Les déchets ultimes du
nucléaire : l’ampleur du problème
Comme
toute activité, l’industrie nucléaire génère des déchets. L’Andra
a mis en place des solutions de stockage définitif pour les déchets de très
faible, faible et moyenne activité à vie courte, soit 90 % du volume de déchets radioactifs produits en France. Ces
déchets, qui représentent une quantité réduite (de l’ordre de 2 kg par an et
par personne), sont conditionnés et stockés en surface dans trois centres
exploités par l’Andra. Ils seront surveillés durant toute la durée de la
décroissance de leur radioactivité, comme c’est le cas du centre de stockage de
la Manche aujourd’hui. Après, ben, ils sont plus radioactifs.
La filière nucléaire a
développé des solutions technologiques permettant le recyclage des combustibles
usés, dont 96 % sont valorisables (plutonium et uranium dits de retraitement).
Actuellement, 10 % de l’électricité nucléaire française est produite à partir de
matières recyclées (combustible MOX à base d’oxydes de plutonium et d’uranium
appauvri). Ces solutions permettent de diviser par 5 le volume des déchets
ultimes à vie longue, dits déchets MA-VL et HA-VL et surtout d’enlever le
plutonium. Celui-ci est particulièrement intéressant comme combustible dans des
réacteurs de 4ème génération, ou pour usage militaire (oui, la
France est aussi une puissance nucléaire militaire, c’est un héritage de son
histoire et de la volonté d’indépendance gaulliste qui lui accorde une importance internationale
au-delà de son importance économique). Par ailleurs, cela permet de diminuer
considérablement la demi-vie radioactive des déchets retraités des 600.000 ans
du plutonium à moins de 20.000 ans pour revenir à la radioactivité de l’uranium
naturel.
Parlons ordre de
grandeurs : ce savoir-faire unique de l’industrie française en matière de
retraitement des déchets a pour résultat de générer un volume minimal de déchets de haute ou moyenne activité à vie
longue (HA/MA-VL). Ils représentent 3%
des déchets radioactifs (mais 95% de
la radioactivité, c’est l’intérêt du retraitement). Pour un ordre de grandeur, l’électricité
consommée par une personne pendant 50 années génère un peu moins de 500 g de
déchets à vie longue. Pour l’ensemble du
parc nucléaire français depuis qu’il fonctionne, c’est l’équivalent d’une
piscine olympique. Le tweetos Laydgeur, qui a l’art de générer des images
illustrant magnifiquement les ordres de grandeur en a fait ça : l’ensemble
des déchets à stocker définitivement générés depuis le début du fonctionnement
du parc nucléaire français, c’est ce cube rouge placé sur le Vieux-Port
(fictivement)
Admettons quand même que le
problème ne parait pas démesuré….
Et cette remarque encore ; le nucléaire ne contribue
ni au réchauffement climatique, ni à la pollution de l’air (il n’émet ni
particules fines, ni SOX, ni NOX). Les déchets qu’’il émet sont soigneusement
déclarés, contrôlés et traités : les autorités de sureté et les
exploitants savent où est le moindre mg d’uranium, de plutonium et
autres actinium. Les déchets des fossiles, on sait aussi où ils sont : ils
s’accumulent par tonnes dans nos poumons !
Le
confinement des déchets : le stockage en couches géologiques profondes
Le but du confinement des déchets ultimes du nucléaire (haute
ou moyenne activité à vie longue) est de faire en sorte qu’ils n’entrent pas en
contact avec la biosphère (organismes vivants et leurs milieux de vie) avant
d’avoir perdu leur toxicité radioactive. Ceci est réalisé par la mise en œuvre
de nombreuses barrières (colis, ouvrages, couverture, géologie) qui
permettront de faire en sorte que ces déchets n’auront en conséquence aucun
impact sanitaire.
