Sûrement, vous vous posez la question de ce miracle ou
plutôt de ce maléfice, pourquoi et comment, et en tous pays, plus la proportion de renouvelable dans le mix
électrique augmente, plus le prix de l’électricité augmente. Des renouvelables
dont on nous explique pourtant qu’ils sont très rentables, plus que les EPR (ce
qui est dramatiquement faux d’un facteur dix à 100 !)
J’ai déjà abordé cette question partiellement dans un
de mes blogs précédent consacré à l’Ademe et à ses manipulations honteuses de
chiffre ( comme par exemple ignorer que les éoliennes européennes crachant tous
en même temps de l’électron, non pas quand on en a besoin, mais quand elles le
veulent bien, il arrive souvent que le courant qu’elle produisent ne vaut pas
grand-chose, et même parfois qu’on soit obligé de payer nos voisins pour qu’ils
veulent bien le prendre.
Evidemment, une marchandise qu’on ne peut vendre, quel
que soit son mode de production, ça coûte cher.
Les énergies fatales renchérissent fatalement le coût
de l’électricité !
Le très précieux et irremplaçable Jean-Marc Jancovici,
dans une déposition devant une Commission d’Enquête sénatoriale, puis dans une
interview à energeek explique cette fatalité des énergies non pilotables
(justement appelés fatales !) de manière très pédagogique (https://lenergeek.com/2018/11/05/jean-marc-jancovici-petrole-politique-energetique/)
Extraits :
L’intermittent
ne remplace pas le pilotable, il s’y surajoute !
« Il existe des personnes qui pensent qu’avec un
grand parc installé en éolien et solaire, il y a toujours une partie du parc
qui produit, ce qui permet de supprimer des capacités dans le parc initial. Je
me suis intéressé précisément à la situation en Allemagne et en Espagne. Dans
ces deux pays, l’éolien et le solaire ont certes vu leur production annelle augmenter,
mais pour autant cela n’a pas permis de faire baisser de manière significative
la puissance pilotable installée. La puissance pilotable regroupe tout ce qui
produit à la demande, et non uniquement quand les conditions extérieures sont
favorables. Cela regroupe le charbon, le gaz, le pétrole, le nucléaire,
l’hydroélectricité.
L’Allemagne
avait 100 GW de puissance pilotable installée en 2002, et elle a toujours 100
GW pilotables en 2017, bien que dans l’intervalle elle ait rajouté 100 autres
GW d’éolien et de solaire. Par contre, le facteur de charge de ces 100
GW de pilotable est descendu de 20% dans l’intervalle ; c’est-à-dire que
ces 100 GW ont produit 500 TWh pendant l’année 2002, et seulement 400 TWh en
2017. Concrètement donc, c’est le facteur de charge des capacités pilotables
qui a baissé, mais ces capacités ont été intégralement conservées, tout
simplement parce qu’il faut pouvoir garantir à tout moment la sécurité
d’approvisionnement, et que la puissance maximale appelée n’a pas varié. En effet,
quand on regarde précisément la production horaire de ces 100 GW d’énergies
intermittentes, on s’aperçoit qu’à certaines périodes de l’année, la puissance
effective est de seulement 1 GW (la nuit, le solaire est à 0, et si il y a peu
de vent, l’éolien peut descendre sous 1 GW, alors qu’il y a 55 GW d’éolien en
Allemagne à fin 2017). Ce qui signifie que la puissance garantie à tout instant
pour les unités intermittentes est de l’ordre du pourcent, ce qui est
évidemment très faible. Et du coup, il
faut conserver la puissance pilotable, qui elle est garantie à tout instant.
Par contre, si on s’en sert moins, la rentabilité des capitaux investis dans
ces outils de production baisse, et cela s’est constaté partout en Europe,
pas « juste » en France avec les centrales nucléaires.
