Le pillage du
patrimoine des Français par la secte libérale
Dans
leur grande offensive contre toute notion de service public, les tenants de la
secte libérale qui dirigent la Commission ont décidé d’obliger la France à privatiser
ses concessions hydrauliques, les barrages producteurs d’électricité : barrage
de l'Aigle et ses 84 mètre de hauteur, barrage de la Rance (la première
production marémotrice au monde), Bort-les-Orgues et Serre-Ponçon (les mastodontes),
Génissiat (le plus grand du monde à son époque), les historiques Castillon et Castelnau-Lassouts,
Mont Cenis, Tignes, allez, tous privatisés …
Dans
un premier temps, la mise en concurrence du premier paquet concerne 2500 MW de
titres à échéance normale, 2100 MW de titres à échéance anticipée soit 4600 MW
de puissance totale et 8,2 TWh de productible (EDF est concernée pour respectivement 2000MW de titres à échéance normale, 2000MW
anticipés, soit 4000MW au total et 6, 8 TWh de productible. Le reste des
installations est exploité par la SHEM). Les principales vallées concernées
sont le Drac, La Truyère, La Dordogne, L’Ossau, la Maurienne, le Baufortin.
D’ailleurs,
en passant, il a fallu expliquer aux experts libéraux de la Commission que,
non, vraiment, il n’était possible de privatiser barrages par barrages, mais qu’il
allait mieux que tous les barrages de la
même vallée aillent au même exploitant…puisqu’ils sont condamnés à travailler
ensemble ! Je ne plaisante pas !
Il
y a d’abord quelque chose que ces noms, dont on pourrait faire un poème,
inspire : c’est qu’ils font partie du patrimoine public, qu’ils sont les
propriétés du peuple français qui, par une volonté politique affirmée, par des
sacrifices (ceux qui ont dû quitter leur vallée), par des investissements
lourds a soutenu un programme hydroélectrique ambitieux qui contribue
heureusement, avec le nucléaire, à ce que l’électricité française soit la plus
décarbonée du monde.
Ce
patrimoine public, au nom de quoi devrait-il être privatisé ? Au nom de quoi et surtout dans l’intérêt de
qui la règle devrait-elle devenir : investissements publics, profits
privés !
Le gouvernement cède
et collabore, les syndicats unis résistent
Autre mystère et preuve d’incapacité et d’incompétence de nos
gouvernants successifs, la France est dans l’immédiat pratiquement seule concernée
par les injonctions de privatisation des barrages de la Commission. En Espagne et
au Portugal, les concessions existantes ont été portées… à 100 ans fort opportunément.
La privatisation et la concurrence, c’est bien, mais pour beaucoup, beaucoup
plus tard. L’Allemagne a fait valoir qu’un exploitant hydraulique par lander,
ça en faisait plusieurs au niveau fédéral, et donc que l’ouverture à la concurrence
existait déjà… Les Français seront donc les seuls à obéir au lobby et à la
secte libérale en Europe. Depuis octobre 2015, la mobilisation des agents et la
résistance des gouvernements avaient
permis de suspendre la mise en demeure de la France par la Commission
européenne. Mais
le gouvernement Macron, encore plus libéral, encore plus soumis à la Commission
de Bruxelles parait cette fois prêt à céder ; le Conseiller Energie du
Premier Ministre a clairement indiqué que le Gouvernement ne reviendrait pas
sur le principe de la mise en concurrence des concessions. Ainsi que le dénoncent
les syndicats, le message est donc clair : La Commission européenne, avec un
Gouvernement complice, veut amener notre pays, sa politique énergétique et en
particulier son secteur hydroélectrique vers toujours plus de concurrence, au
détriment de l’intérêt général.
Les Fédérations syndicales CFE-CGC Energies,
FNEM-FO, FNME-CGT et FCE-CFDT ont rencontré mi février le Conseiller Energie du
Premier Ministre. Cette rencontre s'inscrivait dans la continuité de la
démarche interfédérale, menée conjointement avec les fédérations syndicales
européennes EPSU et Industri’All, pour contrer la mise en concurrence des
concessions hydroélectriques.