Les déchets sont vitrifiés. On possède maintenant un large recul sur cette solution imaginée
dans les années 60 et validée par la France puis par l’ensemble de la
Communauté internationale. Les verres alumino-borosilicatés ont été retenus comme le matériau
de confinement des solutions de produits de fission, en raison de la souplesse
de leur structure désordonnée qui permet de confiner de nombreux éléments
chimiques. Les radionucléides participent à la structure du verre, il ne s’agit
donc pas d’un simple enrobage, mais d’un confinement à l’échelle atomique
extraordinairement efficace : ces verres sont thermiquement, chimiquement
et radioactivement stables à l’échelle
de 100.000 ans !!
Ils sont ensuite coulés dans
des conteneurs en acier inoxydable pour manutention, transport et entreposage,
et en prévision du stockage. Ces conteneurs ont une durée de vie supérieure à 10.000
ans et placés dans des matrices en béton.
Des contrôles seront mis en place : l’Andra refuserait tout colis qui
présenterait des caractéristiques rédhibitoires pour la sûreté du stockage et
son producteur devrait revoir son conditionnement. La question s’est posée pour
des colis bitumineux peu nombreux pouvant dégager de l’hydrogène ; l’Andra
a fixé une limite stricte aux quantités
d’hydrogène émises par chaque colis, évitant tout danger d’explosion.
Au bout de vingt ans d’études, une solution s’est imposé qui a fait l’unanimité de l’ASN, des experts
nucléaires aux USA, en Chine, en Russie, en Finlande, en Suisse, au Japon, au
Canada, en Australie qui se sont tous
décidés en faveur de l’enfouissement en formation géologique profonde des
déchets HA et MA-VL.
Le
confinement des déchets : le stockage en couches géologiques profondes
Selon l’Agence internationale pour l’énergie atomique,
les objectifs spécifiques du stockage définitif sont de «confiner les déchets ;
d’isoler les déchets de la biosphère accessible et réduire sensiblement la
probabilité et toutes les conséquences possibles d’une intrusion humaine par
inadvertance dans les déchets ; d’empêcher, réduire et retarder la migration
des radionucléides à tout moment des déchets vers la biosphère accessible ; de
faire en sorte que les quantités de radionucléides qui parviennent dans la
biosphère accessible du fait d’une migration quelconque depuis l’installation
de stockage définitif soient telles que les conséquences radiologiques
possibles sont à un faible niveau acceptable à tout moment.»
En France, après des années d’étude, c’est un confinement
extrêmement favorable qui a été choisi à Bure (Meuse) dans des couches
géologiques profondes argileuses à 500 mètres de profondeur- l’argile est une
structure géologique très stable et très imperméable.
Les radioéléments stockés ( grâce au retraitement) mettent
moins de 15000 ans pour revenir à
une radioactivité de bruit de fond.
La
stabilité des couches géologiques type Cigéo est de l’ordre de :100 millions d’années.
100 millions d’années contre 15.000 ans
Donc, on peut entendre les réticences exprimées par
certains citoyens du Grand Débat, et expliquer. Avec le confinement profond on
ne cache rien, on n’oublie rien, on ne lègue rien. : on laisse la géologie
régler un problème géologique.
Avec le retraitement et l’enfouissement profond, nous ne
laissons pas le problème à nos descendants, nous le règlons. Un modeste volume
de déchet radioactif sera confiné durant un temps beaucoup plus que nécessaire
pour que tout danger disparaisse.
C’est au contraire si nous ne
faisons pas cet enfouissement profond que nous ous débarrassons du problème sur
nos descendants.
« Cigéo, dont la forme la plus sûre est “non réversible”, soit pour nous
et les générations futures notre meilleure solution d’aujourd’hui et réponde
parfaitement à l’objectif: isoler définitivement de la biosphère des déchets
hautement radioactifs le temps que leur radio-toxicité décroisse et disparaisse
naturellement?» (J. L. Salanave)
D’autant que cet système de
confinement des déchets radioactifs a en quelque sorte été déjà testé et validé
par la nature ….cf Oklo au Gabon, voir blog suivant
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.