La
nouvelle version de la PPE est en consultation
Il aura fallu presqu’un an jour pour jour
au gouvernement pour pondre une nouvelle version de la PPE et celle-ci est
soumise à consultation publique pendant… deux mois, jusqu’au 19 février…en fin,
il est possible que ce soit un peu prolongé. Bon, c’est un franchement un peu
court pour une politique censée répondre au défi climatique et à la fin des énergies
fossiles… mais enfin.
Les
points principaux : les objectifs de réduction de la consommation primaire
fossile par rapport à 2012 sont les suivants : pour le gaz naturel : -10% en
2023 et -22% en 2028 ; pour le pétrole : -19% en 2023 et -34% en 2028 ; pour le
charbon : -66% en 2023 et -80% en 2028.
Commentaire : on a jamais réussi d’un poil à tenir
les objectifs précédents, on continue. Eh
ben, c’est pas en fermant en Fessenheim et 13 autres centrales nucléaires qu’on
y arrivera…
Côté production d’électricité, la
fermeture des centrales au charbon est actée d’ici à 2022. Mais en outre,
conformément aux orientations sur la valorisation prioritaire de la biomasse
sous forme de chaleur, l’Etat n’accordera pas de soutien aux projets de
production d’électricité à partir de cette énergie (donc pas pour la conversion
de la centrale de Cordemais par exemple). En outre, le texte prévoit de ne plus
autoriser à l’avenir aucune centrale à partir de combustibles fossiles.
Ensuite, côté nucléaire, là encore le texte acte le passage de la part du
nucléaire à 50% en 2035. Ainsi, 4 à 6 réacteurs nucléaires seront fermés
d’ici 2028, dont ceux de Fessenheim. Et au total, 14 réacteurs seront arrêtés à
terme pour atteindre une part de 50% d’électricité nucléaire dans le mix
électrique, contre 75% en 2017.
Commentaire : Bref, la PPE première version était
absurde, on continue et on amplifie l’absurdité avec des objectifs de réduction
des fossiles, certes souhaitables, mais irréalistes. Surtout quand on les met
en regards avec la diminution du
nucléaire dans la production électrique qui augmentera les émissions de carbone,
absurdité climatique, écologique, économique et sociale.
Les objectifs pour l’éolien en mer passent
de 5,2 GW à 6,2 GW en 2028, contre 4,7 GW à 5,2 GW dans la précédente version,
côté éolien terrestre les objectifs passent désormais d’une fourchette de 34,1
GW à 35,6 GW à une option plus basse entre 33,2 GW et 34,7 GW…
Commentaire : Tiens il semblerait que la montée des
oppositions contre les éoliennes terrestres aient produit quelques effets
encore insuffisants ; je ne résiste pas à citer une fois de plus Marjolaine
Meynier Millefert, (LREM) : « Quand on a 80 % des gens qui vous disent que le
développement des ENR électriques en France soutient la décarbonation et
finalement la transition écologique en France, je pense que ce n’est pas bon
non plus parce que le jour où les gens vont vraiment comprendre que cette
transition énergétique ne sert pas la transition écologique vous aurez une
réaction de rejet de ces politiques en disant vous nous avez menti en fait. »
Là encore, on continue dans l’absurdité : Eh ben l’éolien en mer, c’est la même chose
en pire, encore plus cher et plus inutile.(cf.
https://vivrelarecherche.blogspot.com/2020/02/leolien-off-shore-avis-de-tempete.html)
Pour le chauffage, la chaleur renouvelable
(chaudière biomasse, pompe à chaleur air/eau ou eau/eau, système solaire
combiné, raccordement à un réseau de chaleur) a la cote avec diverses mesures
fiscales. Le gouvernement a tranché sur le facteur de conversion en énergie
primaire de l’électricité et du coefficient d’émission de l’électricité de
chauffage utilisés dans la réglementation des bâtiments neufs (RT 2012, Label
E+C-, RE 2020) qui est fixé à 2,3,
Commentaire : c’est-à-dire que le gaz fossile très
carboné continue à être favorisé par rapport à l’électricité très décarbonée en
France !
Version mobilité, la PPE version 2020
avance : «En tant que vecteur énergétique, l’hydrogène
produit par électrolyse d’électricité décarbonée est à long terme une
solution structurante de décarbonation. Il peut immédiatement remplacer
l’hydrogène fossile utilisé dans l’industrie. A moyen terme, il peut être un
des vecteurs de décarbonation du secteur des transports. Au-delà de 2030 ou
2035, il pourra contribuer à l’intégration des énergies renouvelables au
système électrique »
Commentaire : Ah ben ça alors, il n’y a que les rédacteurs de la PPE qui voient ça. Et dans quelle
boule de verre ? En dépit de toutes les données physiques ? Car la conversion
d’électricité en hydrogène est thermodynamiquement très très couteuse. Et
l’électricité décarbonée, elle vient d’où si on diminue la part du nucléaire ?
