Degré de racolage modéré à fort?
Le 20 juin 2019, la
Nouvelle République titrait en très, très gros : Alerte sur les rejets de tritium dans la Loire et la Vienne.
Quelques
réactions : « C’est bien la preuve que lorsque les autorités
publiques nous disent que tout est parfaitement maîtrisé en matière de sécurité
nucléaire, c’est faux. » Charles Fournier, vice-président de la région
Centre-Val de Loire délégué à la transition écologique. « Plusieurs associations
antinucléaires demandent une enquête après avoir relevé, en janvier 2019, un
taux anormalement élevé de tritium dans les eaux de la Loire, au niveau de
Saumur (Maine-et-Loire). Ils dénoncent, mardi 18 juin, une « contamination »
radioactive « anormalement élevée » en aval de cinq centrales nucléaires. »
(Nouvelle République).
« En France, les
militants antinucléaires se disent inquiets, et pour cause. Des prélèvements
effectués dans la Loire en janvier dernier ont affiché un taux de tritium
largement supérieur à ce qui est normalement observé : 310 becquerels par litre
au lieu de 20 becquerels en moyenne. » (Euronews).
« Le collectif
Loire Vienne Zéro Nucléaire et l’Acro alertent les autorités et demandent une
enquête pour déterminer l’origine de cette valeur exceptionnelle », ajoutent
les associations. La présence de tritium (hydrogène radioactif) y « est quasi
systématique aussi bien dans le fleuve que dans les eaux de consommation. En
janvier 2019, la concentration dans l’eau de la Loire a atteint 310 Bq/L »
(Magcentre)
« Créée en 1986, au
lendemain de l’accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl, l’Association
pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro), basée dans le
Calvados, a annoncé, ce mardi 18 juin, le résultat d’un prélèvement étonnant
effectué en Loire près de Saumur (Maine-et-Loire). Inquiétant même, selon
Guillaume Rougier, chargé d’étude au sein de son association agréée par
l’Autorité de sûreté nucléaire, qui est en charge des centrales en France. »
(Ouest-France).
« Des risques pour les consommateurs : Beaucoup de communes du bassin de la Loire
pompent leur eau de consommation dans le fleuve, notamment dans le
Maine-et-Loire et en Loire-Atlantique. C'est pour cela que les chercheurs ont
relevé des taux élevés de tritium dans l'eau courante.On retrouve encore du
tritium dans l'eau du robinet à Nantes.Les doses observées dépassent rarement
les 100 Bq/L, considérés par l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN) comme "un seuil qui, lorsqu'il est dépassé, entraîne une
investigation complémentaire pour caractériser la radioactivité de l'eau Malgré
tout, elles sont ingérées quotidiennement par les habitants de ces communes.
Cela pourrait leur causer des problèmes de santé, notamment des cancers. Mais
l'ACRO reste prudente. "On ne tient pas non plus à créer un mouvement qui
inciterait tout le monde à acheter de l'eau en bouteille", précise
Guillaume Rougier. » (France-Bleu)
Donc une couverture
presse extrêmement large, avec même une reprise dans le 20H de TF1, dans une
tonalité racoleuse de moyenne intensité (en général titres bien inquiétants,
mais dans le corps de l’article, les informations de l’ASN (Autorité de Sureté
Nucléaire) sont souvent correctement
reprises. Si on ajoute à cela le fait que par un hasard malencontreux, c’est
juste à ce moment qu’ appliquant la modification du règlement faisant passer de
10 à 20 km la zone de sécurité autour des centrales, la Préfecture a fait
distribuer des dizaine de milliers de pastille d’iode, il y avait place pour
une psychose majeure. Il y a tout de même eu quelques courriers angoissés à
propos de la boisson ou des baignades dans la Loire.
Tonalité racoleuse
modérée, oui mais la multiplication de ces titres angoissants (même si le corps
de l’article la corrige souvent) crée quand même un climat de peur et de
désinformation qui impressionne ceux qui n’ont pas les connaissances scientifiques
et techniques spécialisées qui permettent de remettre l’information dans son
contexte, et qui, titre après titre, journal après journal, facilite le travail
des trafiquants de peur. La presse et
ses déontologues devraient y réfléchir sérieusement.