L’Espagne est
un autre cas de figure intéressant. Au
moment de développer les énergies renouvelables électriques, ils ont beaucoup
plus misé sur les éoliennes que sur le solaire, malgré un ensoleillement
supérieur à celui de l’Allemagne. Et,
dans le même temps qu’ils ont installé 25 GW d’éoliennes, ils ont installé 25
GW de centrales à gaz, qui sont pilotables. En 2008, lorsque la
consommation électrique espagnole a considérablement diminué avec la crise
économique, on a observé le même phénomène qu’en Allemagne : le facteur de
charge des centrales à gaz – qu’il faut garder pour garantir
l’approvisionnement – est passé de 50% à 14%. Avec ces deux cas observés, nous
ne pouvons pas encore tirer de conclusions universelles, toutefois on constate
objectivement que ni l’Allemagne, ni l’Espagne, n’ont pu déclasser de la
puissance pilotable avec l’augmentation des énergies renouvelables
intermittentes.
Et en
France, la loi de Kirchhoff restant la même, je ne vois pas pour quelles
raisons, si on augmentait la part de l’éolien et du solaire dans la production
annuelle, cela permettrait de diminuer la capacité pilotable. Cela va
« juste » conduire, comme en Allemagne et Espagne, à diminuer le
facteur de charge de nos capacités pilotables installées. A une ou deux exceptions près nos 58 réacteurs
nucléaires seront encore là, mais nous les utiliserons moins, sans pouvoir les
supprimer, au risque de devoir recourir à des délestages, comme on l’envisage
en Belgique, voire de subir un black-out… Comme en Allemagne, quand nous sommes
en situation anticyclonique, nos 20 GW de capacités éoliennes installées
produisent très peu d’électricité.
Face à cet argument, il est parfois opposé qu’il y a
toujours « du vent quelque part ». Pour voir ce qu’il en est, j’ai
regardé comment évoluaient au même instant les productions éoliennes de
plusieurs pays limitrophes, grâce aux séries au pas horaire fournies par le
site http://www.pfbach.dk/. On constate facilement – hélas – que cette théorie
du foisonnement ne se vérifie pas dans les faits. La probabilité maximale
d’avoir une production éolienne faible dans un pays donné survient… quand il y
a une production éolienne faible dans le pays voisin.
La raison
est assez simple, en fait : l’Europe est soumise à un régime de
dépressions qui sont des systèmes vastes, couvrant plusieurs pays, et qui
amènent le vent. Du coup, s’il y a une dépression sur l’Allemagne, ses effets
se feront aussi sentir en Grande Bretagne, en France et au Danemark. A l’inverse, s’il y a un anticyclone sur cette zone,
le vent sera faible ou inexistant sur ces différents pays à la fois. Ce n’est
donc pas du foisonnement que nous avons, mais une corrélation positive :
l’ensemble des éoliennes européennes n’est pas loin de se comporter comme un
unique système. Les deux seuls régimes clairement décorrélés sont l’Europe du
Nord et l’Espagne (qui bénéficie de vents méditerranéens).
Par contre, les puissances installées ne sont pas les
mêmes partout. L’Allemagne en a beaucoup plus que nous. Et du coup quand le
vent souffle ce pays est exportateur, mais en période de défaut de vent il
importe. Le système pilotable français
est déjà pour partie en train de compléter une production fortement oscillante
en Allemagne. Au Danemark, en moyenne 80% de la production électrique
éolienne est exportée, et l’approvisionnement domestique est garanti grâce aux
barrages norvégiens et suédois, et aux centrales à charbon allemandes.
L’intermittent
dégrade la rentabilité des pilotables, dont il ne peut cependant pas se
passer !
L’observation de ce qui s’est passé ailleurs confirme
que notre première priorité n’est pas
d’investir dans le développement des énergies renouvelables intermittentes (EnR-i)
en replacement du nucléaire en France. Le premier paradoxe est que cette
stratégie ne vas pas contribuer à diminuer le risque nucléaire mais va au
contraire l’augmenter ! En effet, avec un parc de centrales qui reste
quasiment identique (pour des raisons de puissance garantie, voir plus haut),
mais qui voit son facteur de charge baisser, il va falloir entretenir un système à coût fixe avec des recettes en
baisse… et cela n’est pas bon pour
la sûreté. Par ailleurs, les
émissions de CO2 augmentent légèrement en pareil cas : le kilowattheure
solaire, même s’il n’est pas très carboné (de 40 à 100 grammes de CO2 par kWh), l’est plus que le nucléaire (10 à
20 grammes de CO2 par kWh).
Enfin, pour compléter le tableau, ce remplacement du
nucléaire par des ENR-i détruit globalement de l’emploi en France.