Bref la nouvelle PPE, c’est kif kif l’ancienne en pareille, aussi absurde !
Un
premier commentaire : forte contestation de la PPE
Un premier commentaire par Benoît Rittaud
;
https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2020/02/17/la-consultation-publique-sur-la-ppe-tourne-au-fiasco/
« À l’heure où ces lignes sont écrites, le
nombre annoncé de commentaires est de 3200, regroupés par paquets de vingt
(dont le dernier porte pourtant le numéro 2460, ce qui me semble constituer un
sacré décalage, même en supposant que les commentaires sont modérés a priori ;
encore un mystère d’internet). Sans les avoir tous épluchés, j’ai tout de même
pioché au hasard parmi d’assez nombreuses pages pour lire les paquets de 20
commentaires correspondants. Bilan : la vaste majorité s’oppose à la PPE. »
Commentaire : En fait, le déroulé monter une montée constante et
très prédominante ( 90% !) des commentaires négatifs, suivi dans les dernières
semaines par des floppées de contribution, quasi-identiques en faveur de l’éolien.
« Les commentaires des opposants sont en
général bien informés, certains sont très longs et détaillés. Les partisans de
la PPE, en revanche, ne brillent guère en général par leurs arguments
techniques. Certains d’entre eux expliquent même tranquillement être des
professionnels des renouvelables avant de s’y déclarer favorables »
« Une
opposition frontale aux éoliennes, à la fois pour des raisons techniques
(faible facteur de charge, aléas de l’intermittence), économiques (coût de
rachat obligatoire prohibitif, importation du matériel), sanitaires (problèmes
encore mal compris liés aux infrasons), environnementaux (pollution lors de la
fabrication, énormes masses de béton enfouies pour tenir les éoliennes debout),
mais aussi — aspect important pour de nombreux contributeurs — désir de
préserver leur cadre de vie et leurs paysages. Un grand nombre de nos
concitoyens semble donc désormais au fait des inconvénients de la filière
éolienne. Le ras-le-bol est argumenté, et n’a rien à voir avec un classique
réflexe NIMBY.
«
Un soutien massif à la filière nucléaire, qui montre là aussi une
capacité de discernement des citoyens dont on aimerait que nos dirigeants
sachent aussi faire preuve. En substance, les commentaires critiquent
l’incohérence qui consiste à prétendre réduire les émissions de CO2 tout en
réduisant la part de nucléaire dans le mix électrique, alors que le nucléaire
ne produit pas de CO2. Les commentaires oscillent entre l’énumération des
multiples avantages que nous offre cet outil industriel et la position réaliste
selon laquelle les risques du nucléaire sont peu de chose en regard de
l’apocalypse climatique qui nous est promise. »
Conclusion : si les consultations servent à quelque
chose, alors celle-ci devrait conduire le gouvernement à suspendre
l’application de la PPE.
Quelques
remarques supplémentaires : pour émettre moins de C02, il nous faut plus de nucléaire.
50%
de nucléaire dans la production électrique : seuil de stupidité !
Il est nécessaire de revoir radicalement
la PPE en prévoyant une augmentation conséquente de la production d'électricité pour mieux décarboner
transport et chauffage, principaux responsables des émissions de CO2 puisque
l’électricité en France est (encore) décarbonée grâce au nucléaire.
Par conséquent, cela entraînera
mécaniquement une augmentation de la production nucléaire, même dans l'hypothèse
(stupide, irréaliste, catastrophique, irrationnelle) où le nucléaire descendait
à 50% de la production électrique.
Ce
seuil de 50 % est d’ailleurs totalement arbitraire ; comme la fermeture de
Fessenheim, c’est une des une décision purement politique, qui n'est fondée sur aucune évaluation
économique, écologique, sociale sérieuse.
On
pourrait être d’ailleurs plus ambitieux, et un schéma valant mieux qu’un long
raisonnement, j’explique :
Voyez les moyens de production impliqués
non pas simplement dans la consommation électrique, mais dans la consommation
d’énergie finale (donc comprenant électricité, chauffage, transport,
agriculture etc.). Le nucléaire n’est
alors qu’à 17% (contre 71% pour la consommation électrique). La part des fossiles reste très
élevée : 66%.
Donc, la décarbonation de l’électricité
étant faite (en France) grâce au nucléaire, c’est au chauffage et au transport
qu’il faut s’attaquer. Et donc augmenter la part des usages électriques dans
ces domaines.