Que l’on remarque ceci : de plus en plus, la
CFE CGC, jusqu’à présent sage syndicat de cadres, se retrouve maintenant, dans
nombre de conflits, sur la même ligne que les syndicats les plus revendicatifs.
Cela fait maintenant un certain temps, dans le privé, qu’avec la
financiarisation de l’industrie, les cadres n’adhèrent plus aux stratégies des
entreprises, voire sont en complète révolte, et se désengagent ? Avec la
privatisation du secteur public, c’est maintenant dans celui-ci que le même
mouvement se produit, car les cadres, au moins autant et sinon plus que les autres
salariés sont attachés aux missions qui donnent sens à leur engagement
professionnel. Cela ne pourra continuer longtemps ainsi et le gouvernement
ferait bien d’y prendre garde. Nous le verrons aussi avec la SNCF.
La mise
en concurrence des concessions hydrauliques, c’est la fin du service public
Comme le soulignent les syndicats, les concessions
hydroélectriques ne sont pas simplement un moyen de produire des électrons,
mais elles ont aussi un rôle important de service public et d’aménagement du territoire.
Parmi leurs responsabilités, signalons notamment
la gestion de l'eau potable ou l'irrigation dans toute une vallée ; enjeux
sanitaires, enjeux agricoles extrêmement importants, et enjeux écologiques aussi : il est de
la responsabilité de l’exploitant de maintenir dans le cours d’eau un débit
minimum (« débit réservé ») permettant a minima de garantir des conditions
nécessaires au développement de la vie dans le cours d’eau, de préserver des
passages ou des modes de gestion pour les poissons migrateurs et pour les
sédiments, etc. Le ministère dit du développement durable le rappelle
benoîtement sur son site…tout en se déclarant favorable à la mise en
concurrence des concessions. Y a qu’à croire qu’un exploitant privé prendra
en compte ces considérations - ce sont
les contradictions de M. Hulot.
En
attendant, comme d’habitude, ce seront les maires des vallées concernées qui
seront en première ligne devant le mécontentement des populations, lorsque les obligations de service public ne
seront plus remplies.
Sur trois plans extrêmement important au moins, la
mise en concurrence des concessions hydrauliques aura à coup sûr un effet
néfaste.
Sur la
sécurité : un agent dans un
service public avec un statut de service public doit et a les moyens de placer
l’objectif de sécurité au-dessus de toute autre considération, notamment de
bénéfices des actionnaires- et rappelons que la sécurité sur les barrages, ce n’est
pas rien et que de terribles catastrophes se sont déjà produites.
Sur la
garantie d’approvisionnement :
un agent d’un service public avec un statut de service public doit et peut intervenir
de façon à que la sécurité d’approvisionnement (pas rupture, de pannes) soit
garantie ou rétablie le plus rapidement en cas d’incident, qu’il pleuve, vente
ou neige, la nuit ou le jour quel qu’en soit le coût ? Ce ne peut être le
cas d’un exploitant privé qui doit fortement penser à ses actionnaires.
Sur l’optimisation
du réseau : l’énergie hydroélectrique représente une source
essentielle pour l’indépendance énergétique, pour la lutte contre les
dérèglements climatiques, en tant qu’énergie décarbonée et mobilisable immédiatement…du
moins tant qu’il y en a. Or la mise en concurrence des concessions hydrauliques
conduira à une désoptimisation par écrèmage, puisque seules les concessions les
plus rentables seront privatisées, tandis que les moins rentables seront
laissées au service public, qui renchérira ainsi ses coûts et sera de moins en
moins concurrentiel, ou bien les abandonnera.
Or, la France a besoin de toute son énergie
électricité hydroélectrique
Pour toutes ces raisons, la mise en concurrence
des concessions hydrauliques est une absurdité qui doit être combattues, pour
commencer par la mobilisation des salariés, des habitants des régions concerné »s,
des consommateurs, des écologistes. Le gouvernement qui la déciderait serait un
gouvernement félon, antinational et antisocial.
Tous ceux qui le souhaitent peuvent (tenter) de participer au grand débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (https://www.debatpublic.fr/revision-programmation-pluriannuelle-lenergie)
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