Pour comprendre cela, il faut en revenir à la
définition du PIB : cet agrégat vaut – par définition – la somme de la
consommation intérieure et des exportations, auxquelles on retranche les
importations. Or, pour produire un
kilowattheure nucléaire, vous avez besoin d’importer environ 1 euro d’uranium,
et tout le reste est de la valeur ajoutée française. En revanche, pour un
megawattheure solaire ou éolien, vous avez besoin d’importer entre 20 et 30
euros de composants (par exemple des panneaux photovoltaïques chinois, ou
des nacelles éoliennes chinoises, allemandes ou danoises). Pour chaque MWh substitué du nucléaire au solaire ou à l’éolien, vous
passez donc les importations de 1 à 20 euros par MWh consommé en France. La
production éolienne et solaire étant aujourd’hui d’environ 30 TWh par an, soit
30 millions de MWh, elle signifie – en moyenne – 600 millions d’importations additionnelles par an (qui sont donc
autant en moins sur le PIB), soit – à raison de 30 000 euros de PIB par
emploi – la destruction de 20.000 emplois dans le pays. Ce qui se crée dans la
filière n’est qu’une partie de l’histoire : il se détruit encore plus
d’emplois ailleurs à cause de la hausse des importations.
Nous aurions pu utiliser le même argent pour faire des
choses bien plus pertinentes sur le plan du climat. La Cour des comptes a
publié un rapport récemment indiquant que, fin 2017, 121 milliards d’euros ont
été engagés dans le développement du solaire et de l’éolien (c’est la totalité
de l’argent qui sera versé aux producteurs solaires et éoliens au titre des
contrats de rachat à prix garanti signés jusqu’au 31 décembre 2017). Depuis,
Emmanuel Macron a annoncé qu’il consacrerait 25 milliards d’euros
supplémentaires pour développer les éoliennes
offshores. Au total, les investissements dans les EnR-i se chiffrent donc
autour de 145 milliards d’euros, soit déjà plus que la valeur historique de
construction du parc nucléaire, et tout cela pour ne rien gagner en CO2 et
détruire de l’emploi ! (
Avec ces mêmes 145 milliards, on aurait pu offrir une
pompe à chaleur à chaque ménage qui se chauffe au gaz ou au fioul et diminuer
drastiquement la=nos émissions de gaz à effet de serre.
Donc le grand maléfice n’est qu’une histoire très
logique de renouvelable et d’intertmttent. Retenons ces ciffres de
Au total,
les investissements dans les EnR-i se chiffrent donc autour de 120 milliards
d’euros, soit déjà plus que la valeur historique de construction du parc
nucléaire (96 milliards pour la construction des centrales-58 réacteurs !) et tout cela pour ne rien gagner en CO2 et détruire de l’emploi ! ( et
pour produire 5% de l’électricité, et encore quand on n’en a pas besoin !)
A cela il faut ajouter le coût des renouvelables,
notamment en infrastructures et lignes nouvelles- à ce point que plusieurs
centaines d’éoliennes en Allemagne ne sont même pas reliées à un réseau, le
coût de la dégradation de la compétitivité des pilotables, pourtant toujous
indispensables, celui de la désoptimisation du réseau électrique, et, en fait
le coût d’un doublement des sites de production…pour rien, et surtout pas au
bénéfice de la lutte contre le réchauffement climatique !
Et pour ceux qui disent : oui, mais on pourra stocker les énergies
renouvelables, ce petit calcul, toujours tiré de la même interview de Jean-Marc
Jancovici :
Extrait : « Au niveau mondial, la production électrique est de 23 000 TWh par an.
Or, la totalité des réserves connues de lithium permettrait, selon Fabien
Perdu, chercheur spécialiste de la question des batteries au CEA, de réaliser
environ 250 TWh de stockage (une seule fois). Cela représente seulement 5 jours
de consommation mondiale, et une batterie dure environ 10 ans. Ces valeurs
ne sont pas suffisantes pour que l’on puisse envisager de faire du stockage
inter-saisonnier sur batteries dans un réseau électrique qui dure un siècle. Il
faudrait être en mesure d’accumuler au moins un mois de consommation pour
garantir l’approvisionnement toute l’année, et par ailleurs il serait
indispensable de pouvoir renouveler les batteries 10 fois, ce qui n’est pas
possible aujourd’hui !
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