Tiens, au fait, le
député Mathieu Orphelin a demandé une enquête…qui aura de toute façon lieu.
Et quand même : « La
présence quasi systématique de tritium dans les eaux en aval des centrales
nucléaires nous inquiète. Les consommateurs devraient avoir droit à une eau non
contaminée », mardi 18 juin 2019, Collectif Loire Vienne Zéro Nucléaire.
Décidément, un peu de
démago, les écolos n’y échappent pas !
Les faits : 15 millièmes de dose-équivalent-banane par litre.
Les faits : le
rapport de l'ACRO, qui a servi de source aux annonces depuis hier, concerne des
mesures réalisées entre décembre 2017 et mai 2019. On court donc sur 18 mois de
données, sur toute cette période, sur la
Vienne et la Loire (deux cours d'eau, 5 centrales, 14 réacteurs), ils ont eu
UNE mesure dépassant 60 Bq/L, atteignant 310 Bq/L
Donc, ça va plutôt bien,
à l’exception d’une mesure qu’il faut comprendre.
Et qu’il faut aussi
relativiser ….
Là dessus, excellent commentaire
de https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/pollution-contamination-radioactive-loire-faut-il-alarmer-76547/
« Pour le tritium,
l’Union Européenne fixe en effet une
référence de qualité de 100 Bq/L. De quoi légitimer les inquiétudes du
collectif ? Les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Car il est bon de
rappeler que ce niveau d'alerte ne
correspond en aucun cas à une limite sanitaire. Il s'agit simplement d'un
niveau à partir duquel il est bon de commencer à se poser des questions. Le
niveau habituel ne dépassant pas les quelques becquerels par litre, voire
quelques dizaines de becquerels par litre en aval des centrales nucléaires qui
produisent du tritium au cœur de leurs réacteurs. »
« Rappelons d'abord que le tritium est un isotope radioactif de l'hydrogène.
Il n'émet pas de rayons gamma, mais un rayonnement bêta - soit un électron - de
très faible énergie : moins de 6 keV en moyenne. Son parcours dans la matière se limite donc à quelques microns
seulement.
La demi-vie est
d'environ 12 ans. Et il a tendance à se combiner à l'oxygène pour former de
l'eau tritiée (3H2O). De quoi faciliter sa pénétration dans les organismes.
Mais aussi... son élimination. Sa
période biologique n'est que d'environ 10 jours et il est finalement assez rare
qu'un noyau de tritium se désintègre durant son parcours dans un organisme.
Ainsi la radiotoxicité du tritium reste très faible. D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé fixe le seuil de
potabilité de l'eau à quasiment 10.000 Bq/L ! »
« Les facteurs de
dose permettent d’évaluer la radiotoxicité d’un élément. Pour l’eau tritiée, le
facteur de dose pour un adulte est de l’ordre de 6 picosieverts par becquerel
(pSv/Bq). Un chiffre à comparer à celui du potassium 40, par exemple. Son
facteur de dose est d’environ 2 nanosieverts par becquerel (nSv/Bq), ce qui en
fait un élément de l’ordre de 1.000 fois plus radiotoxique que l’eau tritiée.
Notez par ailleurs que
la radioactivité d’une banane due au potassium 40 est d’environ 20 Bq,
soit l’équivalent de 20.000 Bq d’eau tritiée, en termes de radiotoxicité. »
« Ainsi pour qu’une eau tritiée mesurée
disons à 500 Bq/L provoque sur un adulte les mêmes « dommages » qu’une
seule banane, il faudrait en boire quelque… 40 litres ! »
Donc finalement, c'est une
confirmation d'une situation parfaitement normale sur tout 2018 et le premier
semestre 2019, à l'exception d'une mesure plus élevée en janvier dernier, qui
interroge. Rien de plus.« S’agit-il d’un incident particulier sur lequel nous serions
tombés, s’interroge Jean-Yves Busson de SdN
Maine-et-Loire ? L’autre
possibilité serait que nous serions tombés sur un lâcher régulier qui n’avait
pas encore été dilué. »
Sur tous ces sujets, cf aussi les
tweet de Tristan Kamin, par exemple :
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