En
fait, la France remplirait, et au-delà, ses obligations climatiques si le seuil
de 50% de nucléaire s’appliquait, non à la production électrique, mais à la
consommation finale d’énergie.
Descendre à 50% de nucléaire dans le mix
électrique est une aberration climatique, écologique, économique et sociale. En
revanche, monter à 50% de nucléaire dans la consommation finale d’énergie permettrait de remplir nos engagements
climatiques.
Ah ben voilà, c’est surement une petite
erreur dans la rédaction de la PPE. Sauf que du coup, ça impliquera beaucoup
plus de nucléaire. Et la construction d’un certain nombre d’EPR. Maintenant !
En tout état de cause, l'échec de l'energiewende allemande tant du point
de vue décarbonation qu' économique (coût de l'électricité, effondrement de
l'éolien avec la fin des revenus garantis), et le fait qu'en France le
remplacement du nucléaire par de l'éolien plus du gaz se traduira par une forte
augmentation des émissions de CO2 devrait conduite à une forte remise en cause de ce seuil des 50% de nucléaire dans la
production électrique qui entraine en plus de sérieux risques
d'effondrement du réseau (cf. Australie du Sud, Angleterre).
Un scénario plus conservatif à 70% de
nucléaire doit pouvoir figurer parmi les options étudiées- en passant, il
présente plus de plausibilité qu'un scenario à 100% ENR dont l'absurdité et
l'irrationalité font accord chez les spécialistes, et dont le ministère veut
pourtant imposer l'étude à EDF.
Mesure-t-on à quel point l’accumulation de
mesures idéologiques sans fondements
scientifiques ou techniques sérieux, ou même allant à l’encontre des
connaissances techniques et scientifiques des experts est démotivant, voire
désespérant pour l’ensemble des
travailleurs des industries énergétiques ?
Le
nouveau nucléaire, c’est maintenant …
La
décision sur la construction du nouveau nucléaire ne peut être reportée
beaucoup plus longtemps, sous peine de reproduire ce qui a failli se produire
avec Flamanville – et ce qui s’est produit en Angleterre- la disparition totale
d’une filière faute de maintien des compétences.
Tout retard dans la décision de construire
de nouveaux EPR conduit à ceci : un étranglement progressif du nucléaire
en France. Il ne fait nul doute selon l’AIE que la seule chance de maintenir le
dérèglement climatique dans des limites vivables pour l’humanité est un
développement considérable du nucléaire à l’échelle mondiale. Que la France, qui a été pionnière des
programmes nucléaires, réponde présente à ce nouveau défi industriel, ou
qu’elle en disparaisse pour laisser le
champ libre à la Russie, à la Chine ou aux USA et perdant en même temps son
indépendance énergétique, cela se joue maintenant ; dans deux ans, dans
cinq ans, il sera probablement trop tard.
Voici le cri d’alarme que lançait la Revue Générale du Nucléaire en 2018,
deux ans déjà, deux ans de perdus (http://www.sfen.org/rgn/faut-construire-epr-france, 21/03/2018)
« Il revient à l’Etat, garant des
intérêts stratégiques du pays, de préserver un socle d’approvisionnement
électrique décarboné, flexible, compétitif et prévisible à l’horizon 2050.
Cette
réflexion doit être menée sans délai avant 2020 pour tenir l’objectif de mise
en service d’une première paire de réacteurs à l’horizon 2030. Cette première paire s’inscrirait dans
un programme industriel d’une série d’EPR, que le retour d’expérience conduit à
dimensionner à trois paires de réacteurs à minima.
Une telle approche programmatique
donnerait à l’ensemble de la chaîne industrielle, des grands acteurs aux PME,
la visibilité et le cadencement nécessaires pour investir dans les chaînes de
fabrication et les compétences et pour bénéficier des effets de série dès les
premières réalisations. Ce programme industriel permettra à la France de
maintenir dans les meilleures conditions l’option nucléaire pour piloter la
décarbonation de son économie et le renouvellement de son mix électrique à
l’horizon 2050.
Sans
cela, la France perdra la maîtrise d’éléments stratégiques des réacteurs, dont
l’approvisionnement à l’étranger (Chine ou Russie) représenterait un enjeu
économique et géopolitique majeur et une perte, sans doute définitive, de
souveraineté technologique et énergétique. »
Et signalons aussi l’abandon d’Astrid qui signe
celui de toute ambition d’une gestion plus écologique, plus économique et plus
rationnelles des déchets nucléaires ultimes- ceci i alors que les Russes ont
déjà en fonctionnement deux réacteurs de 4ème génération et que les
Chinois poussent les feux sur leurs programmes.
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