer 16 GW de nucléaire
détruirait de très nombreux emplois pérennes de très haute qualification, mais
aussi des emplois locaux induits par les retombées économiques. Les filières
éoliennes et photovoltaïques de remplacement créeraient numériquement moins
d’emplois, surtout moins pérennes et moins qualifiés.
Cette loi de transition
énergétique et cette PPE Programmations pluriannuelles de l’énergie) sont une
pure folie, une trajectoire du fou. C’est
dangereux pour la sécurité d’approvisionnement, c’est néfaste pour le climat et
revient à renier nos engagements en ce domaine, c’est aggraver la précarité
énergétique, dégrader la compétitivité de la France et renoncer à l’un de nos
rares avantages, c’est destructeur pour l’emploi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.